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Lui que nous confessons comme la cause victorieuse de toute Grâce véritable et qui descend d'en haut. Nous disons qu'il n'est point au Ciel et şur la terre d'autre nom qui soit donné aux hommes, par lequel ils puissent espérer et obtenir le Salut. Ce nom béni, vous l'ignorez encore disons-le donc une seconde fois, c'est en vain que votre voix se mêle à notre prière; entre vous et nous rien de commun.

Sans doute, fatigué de votre solitude, vous enviez la multitude infinie de la famille Chrétienne; vous désirez vous joindre à nous dans nos églises, prier et adorer avec nous. Mais, sachez-le, pour être admis dans le sanctuaire du foyer domestique, il faut faire partie de la famille. L'étranger peut venir s'y asseoir en passant; mais si l'affection de ses hôtes ne lui donne l'hospitalité spirituelle, c'est en vain qu'il est présent de corps, la famille lui est fermée, il reste un étranger. Pour nous, nous désirons ardemment, et de toutes nos forces, vous compter au nombre de ceux qui ne forment avec nous qu'un seul esprit, un seul coeur, une seule âme; mais, tant que vous ne croyez pas comme nous en Celui qui est toute notre joie, toute notre force et toute notre espérance, même lorsque vous vous pressez à nos côtés, nous ne vous admettons

point dans nos rangs, nous vous laissons à vousmême, et au milieu de nous vous êtes seul.

I'æ soli (1)! Malheur à celui qui est seul ! C'est la parole que contiennent nos saints Livres, et l'univers entier en proclame la vérité. Malheur à celui qui est seul corporellement; car il meurt d'indigence et de faim: malheur à celui qui est seul intellectuellement ; car il reste stupide et idiot : mais surtout, malheur à celui qui est seul moralement et religieusement; car il s'ensevelit dans l'indifférence et dans l'oubli de Dieu. Or, vous êtes seul dans la croyance, dans la prière et dans le culte; seul dans le présent, dans le passé, dans l'avenir.

Nous, au contraire, si vous nous regardez dans l'espace, notre multitude couvre la terre entière ; si vous nous regardez dans le temps, nous commençons avec le monde, et nous durons éternellement comme Dieu.

(1) Ecclésiaste, chap. IV.

CHAPITRE VII.

La religion naturelle ne peut donner à l'homme
un modèle et un ami.

Vous possédez, j'aime à le croire, une âme noble et belle; une de ces âmes précieuses, entre toutes les autres, aux yeux de Dieu qui les a faites, parce qu'elles n'ont point laissé s'éteindre en elles les saintes inspirations et les grands désirs qui les transportaient à vingt ans. Plus d'une fois, sans doute, vous vous êtes senti trop à l'étroit dans votre vie quotidienne; vous avez regardé toutes les occupations des hommes qui vous entourent; et vous avez pris en pitié leur ridicule et leur vaine futilité. Se distraire, s'enrichir, acquérir un nom et quelque gloire; s'élever et parvenir aux hon

neurs; faire tout cela à la façon ordinaire, mesquinement, petitement : non, ce n'est point la destinée qui vous sollicite; ce n'est point la grande œuvre que vous devez vous efforcer d'accomplir. Vous le sentez, Dieu vous a fait pour quelque chose de grand; mais cette vocation divine dont vous avez la conscience, cette vocation qui s'agite en vous vaguement, quelle est-elle ? et qui saura vous la montrer? Il vous faudrait un modèle, un exemplaire, un homme vivant, d'une vie semblable à la vôtre, que vous n'eussiez qu'à contempler pour bien faire; et qui, marchant le premier devant vous, pût vous dire à toute heure : Voyez, et suivezmoi.

Mais ce modèle accompli, où le trouver parmi les hommes ?

Ainsi le peintre que travaille l'amour de l'idéal, voit passer devant les yeux de son âme des imaginations fugitives, tout illuminées de la clarté d'un monde meilleur, prêtes, à ce qu'il semble, à lui révéler le beau vers lequel il aspire; mais c'est en vain qu'il regarde; ces apparitions bienheureuses échappent à ses étreintes et se dissipent, avant qu'il soit parvenu à les saisir. Ainsi l'architecte voit quelquefois dans ses rêves ardents se dresser, de toutes parts autour de lui des ogives, des tourelles,

des nefs et des colonnes; il croit que son œuvre enfin va germer devant lui, une et parfaite; mais ses illusions enchanteresses se perdent dans le crépuscule, et il reste pauvre et misérable comme avant. Ainsi le poëte croit voir s'entrelacer tous les noeuds d'une fable sublime; les derniers voiles vont tomber et son héros va paraître plein de simplicité, de majesté et de grandeur; mais il se trompe; car avant que la brume soit dissipée, la lumière lui fait défaut et les ténèbres couvrent tout de leur manteau.

Oh! si une fois, dans un jour de bonheur, cet idéal chéri, si ardemment cherché, l'artiste pouvait le rencontrer enfin, non point dans les vagues et insaisissables ondulations d'un songe, mais en plein jour, devant lui, solide, complet, réalisé, vivant! Avec quelle ivresse il le pénétrerait de ses avides regards, et l'étreindrait de toutes les puissances de son âme! Comme il s'écrierait avec un accent de triomphe : J'ai vu, j'ai entendu, j'ai touché mon idéal! Tout m'est possible désormais, je suis grand, je suis heureux, je suis fort!

De même, tout homme sent bien s'agiter au dedans de lui-même quelque conception généreuse, qui l'appelle, lui aussi, à devenir un grand artiste, et à faire de sa vie un monument impérissable

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