Obrazy na stronie
PDF
ePub
[ocr errors]

PREFACE

DE L'ÉDITEUR

POUR les Sermons de Morale & les Difcours de Piété de M. FLÉCHIER.

MR. FLE

R. FLÉCHIER s'étoit occupé, pendant les dernières années de fa vie, à revoir tous les Ouvrages de fa composition qu'il n'avoit pas encore fait imprimer, & plus particulièrement les Sermons de morale & les Difcours de piété qu'il avoit prononcés en différentes occafions. Il y avoit fait des corrections & des changemens dans les endroits où il avoit remarqué qu'il falloit étendre fes idées, rectifier ou perfectionner fa diction. Enfuite il s'étoit donné la peine de les transcrire avec tout le foin poffible. Aussi a-t-on trouvé fes manufcrits dans un arrangement & une netteté qui prouvent combien le goût de l'ordre étoit naturel en lui. Il fe propofoit de faire un voyage à Paris & d'y féjourner, autant qu'il le faudroit, pour diriger lui-même l'Edition de cette portion de fes écrits qu'il n'avoit pas donnés au Public. Il étoit plein de cette idée, lorfqu'il fut enlevé par la mort, dans un temps où fa fanté comme nous l'avons dit ailleurs, robuste & floriffante, n'annonçoit pas qu'on dût le perdre fitôt, quoiqu'il fût déjà plus avancé dans la carrière de la vie, qu'il n'eft ordinaire à la plupart des hommes qui ont paffé leurs jours dans les travaux de l'efprit.

Il avoit légué fes manufcrits à un de fes neveux, M. Balthazar-Antoine Fléchier, fecond Archidiacre de l'Eglife de Nîmes, qui les confia, pour en procu

rer l'Edition, à l'Abbé Juillard du Jarry, Prédicateur qui n'étoit pas fans mérite, quoique les productions oratoires que l'on a de lui foient foibles & peu recherchées à préfent. Cet Abbé avoit eu des liaifons particulières avec M. l'Evêque de Nîmes, & fe faifoit gloire d'être fon difciple; fes mœurs étoient douces & fon caractère honnête. Chargé d'un dépôt fi précieux en lui-même, & fi cher à fon cœur, il faifit avec ardeur l'occafion qu'on lui présentoit d'acquitter fa reconnoiffance envers l'éloquent Prélat qu'il appeloit fon Maître. Il fit une Préface pour les Sermons de M. Fléchier, où l'on auroit dû s'attendre à trouver la jufteffe de la raifon, & le langage exact de la vérité, joint à la chaleur du fentiment. Mais, entraîné par cette même chaleur, il se répandit en louanges exceffives enforte qu'au lieu de donner une idée précife des Difcours qu'il faifoit paroître, & de les apprécier en Éditeur judicieux, il fe guinda fur le ton de l'admiration, comme fi le monde littéraire n'avoit encore rien vu de plus parfait & de plus merveilleux que ces productions oratoires de M. Fléchier.

En retranchant ce que l'enthousiasme, vrai ou factice, de l'Abbé du Jarry lui a fait dire d'outré dans cette Préface, & en réduifant au niveau de la vérité les éloges qu'il donne aux Sermons de morale de l'Evêque de Nîmes; éloges trop emphatiques pour être adoptés par les bons juges, on peut convenir qu'ils ne font pas indignes de cet illaftre Prélat. Cependant nous ne faifons pas difficulté d'avouer qu'il y en a plufieurs, où l'on chercheroit en vain cette riche ordonnance ces images frappantes, ces réflexions tantôt ingénieufes & tantôt profondes, cette abondance de chofes & cette diction noble & foutenue qu'on admirera toujours dans les chefs-d'œuvres fur lefquels la réputation & la gloire de ce grand Orateur font principalement fondées. Ce n'eft pas que nous voulions dire qu'il n'y ait des beautés réelles & en grand nombre dans les Difcours dont nous par

Ions, fans excepter ceux qui paroiffent moins travaillés & moins propres à foutenir le grand nom de l'Auteur. Mais quand un homme s'eft élevé comme Fléchier à la perfection de fon art, quand on a l'efprit tout rempli des belles chofes qui s'offrent à chaque page dans un fi grand nombre de pièces achevées qu'on ne fe laffe jamais de lire, on a peine à le reconnoître lorfque fon talent paroît fe dédire, que fes crayons n'ont pas leur vigueur ordinaire & que fon coloris devient foible. Nous ne pouvons nier qu'on ne foit quelquefois dans le cas de faire cette remarque, en lifant les Sermons de Morale du célèbre Evêque de Nîmes. Mais comme ce jugement ne feroit pas exact, s'il s'étendoit à toutes les compofitions réunies dans ces trois volumes, & que d'ailleurs les Difcours dont il s'agit, n'ayant pas tous la même deftination, ils n'ont pas dû être écrits du même ftyle, ni avoir le même degré d'élévation; il faut, pour en bien juger, les féparer en plusieurs claffes, fuivant le but que l'Orateur s'eft propofé. C'eft ce que nous avons fait dans l'ordre que voici; 1o. Sermons qui compofent l'Avent prêchés devant le Roi en 1682; 2o. Difcours prononcés aux États de Languedoc ; 3°. Difcours fur divers fujets de Morale & de Piété; 4°. Exhortations faites dans quelques affemblées de charité; 5o. Difcours prononcés dans le fynode du diocèfe de Nîmes; 6°. Difcours adreffés aux Chanoines de l'Eglife cathédrale de Nîmes, & prononcés dans l'Affemblée de leurs Chapitres généraux. Parcourons en peu de mots ces différentes claffes & fixons, autant qu'il fera poffible, l'idée qu'on doit se faire des Difcours que chacune d'elles embraffe.

1o. Sermons de l'Avent prêchés devant le Roi en 1682. Si l'on en croit l'Abbé du Jarry, il n'eft rien forti de plus beau & de plus achevé de la plume de M. Fléchier que les huit Difcours qui composent cet Avent. Il eft vrai que l'Orateur remplit cette station de la manière la plus brillante, & qu'il ob

tint l'applaudiffement général de la Cour de Louis XIV, qui réunissoit alors tout ce que la Nation avoit de plus poli & de plus éclairé dans les deux fexes. Il est encore vrai que les Difcours de cet Avent font les plus travaillés, les plus folides, les plus nourris du fuc de l'Ecriture & des Pères, de tous ceux qu'il a compofés fur des fujets de morale. Il s'y montre avec tout l'éclat de fon talent & toute la nobleffe de fon éloquence. Ses plans font juftes & présentés avec clarté ; fes preuves font folides & développées d'une manière convenable au fujet; les détails qui appartiennent aux mœurs font riches, intéressans & bien préfentés; les principes empruntés de la Théologie font d'une exactitude qui ne laiffe rien à redire, & l'application en eft faite avec tant de précision, les conféquences en font tirées avec tant de jufteffe, qu'il eft difficile de fe refufer à la force des raifonnemens qui en résultent. Ce qu'on remarque fur-tout dans ces Difcours, & dans les autres du même genre, c'eft que l'Orateur n'y fait jamais entrer que des manières de parler confacrées au style de la chaire & au langage de la Religion, de forte que fa diction est auffi fage & auffi réglée qu'elle eft douce, coulante & harmonieuse.

2o. Difcours prononcés à l'ouverture des Etats de Languedoc. Ils font au nombre de quatre; dans le premier, l'Orateur expose avec beaucoup de prudence & de fagacité, l'efprit qui doit régner dans ces Affemblées où les repréfentans des trois Ordres d'une grande Province, fe réuniffent pour délibérer fur les intérêts communs, & concilier, autant qu'on le peut, les demandes de la Cour avec les befoins du peuple! Le fecond a pour objet les calamités publiques, qui font les guerres, les ftérilités, les maladies populaifléaux dont le Ciel afflige toute une Nation quand il veut la punir. L'Orateur en recherche la cause & le remède; il trouve l'une dans les péchés & la dépravation des mœurs, l'autre dans le bon

res,

[ocr errors]
« PoprzedniaDalej »