La Société des Antiquaires de Normandie, établie à Caen, m'ayant fait l'honneur de m'élire son Directeur, pour l'année académique 1841-42, et appelé par là à présider sa Séance publique du 17 août dernier, je lus, dans cette Séance solennelle, le Discours que je publie ici, où sont retracés les faits les plus notables que j'aie pu découvrir, relativement à la célèbre Charte aux Normands.

Écouté avec bonté, avec quelqu'intérêt même (ce me semble ) et à Caen, dans la Séance publique du 17 août, et à Rouen, dans une Séance particulière de l'Académie royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts, il me reste à désirer, pour ce Discours, de la part des personnes qui le voudront bien lire, l'indulgence dont l'ont favorisé ceux qui ont été à portée de l'entendre.

Au temps où les divers peuples du monde, séparés par

d'infranchissables distances, sans moyens comme sans désir de se connaître, ne se visitaient que par leurs armées, et, la guerre finie, se retrouvaient aussi loin les uns des autres, pour ainsi dire, que le ciel l'est de la terre; où, dans le même empire, formé de conquêtes successives, les diverses provinces n'étaient guère moins étrangères entre elles que l'était la nation tout entière pour le reste du monde, faut-il s'étonner que, non seulement chaque nation, ainsi isolée des autres, eût un caractère propre, une allure à elle, des inclinations marquées, fruit de son climat, de son tempérament, de ses lois et de ses mœurs; mais qu'aussi, dans chacune des provinces d'un même royaume, réunies en des temps divers, et ayant chacune leurs souvenirs et leur histoire, parussent bien long-temps des traits de caractère particuliers à