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renferment 26 ligues de 44 lettres par page de 931 miilimètres carrés. Or, l'Iliade se compose de 15 240 vers, et chaque vers d'environ 33 lettres; ce qui donne un total de 501 930 lettres. Or, si on prend un carré de papier de 455 millimètres de côté, c'est-à-dire de 489 225 millimètres carrés, le verso et le recto en contiendront le double, soit 378,450. L'on trouvera par un calcul trèssimple que cette superficie est plus que suffisante pour renfermer l'Iliade entière; et rien n'est plus facile que de faire tenir un papier de pareille dimension dans une de ces noix où, il y a trente ans, les femmes mettaient leurs gants de bal. Il est bien entendu qu'il n'est pas né cessaire de faire le moindre usage d'abréviations.

Voici en passant quelques exemples destinés à prouver que les calligraphes modernes ne sont point inférieurs à ceux de l'antiquité.

On a montré, et l'on montre probablement encore aujourd'hui, au collège Saint-Jean, à Oxford, un croquis de la tête de Charles ler composé de caractères d'écriture qui, vus à une très-petite distance, ressemblent à des effets de buriu; les traits de la figure et de la fraise contiennent les Psaumes, le Credo et le Pater. Au Muséum de Londres, il y a un dessin de la largeur de la main représentant le portrait de la reine Anne: des lignes d'écriture sont tracées sur ce dessin, et chaque fois qu'on le montre on a soin de faire voir en même temps un volume in-folio dont il renferme exactement le contenu.

« J'ai vu, dit Ménage, des figures et des portraits an naturel, faits de cette manière, comme celui de feu madame la Dauphine, tirée dans un char, couronnée par une Victoire en l'air. Il y avait aussi d'autres figures hieroglyphiques qui avaient du rapport à elle et à mousei

gneur. Tout cela formait un tableau en carré d'un pied et demi; et ce qui paraissait être fait de traits et de linéaments ordinaires, ne l'était que de petites lettres majuscules d'une délicatesse si surprenante, qu'il n'y avait point de taille-douce qui fùt plus belle, et dans les figures et dans le visage même de madame la Dauphine, qui était très-ressemblant. Enfin, toutes ces lettres composaient un poème italien de plusieurs milliers de vers à la louange de cette princesse. L'auteur était un officier du nonce, le cardinal Ranucci. »

On cite un grand nombre de dessins de ce geure. Tels sont le portrait du général Koenigsmark, portrait renfermant en latin la vie de ce guerrier, et le Christ de Pozzo, où on lit la Passion selon saint Jean.

Il existe encore à la bibliothèque impériale de Vienne un feuillet d'environ 58 centimètres de hauteur sur 41 de largeur, et qui contient sur un seul de ses côtés cinq livres de l'Ancien Testament écrits par un juif, savoir: Ruth, en allemand; l'Ecclésiaste, en hébreu; le Cantique des Cantiques, en latin; Esther, en syriaque, et le Deutéronome, en français 1.

Suivant l'opinion généralement adoptée aujourd'hui. c'est à l'alphabet romain, plus ou moins modifié, qu'il faut faire remonter tous les caractères employés en Europe depuis les invasions des Barbares.

Avant la conquête romaine, les Gaulois se servaient de caractères grecs, et en conservèrent quelques

P. Bales, célèbre calligraphie anglais, présenta en 1575, à la reine Élisabeth, une bague dont le chaton, de la grandeur d'un demi-sou anglais, contenait écrits d'une manière très-lisible le Pater, le Credo, les dix Commandements, deux courtes prieres latines, son nom, une devise, le jour du mois, l'année de Jésus-Christ et celle du regne d'Elisabeth.

uns lorsque plus tard ils employèrent l'alphabet latin. Les écritures dont on s'est servi en France depuis l'invasion des Barbares ont été divisées chronologiquement en deux périodes par les diplomatistes. L'une s'étend jusqu'à la fin du douzième siècle, l'autre depuis le commencement du treizième siècle jusqu'au quatorzième. Nous allons entrer dans quelques détails à ce sujet.

Les écritures de la première période se divisent eu écritures capitale, onciale, minuscule, cursive et mixte. L'écriture capitale n'est autre que la majuscule employée encore aujourd'hui pour les frontispices et les titres de livres. Elle se présente rarement sous une forme régulière dans les manuscrits, qui ne peuvent être postérieurs au huitième siècle, quand ils sont tout entiers en lettres capitales.

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L'écriture onciale est une écriture majuscule dont la plupart des contours sont arrondis et qui diffère de la capitale par la forme de quelques lettres. Tout manuscrit (à l'exception des ouvrages de liturgie ou de luxe) entièrement écrit en onciale est antérieur au neuvième siècle.

L'écriture minuscule correspond au romain de nos imprimeries. Employée sous les Mérovingiens, elle atteignit un haut degré de perfection et d'élégance sous Charlemagne et ses successeurs.

L'écriture cursive devait différer très-peu de la cursive romaine. Elle se rencontre dans tous les diplômes des rois de la première race. On rattache à la cursive une écriture extrêmement grêle et d'une hauteur démesurée,

4 Elle est ainsi nommée da latin uncia, qui désignait la douzième partie du pied romain.

à laquelle on donne le nom d'allongée, et qui fut en usage du huitième au treizième siècle, et l'écriture tremblante, où les contours de toutes les lettres rondes sont affectés de tremblements. Cette dernière écriture, née dans le huitième siècle, devint rare à la fin du onzième, et fut abandonnée au siècle suivant.

L'écriture mixte est ainsi nommée parce qu'elle emprunte ses lettres aux écritures mentionnées plus haut.

Les écritures de la seconde période, auxquelles on a donné fort improprement le nom de gothiques, ont été, comme les premières, divisées en capitale, minuscule, cursive et mixte.

L'écriture capitale, très-fréquente dans les inscriptions lapidaires ou métalliques, est fort rare dans les manuscrits des treizième, quatorzième et quinzième siècles.

L'écriture minuscule se distingue par le brisement des lignes, qui étaient droites ou courbes dans l'écriture des siècles précédents. Elle a été employée dans les livres d'église depuis saint Louis jusqu'à Henri IV.

L'écriture cursive, qui date de la deuxième moitié du treizième siècle, a pour caractères distinctifs la négligence des formes, l'irrégularité des lettres et des abréviations.

L'écriture mixte, postérieure aux premières années du quatorzième siècle, participe à la fois de la minuscule et de la cursive.

L'usage des points pour servir à distinguer, non pas les phrases, mais les mots, remonte à la plus haute antiquité. Chaque mot est suivi de deux points dans les cé

bres tables Eugubines en caractères étrusques, et d'un seul dans les mêmes tables en caractères latins. Les mots d'une inscription trouvée à Athènes, et qui date de l'an

née 450 avant l'ère chrétienne, sont séparés par trois points places verticalement. Dans d'autres inscriptions, les points sont diversement disposés, horizontalement, obliquement, en triangle, en losange, en carré, etc., ou remplacés par différentes figures, comme des branches ou des feuillages, des cercles, des rosaces, des cœurs, etc. Ce dernier genre de ponctuation était assez usité dans les manuscrits pour indiquer la fin du discours.

Chez les anciens Dauois, la fin de la période était indiquée par la note H, et lorsqu'une nouvelle phrase commençait, on mettait en tête la figure d'une lune.

Quant à la ponctuation proprement dite, on lui donne pour inventeur Aristophane de Byzance, qui vivait 200 aus avant J.-C. Ce grammairien distingua le premier les différentes parties du discours au moyen d'un point mis tantôt en haut, tantôt en bas, tantôt au milieu de la dernière lettre de la phrase, ce qui correspondait aux distinctions admises par les anciens et aux signes employés aujourd'hui : la virgule, le deux-points et le point.

On trouve des vestiges de la ponctuation dans quelques manuscrits d'une haute antiquité; mais elle manque dans un très-grand nombre, car c'était l'affaire, non pas des copistes, mais des correcteurs. Les amateurs de livres et les gens studieux étaient les seuls qui fissent ponctuer les exemplaires dont ils se servaient.

«La manière la plus connue, disent les Bénédictins, de suppléer à la ponctuation dans les premiers temps, fut d'écrire par versets, et de distinguer ainsi les membres et sous-membres du discours. Chaque verset était renfermé dans une ligne que les Grecs appelaient art, en sorte qu'en comptant les versets, on découvrait combien de lignes il y avait dans un volume. A l'exemple de

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