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mis de douter de la clémence de Christine, d'après la manière dont elle a traité le pauvre Monaldeschi. Sur un Sénèque (édition Elzévir), elle avait écrit: Adversùs virtutem possunt calamitates, damna et injuriæ, quod adversùs solem nebulæ possunt. La bibliothèque du couvent de Sainte-Croix-en-Jérusalem, à Rome, renferme un exemplaire de la Bibliotheca hispana, où, sur le tome premier, la même princesse a écrit, au sujet d'un livre relatif à sa conversion : Chi l'ha scritta, non lo sa; chi lo sa, non l'ha mai scrilla. »

Lemontey a publié des Mémoires fort curieux, qui avaient été écrits sur les marges d'un missel, par J. de Coligny, mort en 1686.

HISTOIRE DE LA LIBERTÉ D'ÉCRIRE.

DES PAMPIILETS. DES LIBELLES.

On trouve épars, dans les écrivains grecs, quelques exemples de châtiments infligés à des auteurs pour leurs écrits.

« Milet ayant été prise d'assaut par les Perses, 498 avant J.-C., les Athéniens, dit Hérodote, furent excessivement affligés de la prise de cette ville, et ils manifestèrent leur douleur de mille manières. Les spectateurs fondirent en larmes à la représentation de la tragédie de Phrynicus, dont le sujet était la prise de cette ville, et même ils condamnèrent ce poète à une amende de mille

Conversion de la reina de Suecia in Roma, 1636.

drachmes, parce qu'il leur avait rappelé la mémoire de leurs malheurs domestiques; et de plus, ils défendirent à qui que ce fût de jouer désormais cette pièce 1. »

Protagoras d'Abdère (mort vers 418 av. J-C.), raconte Diogène Laërce, ayant raisonné sur les dieux en ces termes : « Je n'ai rien à dire des dieux. Quant à la ques<< tion s'il y en a ou s'il n'y en a point, plusieurs raisons «< empêchent qu'on ne puisse le savoir, entre autres, « l'obscurité de la question et la courte durée de la vie, » cette proposition lui attira la colère des Athéniens, qui le chassèrent de leur ville, condamnèrent ses œuvres à être brûlés en plein marché, et ceux qui en avaient des copies à les produire en justice, sur la sommation qui leur en serait faite par le crieur public 2. »

Le philosophe Diagoras, de Mélos, qui vivait au cinquième siècle avant J.-C., « ayant, dit Barthélemy, soulevé les prêtres, en divulguant, dans ses discours et dans ses écrits, les secrets des mystères; le peuple, en brisant les effigies des dieux; la Grèce entière en niant ouvertement leur existence... les magistrats d'Athènes le citèrent à leur tribunal, et le poursuivirent de ville en ville. On promit un talent à ceux qui apporteraient sa tête; deux talents à ceux qui le livreraient en vie et, pour perpétuer le souvenir de ce décret, on le grava sur une colonne de bronze. Diagoras, ne trouvant plus d'asile dans la Grèce, s'embarqua, et périt dans un naufrage 3. »

Liv. vi, c. 21.-2 Vie de Protagoras.

Voyage d'Anacharsis, c. 76. Ces détails sont en partie extraits du scholiaste d'Aristophane, qui raconte qu'un jour, dans une auberge, Diagoras, ne trouvant point d'autre bois, mit au feu une statue d'Hercule, et faisant allusion aux douze travaux de ce héros, s'écria: « Je réclame de toi un treizième, fais cuire mon dîner. »

Saint Augustin, au liv. п, c. 9, de la Cité de Dieu, nous a conservé, mais non pas tout à fait textuellement, un passage du traité de la République de Cicéron, où se trouvent des renseignements curieux pour le sujet qui nous occupe.

<«< Cicéron, dit-il, nous fait connaître le sentiment des anciens Romains sur le théâtre, dans ses livres de la République, où Scipion s'exprime ainsi : «Jamais la comédie, si les mœurs ne l'avaient autorisée, n'aurait pu faire applaudir sur le théâtre ses infàmes licences. Les anciens Grecs affichaient au moins ouvertement leur goût dépravé; chez eux une loi permettait à la comédie de tout dire et de nommer tout le monde. » Aussi l'Africain ajoute-t-il «Quel homme n'a-t-elle pas atteint ? sur qui n'a-t-elle pas frappé? qui a-t-elle épargné? Elle s'est attaquée, me dira-t-on, à d'insignes flatteurs du peuple, à des méchants, à des citoyens séditieux; elle a déchiré un Cléon, un Cléophonte, un Hyperbolus. On ne peut lui en savoir mauvais gré; quoiqu'il eût mieux valu que de tels hommes fussent notés par un censeur que par un poète. Mais que Périclès, investi d'une si grande autorité dans sa ville, pendant la paix et pendant la guerre, ait été outragé dans ses vers, et dans des vers récités sur la scène, cela n'est-il pas aussi révoltant que si Publius et Cneius Scipion eussent été publiquement calomniés par Plaute et Nævius 1, et Caton par Cecilius ?» Et quelques lignes plus loin: «Nos lois des douze Tables, au contraire, qui prononcent en si peu de cas la peine capitale, ont voulu que le dernier supplice fût infligé à

Nævius ayant voulu, dans ses pièces, imiter la licence des poètes grecs, fut banni de Rome.

celui qui réciterait publiquement ou composerait des vers injurieux ou diffamatoires. Rien de plus sage; notre vie doit être soumise au jugement des magistrats, à leurs sentences légitimes, et non aux fantaisies des poètes; et s'il est permis de nous attaquer, c'est à la condition que nous puissions répondre et nous défendre devant un tribunal1.

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Sous les empereurs romains, la liberté d'écrire ne fut pas aussi restreinte qu'on le croit généralement,

« César se contentait de donner publiquement le conseil de ne pas continuer à ceux qui l'outrageaient dans leurs discours. Il souffrit même, sans se plaindre, qu'Aulus Cécina, dans un libelle des plus injurieux, et Philolaus, dans un poème plein de médisances, déchirassent sa réputation 2. »

« Les libelles injurieux répandus contre Auguste ou le sénat ne lui donnèrent ni souci, ni envie de les réfuter. Il n'en rechercha même pas les auteurs, et il se contenta d'ordonner, pour l'avenir, que l'on poursuivit ceux qui publieraient, sous un nom emprunté, des pamphlets ou des vers diffamatoires contre qui que ce fût. En butte à certaines plaisanteries pleines de fiel et d'insolence, il y répondit dans un édit; et cependant il s'opposa toujours à ce que l'on prît aucune mesure pour réprimer la licence du langage dans les testaments 3 ́»

Tibère se montra d'une excessive sévérité contre ceux qui l'attaquaient par leurs écrits. « Il était sans cesse injurié, dit Suétone (c. 66); car il n'y avait pas un con

Traité de la République, 1. iv, c. 10. Traduction de la collection Dubochet.

2 Suétone, Vie de César, c. 75.- Id., Vie d'Auguste, c. 55.

damné qui ue l'injuriât en face, ou dans des billets que l'on trouvait dans les orchestres (orchestra). Il paraissait diversement affecté. Tantôt la honte lui faisait désirer que tant d'outrages demeurassent ignorés; tantôt, feignant de les mépriser, il les répétait lui-même et les rendait publics. » Ce fut lui qui renouvela la loi sur les crimes de lèse-majesté. « Cette loi, dit Tacite (Annales, 1. 1, chap. 72), punissait les actions, jamais les paroles. Auguste, outré de la licence de Cassius Severus, qui, dans des écrits insolents, avait diffamé ce que Rome renfermait de plus grand dans les deux sexes, appliqua le, premier cette loi au libelle. Depuis, Tibère consulté par le préteur Pompeïus Macer si l'on recevrait les accusations de lèse-majesté, répondit que les lois étaient faites pour être observées. Ce qui l'aigrit aussi, ce furent des vers anonymes qui coururent alors sur sa cruauté, son orgueil et ses querelles avec sa mère. »

Au moyen des nombreux délateurs qui venaient chaque jour accuser les citoyens devant le sénat ou les autres tribunaux de Rome, la surveillance la plus active était exercée sur les écrits publiés dans cette ville. Voici à ce sujet un récit trop remarquable pour que nous ne le donnions pas à peu près en entier.

<<< Sous le consulat de Cossus et d'Agrippa (sous Tibère), dit Tacite, Cremutius Cordus fut poursuivi pour avoir, dans ses Annales, loué Brutus et appelé Cassius le dernier des Romains. C'était la première fois qu'on entendait parler d'un pareil genre de délits. Les accusateurs étaient Satrius Secundus et Pinarius Natta, créatures de Séjan. Cette circonstance, jointe à l'indignation qui se peignit sur le visage du prince, pendant le discours de l'accusé, présageait sa perte; mais lui, déjà résolu d'a

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