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ses jours, réduit à un tel état de misère, qu'il fut obligé, pour vivre, de solliciter de Jacques Ier la permission de mendier publiquement. L'autorisation qui lui fut délivrée pour un an, au nom du roi, et qui devait être publiée en chaire, portait qu'il « pouvait aller dans les églises et autres lieux, recevoir les dons charitables des personnes bienveillantes. » Malgré cette patente de mendiant, le pauvre Stow ne recueillit que de faibles aumônes 1.

Diderot vendit, en 1746, pour 600 livres le manuscrit de ses Pensées philosophiques, ouvrage qu'il avait composé en quatre jours pour rendre service à une dame. La direction de la grande Encyclopédie (trentecinq volumes in-fol.) ne lui rapporta qu'une rente viagère de 1000 livres.

Les Nuits d'Young, traduites par Letourneur, furent vendues pour 20 louis d'or à madame Ducroné, qui gagna 60 000 livres avec cette traduction.

Jean-Jacques Rousseau nous a laissé des détails assez intéressants sur le prix qu'il a retiré de quelques-uns de ses ouvrages. Parlant des différents écrits de polémique qu'il avait composés vers 1750 : « Tout cela, dit-il, m'occupait beaucoup, avec beaucoup de perte de temps pour ma copie (de musique), peu de progrès pour la vérité, et peu de profit pour ma bourse, Pissot, alors mon libraire, me donnant toujours très-peu de chose de mes brochures, souvent rien du tout. Et, par exemple, je n'eus pas un liard de mon premier Discours; Diderot le lui donna gratuitement. Il fallait attendre longtemps, et tirer sou à sou le peu qu'il donnait. >>

<< Après avoir demeuré longtemps sans entendre parler

I D'Israéli, Miscellanies, tome 1, p. 24.

de l'Émile, dit-il ailleurs, depuis que je l'avais remis à madame de Luxembourg, j'appris enfin que le marché en était conclu à Paris avec le libraire Duchesne, et par celui-ci avec le libraire Néaulme, d'Amsterdam. Madame de Luxembourg m'envoya les deux doubles de mon traité avec Duchesne pour les signer. Duchesne me donnait de ce manuscrit 6 000 francs, la moitié comptant, et, je crois, cent ou deux cents exemplaires 1. »

Delille vendit 400 francs sa traduction des Géorgiques, mais lorsqu'il fut devenu le poète à la mode, il sut se dédommager par les sommes exorbitantes qu'il exigea de ses libraires pour quelques-uns de ses autres ouvrages.

La parade de Ét. Despréaux, intitulée Berlingue, charma tellement Louis XVI, qu'il accorda à l'auteur une pension de 1 000 francs.

Le premier ouvrage de Bernardin de Saint-Pierre, le Voyage à l'île de France, fut vendu pour 1 000 livres à un libraire de Paris.

Anne Radcliffe reçut 500 livres sterling pour les Mystères d'Udolphe et 800 pour son autre roman, l'Italien. Voici, d'après Timperley, la liste des sommes qui ont été payées à Byron pour quelques-uns de ses ouvrages, par son éditeur Murray :

1809. Bardes anglais etc. (On offrit.en vain 400 liv. st. à Byron pour qu'il ne publiât pas cette satire.) 1812. Childe-Harold. chants I et II. ..

1. st.

600

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1821. Sardanapale, Cain, les Deux Foscari..

1822. Werner, le Déformé, Ciel et Terre, etc. Mélanges....

I. st. 19340

En 1817, Murray acheta les œuvres du poète Crabbe 3 000 liv. st.

On prétend que les ouvrages de Walter Scott lui ont rapporté plus de 2 000 000 de francs.

Le Lai du dernier Ménestrel lui fut payé 766 livres st.; Marmion, 1 000 liv. st.; Ivanhoé, le Monastère, l'Abbé et Kenilworth, ensemble 15 000 liv. st.; Woodstock, 6 800 liv. st.; le Pirate, Nigel, Péveril du Pic et Quentin Durward, ensemble 26 000 liv. st. Une édition de Dryden lui fut payée 756 liv. st.; et enfin l'odieux ouvrage qui est une tache dans sa vie, l'Histoire de Bonaparte, lui rapporta 12 000 liv. st.

Nous ne parlerons pas des sommes énormes qui, depuis une dizaine d'années, ont été payées par les librai

res à quelques auteurs en réputation. Les journaux en ont trop souvent entretenu le public pour que nous répétions ici des détails que tout le monde connaît. Scarron appelait le marquisat de Quinet le maigre produit de ses ouvrages, publiés par Quinet. Aujourd'hui, pour MM. de Châteaubriand, Thiers, de Lamartine, E. Sue, etc., il ne s'agit plus de marquisats ni de duchés, mais bien de principautés et de royaumes.

:

Il est quelques pays où les auteurs, quel que soit le mérite de leurs ouvrages, en retirent peu de profit : telle est l'Italie, à ce qu'il paraît. « La littérature, dans ce pays, dit Valery, n'est point un gain; il faut être riche pour écrire il n'y a point véritablement de propriété littéraire; et, le plus souvent, les auteurs s'estiment fort heureux quand le libraire veut bien se charger des frais d'impression. Milan, Venise et Florence sont les seules villes où les manuscrits sont quelquefois payés; leur prix ne dépasse guère alors 40 fr. la feuille, ce qui, pour un volume de près de cinq cents pages, rapporte à l'auteur 1 200 francs. Les plus nobles esprits d'Italie ne tirent point de leur travail ces splendides tributs des écrivains célèbres de France et d'Angleterre. La traduction de l'Iliade ne valut jamais à Monti que 4 000 francs. Parini montrait des prétentions assez élevées lorsqu'il exigeait d'un libraire vénitien 150 sequins (1 792 francs) pour réimprimer ses jolis poèmes, Il-Mattino et Il Mezzogiorno, auxquels il avait ajouté la Sera. La première édition de la belle tragédie d'Adelchi, de M. Manzoni, ne le couvrit point de ses frais; et ses populaires Promessi sposi ne lui ont rendu que fort peu de chose. Ajoutez à toutes ces misères l'obligation, beaucoup plus rigoureuse en Italie qu'en France, d'offrir son livre

à toutes les sortes d'amis, même aux amis qui nous détestent; hommage forcé, dont se moquait l'abbé Galiani, quand, publiant, sous le voile de l'anonyme, ses Réflexions sur le dialecte napolitain, il disait n'avoir point trouvé de meilleur moyen de garder à la fois ses exemplaires et ses amis 1. »

Nous avons parlé, dans le dernier chapitre, des supercheries des libraires; celles des auteurs ne sont pas moins nombreuses, car il y en a bon nombre qui, ne se croyant pas assez bien payés de leurs ouvrages, ont cherche un moyen bien simple de l'être davantage en les vendant deux fois.

On ferait un chapitre très-curieux de la manière dont les libraires ou les auteurs se passent les ouvrages de main en main. Bornons-nous à parler d'un certain Anglais Hill, qui ayant fait marché avec un libraire pour la traduction de l'Entomologie de Swammerdam, à 50 guinées, vint à s'apercevoir qu'il ne savait pas le hollandais, langue dans laquelle avait écrit l'auteur qu'il devait traduire. Alors il recéda sa besogne à un autre écrivain, en se réservant un bénéfice de 25 guinées. Le second traducteur ne tarda pas à se trouver dans le même embarras que le premier, et pour s'en tirer, il ne manqua pas de faire comme Hill, et repassa la traduction à un homme qui savait le hollandais, et qui consentit à faire la traduction pour 12 guinées.

On pourrait aussi dresser une liste assez longue des auteurs qui ont été payés pour ne point publier leurs ouvrages; ce qui était souvent tout profit pour l'auteur et le public. On raconte que Robbé de Beauveset reçut de

Voyages en Italie, 1. xv, c. 18.

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