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Les érudits des temps passés croyaient le ciel singulièrement intéressé à la réussite de leurs entreprises. Bauer implorait son secours dans la Philologia Thucydideo-Paullina; et on trouva, dans les papiers de Headley, antiquaire anglais, mort en 1735, la prière suivante : « Seigneur plein de grâce et de miséricorde, je vous remercie mille fois des soins que vous avez toujours pris de moi. Sans cesse, vous me donnez des preuves signalées de votre providence : hier encore, vous me fites trouver inopinément trois vieux manuscrits. Je vous en rends grâces, en vous suppliant de continuer à m'accorder, pour l'amour de Jésus-Christ, la même protection, à moi, pauvre pécheur. »

On sait qu'il y a sept poèmes arabes antérieurs à Mahomet, nommés Moallacah, parce que, ainsi qu'on le croit généralement, ils étaient suspendus à la porte de la Caaba. Cette explication est fautive; du moins si l'on doit s'en rapporter à une note tirée d'un manuscrit de ces poèmes, qui se trouve dans la bibliothèque du duc de Saxe-Gotha, ce nom leur a été donné parce que les Arabes, en entendant réciter un morceau de poésie remarquable, s'écriaient : « Attachez-le; » c'est-à-dire gravez-le dans votre mémoire 1.

Si l'on veut se faire une idée de l'érudition que possédaient les poètes anglais du quinzième siècle, on n'a qu'à jeter un coup d'oeil sur les œuvres du célèbre Gower. Dans sa Confessio amantis, imprimée par Caxton, 1483,

« autres auteurs l'incognito n'est qu'un charlatanisme. Ainsi Junius s'ac<«<< quit une grande célebrité par son pseudonyme; aujourd'hui qu'il est « avéré que ces Lettres sont de sir Philip Francis, qui les lit?» Conversations of lord Byron, Paris, 1824, 11, 4.

Voyez Journal des Savants, 1820, p. 279 et 280,

il mentionne Ménandre comme un des premiers historiens (one of the first endilours of the olde cronike), et le met à côté d'Esdras, Solin, Josèphe, Claudius Sulpicius, Termegis, Pandulfe, Frigidille et Ephiloquorus. Hérodote, selon lui, est le premier auteur d'un système métrique; Ulysse était un clerc auquel Cicéron avait appris la rhétorique, Zoroastre la magie, Ptolémée l'astronomie, Platou la philosophie, Daniel la divination, Ilippocrate la médecine. Ce qu'il dit du latin est curieux : il suppose qu'inventé par les carmenæ, prophétesses étrusques, il fut régularisé par les grammairiens Aristarque, Didyme et Donat, orné des fleurs de l'éloquence et de la rhétorique par Cicéron, enrichi par des traductions du chaldéen, de l'arabe, du grec, spécialement par la version de saint Jérôme, et enfin amené à sa perfection par Ovide, le poète des amants. Après ce beau préambule Gower entame son sujet, l'amour.

« Il serait souhaitable, dit Vigneul-Marville, que ceux qui se mêlent de nous donner des bibliothèques ne parlassent que des livres de leur métier, ou que des livres qui leur fussent tout à fait connus. Quand on marche à l'aveugle dans ces sortes de catalogues, on ne manque pas de se tromper et de tromper les autres. Nous avons vu l'un de ces bibliothécaires peu exacts, quoique d'ailleurs bon libraire, ranger dans la classe des rituels un traité de Missis dominicis, c'est-à-dire un livre où il est traité des ambassadeurs ou des intendants de province, pour un recueil des Messes dominicales. »

Les bévues de ce genre sont très-nombreuses; en voici quelques-unes:

Le Geloloscopia (Traité du rire), de Gregorio, a été classé, par un bibliographe, parmi les livres d'astrono

mie. - L'Histoire des plantes, de Linocher, est indiquée, dans la bibliothèque de Duverdier, sous le titre d'Histoire des planètes. Par contre, l'histoire des riches négociants d'Augsbourg, des Fugger, publiée sous le titre de Fuggerorum imagines, a été prise, par quelques bibliographes, pour un livre sur les Fougères.

Le Morbi Gallos infestantis medicina, 1587, in-8, de Gabriel de Minut, qui, dans cet ouvrage, n'avait en vue, comme il le dit lui-même, que la fureur des guerres civiles, n'en a pas moins été mis, nous ne savons plus par qui, au nombre des traités sur les maladies vénériennes. Les Notes sur Rabelais, par Jamet, qui les appelait, en plaisantant, ses pieds de mouche, ont été transformées, dans la France littéraire, en un ouvrage intitulé les Pieds de mouche ou les Noces de Rabelais.

Le Theatrum mundi, de Gallucci, est un traité d'astrologie qui fut traduit en espagnol par Michel Perez. Lenglet-Dufresnoy, qui n'avait jamais vu ce livre, crut pouvoir en parler d'après le titre, et il le jugea de la manière suivante: passable pour les faits qui regardent l'histoire universelle, et meilleur pour ce qui intéresse l'Europe.

Le même Lenglet-Dufresnoy, dans son supplément à la méthode pour étudier l'histoire, a pris pour un ouvrage sur le Catai ou la Chine un livre de J. Betussi, de Bassano (1573, in-8), sur le Cataio, antique manoir qui appartient aujourd'hui au duc de Modène.

Le Mare historiarum, composé par J. Columna, au treizième siècle, a été cité par plusieurs auteurs sous le titre de Mater historiarum 1.

Voyez Bayle, art. COLUMNA, note A.

La Sauce au verjus, pamphlet très-mordant, adressé par Lisola à M. de Verjus, ambassadeur français, a été mis au nombre des livres sur la cuisine dans le catalogue de la bibliothèque de Filheu!. — L'Histoire de Laïs, par Gouz de Gerland, a été, dans un dictionnaire, changée par une faute d'impression en Histoire des lois.

Guarini, à cause de son Pastor fido, a été placé, par un moine, parmi les écrivains ecclésiastiques.

A. Bandiera, jésuite siennois, publia en 1745, à Venise, in-8, le Gerotricamerone, ouvrage dont la forme est imitée du Decamerone de Boccace. Mais il avait poussé l'imitation un peu loin dans le titre, qui lui attira force plaisanteries; car il aurait dû mettre trimerone et non pas tricamerone.

TU.

Jacob Vernet publia à la Haye, en 1752, in-12, Lettres sur la coutume moderne d'employer le vous au lieu du Cet opuscule a été cité par Senebier dans l'Histoire littéraire de Genève, ct par Ersch dans la France littéraire, sous le titre de: Lettres sur la coutume d'employer les VINS au lieu du THÉ.

Argelati, citant les Satire di Giovenale de Summaripa, imprimées appressa Fluvio Silese (près du fleuve Sile, Trévise), dit que cet ouvrage fut exécuté chez Flavius Silese, prenant ainsi le nom d'une rivière pour celui de l'imprimeur.

Judex, auteur de De Typographic inventione, publié en 1566, connaissait si peu les procédés typographiques, qu'il est persuadé que les Alde s'étaient servis de caractères d'argent pour imprimer les œuvres de Cicéron, el que c'est à l'emploi de ces types qu'est due la beauté de leurs éditions.

Lebrun des Charmettes, qui a publié quatre volumes

in-8 sur Jeanne d'Arc, dit que Gerson fit imprimer, en 1429, un écrit pour défendre la Pucelle. Or, on a vu précédemment que l'imprimerie n'a été découverte que dix ans plus tard.

Lady Morgan a cité de Pétrarque une édition imprimée, dit-elle, quinze ans après la mort du poète. Pétrarque est mort en 1374. C'est une petite méprise d'une soixantaine d'années.

Le marquis de Villette, qui s'était montré au dernier siècle l'un des plus violents détracteurs de Boileau, se couvrit de ridicule lorsqu'il plaça en tête de son Éloge de Charles V, le vers suivant :

On peut être un héros sans ravager la terre,

qui était de Despréaux, et qu'il donnait comme de Voltaire.

Jamais livres n'ont été traités plus respectueusement que ceux de Balzac. Cet écrivain raconte dans son septième entretien, qu'un homme, qui était venu lui rendre visite, commença son compliment en protestant du respect et de la vénération qu'il avait toujours eus pour lui et pour messieurs ses livres.

Les cinq premiers livres de Tacite furent achetés 500 sequins par Léon X, et Hakenstein paya 1000 ducats un manuscrit de Platon.

Les deux articles suivants, de l'inventaire de la bibliothèque des ducs de Bourgogne, compléteront ce que nous avons dit sur les copistes.

« 1401. — A. Polequin Manuel et Janequin Manuel, enlumineurs, lesquels monseigneur le duc retint pour faire les ystoires d'une très-belle et très-notable Bible, qu'il avoit depuis peu fait commencer. Yceux Polequin

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