Obrazy na stronie
PDF
ePub

vait quelque faute dans ses éditions, que, s'il le pouvait, il rachèterait chacune au prix d'un écu d'or.

H. Estienne, ayant imprimé quelque part febris par œ. s'excuse ainsi, dans un errata : Le chalcographe a fait une fièvre longue (fæbrem), quoique une fièvre courte (febrem) soit moins dangereuse.

L'errata des Commentaires d'Estienne Dolet sur la langue latine n'indique que huit fautes, bien que cet ouvrage soit en deux volumes in-fo.

S'il faut en croire le Scaligeriana, le traité de Cardan, de Subtilitate, imprimé par Vascosan, 1557, in-4, ne renferme aucune faute; et l'errata du traité de Budée, de Asse, imprimé par le même typographe, n'en indique que trois.

« Les Espagnols, dit Chevillier, ont depuis longtemps une police pour la correction des livres, par où ils ont prétendu obliger les imprimeurs à être vigilants et à faire moins de fautes. Ayant que de permettre la vente d'un livre, on l'envoie à un censeur, qui confère l'imprimé avec le manuscrit, et marque toutes les fautes de l'ımpression; on met au premier feuillet l'errata qu'il a fait, et il signe au-dessous que le livre, excepté les fautes marquées, est fidèlement imprimé, quelquefois avec ce titre : Fé de erratas, et en cette manière : Esta este libro bien impresso y correcto conforme á su original de mano. En Madrid, 31 mayo 1577, Juan Vasquez de Marmol. Cela est ainsi sur le livre d'Ambroise Moralès, des Antiquités d'Espagne, imprimé en espagnol, in-fo, à Alcala, l'an 1577 1.»

On trouve une attestation de ce genre dans quelques éditions françaises, et entre autres dans le dialogue d'Ul

L'Origine de l'imprimerie de Paris, p. 165.

ric Hutten, Aula, Paris, 1519, in-4. - Dans quelques autres, on trouve aussi mentionnés les noms des correcteurs.

Pendant la première moitié du dix-septième siècle, les ouvrages imprimés à Paris étaient si peu corrects, que le règlement donné aux libraires en 1649 contient des plaintes très-vives à ce sujet. « On imprime à Paris si peu de bons livres, y est-il dit, et ce qui s'en imprime paraît si manifestement négligé, pour le mauvais papier que l'on y emploie et pour le peu de correction que l'on y apporte, que nous pouvons dire que c'est une espèce de honte, et reconnaître que c'est un grand dommage à notre état. Et davantage ceux de nos sujets qui embrassent la profession des lettres, n'en ressentent pas un petit préjudice, quand ils sont obligés de rechercher les anciennes impressions avec une dépense très-notable. »

Une des plus singulières fautes d'impression qui ait été jamais commise est celle dont fut victime Flavigny, professeur d'hébreu au collège de France. Dans une lettre qu'il publia en 4648 contre le texte arabe et syriaque du livre de Ruth, inséré par Abraham Echellensis dans la Bible polyglotte de Lejay, il avait cité les passages suivants de saint Matthieu : Quid vides festucam in oculo fratris tui, et trabem in oculo tuo non vides? Ejice primum trabem de oculo tuo, et tunc videbis ejicere festucam de oculo fratris tui. Il reprochait ainsi à Echellensis d'avoir blâmé avec aigreur quelques fautes commises dans d'autres livres de cette Bible, tandis qu'il en avait laissé passer un très-grand nombre dans le livre de Ruth. Malheureusement pour Flavigny, après la dernière correction des épreuves, soit par une malice ou une simple maladresse de l'imprimeur ou de l'un de ses ouvriers,

le mot oculo se trouva partout remplacé par culo, ce qui, en bon français, faisait dire à Flavigny : Comment vois-tu la paille dans le derrière de ton frère, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans ton derrière? etc.

On juge du scandale que produisit ce passage ainsi falsifié. Flavigny, qu'Echellensis accusa d'impiété et de sacrilége, eut beau montrer les dernières épreuves où cette faute ne se trouvait point, il fut obligé, pour se disculper, de protester publiquement de son innocence, en jurant sur les Écritures. Mais rien ne put calmer son ressentiment contre l'imprimeur qui lui avait attiré cette méchante affaire. « Il me souvient, rapporte Chevillier, que parlant à M. de Flavigny, quelque temps avant sa mort, de cette querelle, sa colère n'était pas tout à fait éteinte. Il s'emportait encore contre son imprimeur, quoiqu'il y eût près de trente ans passés depuis l'impression de sa lettre. »

Érasme fut censuré par la Faculté de théologie de Paris pour une malheureuse faute d'impression (amore singulari pour more singulari) qui s'était glissée dans sa paraphrase sur le chapitre 16 de saint Matthieu.

Si ce que l'on raconte est vrai, ce fut à une faute d'impression que l'on doit un des plus heureux vers de Malherbe. Dans sa pièce célèbre à Du Perrier, dont la fille s'appelait Rosette, il avait mis d'abord :

Et Rosette a vécu ce que vivent les roses. »

Mais à l'imprimerie on déchiffra mal le manuscrit, et l'on mit Roselle au lieu de Rosette. Malherbe en lisant l'épreuve à haute voix, fut frappé de ce changement, et modifia de la manière suivante son vers, qui y gagna fort:

Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, etc.

Rien de plus fautif que certaines éditions de la Bible, livre qui a été réimprimé le plus grand nombre de fois dans toutes les langues 1. Le pape Sixte V fit publier, en 1590, à Rome, une édition de la Vulgate 2. Il avait luimême surveillé soigneusement la correction de chaque épreuve, et fait placer à la fin de l'ouvrage une bulle par laquelle il excommuniait quiconque s'aviserait de faire quelque changement dans le texte. Cette bulle amusa fort le public, car la Bible se trouva remplie de fautes. Aussi le pape se vit obligé de faire supprimer l'édition. Les exemplaires qui ont échappé à la destruction se cotent un prix fort élevé dans les ventes. Suivant le Manuel du libraire, un exemplaire en grand papier s'est vendu 1210 francs à la vente Camus de Limare.

Les Anglais, pour lesquels la Bible a été de tout temps un grand objet de commerce, ont laissé passer dans cet ourage de singulières fautes d'impression.

En 163, une Bible imprimée à Londres contenait : L'insensé a dit dans son cœur, il y a un Dieu pour il n'y a point de Dieu (there is a God, psaume XIII, le mot no avait été omis). Cette édition fut supprimée par ordre du roi.

Une autre Bible portait : Le Seigneur lui donna la corruption au lieu de la conception. (Ruth, Iv, 15.)

Les éditions de Field, imprimeur de l'Université de Cambridge au dix-septième siècle, sont pleines de fautes; on dit qu'il reçut un présent de 1 500 liv. st. des Inde

On a calculé que dans un intervalle de quatre-vingts ans, de 1715 à 4795, on a imprimé, en Allemagne, 1670 333 Bibles, 863 890 Nouveaux Testaments.

2 Elle est intitulée : Biblia latina vulgatæ editionis, a Sixto V recognita -et-approbata. Romæ ex typographia apostolica Vaticana, 1590, 3 part. en 1 vol. in-fol.

pendants, pour mettre, dans les Actes des Apôtres (v1, 3), ye à la place de we, afin de faire émaner du peuple et non des apôtres le droit de choisir des pasteurs.

Dans la même Bible, on trouve (Cor. I, v1, 9): « Ne savez-vous pas que les méchants hériteront du royaume de Dieu ?>>

Dans une autre édition, donnée à Londres, 1653, in-4, on lit « Afin que tout le monde connaisse le moyen d'arriver à la richesse mondaine, » (worldly) au lieu de divine (godly).

A l'imprimerie biblique de Halle, établie par Ch. Hildebrand, baron de Constein, la trente-quatrième édition de la Bible (1710) contenait cet étrange commandement : Tu commettras adultère. L'édition fut confisquée, et les exemplaires se vendent fort cher aujourd'hui.

En 1717 on imprima, en Angleterre, à l'imprimerie Clarendon, une Bible connue sous le nom de Bible vinaigre, à cause du titre du vingtième chapitre de saint Luc, titre dans lequel la parabole de la vigne (vineyard) est appelée parabole de vinaigre (vinegard).

On raconte que la femme d'un imprimeur allemand s'étant introduite la nuit dans l'atelier de son mari, qui imprimait une Bible, altéra d'une manière assez plaisante la sentence de soumission conjugale prononcée contre Ève dans le verset 16 du chapitre III de la Genèse. Elle enleva les deux premières lettres du mot herr (maître) et y substitua les lettres na, ce qui changeait le commandement il sera ton maître (herr), en celui-ci : il sera lon fou (narr). On prétend que cette plaisanterie coûta la vie à la pauvre femme, et que des exemplaires de cette Bible se sont vendus un prix exorbitant.

« Outre les fautes ordinaires qui échappent dans l'im

« PoprzedniaDalej »