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Augustin, qu'il n'était pas toujours convenable de l'employer en écrivant à certaines personnes. « Si ma lettre, dit-il à Romanius, prouve la disette de papier, elle montre aussi que nous avons du parchemin en abondance. Mes tablettes d'ivoire m'ont servi pour écrire à votre oncle; vous aurez donc plus d'indulgence pour cette lettre, car je ne pouvais différer ce que j'avais à lui dire, et je sens qu'il aurait été fort inconvenant de ne pas vous écrire à vous-même. Mais, si vous avez là-bas quelques tablettes qui m'appartiennent, je vous prie de me les renvoyer; elles me seront très-utiles en pareil cas. »

Lorsque la lettre était terminée, on la roulait et on l'entourait avec un ruban dont les deux bouts étaient collés au papier au moyen de la cire ou d'une espèce d'argile nommée creta, sur laquelle on appliquait le cachet. Mais ces précautions étaient fort insuffisantes pour protéger les correspondances, et l'on cite, dans l'antiquité, plus d'un exemple de la violation du secret des lettres, à l'insu des persounes auxquelles elles étaient adressées.

DES COPISTES ET DES MANUSCRITS.

Chez les Hébreux, dont toutes les études se bornaient à celle des livres saints, la profession de copiste semble avoir été confondue avec celle de commentateur. Le titre de copiste était un titre honorifique, et désignait les savants, interprètes des Écritures; on pourrait même

supposer, d'après un passage de la version des Septante, qu'on leur avait assigné une résidence particulière.

Chez les Romains, le soin de transcrire les manuscrits fut principalement réservé aux esclaves; et ceux qui servaient de copistes acquéraient une très-grande valeur : c'était un luxe que se donnaient les gens riches, qui voulaient faire parade de leur science. Sénèque, dans sa 27o épître, parle d'un certain Calvisius Sabinus, qui avait acheté onze esclaves, à chacun desquels il avait fait apprendre un poème grec. Ils lui avaient coûté 400 000 sesterces (25 000 francs) la pièce, somme pour laquelle, lui disait un plaisant, il aurait pu acquérir onze bibliothèques.

Grâce au prix élevé de ces servi litterali, c'était une speculation avantageuse de faire instruire les esclaves dès l'enfance. « Pomponius Atticus, dit Cornelius Nepos, avait beaucoup d'esclaves instruits, de lecteurs habiles, et un grand nombre de copistes. Il n'était pas jusqu'à ses valets de pied qui ne fussent en état de lire ou de copier au besoin. »

Le sort des esclaves lettrés était en général beaucoup plus doux que celui des autres esclaves; on les ménageait, et l'on tenait à eux comme à une chose de prix. Quand ils étaient parvenus à gagner l'affection de leurs maîtres, ceux-ci les affranchissaient et les attachaient ainsi davantage à leur personne. On peut voir, dans les correspondances de Cicéron et de Pline le Jeune, de quels soins, lorsqu'ils tombaient malades, on entourait ces serviteurs, que leurs talents rendaient si précieux. Les chaugements de domicile, les voyages, rien n'était épargné pour leur rendre la santé. Pline envoya successivement en Égypte et dans le Frioul un de ses affranchis

lettrés, qui avait été atteint, à différentes reprises, d'une maladie de poitrine.

Outre les esclaves lettrés, il y eut aussi des copistes de profession, et à Rome ce métier dut être exercé principalement par des affranchis et des étrangers'. Le célèbre édit de Dioclétien sur le maximum, édit dont une inscription de Stratonicée nous a conservé quelques fragments, devait renfermer les prix payés aux copistes. Mais malheureusement la pierre est mutilée à l'endroit où étaient inscrits le prix du parchemin et le salaire de l'écrivain, et tout ce que l'on peut en tirer, c'est que le salaire était évalué par cent lignes.

Il y avait aussi des femmes copistes, comme le prouve une inscription latine publiée par Gruter. En 231, lorsqu'Origène entreprit la révision de l'Ancien Testament, saint Ambroise lui envoya des diacres et des vierges exercées dans la calligraphic. A la fin du cinquième siècle, Saint Césaire ayant fondé à Arles un couvent de femmes, leur prescrivit de s'occuper à copier des livres à des heures réglées.

Pendant longtemps, ainsi que nous le verrous plus tard. la profession de libraire ne fut pas distincte de celle du copiste; ce dernier se trouvant naturellement à même de vendre les manuscrits qu'il avait copiés ou fait copier. Le mot de libraire vient du nom de librarii, que les Latins donnaient aux copistes.

Les écrivains de la basse latinité appelaient antiquarii les copistes qui transcrivaient les anciens ouvrages. Cette occupation nécessitait en effet quelques études prélimi

4 La plupart des noms de copistes qui nous ont été conservés sent grees.

naires relatives surtout au déchiffrement des vieilles écritures.

Au moyen âge, le mot de clerc (clericus) désigna aussi les copistes, les moines et les ecclésiastiques ayant été pendant longtemps seuls en état de copier les manuscrits.

Les Romains avaient des ateliers où plusieurs copistes écrivaient sous la dictée d'un lecteur. On pouvait done ainsi obtenir assez rapidement plusieurs exemplaires d'un même ouvrage. Au moyen âge, il ne pouvait en être ainsi, car, par suite de la rareté des livres, il était plus important d'avoir un seul exemplaire d'ouvrages différents, que plusieurs exemplaires d'un même ouvrage. D'ailleurs, les moines, ne pouvant consacrer à la transcription des livres qu'un petit nombre d'heures, et n'étant pas sti-mulés, comme les copistes laïques, par l'amour du gain, ne devaient pas aller très-vite.

La salle où se tenaient les moines copistes portait le nom de scriptorium. Elle était consacrée par la bénédiction suivante, rapportée dans le Glossaire de Ducange:

« Benedicere digneris, Domine, hoc scriptorium famu<«<lorum tuorum, et omnes habitantes in eo, ut quidquid « divinarum Scripturarum ab eis lectum vel scriptum « fuerit, sensu capiant, opere perficiant; Per Domi« num, etc. »>

Les copistes devaient travailler en silence, et, pour qu'ils ne fussent pas dérangés, l'abbé, le prieur, le sousprieur et le bibliothécaire avaient seuls le droit d'entrer dans leur salle. C'était le bibliothécaire qui était chargé de leur indiquer ce qu'ils devaient transcrire, et de leur fournir tous les objets dont ils pouvaient avoir besoin Il leur était sévèrement défendu de copier autre chose

que ce qui leur avait été prescrit.—Alcuin avait fait mettre l'inscription suivante dans le scriptorium des copistes qu'il avait sous sa direction:

Hic sedeant sacræ scribentes flamina legis,
Nec non sanctorum dicta sacrata patrum.
Hic interserere caveant sua frivola verbis,
Frivola nec propter erret et ipsa manus;
Correctosque sibi quærant studiose libellos,
Tramite quo recto penna volantis eat.
Est decus egregium sacrorum scribere libros,
Nec mercede sua scriptor et ipse caret.

Cassiodore, dans le scriptorium de son monastère de Viviers, avait placé une horloge solaire, une clepsydre, et des lampes qui pouvaient d'elles-mêmes s'entretenir d'huile, et donner longtemps une vive lumière.

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La transcription des livres, surtout de ceux qui avaient rapport à la religion, était regardée, au moyen âge, comme une œuvre méritoire. « Les livres que nous copions, disent les statuts de Gui II, prieur des Chartreux, deviennent autant de prôncurs de la vérité. Nous espérons que Dieu nous récompensera, et pour tous les hommes que ces livres auront débarrassés de l'erreur, et pour ceux qu'ils auront affermis dans la vérité catholique. >>

Voici, sur les copistes, un passage assez curieux d'Orderic Vital:

« Théoderic, abbé d'Ouche, dit-il, écrivait bien, et il a

Nous ne pensons pas qu'on ait relevé quelque part l'emploi, au ciuquième siècle, de ces lampes, qui étaient peut-être des lampes mécaniques, ou plutôt des espèces de quinquets. Dans l'un ou l'autre cas, le fait n'en est pas moins très-curieux.

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