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cie Dieu de ce que, par une grâce particulière, il a exécuté ce qu'il avait promis: Exsolvi per Dei gratiam promissum, liberavi fidem meam, explicavi pro modulo meo. quo? la quadrature du cercle? la duplication du cube? Ce grand homme a expliqué pro modulo suo les définitions, les demandes, les axiomes et les huit premières propositions des éléments d'Euclide. Peut-être qu'entre ceux qui lui succéderont, il s'en trouvera qui auront plus de santé et plus de force que lui pour continuer ce bel ouvrage : Succedent in hoc munus alii FORTASSE magis vegeto corpore, vivido ingenio; mais pour lui il est temps qu'il se repose, hic annis fessus cyclos artemque repono 1.»

Voltaire, après avoir écrit sur les dédicaces quelques lignes que nous avons citées plus haut, donne les conseils suivants, dont les auteurs de nos jours feraient bien de profiter :

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« Les préfaces sont un autre écueil; le moi est haïssable, disait Pascal. Parlez de vous le moins que vous pourrez; car vous devez savoir que l'amour-propre du lecteur est aussi grand que le vôtre. Il ne vous pardonnera jamais de vouloir le condamner à vous estimer. C'est à votre livre à parler pour lui, s'il parvient à être lu dans la foule. « Les illustres suffrages dont ma pièce a été honorée devraient me dispenser de répondre à mes adversaires. Les applaudissements du public...» Rayez tout cela; croyez-moi, vous n'avez point eu de suffrages illustres, votre pièce est oubliée pour jamais.

« Quelques censeurs ont prétendu qu'il y a un peu irop d'événements dans le troisième acte, et que la

• Recherche de la vérité, liv. 11, de l'Imagination.

« princesse découvre trop tard, dans le quatrième, les « tendres sentiments de son cœur pour son amant ; à cela « je réponds que... » Ne réponds point, mon ami, car personne n'a parlé ni ne parlera de ta princesse. Ta pièce est tombée parce qu'elle est ennuyeuse et écrite en vers plats et barbares; ta préface est une prière pour les morts; mais elle ne les ressuscitera pas 1. »

DES ERRATA.

Les errata étaient inconnus avant l'invention de l'imprimerie. En effet, rien n'était plus facile que de corriger, dans les manuscrits, les fautes qui pouvaient s'y être glissées. Quand les copistes s'apercevaient d'une erreur avant que l'encre fût séchée, ils l'effaçaient avec une éponge; mais lorsque ce moyen ne pouvait plus être employé, il barraient le mot ou les mots fautifs, ou plaçaient des points au-dessous des lettres à effacer. Ces corrections n'offraient donc aucune difficulté (Voyez p. 128). Du reste, une fois que la copie d'un ouvrage était terminée, elle était revue ou devait être revue par un correcteur, comme les épreuves d'imprimerie. Au moyen âge, les personnages les plus instruits ne dédaignaient pas plus que les sayants de la renaissance de revoir eux-mêmes les manuscrits. Les Bénédictins citent, dans le Nouveau Traité de diplomatique, un manuscrit des dix premières conférences de Cassien, qui avait été re

Dict. philosophique, art. AUTEURS.

vu, en partie, par le célèbre Lanfranc. Ce dernier avait marqué l'endroit où il s'était arrêté par ces mots : Huc usque ego Lanfrancus correxi.

Dès qu'une faute était signalée, comme il était facile de la faire disparaître à l'instant même, les manuscrits pouvaient, avec le temps, atteindre un haut degré de correction, ainsi qu'on le voit par le passage suivant d'AuluGelle:

« M'étant un jour assis dans une librairie du quartier des Sigillaires, avec Julius Paulus, nous y vîmes en vente un exemplaire des Annales de Fabius Pictor, précieux par son ancienneté et par la pureté du texte. Le libraire prétendait qu'il était impossible d'y trouver une seule faute. Un grammairien distingué, venu avec un acheteur pour examiner les livres, dit en avoir trouvé une dans celui-ci. Le libraire, de son côté, était prêt à parier tout ce qu'on voudrait qu'il n'y avait pas même une seule lettre incorrecte dans son exemplaire '. » Le libraire avait raison.

Les premiers livres imprimés n'avaient point d'errala; on se contentait de corriger les fautes avec la plume, dans chaque exemplaire. Mais on dut bientôt renoncer à ce moyen; car dans les éditions imprimées avec peu de soin, les frais de correction s'élevaient trèshaut et les exemplaires étaient entièrement gâtés. Ce fut pour remédier à ces inconvénients que l'on réunit ensemble les corrections et les fautes, et qu'on en plaça l'indication à la fin du volume, sous le titre d'errata. « Le plus ancien errata que j'ai trouvé sur les livres de Sorbonne, dit Chevillier, est celui qui est au Juvénal,

Nuits attiques, l. v, c. 4.

avec les notes de Mérula, imprimé à Venise, in-fo, par Gabriel Pierre, l'année 1478. Il est de deux pages. On y excuse l'imprimeur en ces termes : « Lector, ne te offendant errata quæ operariorum indiligentia fecit, neque enim omnibus horis diligentes esse possumus. Recogni→ to volumine ea corrigere placuit. »

Michel Fernus, ayant publié à Rome, en 1495, le manuscrit d'Antoine Campanus, évêque de Teramo, et s'étant aperçu de la quantité de fautes qui, malgré tous ses soins, s'étaient glissées dans cette édition, intitula ainsi un errata de quatre pages : « Vis ex stulto demens, idenique ex demente insanus fieri? Libros Romæ primus imprime. Corruptorum recognitio. »>

La première édition des œuvres de Pic de la Mirandole, donnée à Strasbourg, en 1507, in-fo, renferme un errata de quinze pages. « Je ne me souviens pas, dit Chevillier, en avoir vu un plus fort pour un seul volume assez petit. >>

Le cardinal Bellarmin, voyant qu'on imprimait ses Controverses en plusieurs endroits et d'une manière fort défectueuse, en fit faire une copie manuscrite d'une exécution parfaite, et la confia à un imprimeur de Venise, pour en donner une édition correcte; mais ces précautions furent inutiles, et il fut obligé de publier un livre intitulé: Recognitio librorum omnium Roberti Bellarmini, Ingolstadt, 1608, in-8, dans lequel il releva toutes les fautes qui s'étaient glissées dans cette édition. L'errata seul occupe quatre-vingt-huit pages. L'auteur se plaint, dans la préface, qu'il y a plus de quarante endroits où l'imprimeur lui fait dire oui pour non, et non pour oui.

Le dominicain F. Garcia fit imprimer, en 1578. in-4, une liste des fautes qui s'étaient glissées dans l'impres

sion de la Somme de saint Thomas: elle occupait cent

onze pages.

Le traité sur la Religion et sa science, de Leigh, imprimé en 1656, a un errata de deux pages in-fo. Un ouvrage dirigé contre le papisme, et intitulé: Missæ ac missalis anatomia, imprimé en 1562, contient cent soixante-douze pages in-8, et un errata de quinze pages. Celui qui a fait l'errata s'excuse en racontant les artifices employés par le diable pour empêcher le bien que ce livre devait produire. « Ce maudit Satan, dit-il, lorsqu'on imprimait cet ouvrage, mit en œuvre toutes ses ruses, et parvint à le faire souiller de tant de fautes (car certains passages n'offrent aucun sens, et d'autres présentent un sens contraire à celui qu'ils devraient avoir), dans le but d'en empêcher la lecture par les âmes pieuses, ou d'affecter ainsi les lecteurs d'un tel ennui, qu'aucun d'eux ne pût, sans un dégoût suprême, aller jusqu'à la fin du livre. Déjà le même Satan, avant que le livre fût remis à l'imprimeur, se servant d'un autre moyen, l'avait jeté quelque part dans un bourbier, et tellement sali de liquide et de boue, que l'écriture était presque effacée sur un grand nombre de feuillets entièrement gâtés. De plus, ce livre était tellement déchiré, que non-seulement on ne pouvait pas le lire, mais qu'on ne pouvait même l'ouvrir sans que les feuillets ne se séparassent les uns des autres. Aussi, pour remédier à ces artifices de Satan, on a été, après l'impression, obligé de revoir l'ouvrage, et de noter les fautes, malgré leur nombre. »

Alde Manuce, dans la supplique qu'il adressa au pape Léon X, dit qu'il avait de tels regrets lorsqu'il trouElle se trouve dans l'édition qu'il donna de Platon, en 1513.

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