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regret à l'argent qu'il donne à l'auteur pour s'habiller comme les autres hommes1. >>

Les autres dédicaces de Scarron sont en général pleines d'esprit et d'originalité.

La première édition de la Bible d'Edmond Becke, publiée à Londres, 1549, renferme une dédicace à Édouard VI, dans laquelle se trouve ce passage:

« Que ce livre soit un patron et un président perpétuel pour la loi et les avocats; un joyau de prospérité pour tous ceux qui vous doivent d'occuper quelque place dans l'administration. Maintenant c'est par amour du bien et non par amour du lucre, qu'ils feront leur devoir. Les ministres de la justice écouteront le faible aussi bien que le puissant; la cause de l'orphelin, de la veuve et du pauvre viendra devant eux. Le travail excessif et les dépenses coûteuses que le pauvre supporte dans ses procès sans fin émouvront ces cœurs de pierre. Ni la cause de Dieu, ni celle du pauvre homme, ne supporteront autant de renvois, de refus et de délais. Et s'il y a quelque réclamation ou quelque préjudice porté aux bons, il disparaîtra bientôt. Que ce livre soit la loi de tous, et tous vos chanceliers, juges, officiers administratifs, dépêcheront plus d'affaires en une session qu'ils ne l'ont fait jusqu'ici en douze. »

Quelques exemplaires du Traité de la police ecclésiastique de René Chopin portent une épître dédicatoire à Charles X, ce fantôme de roi créé par la Ligue. Il est probable que ce prince n'en a jamais reçu d'autre.

Nous avons vu dans les CURIOSITÉS LITTÉRAIRES

OEuvres de Scarron, Paris, 1719, in-8, tome 1, p. 197 et suiv. On trouve encore à la page 317 du même volume une autre épître dédicatoire adressée « à Ménage et Sarrazin ou Sarrazin et Ménage. »

(p. 412) que le prix de la réconciliation d'Eppendorf et d'Érasme fut la promesse que fit ce dernier de dédier un livre à son adversaire.

La dédicace du premier ouvrage anglais sur l'argot et la vie des bohémiens 1 est ainsi conçue :

« A la très-honorable et très-bonne lady Élisabeth, comtesse de Shrewsbury, Thomas Harman lui souhaite toutes sortes de joies et de félicités ici et dans le monde futur.>>

En 1611, pour répondre au traité sur la nature et les attributs de Dieu, de Vorstius, Jacques Ier écrivit à Londres une Déclaration, précédée de cette dédicace :

« A l'honneur de Notre Seigneur et Sauveur JésusChrist, éternel fils du Père Éternel, le seul théantrope, médiateur et réconciliateur de l'humanité, en signe de gratitude, Jacques, par la grâce de Dieu, roi de la GrandeBretagne, de la France et de l'Irlande, défenseur de la foi, dédie et consacre cette sienne déclaration. »>

Jean de Croï, savant ministre protestant, publia à Genève, en 1645, in-8, un livre de controverse qu'il dédia à Jésus-Christ.

La dédicace du Bouclier d'honneur, adressée à Louis XIII par l'auteur, le prédicateur Béring, est un curieux échantillon du style de cette époque.

Béring dit que sa « plume, n'osant prendre son vol « vers le sceptre d'un roy, s'est perchée sur le baston << d'un maistre de camp. » Il appelle les blessures les oriflammes du courage. Les vingt-deux que Crillon avait reçues « sont autant de bouches pour rines qui prêcheront sa valeur; ce sont vingt-deux présidents en robe

'Il est intitulé: A Caveat for common curseters, vulgarely called vagabones, par Th. Harman, pour l'utilité et profit de son pays natal; nouvellement augmenté et imprimé, Londres, 1597.

rouge prononçant arrest en faveur de sa générosité, etc. >>

Andréini, auteur de la Centaura (Paris, 1622, in-12), tragédie dont les acteurs sont des centaures mâles et femelles, la dédia à Marie de Médicis, et il profita de son sujet pour faire, entre la partie supérieure et noble des centaures et la dédicace qu'il adressa à Sa Majesté, entre la partie basse et monstrueuse de ses héros et la pièce qu'il lui dédie, les comparaisons les plus folles et les plus étranges.

Le successeur de Rancé à l'abbaye de la Trappe, dom Gervaise, dédia un ouvrage à Louis XIV, qu'il appela son seigneur particulier et son abbė.

Nous connaissons quelques ouvrages que les auteurs se sont dédiés à eux-mêmes. Tel est, par exemple, la traduction de Tacite faite en espagnol par don Carlos Coloma, et publiée à Douai en 1629. Tel est encore un Discours sur l'éducation des femmes, couronné en 1778 par l'Académie de Besançon, et dont l'auteur, le marquis de Lezay-Marnesia, ne voulant pas être connu, s'adressa à luimême l'épître dédicatoire.

D'Israéli parle d'un seigneur qui composait lui-même les dédicaces des ouvrages qu'on lui adressait '.

L'épître dédicatoire de la Vida del grande santo Francisco Borgia, Madrid, 1702, in-f", est adressée par l'auteur Cienfuegos à l'amirante de Castille, et est plus longue que la vie du saint. Ce qui a fait dire qu'il avait dédié au saint la vie de l'amirante.

Cordier, dédiant à l'empereur Alexandre une Dissertation sur les Sibériens, plaça son épître dédicatoire entre

' Miscellanies of literature, Paris, 1840, t. I, p. 25.

les dissertations préliminaires et le corps de l'ouvrage ; ce qu'il justifiait en disant qu'il voulait présenter son œuvre à S. M. Impériale dans son salon et non dans son antichambre.

Foote, célèbre acteur anglais (mort en 1777), a composé une pièce remarquable, l'Anglais à Paris, dans laquelle il fait la satire des mœurs anglaises. C'est à son libraire qu'il l'a dédiée :

« Comme je n'ai, lui dit-il, obligation ni à aucun grand seigneur, ni à aucune grande dame de ce pays-ci, et que je désire d'ailleurs que mes écrits n'ayent jamais besoin de leur protection, je ne connais personne dont les bons offices me soient aussi nécessaires que ceux de mon libraire; c'est pourquoi, monsieur, je vous remercie de la netteté de l'impression, de la beauté des caractères et de la bonté du papier dcnt vous avez décoré l'ouvrage de votre serviteur.

<< Samuel FoOTE. »

Losrios, libraire de Lyon, dédia ses œuvres (Londres, 1789, in-18) à son cheval. Il n'eut cependant jamais de cheval en sa possession.

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Il existe plusieurs livres dédiés par des chrétiens à des princes turcs. La bibliothèque de l'université de Turin renferme un magnifique exemplaire de l'un des premiers ouvrages à cartes imprimées sur planches de métal, c'est-à-dire de la Géographie de Ptolémée, mise en vers italiens par le Florentin F. Berlinghieri. D'après une lettre écrite par l'auteur au verso de cet exemplaire, on voit que cet ouvrage, dédié d'abord au duc Frédéric d'Urbin, mort en 1482, pendant l'impression, le fut ensuite au second fils de Mahomet II, le malheureux

Zizim ou Djim 1.

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Ce prince y est traité de Gemma sultan, et l'auteur dit qu'il espère un jour le voir rétabli nel suo regno. Le croissant figure sur cet exemplaire, qui est orné de la représentation des principaux monuments de Constantinople.

Le commentaire sur l'Apocalypse, publié à Florence, 1572, in-4, est dédié par l'auteur, P. Caponsacchi, religieux franciscain, à l'empereur Sélim II.

DES PRÉFACES.

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Les anciens, qui, comme nous venons de le voir, mettaient des épîtres dédicatoires en tête de leurs ouvrages, y ont aussi placé des préfaces. - Elles sont, en général, fort courtes et d'une admirable simplicité dans les premières productions de la littérature grecque. Telles sont, par exemple, les préfaces des deux plus grands historiens de la Grèce, d'Hérodote et de Thucydide.

« En présentant au public ces recherches, Hérodote d'Halicarnasse se propose de préserver de l'oubli les actions des hommes, de célébrer les exploits des Grecs et des Barbares, et indépendamment de toutes ces choses, de développer les motifs qui les portèrent à se faire la guerre. »

«L'Athénien Thucydide a composé l'histoire de la

On peut consulter sur ce prince un document fort curieux publié par M. H. Bordier, dans le tome i de la Bibliothèque de l'École des Chartes.

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