On sait combien le titre de physiologie a été à la mode, y a quelques années. C'est un vieux titre qu'on a rajeuni. On connaît, en effet, au dix-septième siècle : il 10 Physiologia barbæ humanæ, par Antoine Ulmus, deuxième édition, Bologne, 1603,, in-fo ; 2o Physiologia crepitus ventris ; item risus et ridiculi, et elogium nihili, Francfort, 1607, in-12, par Goclenius. Ouvrage inséré dans l'Amphitheatrum de Dornau; 5° Physiologia historiæ passionis Jesu-Christi, Helmstadt, 1675. Les mots illustration, illustré, dont on fait tant usage aujourd'hui, ont été employés depuis bien longtemps. Nous connaissons, entre autres, Illustratio systemalis sexualis Linnæi, Londres, 1777, in-fo. Parmi les titres de romans un peu singuliers, il y en a bien peu dont on ne puisse trouver l'analogue quelque part. Un auteur anglais, Bydendick, a publié un poème intitulé Blanc et Rouge, et Beyle (F. Stendhal) un roman intitulé: Rouge et Noir. Nous ne savons si M. Frédéric Soulié, auteur des Mémoires du diable, connaissait les Extraits des Mémoires du diable, publiés, en 1826 et 1827, en 2 vol., par l'Allemand Hauff 1. Il en est de même pour les ouvrages d'érudition. Canisius a pris le titre de ses Lectiones antiquæ d'un ouvrage cité par Aulu-Gelle. Plus de deux siècles avant le Mithridate d'Adelung, Gessner avait publié, à Zurich, en 1555, in-8, Mithridates de differentiis linguarum. Le choix du titre doit être regardé par un auteur 'Jean-Paul Richter a publié aussi : Choix dans les papiers du Diable. -Le Mérite des Dames de Vertron, mort en 1745, est antérieur de plus d'un siècle au Mérite des Femmes de Legouvé. comme une chose fort importante, car rien ne prête mieux à l'épigramme qu'un titre mal choisi 1. Le premier ouvrage imprimé où il y ait un frontispice est l'édition du Calendarium, de Regiomontanus, donnée par l'imprimeur Ratdolt, à Venise, 1476, in-4. Ce frontispice, imprimé dans un cartouche gravé en bois, contient, outre la date de l'impression, et les noms des imprimeurs, douze vers latins commençant ainsi : Aureus hic liber est, et au bas desquels on trouve ces lignes imprimées en rouge: 1476. Bernardus pictor de Augusta Petrus loslem de Langencen Bientôt les auteurs s'emparèrent des frontispices pour y faire représenter leur portrait, accompagné ordinairement de vers à leur louange. John Heywood, l'un des plus anciens poètes dramatiques anglais, publia en 1556, in-4, un poème allégorique intitulé: L'Araignée et le Moucheron. Sur la première page de ce volume, très-rare aujourd'hui, F. N. Dubois ayant publié l'Histoire secrète des femmes de l'anliquité, Paris, 1726-32, 6 vol, in-12, l'abbé Yart fit sur cet ouvrage l'épigramme suivante : Ce livre est l'histoire secrète, Elle n'eut que son imprimeur Lorsque parut la Chute d'un ange, de Lamartine, certains critiques, trouvant que ce poème ne répondait pas à la réputation de l'auteur, proposèrent de l'intituler: la Chute de Lamartine, « en supposant, ajoutaient-ils, que Lamartine fût un ange. > on trouve le portrait en pied de l'auteur, qui porte un poignard à sa ceinture; mais non content de cela, Heywood s'est fait représenter au verso du titre de chacun des quatrevingt-dix-neuf chapitres de son livre, où l'on a le plaisir de le voir, tantôt debout, tantôt assis devant un livre ouvert sur une table et près d'une fenêtre tapissée de toiles d'araignée, etc. Cette édition s'est vendue jusqu'à 230 fr. en Angleterre. La vignette placée en tête des Sacrorum fastorum libri XII, de Fracchi, poète latin du seizième siècle, résume parfaitement l'esprit général des poètes de cette époque; on y voit l'auteur à genoux, offrant ce poème au pape et à l'empereur, avec ce vers latin : Hos ego do vobis, vos mihi quid dabitis '? Villegas, poète espagnol du commencement du dixseptième siècle, a publié ses poésies avec l'emblème suivant: autour d'un cartouche, où l'on voit un soleil levant dont les rayons font fuir les étoiles, est placée cette légende : Sicut sol matutinus me surgente, quid istæ ? Ange Cappel, seigneur du Luat, et secrétaire du roi, ayant publié à Paris, en 1604, in-fo, l'Abus des Plaideurs, où il s'était fait graver sous la forme d'un ange, avec un quatrain orgueilleux, Rapin composa contre lui les vers suivants : De peur que cet ange s'élève, Il le faut faire ange de Grève Et charger son dos de gros bois. Au moyen âge, les frontispices des manuscrits (quand il y a un frontispice) représentent ordinairement l'auteur à genoux, offrant son livre à la personne à laquelle il le dédie. On trouve dans les ouvrages de Regnier les trois petites pièces suivantes : Sur le portrait d'un poète couronné. Graveur, vous deviez avoir soin Réponse. Ceux qui m'ont de foin couronné, Réplique. Tu as, certes, mauvaise grâce. Les costumes bizarres sous lesquels les poètes avaient l'habitude de se faire représenter au dix-septième siècle 1 excitèrent la verve moqueuse de Scarron, et ses épi Tout le monde se rappelle ces vers de l'auteur de la Némésis sur Lamartine: Hélas! toujours au bord des lacs, des précipices! grammes aujourd'hui même ne manqueraient pas d'à-propos1.« Ils font sagement, ces auteurs, dit-il dans une dédicace à la chienne de sa sœur, ils font sagement de ne paraître pas en public comme on les voit au commencement de leurs livres. N'est-il pas vrai, Guillemette, que vous aboyeriez bien fort si vous en voyiez un l'épaule nue, un manteau de bohémien attaché sur l'autre, et une couronne de laurier sur le front; ce n'est pourtant pas la crainte des chiens, ni la huée des enfants qui les retient de se mettre en masque, ils n'ont peur que des suisses; ils seraient en effet trop reconnaissables aux portiers, qui n'aiment point ceux qui font, comme eux, métier de demander, en ce temps icy principalement, auquel on dirait que les auteurs ont fait serment de n'entrer point en maison qui n'ait l'honneur de s'appeler hôtel. On ne voit autre chose dans les hôtels des grands. L'hôtel de Bourgogne en regorge jusques sur le théâtre, parce qu'ils ne payent rien non plus que les pages, et, ô malheur du siècle où nous sommes! j'ai bien peur, si le temps dure, qu'on n'en trouve à l'Hôtel-Dieu de quoi faire une académie complète. >> Souvent le frontispice renferme quelque allégorie, quelque rébus sous lequel l'auteur ou l'éditeur á voulu cacher son nom. « Je n'ai eu garde, dit Prémóntval, auteur de l'Esprit de Fontenelle (La Haye, 1744, in-12), d'associer mon nom à celui de Fontenelle, sur le frontispice de cet ouvrage; mais j'ai fait mettre, à la place, une vignette qui n'est autre chose que mon cachet, un pré, une montagne et une Gail, dans sa traduction de Théocrite, s'est fait représenter coiffé à la grecque, ce qui lui attira maintes plaisanteries. |