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(1607); la Ballade des plantes; la Ballade des drogues, etc. Tandis qu'il est des titres qui, comme le Coupe-Cu de la mélancolie, de Béroalde; ou le Cri d'un honnéle homme qui se croit fondé à répudier sa femme (1768, in-12), disent clairement, et sans détours, le but de l'auteur, il en est d'autres qui tromperaient les plus habiles. Ainsi, comment ne pas se figurer, surtout d'après ceux que nous avons cités plus haut, qu'un livre de dévotion est caché sous ce titre le Moutardier spirituelle (sic), qui fait éternuer les âmes dévotes, constipées dans la dévotion, avec la Seringue du même autheur, A Cologne, de l'imprimerie de P. Marteau (sans date), petit in-8?-Pourtant, suivant Brunet, qui a eu le livre entre les mains, il renferme la Successions (sic) de Roger-Bontemps, par S. M. C., morceau aussi plat qu'ordurier. Il pense qu'il a été publié vers la moitié du dix-huitième siècle, dans quelque imprimerie particulière.

:

Comment se douter encore que la Belle Wolfienne, publiée par Formey, n'est autre chose que l'abrégé de la philosophie de Wolf, et que l'Habit tissu de soie du Polonais Kochowski est une biographie poétique?

Un Anglais, nommé Coryate, ayant fait un voyage dans diverses parties de l'Europe, en publia la relation sous ce titre :

Crudités dévorées à la hâte, pendant un voyage de cinq mois, en France, en Savoie, en Italie, etc., 1611, in-4 1.

A. Daniel Léopold, savant lubeckois du dix-huitième

Nous avons déjà parlé de Coryate dans les CURIOSITÉS LITTÉRAIRES, p. 385. Ses Crudités parurent escortées de près de soixante pièces de vers ironiques composées par les meilleurs poètes du temps. Coryate prétendait avoir fait son voyage avec une seule paire de souliers.

siècle, était aveugle-né. Il publia, en 1734, in-8, sous le titre de Collyre spirituel, un recueil de trois cents sonnets sur des passages de la Bible.

Au dernier siècle, les titres des ouvrages d'érudition ont été, pendant longtemps, si lourds et si prétentieux 1, qu'on n'a pas manqué de les tourner en ridicule. Ainsi, Bourdon de Ségrais publia une Histoire des rals, pour servir à l'histoire universelle; Fueille une Dissertation sur l'antiquité de Chaillot, pour servir de mémoire à l'histoire universelle, Paris, 1736, in-8; et le célèbre Grosley inséra dans ses Mémoires de l'Académie de Troyes une dissertation fort plaisante sur un certain usage des habitants de sa ville, dissertation dont le titre seul est une satire des titres des mémoires académiques.

Les Allemands ont été quelquefois assez mal inspirés dans le choix de leurs titres. Quoi de plus dur que celui-ci :

Delicia cranachaniæ, Hambourg, 1672; ou de plus ennuyeux que le suivant :

Mémoires socratiques, recueillis, pour l'ennui du public, par un amateur de l'ennui, par Hamann, Konigsberg, 1759, in-8.

Citons encore l'ouvrage de madame Gottsched:

Appel touchant d'Horace, navigateur bien expérimenté, à tous les Wolfiens qui voguent sur l'océan du bon sens, 1740, in-8.

On aura peu de peine à se figurer que les auteurs des pamphlets politiques recherchassent avec soin les titres propres à piquer la curiosité. Tel est le suivant:

Tel est l'ouvrage que Descharrières annonça en 1808: Histoire ancienne et moderne, générale et particulière, ecclésiastique, civile, judiciaire, militaire, morale, politique, naturelle, littéraire et critique du bourg, paroisse et baronnie de Saint-Loup.

Jean danse mieux que Pierre; Pierre danse mieux que Jean: ils dansent bien tous deux. Tétonville,1719,5v.in-12. C'est une satire très-violente contre le P. Lachaise et les jésuites.

Ajoutons que, surtout pour les écrits de genre, il Ꭹ a souvent plus d'esprit dans le titre que dans le reste de l'ouvrage.

Au milieu des querelles politiques, religieuses ou littéraires, on a souvent annoncé des ouvrages qui n'ont jamais paru, mais dont le titre seul était une satire piquante.

« Lorsque le duc d'Épernon fut nommé gouverneur de Provence, raconte Brantôme, il se fit un livre à Paris, par mocquerie de luy, qui se vendoit devant le palais et parmy les rues, comme l'on en voit des cryeurs et vendeurs de plusieurs autres; et s'intituloit ledict livre: Les hauts faits, gestes et vaillance de M. d'Espernon, en son voyage de Provence. Le titre le chantoit ainsy, et estoit tres bien imprimé; mais tournant le premier feuillet et les autres ensuivans, on les trouvoit tous en blanc et rien imprimé. Les curieux, tant amys qu'ennemys dudict sieur d'Espernon, accouroient auxdits petits crieurs et porteurs de livres, pour veoyr que c'estoit, et en achepter; lesquels voyans le titre, desboursoient de leurs gibecieres pour en faire l'achat. Aucuns en voyans le titre, et puis tournans le feuillet, et n'y voyans rien, se courrouçoient contre les vendeurs, disans qu'ils estoient des abuseurs de monstrer par l'apparence du titre du livre, et rien dedans et eux pour excuse respondoient aussy : « Aussy « n'a-t-il rien faict, monsieur. Pourquoy voulez-vous « qu'on en imprime rien 1?»>

1 Brantôme, Premiers discours des couronnels françois. M. d'Espernon.

Au commencement du dix-septième siècle, on faisait courir un ouvrage intitulé: Livre de la simplicité, par M. Zamet, dédié à M. de Fresne, et imprimé en hébreu, <«< voulant faire entendre par là, dit le Duchat, que la simplicité que Zamet affectait au dehors devait s'entendre à rebours, comme on lit l'hébreu.»¿

A la fin de la Bibliothèque volante, on trouve une liste d'ouvrages supposés et dont les titres sont autant de satires dirigées contre Louis XIV. Bachaumont cite aussi quelques titres d'ouvrages de ce genre, qui furent annoncés dans les premières années du règne de Louis XVI, tels étaient :

Le Traité sur le plaisir, dédié à la reine,

Le Catafalque vivant, dédié à madame la princesse de Conti;

La Politesse française, dédiée à madame la comtesse d'Ossun;

La Nécessité de faire la barbe, dédiée à la duchesse de l'Orge.

Voici quelques titres d'ouvrages qui ont été publiés au siècle dernier, et qui nous ont paru être assez bizarres:

Le satire di Quinto Settano, tradotte da Sesto Settimio, ad istanza di Ottario Nonio, dedicate a Decio Sedicino, Palerme, 1707, in-8, par Sergardi ;

Mémoires de l'éléphant, écrits sous sa dictée, et traduits de l'indien par un Suisse, 1771, in-8, par Marchand;

La Poésie et la Philosophie d'un Turc à huit queues, à trois plumes de héron, à deux aigrettes et à un collier d'émeraudes, Albanopolis, 1777, in-8, par Zannovich.

On publia, en 1780, un recueil de poésies intitulé: Je ne sais quoi, par je ne sais qui; prix, je ne sais combien; se vend je ne sais où, chez je ne sais qui est-ce.

Delisles de Sales, l'un des auteurs les plus vaniteux qui aient existé, a publié : Mémoire en faveur de Dieu, Paris, 1802, in-8.-Un gros volume d'archéologie, publié, en 1844, par M. Didron, volume dans lequel il y a, du reste, d'excellentes choses, est, à notre avis, fort malheureusement intitulé: Histoire de Dieu.

Ces titres, tant soit peu orgueilleux, rappellent une ode de Victor Hugo, où le poète, après avoir interrogé deux oiseaux, s'écrie impérieusement :

Et maintenant, Seigneur, expliquons-nous tous deux '.

Nous ne voulons pas ici mentionner les titres grivois ou orduriers qui, dans le moyen âge comme aux temps modernes, ont été employés trop souvent. Nous nous contenterons, pour ce qui regarde la première de ces époques, à renvoyer les curieux aux recueils de fabliaux publiés par Barbazan et Méon. Ils trouveront là de quoi se satisfaire.

On a pu voir, d'après les passages de Pline et d'AuluGelle cités au commencement de ce chapitre, que les littérateurs de l'antiquité n'ont pas, quant aux titres laissé grand'chose à trouver aux écrivains modernes. Voici encore quelques détails qui prouveront plus que jamais la vérité du célèbre proverbe de Salomon.

Ce fut probablement pour continuer cet interrogatoire du créateur par la créature, que, lors de l'apparition des Burgravès et de la comète en 1843, on mit les vers suivants au bas d'une lithographie représentant le poète se promenant dans les environs déserts du Théâtre-Français :

Hugo, lorgnant les voûtes bleues,
Au Seigneur demande tout bas
Pourquoi les astres ont des queues,
Quand les Burgraves n'en ont pas.

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