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Le résumé suivant des travaux faits jusqu'à ce jour pourra, malgré sa brièveté, offrir quelque utilité; car les artistes, ayant à traiter certains sujets relatifs à l'antiquité, seraient probablement très-embarrassés pour trouver ailleurs les notions que nous allons donner ici.

Chez les Romains, on appelait les manuscrits en rouleaux volumes (volumina) du latin volvere, parce que le manuscrit était roulé sur lui-même. Le mot explicare, qu'on rencontre à chaque instant dans les auteurs, signifiait dérouler, lire un manuscrit. Les copistes, lorsqu'ils avaient terminé la transcription d'un ouvrage, c'est-à-dire déroulé entièrement le rouleau sur lequel ils avaient écrit, mettaient, au lieu du mot fin, que les modernes employent, les mots explicitus est liber, ou explicitus liber; on abrégea cette formule dès le troisième siècle, et, jusqu'à la découverte de l'imprimerie, le mot explicit servit à désigner la fin d'un livre latin ou français.

« Parmi les peintures d'Herculanum, plusieurs représentent des volumes entre les mains des personnes qui les lisent. Tous ceux qui sont ouverts se déroulent, à l'exception d'un seul, horizontalement et de gauche à droite, dans le sens de leur longueur. L'écriture qu'on y a figurée est divisée en petites colonnes perpendiculaires. Le papier se déroulant dans la même direction que l'écriture, c'est-à-dire de gauche à droite, une ligue écrite d'un bout à l'autre du rouleau aurait été d'une longueur démesurée. Il aurait fallu rouler et dérouler le manuscrit autant de fois qu'il y aurait eu de lignes. De plus, dans le milieu de l'ouvrage, l'œil ne pouvant embrasser à la fois les deux bouts de lignes si longues, il y aurait eu. pour le lecteur, une confusion perpétuelle. La division en colonnes remédiait à ces inconvénients.... On les dérou

lait, petit à petit, de la main droite, et, à mesure qu'on avançait dans la lecture, on enroulait de nouveau avec la gauche, dans le même sens ou en sens inverse, la partie déjà lue 1. »

Dans les manuscrits qui se déroulaient perpendiculairement, l'écriture était tracée dans le sens de la largeur, et non dans celui de la longueur. Comme le papier le plus large n'avait que vingt-quatre doigts, et que le papier d'un usage habituel était loin d'atteindre cette dimension, il n'y avait pas d'inconvénient à écrire sans colonnes, et d'une marge à l'autre.

Lorsque le livre était écrit, et que les différentes feuilles qui le composaient étaient collées les unes à la suite des autres, on fixait à l'extrémité de la dernière feuille une petite verge autour de laquelle s'enroulait le volume. Les Latins lui donnaient le nom d'umbilicus (nombril), parce qu'elle était placée au centre du volume enroulé comme le nombril au milieu du corps humain. L'umbilic était souvent en os ou ivoire, et, dans les livres de luxe, ses extrémités étaient peintes et ornées.

Les tranches se nommaient fronts (frontes), à cause de la disposition des rouleaux dans les bibliothèques; on les rognait, puis on enlevait, avec de la pierre ponce, les barbes qui auraient pu y rester. Elles étaient souvent peintes en couleur. Celles des Tristes d'Ovide étaient noires, et par là, dit le poète, faciles à reconnaître.

Les titres étaient en général écrits sur des bandes de parchemin et de papyrus, et placés sur la tranche qui sortait de l'étui.

Les volumes avaient les dimensions les plus variées.

Géraud, ouvrage cité, p. 79-80.

Tandis que quelques-uns étaient à peine de la grosseur d'une petite baguette, on en a trouvé un à Herculanum, qui renferme jusqu'à cent dix colonnes d'écriture, et un autre dont la longueur atteint plus de vingt mètres. D'après un passage d'Isidore de Séville, on sait que les poésies et les lettres se publiaient en petits volumes, et les ouvrages historiques en grand format.

En général, les volumes contenaient infiniment moins de matière que nos livres ordinaires. Chaque volume renfermait en effet, non pas un ouvrage entier, mais un seul livre d'un ouvrage.

Pour préserver les volumes des piqûres des insectes, on les serrait dans un étui en peau ou en parchemin ; quelquefois l'enveloppe consistait uniquement dans une feuille de papyrus. Les rouleaux qui formaient un même ouvrage étaient réunis en un faisceau, que l'on plaçait alors dans un étui d'une matière plus ou moins précieuse, et qui se fermait quelquefois avec une serrure.

On trouve au quatorzième siècle un exemple assez remarquable d'un livre de dévotion écrit sur un rouleau de parchemin. Ce livre, qui faisait partie de la bibliothèque de Charles d'Orléans, à Blois, est mentionné sous le titre suivant dans le catalogue de cette collection: « La vie de Nostre-Dame, toute historiée, en un roule de parchemin, couvert de drap d'or, en françois 1. »

Les livres carrés, que les Latius désignaient sous le nom de codices, n'ont été en usage que bien postérieurement aux volumes; car, suivant Voscius, il n'y en avait pas encore dans les bibliothèques de Rome au temps de

Voyez la Notice de cette bibliothèque, par M. Leroux de Lincy, Bibliothèque de l'École des Chartes, tome v.

Cicéron et de Catulle. La forme carrée était, à cette époque, réservée exclusivement aux livres de comptes et d'administration.

Il paraît, d'après plusieurs épigrammes de Martial, que l'emploi des codices, pour les ouvrages littéraires, n'était pas encore très-répandu du temps de cet auteur. Il a l'air d'en parler comme d'une nouveauté, en vautant, à différentes reprises, la commodité de leur format et l'avantage incontestable de pouvoir emporter en voyage, sous un mince paquet, des ouvrages qui formaient un nombre considérable de rouleaux. Ainsi les quinze volumes des Métamorphoses d'Ovide étaient contenus dans un seul livre carré. Il en était de même des quarante-buit volumes de l'Iliade et de l'Odyssée, et des cent quarante volumes de l'histoire de Tite-Live.

On se servait indifféremment de papyrus ou de parchemin pour les livres carrés.

Quelquefois ce n'était qu'après les avoir couvertes d'écriture que l'on réunissait les feuilles de papyrus ou de parchemin, de manière à en faire un livre carré. D'autres fois les feuillets encore blancs étaient cousus et reliés d'avance. Ils étaient en général opisthographes, c'est-àdire écrits des deux côtés, ce qui avait lieu très-rarement pour les rouleaux.

Les pages étaient souvent divisées en deux ou même en trois colonnes. Toutes avaient quatre marges comme nos livres. Elles n'étaient pas numérotées, suivant Géraud, qui n'a pas trouvé d'exemple de la pagination chez les anciens.

Les livres carrés étaient, en général, enveloppés dans quelque morceau d'étoffe ou dans une espèce de couverture ou d'étui en bois. On y mettait des fermoirs en

cuir, appelés unci ou hamuli, et assez semblables aux fermoirs des anciens livres de plain-chant.

Au deuxième siècle le mot liber s'appliquait à un volume et à une des divisions d'un ouvrage. Deux cents ans plus tard, il désignait à la fois les volumes et les livres carrés.

Les lettres étaient roulées en forme de volume. La suscription placée en tête portait d'abord le nom de l'écrivain au nominatif, puis au datif le nom de la personne à qui la lettre était adressée, et qui était quelquefois accompagné d'une ou deux épithètes. Souvent, sans doute, pour rappeler certaines personnes au souvenir de celui auquel on écrivait, on faisait figurer, dans la suscription, les noms de plusieurs personnes. Cicéron, écrivant à Tiron, joignait à son propre nom, dans la suscription de ses lettres, tantôt les noms de sa femme et de sa fille, tantôt ceux de son frère et de son neveu.

La date du jour et du lieu était placée à la fin de la lettre. Cicéron, dont la correspondance est si volumineuse et si pleine d'intérêt, oubliait fréquemment de dater ses lettres.

Chez les Grecs, on conjecture, d'après un passage de Plutarque, que la suscription extérieure portait le nom de l'écrivain et le nom de celui auquel la lettre était adressée. Chez les Latins, il paraît, au contraire, que l'adresse ne renfermait qu'un seul nom.

Le papyrus, employé pour les lettres longtemps avant le parchemin, portait, comme chez nous, le nom de papier à lettres (charta epistolaris), et on le taillait aussi de manière à lui donner de très-petites dimensions.

Au quatrième siècle on commença à se servir de parchemin; mais il semble, d'après un passage de saint

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