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livrer aux flammes, à l'exception de la citadelle, tous les livres furent enlevés et transportés en Perse. Un grand nombre d'années après, le roi Séleucus Nicanor les rendit aux Athéniens. »

Athénée nous a conservé les noms des Grecs qui se rendirent célèbres par les collections de livres qu'ils avaient formées; il nomme, entre autres, Polycrate, tyran de Samos; Euclide l'Athénien, Nicocrate de Chypre, le poète Euripide et Aristote, dont la bibliothèque, après avoir appartenu à Théophraste et à Nélée, fut achetée par Ptolémée Philadelphe.

La bibliothèque d'Alexandrie, la plus célèbre de l'antiquité, fut fondée par Ptolémée Soter (mort 285 avant J.-C.), dans le quartier de la ville nommé Brucchium; et, sous Ptolémée Philadelphe, fils et successeur du précédent, elle avait déjà pris un immense accroissement, si toutefois l'on peut s'en rapporter à l'historien Josèphe.

« Démétrius de Phalère, intendant de la bibliothèque de Ptolémée Philadelphe, dit-il, travaillait avec un extrême soin et une curiosité extraordinaire à rassembler de tous les endroits du monde les livres qui lui en semblaient dignes, et qu'il croyait devoir lui être agréables. Un jour que le roi lui demanda combien il en avait déjà, il lui répondit qu'il en avait environ deux cent mille, mais qu'il espérait en avoir, dans peu de temps, jusqu'à cinq cent mille 1. »

Cette magnifique collection fut successivement augmentée par les successeurs de Ptolémée, entre autres

'Antiquités judaïques, 1. x11, c. 2, traduction d'Arnaud d'Andilly. Suivant quelques écrivains, Zénodote d'Ephèse, précepteur des enfants de Prolémée Soter, fut le premier intendant de la bibliothèque.

par Évergètes II, qui s'y prenait de la manière suivante : il faisait saisir tous les livres qui étaient apportés en Égypte, les envoyait au Musée d'Alexandrie, où des copistes les transcrivaient; puis il donnait ces copies aux propriétaires, et gardait les originaux. Il emprunta des Athéniens les œuvres de Sophocle et d'Eschyle, les fit transcrire avec le plus grand soin; et, pour dédommager les propriétaires de la perte des originaux qu'il conserva, il leur fit cadeau des copies et de 15 talents.

Cette célèbre bibliothèque compta, au dire d'AuluGelle et d'Ammien Marcellin, jusqu'à 700 000 volumes. «Lorsque la bibliothèque du Brucchium eut atteint le chiffre de 400 000 volumes, on songea à former, dans un autre endroit, une bibliothèque supplémentaire. Les livres nouveaux furent donc réunis dans le Sérapéum, et atteignirent, à la longue, le nombre de 300 000. Le Brucchium ayant été incendié lorsque César se rendit maître d'Alexandrie, les 400 000 volumes qu'il renfermait périrent dans les flammes; il ne resta plus que les 300 000 volumes du Sérapéum. Mais, dans la suite, cette bibliothèque s'augmenta de toute celle des rois de Pergame, dont Antoine fit présent à la reine Cléopâtre, et elle subsista ainsi jusqu'à la destruction du temple de Sérapis, sous Théodose.

« Le fondateur de la bibliothèque de Pergame fut, selon Strabon, Eumène, fils d'Attale Jer, au deuxième siècle avant J.-C. Lorsque cette bibliothèque fut donnée par Antoine à la reine d'Égypte, elle renfermait, dit Plutarque, 200 000 volumes simples, c'est-à-dire, selon Schwarz, des volumes qui ne contenaient chacun, suivant l'usage, qu'un seul livre du même ouvrage. Il ne faut donc pas se laisser imposer par ces nombres de 200, 300, 400, 700

mille volumes, qui, à la rigueur, sembleraient prouver que la bibliothèque d'Alexandrie était presque aussi considérable que notre grande Bibliothèque royale. Si l'on pense à l'exiguïté des anciens volumes, on comprendra facilement que l'immense collection des Ptolémées renfermait peut-être moins de matières que plusieurs de nos bibliothèques particulières.

«La littérature et les livres ne furent en honneur à Rome que fort tard. Lorsque Carthage eut succombé sous les armes de Scipion, les bibliothèques trouvées dans cette capitale n'excitèrent en aucune manière la convoitise des vainqueurs ; ils en firent présent aux roitelets de l'Afrique, et ne réservèrent que les 25 volumes de Magon, sur l'agriculture, qu'ils voulurent, à cause de l'utilité du sujet, faire traduire en latin. La première collection de livres un peu considérable qui se soit vue à Rome est, suivant Isidore de Séville, celle Paul-Émile y apporta, l'an 160 av. J.-C., après la défaite de Persée. Vint ensuite la bibliothèque de Sylla, composée des livres d'Apellicon de Téos, que le dictateur avait enlevés à Athènes. Parmi les trésors que Lucullus rapporta de ses guerres d'Asie, et dont il orna sa maison de Tusculum, il faut compter une précieuse collection de livres, qu'il se fit gloire d'augmenter encore, et dont il permit le libre accès aux savants et aux littérateurs, surtout aux Grecs.

que

« Cependant César songeait à doter Rome d'une bibliothèque publique; il chargea Varron de former et de classer une collection de livres grecs et latins aussi considérable que possible. Mais l'histoire ne dit pas que ce projet ait jamais reçu d'exécution. En effet, la première bibliothèque publique que Rome ait possédée fut fondée par Asinius Pollion, et magnifiquement ornée par lui des

dépouilles des Dalmates. Deux vers d'Ovide prouvent qu'elle était située dans un temple de la Liberté 1. Après la défaite définitive des Dalmates, Auguste fit construire, avec leurs dépouilles, un monument entouré de portiques, dans lequel Octavie consacra une bibliothèque en l'honneur de son fils Marcellus. Cette bibliothèque, qui prit le nom d'Octavienne, était probablement double, c'est-à-dire composée de livres grecs et latins... Telle était aussi la bibliothèque Palatine que fonda Auguste dans son palais même, à côté du temple d'Apollon... Juste Lipse rapporte deux anciennes inscriptions qui prouvent que chaque partie de la bibliothèque, c'est-à-dire la partie grecque et la partie latine, avait un préposé particulier 2. »

La plupart des empereurs fondèrent des bibliothèques. Ainsi Tibère en plaça une dans son palais, Trajan en construisit sur le Forum une autre,, et qui plus tard transportée dans les Thermes de Dioclétien, est désignée toujours par Vopiscus sous le nom de bibliothèque Ulpienne. Juste Lipse attribue à Vespasien l'établissement de celle qui était placée dans le temple de la Paix, et dont il est question plusieurs fois dans AuluGelle. Domitien, pour réparer les pertes que des incendies avaient fait éprouver aux bibliothèques de Rome et des provinces, fit venir des livres de tous les côtés, entre autres d'Alexandrie, où il envoya des copistes pour transcrire et collationner différents ouvrages.

Suivant la description de Publius Victor, Rome, au quatrième siècle, renfermait vingt-neuf bibliothèques. Les

La plupart des bibliothèques publiques, dont il est question chez les Romains, furent placées dans des temples.

Géraud, ouvrage cité, p. 242 et suivantes.

plus importantes étaient la bibliothèque Palatine et lá bibliothèque Ulpienne.

Ce n'étaient pas seulement les grandes villes qui possédaient des bibliothèques publiques, car Aulu-Gelle parle de la bibliothèque de Tibur. Quelquefois ces établissements étaient dus à la munificence de quelque particulier, comme la bibliothèque que Pline le Jeune fonda à Côme. « Vous avez vu, écrit-il à Pompeius Saturninus, le discours dont j'accompagnai la fondation que j'ai faite d'une bibliothèque en faveur de mes compatriotes. » Une inscription découverte à Milan, et publiée par Orelli, mentionne une somme de 100 000 sesterces (environ 25 000 francs), donnée par le même écrivain pour la réparation ou l'entretien de cette bibliothèque.

D'après un passage d'Aulu-Gelle, on peut conjecturer qu'il était permis aux personnes studieuses d'emprunter des livres aux bibliothèques publiques. « Pendant les ardeurs de l'été, dit-il, j'avais cherché un abri dans une maison, propriété d'un ami riche, dans la campagne de Tibur. Nous étions là réunis plusieurs amis du même àge et cultivant tous l'éloquence ou la philosophie. Nous avions avec nous un péripatéticien, homme excellent, très-savant et singulièrement passionné pour Aristo te. Nous buvions de l'eau de neige en grande quantité; i nous en empêchait, nous gourmandait, nous citait l'autoé des plus célèbres médecins, et surtout d'Aristote, qui s avait tout... Comme cependant on ne discontinuait pas de boire, il va à la Bibliothèque de Tibur, alors dans le temple d'Hercule, et assez bien fournie, il en tire un exemplaire d'Aristote, et nous l'apporte... Nous y lumes en effet que l'eau de neige était une boisson très-malsaine 1. » Nuits alliques, 1. xix, c. 5.

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