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Les signatures des livres ont le même but que le registre. Ce sont des lettres numérotées que l'on trouve au bas de la première page de chaque cahier, et qui servent à marquer l'ordre dans lequel on doit assembler les cahiers. On en rencontre déjà dans les livres d'images avant l'invention de l'imprimerie. Le mode de ces signatures varic. Elles étaient quelquefois en chiffres romains ou arabes, et quelquefois en lettres et en chiffres. Quelquefois les quatre premiers feuillets sont signaturés a1, ali, a ш, aш, ou bien marqués d'un chiffre arabe.

Les réclames (reclamantes) sont des mots mis au bas du verso des pages et répétés au haut du recto de la page suivante. Leur objet était le même que celui du registre et des signatures. On en rencontre dans les manuscrits dès le onzième siècle, et leur usage devint fréquent au quatorzième. Le premier livre imprimé où l'on en rencontre est le Tacite, publié à Venise par Jean de Spire, sans date, mais, à ce que l'on croit, en 1468 ou en 1469. Les réclames y sont placées non-seulement à la fin de chaque cahier, mais à la fin de chaque feuillet, peut-être parce qu'elles se trouvaient ainsi dans le manuscrit qui servit à l'impres sion.

Ainsi que nous l'avons déjà dit, les manuscrits anciens ne présentent aucune trace de pagination. Il en fut de même pendant une partie du moyen âge. On regarde généralement l'édition de Tacite, faite à Venise en 1469 par Jean de Spire, comme le premier ouvrage imprimé où les pages soient numérotées. Elles le sont en chiffres romains.

« Je m'étonne, dit Magré de Marolles, que les anciens imprimeurs, surtout dans le temps que les réclames et les signatures n'étaient point encore usitées, ne se soient

pas servis de chiffres qui pouvaient y suppléer, quoique imparfaitement, pour l'assemblage et la reliure des livres : j'en suis d'autant plus surpris, que très-souvent on trouve dans les anciennes éditions des tables qui renvoient aux feuillets indiqués par leurs numéros, les supposant chiffrés à la main; et cela ne se rencontre pas seulement dans les plus anciennes, puisqu'il y a une pareille table à la fin des Vies des Saints de Mombritius, imprimées à Milan, sans date, mais qu'on sait l'avoir été vers 1479... Je suis donc tenté de croire que, dans ces premiers temps, l'imperfection de l'art, rendant au moins l'opération de numéroter les feuillets difficile et incommode pour les imprimeurs, ils laissèrent volontiers aux acheteurs le soin de chiffrer eux-mêmes leurs exemplaires, ou de les faire chiffrer par les écrivains qui étaient alors chargés de mettre la dernière main aux livres imprimés, en y ajoutant les lettres initiales, les rubriques et quelquefois les Intitulés. Il paraît d'ailleurs qu'on n'a pas regardé autrefois les chiffres des feuillets comme une chose fort utile pour la commodité des lecteurs, puisqu'on trouve parmi les anciennes éditions peu d'exemplaires où ils aient été ajoutés, et que même la plupart des anciens manuscrits ne sont pas chiffrés ou ne l'ont été qu'après coup, d'une main plus moderne. Enfin, les chiffres se rencontrent très-rarement dans tout le cours du quinzième siècle, et ils ne sont devenus d'un usage général que vers le milieu du seizième, lorsqu'on a commencé d'ajouter aux livres imprimés des index alphabétiques des matières; et c'est en ce cas surtout qu'ils sont devenus indispensables. Ensuite, à mesure que, par les progrès de l'imprimerie, l'érudition est devenue plus commune, on a mieux senti l'utilité de cette méthode qui donne aux auteurs la

facilité de citer avec plus de précision, et aux lecteurs celle de vérifier plus promptement les passages cités '.>>

Il n'y eut dans les livres, pendant longtemps, ni intitulé, ni lettres initiales des chapitres. L'espace qui leur était destiné restait en blanc, et l'enlumineur était chargé de les peindre et de les orner. Suivant le Dictionnaire de bibliologie de M.Peignot, les éditions données à Florence par Alopa seraient les premières où l'on trouve des capitales gravées et imprimées avec le texte; mais cette particularité se rencontre dans plusieurs ouvrages publiés antérieurement.

L'enlumineur était aussi chargé de distinguer dans le corps de l'ouvrage les initiales de chaque phrase par un trait rouge ou bleu.

Le papier employé par les anciens imprimeurs était gros, jaune et gris, épais, inégal. Ce fut à Rome que l'on commença à le perfectionner. Les marques du papier, au moyen desquelles certains bibliographes cherchent à déterminer le nom de l'imprimeur qui s'en est servi, et la date du livre où il est employé, ne prouvent souvent pas grand'chose; car ces marques désignent le fabricant, et non l'imprimeur.

Un écrivain anglais du dix-septième siècle, Fuller, prétendait que le papier participait en quelque sorte du caractère de la nation qui le fabriquait. « Le papier vénitien, dit-il, est élégant et fin; le papier français est léger, délié et mou; le papier hollandais, épais, corpulent, spongieux. »

Si, du temps de Fuller, on avait connu le papier gris sur lequel les Allemands impriment les ouvrages qu'ils

Recherches sur le premier usage des registres, etc., 1783, in-8, p. 48.

vendent si cher, il n'aurait pas manqué d'établir une comparaison entre cette couleur terne et l'esprit quelque peu nébuleux de nos voisins d'outre-Rhin.

Ajoutons en passant qu'à l'époque où écrivait Fuller (1662), l'Angleterre ne pouvait encore fabriquer ellemême le papier nécessaire à sa consommation. Cette industrie avait été importée chez elle, en 1588, par un Allemand. Iluit ans auparavant, on avait rendu un arrêt contre les livres, « parce que, disent les termes de l'acte, l'argent du royaume s'en va en papier, chose chère et venant du delors 1. »

Chaque page in-fol., in- ou in-8, était ordinairement divisée en deux colonnes et plus rarement impriméc à longues lignes. Ces lignes, par suite de l'imperfection des procédés employés, variaient de longueur et de nombre dans les pages d'un même ouvrage.

Les imprimeurs ont souvent employé, pour composer une même forme, des caractères d'un œil différent et fondus dans diverses matrices.

Les marges, dans les éditions importantes, étaient fort larges, probablement afin que l'on pût y écrire des annotations ou y faire mettre des ornements comme dans les anciens manuscrits.

L'encre employée dans les livres d'images était claire et pale, mais elle ne tarda pas à se perfectionner, si bien que celle dont on s'est servi dans les premiers ouvrages imprimés n'a jusqu'à présent éprouvé aucune altération.

Ratdolt imprima, en 1482, plusieurs exemplaires d'un Euclide avec une encre imitant l'or; aussi quelques bibliographes, fort ignorants des procédés employés dans

Voyez d'Israéli, Curiosities of literature, Ch. Origin of the materials of writing, et le dernier chapitre des Amenities of literature.

la typographic, se sont imaginé que ce livre avait été imprimé avec des caractères d'or.

Au dix-huitième siècle, on van!ait la beauté et la solidité des encres employées par les Espagnols; cela tenait à ce que chez eux chaque imprimeur fabriquait lui-même, d'après la recette que lui avait transmise son prédécesseur, l'encre dont il se servait. Cette substance se trouvait par là à l'abri de toutes les falsifications, que les fabricants ne manquent pas, au bout d'un certain temps, de faire subir aux objets de consommation usuelle.

Les ornements typographiques furent employés par les premiers artistes allemands; presque tous les imprimeurs hollandais et belges ont enrichi leurs éditions de portraits, d'écussons, d'images, de lettres grises et de figures gravées sur bois.

Les premiers imprimeurs ne tiraient pas, en général, plus de trois cents exemplaires d'un ouvrage. «Le papier, dit Lambinet, le parchemin, la presse, les enlumineurs, les traducteurs, les correcteurs nécessitaient de grandes dépenses. De là la rareté, la cherté même des livres de première édition. Ils imprimaient tout au plus trois cents feuilles par jour. Cette petite quantité procédait du défaut de leurs presses, qui n'avaient ni la mobilité, ni le roulement des nôtres. Il est probable qu'ils en employaient plusieurs pour l'impression d'un même ouvrage. Ma conjecture est fondée sur le récit authentique de Braun. Il nous apprend qu'un ancien abbé, Melchior de Stamham, voulant établir une imprimerie dans l'abbaye de SaintUlric, à Augsbourg, prit, eu 1472, un habile ouvrier de cette ville, nommé Saurloch. Il employa une année à préparer tous les instruments nécessaires. Il acheta de Jean Schuessler cinq presses qui lui coûtèrent 75 florins du

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