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Jésus-Christ homme, est un moyen excellent et parfaitement d'accord avec les perfections divines; il faut montrer encore qu'il y avait d'autres moyens possibles à Dieu, qui tient tout en son pouvoir, mais qu'il n'y en avait point et qu'il ne pouvait y en avoir de plus convenable (convenientiorem) que celuilà pour guérir notre infirmité (1). »

Suivant Théodoret : « Il aurait pu bien facilement consommer le salut des humains, même sans l'Incarnation, et, par la volonté seule, détruire l'empire et tarir la source de la mort, l'iniquité... Mais Il voulut manifester bien moins son pouvoir que la justice (rò èixzov) de la Providence (2). »

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Saint Léon écrit: La miséricorde du Seigneur est juste et sainte; car, tandis qu'Il avait infiniment de moyens pour le salut du genre humain, Il s'arrêta de préférence à celui-là (3). » Enfin voici les paroles de saint Jean Damascène sur le même sujet : « Il se fit homme pour faire vaincre le vaincu. Le ToutPuissant pouvait bien arracher l'homme des mains du bourreau par sa force toute-puissante; mais celui-ci aurait eu alors un prétexte pour se plaindre d'avoir vaincu l'homme, mais subi la violence de Dieu. C'est pourquoi, dans sa miséricorde et son amour pour l'homme, Dieu, voulant rendre vainqueur celui-là même qui était tombé, se fit homme pour rétablir le semblable par le semblable (4). »

Si même quelques-uns des saints Pères et Docteurs de l'Église disaient que l'incarnation et la mort du Fils de Dieu étaient de nécessité pour le salut du genre humain, et qu'il eût été impossible de le sauver autrement, ils parlaient alors d'une nécessité

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(1) De Trinit., XIII, cap. 13. Ailleurs il dit aussi : « Sunt stulti qui dicunt: «Non poterat aliter sapientia Dei homines liberare nisi susciperet hominem, *et nasceretur ex femina, et a peccatoribus omuia illa pateretur?... Quibus dicimus: Poterat omnino; sed, si aliter faceret, similiter vestræ stultitia displiceret. » (De Agon. Christian,, cap. 11.)

(2) Contra Græc., serm. 4, in Opp. t. IV, p. 578.

(3) De Nativit., serm. 2; cf. serm. 63, cap. 1. Une idée semblable est exprimée par un autre pape, Grégoire le Grand : « Qui nos existere fecit ex « nihilo revocare etiam sine sua morte potuit a passione; sed, ut quanta « esset virtus compassionis ostenderet, fieri pro nobis dignatus est quod « esse nos voluit. (Moral., xx, cap. 26.)

(4) Exp. ex. de la foi orth., liv. m, chap. 18, p. 199-200.

non absolue, mais conditionnelle, en exprimant l'idée que Dieu avait fait choix de ce moyen uniquement parce qu'Il l'avait jugé nécessaire et le meilleur de tous les moyens possibles; en sorte que tout autre, comparativement à celui-là, aurait été insuffisant pour le but (1).

$126. Participation de toutes les personnes de la sainte Trinité à l'œuvre du salut, et raison de l'incarnation du Fils nommément pour la consommer.

I.

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Au reste, bien que l'incarnation du Fils de Dieu ait été choisie comme le meilleur moyen pour notre salut, cependant le Père et le Saint-Esprit ont eu également leur part dans cette œuvre importante. Cette idée découle naturellement du dogme, suivant lequel toutes les personnes de la sainte Trinité sont consubstantielles, ont une même divinité, une même volonté, et ne sont distinctes que par leurs attributs personnels : il est donc même impossible que l'une d'elles n'agisse que d'ellemême, sans aucune participation des deux autres (2). Cela résulte aussi des endroits de l'Écriture où Dieu, en général, est nommé notre Sauveur, représenté comme accomplissant notre salut par Jésus-Christ dans l'Esprit-Saint; telles sont, par exemple, ces paroles de l'Apôtre : « Depuis que la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes a paru dans le monde, Il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous eussions faites, mais à cause de sa miséricorde, par le baptême de la renaissance et par le renouvellement du

(1) Pour preuve de cela il suffit de considérer que la nécessité de l'incarnation et de la mort du Fils de Dieu pour le salut des hommes est attestée par ces mêmes Docteurs de l'Église qui, comme nous l'avons vu, prêchent clairement que Dieu aurait pu sauver l'humanité d'une autre manière, nommément par saint Athanase (de Incarn. Dei, n. 7; contra Arian., or. III, al. 14, n. 33); Augustin (Serm. CLXXIV, al. 8, de Verb. apost., n. 1), et par le pape Léon (Serm. L, al. 1, de Pass. Dom., cap. 9). Comp. p. 14, note 1; p. 15, notes 1 et 3.

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(2) << Illam creaturam, quam virgo concepit et peperit, quamvis ad solam personam Filii pertinentem, tota Trinitas fecit; neque enim separabilia sunt opera Trinitatis. » Augustin. Enchirid., cap. 28, n. 2; cf. De Trinit., 11, 5, n. 9; 10, n. 2.

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Saint-Esprit, qu'Il a répandus sur nous avec une riche effusion par Jésus-Christ notre Sauveur.» (Tite, 11, 4-6.) En particulier, voici comment la sainte Écriture exprime le rapport de Dieu le Père et de Dieu le Saint-Esprit avec l'œuvre de l'Incarnation et de la Rédemption consommée par le Fils de Dieu.

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1o Le Fils de Dieu vint dans le monde et s'incarna de la très-sainte Vierge; et il est dit du Père qu'Il « a envoyé » son Fils dans le monde (Jean, x, 36), « revêtu d'une chair semblable à la chair du péché » (Rom., VIII, 3), « formé d'une femme (Gal., Iv, 4), et du Saint-Esprit, il est annoncé à la sainte Vierge : « Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre; c'est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu (1). » (Luc, 1, 35.)

2o Le Fils de Dieu se fit baptiser en entrant dans les fonctions de son ministère public, et « En même temps les cieux Lui furent ouverts, et Il vit l'Esprit de Dieu qui descendit comme une colombe et qui vint se reposer sur Lui. Et au même instant une voix se fit entendre du ciel, qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, dans lequel j'ai mis toute mon affection. » (Matth., III, 16, 17.)

3o Le Fils de Dieu prêchait, dans l'exercice de son ministère, et en même temps il rendait ce témoignage : « Ma doctrine n'est pas ma doctrine, mais c'est la doctrine de Celui qui m'a envoyé (vII, 16); car je n'ai point parlé de moi-même; mais mon Père, qui m'a envoyé, est Celui qui m'a prescrit par son commandement ce que je dois dire et comment je dois parler (Jean, XII, 49); et du Saint-Esprit il disait déjà avant le temps de sa prédication : « L'Esprit du Seigneur s'est reposé sur moi, c'est pourquoi Il m'a consacré par son onction; Il m'a envoyé pour prêcher l'Évangile aux pauvres, pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour annoncer aux captifs leur délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour mettre en liberté ceux qui sont brisés sous leurs fers,

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(1) « L'incarnation de Dieu le Verbe eut lieu par la bonne volonté de Dieu le Pere, par la bénédiction et l'action du Saint-Esprit et le consentement du Verbe lui-même. » (Saint Démétrius de Rostow, Ouer., part. 1, p. 169.)

pour publier l'année favorable du Seigneur.» (Luc, Iv, 18, 19.) 4o Le Fils de Dieu faisait des miracles pour prouver la divinité de sa mission et de sa doctrine, et Il disait : « Mon Père, qui demeure en moi, fait Lui-même les œuvres que je fais » (Jean, xiv, 10; comp. 25); Il disait aussi : « Si je chasse les démons par l'Esprit de Dieu, le royaume de Dieu est donc parvenu jusqu'à vous (1). » (Matth., x11, 28.)

5o Pour notre rédemption le Fils de Dieu mourut en sa chair sur la croix, et l'Apôtre enseigne que le Père « n'a pas épargné son propre Fils, mais qu'Il l'a livré à la mort pour nous tous» (Rom., VIII, 32); et ailleurs, que « Jésus-Christ, par l'Esprit-Saint, s'est offert lui-même à Dieu comme une victime sans tache.» (Hébr., Ix, 14.)

6o Le Fils de Dieu ressuscita en sa chair le troisième jour après sa mort, suivant le témoignage de saint Paul (Rom., VIII, 38; XIV, 9), et le même Apôtre écrit : « Si donc l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus-Christ d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité Jésus-Christ d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit, qui habite en vous.» (Rom., vIII, 11; comp. I Cor., xv, 15; Thess., I, 10; Éph., 1, 8.)

II.

Mais par quelle raison s'incarna nommément le Fils de Dieu pour la consommation de notre salut, et non le Père, et non le Saint-Esprit, bien qu'ils eussent aussi part à cette œuvre ? C'est là un mystère de la Divinité. Néanmoins, en se basant sur ce que la Révélation nous apprend par rapport aux personnes divines et à l'œuvre de notre salut, les saints Pères et Docteurs de l'Église jugèrent l'incarnation de la seconde personne de la sainte Trinité comme étant le mieux d'accord avec ses attributs.

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1° Comme Fils: « Le Père est le Père, et non le Fils, dit saint Jean Damascène; « le Fils est le Fils, et non le Père; l'Esprit est l'Esprit-Saint, et non le Père, et non le Fils; car l'attribut personnel est invariable. Autrement, comment reste

(1) Cf. Augustin. contr. Serm. Arian., cap. 15; Cyrill. Alex. Anath. IX; Lect. chr., 1841, 1, 60.

rait-il personnel s'il changeait et se communiquait? Le Fils de Dieu se fit Fils de l'homme, afin que l'attribut personnel demeurât invariable. Étant Fils de Dieu, Il devint Fils de l'homme, s'étant incarné de la sainte Vierge et n'ayant pas quitté l'attribu, qui constitue le signe caractéristique du Fils (1). » Ainsi raisonnent saint Grégoire le Théologien (2), Hennadius (3) et d'autres (4).

2o Comme Celui par (dà) qui tout fut créé, et en particulier l'homme. (Jean, 1, 3.) Saint Athanase, après avoir cité ces paroles de l'Apôtre : « Il était bien digne de Dieu, pour qui et par qui sont toutes choses, que, voulant conduire à la gloire plusieurs enfants, Il consommat et perfectionnât par les souffrances Celui qui devait être le chef et l'auteur de leur salut » (Hébr., 11, 10), fait la remarque suivante : « Ces paroles expriment qu'il ne convenait de sauver les hommes de la corruption originelle qu'au Verbe Dieu, qu'à Celui-là même qui les créa au commencement (5). » Or voici les paroles du saint pape Léon : « Dans l'unité incompréhensible de la Trinité, en qui toutes les opérations et tous les conseils sont communs, c'est proprement le Fils qui prit sur lui la régénération du genre humain, afin que Celui par lequel « toutes choses ont été faites » et sans qui « rien de ce qui a été fait n'a été fait » (Jean, 1, 3), Celui qui anima l'homme créé du limon de la terre en répandant sur son visage un souffle de vie, Celui-là même rétablit dans sa dignité primitive notre nature déchue, et qu'Il créât de nouvaau ce qu'Il avait créé (6). » Ces mêmes idées se rencontrent aussi dans saint Chrysostome, saint Cyrille d'Alexandrie et le bienheureux Augustin (7).

(1) Exp. ex. de la foi orth., liv. Iv, chap. 4, p. 225. (2) Serm. 39; Œuvr. des saints Pères, 111, 263.

(3) « Non Pater carnem assumpsit, neque Spiritus Sanctus, sed Filius tantum, ut qui erat in Divinitate Dei Patris Filius, ipse fieret in homine << hominis matris filius, ne filii nomen ad alterum transiret, qui non esset « æterna nativitate filius. » (De Dogmat. Eccles., cap. 2.)

(4) Fulgent. de Fide ad Petrum, cap. 2; Ferrand. (diacon.) Parænes. ad Reginum comitem, n. 12; Démétrius de Rostow, Ouvr., p. 1, p. 52.

(5) De Incarnat. Dei, n. 10; cf. n. 7, 20.

(6) Serm. LXI, cap. 2.

(7) Chrysost. In Joann. homil. xvin; Cyrill. Alex. Glaphyr., lib. 1; Augustin. in Ps. XXXII, En. ш, n. 16.

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