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A moi! sainte Vierge! s'écria Toinon, mettant ses deux points sur ses hanches. Est-ce que je suis pour quelque chose dans ce qui vous arrive, mauvais cœur, cousine dénaturée.......

Oui, votre faute, impertinente! répliqua Nanine, élevant la voix pour faire taire son ancienne bonne. - Si vous ne m'aviez pas quittée, je n'aurais pas pris deux domestiques, un homme et une femme qui, tous les deux m'ont volé et mis le feu à mes maisons pour dissimuler leurs vols..... Alors, ma foi, ajouta Nanine, ne pouvant s'empêcher de baisser les yeux, comme tout le monde me jetait la pierre à cause du départ de Louise, que tout le monde me criait pour consolation: C'est bien fait, tu n'as que ce que tu mérites............... - Le monde est si méchant....... bref, je quittai le pays........... et je vins à Paris... où, un de ces matins...... ajouta-t-elle en grinçant les dents et serrant les poings.... on me trouvera morte de froid... et de faim.

Oh! pas tant que j'existerai, dit vivement Louise, prenant et retenant malgré sa cousine une de ses mains dans les siennes, pas tant que ma main pourra tenir une plume, et mon cerveau penser; tant que mon cœur battra, la fille de ma tante ne manquera de rien. Tu m'as chassée, Nanine, ajouta Louise avec douleur; et moi, je te recueille; viens, et oublions l'une et l'autre l'offense et le bienfait. Viens, et ne nous souvenons l'une et l'autre que d'une chose : c'est que nos mères étaient sœurs, et que nous sommes cousines; c'est que je dois tout à ta mère, et que je ne fais que te rendre...

-

Eh quoi s'écria Nanine, tu ne me repousses pas, tu ne m'accables pas, tu ne me dis pas comme les autres: C'est bien fait, tu n'as que ce que tu mérites.......... — Oh! Louise, Louise! qui t'inspire done pour une méchante comme moi de tels sentiments bienveillants et tendres?

Dieu et sa divine religion, Nanine, répondit Louise avec expression; Jésus-Christ, qui pardonna à ceux qui l'avaient crucifié; la Vierge Marie, qui pria pour ceux qui avaient mis son fils à mort.....

Oh! tu vaux mieux que moi, Louise, dit Nanine fondant en larmes.... et maintenant... oh! maintenant, j'ai regret de ce que j'ai fait..........., pardonne-moi, Louise...... pardonne-moi aussi, Toinon...

-Nous vous pardonnons, allons, dit Toinon, essuyant, elle aussi, une larme..... après tout, vous êtes la fille de défunte notre chère maitresse, et nous ne pouvons vous laisser mourir ainsi... Venez avec nous, nous travaillerons pour vous, comme vous a dit Louise.............. là où il y en a pour deux, il y en a pour trois... Allons, oublions le passé, et allons nous-en bien vite d'ici, où il fait un froid de loup.

Voici encore une fois votre mansarde vide, ma chère Mme Berger, dit Louise en repassant par la boutique du confisseur, pour reprendre les bonbons comman

dés, j'ai retrouvé une parente dans votre locataire, et je l'emmène avec moi.

Mais Dieu, qui est juste, mes lecteurs, ne voulut pas permettre que cette méchante cousine, qui avait si inhumainement chassé la nièce de sa mère de chez elle, profitât longtemps de l'asile offert à la misère; Dieu appela bientôt à lui cette jeune et belle âme, qui n'avait fait qu'apparaître un instant sur la terre, comme pour montrer aux mortels que les anges du ciel pouvaient quitter quelquefois leur patrie céleste, mais qu'ils y retournaient bien vite, insouciants du bonheur d'ici-bas, et inhabiles à soutenir leurs malheurs.

Toutes les poésies qu'elle a laissées ne révèlent que ce besoin de repos, fùt-ce même celui de la mort, qui se laissait sentir à ce jeune corps fatigué. Je n'en citerai que quelques stances :

Bientôt la lumière des cieux
Ne paraitra plus à mes yeux;
Bientôt quitte envers la nature,
J'irai dans une nuit obscure

Me livrer pour jamais aux douceurs du sommeil,
Je ne me verrai plus, par un triste réveil,
Exposée à sentir les tourments de l'envie.
Mortels, qui commencez ici-bas votre cours,

Je ne vous porte point envie;
Votre sort ne vaut pas le dernier de mes jours.
Viens, misérable mort! viens briser ces liens,
Qui, malgré moi, m'attachent à la vie;

Frappe, seconde mon envie ;

Ne point souffrir est le plus grand des biens:
Dans ce long avenir j'entre l'esprit tranquille.
Pourquoi ce dernier pas est-il tant redouté ?
Du Maître des humains l'éternelle bonté

Des malheureux humains est le plus sûr asile.
Louise-Anastasie Serment mourut à l'âge de vingt ans;
Toinon ne lui survécut que de quelques mois. Quant à
Nanine, devenue vicille et toujours misérable, elle tendit
la main dans ses vieux jours, et les finit dans un hôpital.
EUGENIE FOA.

LA DENT DE GEORGE CADOUDAL. Le gouvernement avait déjà sous la main deux des conspirateurs qu'il redoutait le plus: Moreau et Pichegru; mais restait] George, et celui-là n'était pas une proie facile. Homme d'énergie s'il en fut, son nom seul intimidait les agents de la police. Certaines personnes prétendaient que Fouché, connaissant sa retraite, avait conseillé à Réal de ne pas l'arrêter tout d'abord, afin de laisser peser toute l'affaire sur Moreau et sur Pichegru. George pris, tout était fini, et c'était là justement ce que l'adroit Fouché ne voulait pas. On s'était saisi de Picot, domestique de George. On l'avait soumis, comme on peut le voir aux débats, à un régime très-sévère pour lui faire avouer le lieu où son maître s'était caché. Picot n'avait rien dit. Pour donner une idée de la présence d'esprit et du courage de George, nous allons citer un fait qui nous a été raconté, dans notre jeunesse, par M. Guilbart, ancien chirurgien aux gardes-françaises, et qui, au temps du consulat, s'était établi à Paris, faubourg Saint-Denis, no 3. Le fils de M. Guilbart, médecin en chef de l'hôpital de Montreuil-sur-Mer, nous a depuis confirmé les détails que nous donnons ici :

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- Vous avez peur de moi, belle enfant! dit George, car c'était lui, en accompagnant ces paroles d'un sourire. Tranquillisez-vous, vous n'avez rien à redouter: le mal de dents est comme le mal d'amour. Mais hâtez-vous de prévenir votre maître, car je pourrais bien, en vous regardant ainsi, perdre un mal pour en gagner un autre. Allez, allez, allez, j'attends.

La domestique de M. Guilbart était une jeune et belle fille du pays de Caux.

M. Guilbart arriva un moment après.

Allons donc, docteur! s'écria George: je vous attends avec impatience.

Le chirurgien fit asseoir le visiteur sur le siége de douleur et prépara ses instruments; puis il invita le patient à lui désigner la dent qui le faisait souffrir. George ouvrit la bouche et au grand étonnement du praticien, laissa voir trente-deux dents de la plus belle venue et de l'aspect le plus sain.

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Mais, permettez, dit M. Guilbart après avoir examiné minutieusement le râtelier de son client; je ne vois pas ici la plus légère trace de dent attaquéc.

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-

Cependant, monsieur... je vous assure...

heure entière, car le chirurgien n'osait congédier un client si poli et surtout si bien armé. Pendant ce temps, George parla de choses futiles et indifférentes, et montra autant d'esprit que d'enjouement. Un coup de sifflet qui se fit entendre au dehors interrompit brusquement l'entretien. George se leva aussitôt, déposa un double louis sur le coin de la cheminée, serra affectueusement la main du docteur et descendit rapidement l'escalier, laissant M. Guilbart dans l'incertitude de savoir si l'homme qui venait de le quitter était un fou ou un voleur. Il ne raconta qu'à quelques amis intimes son aventure de la veille, et ceux-ci se perdaient en conjectures quand l'arrestation de George, qui eut lieu peu de jours après, et le récit dans les papiers publics de ses nombreuses courses nocturnes, ainsi que son signalement et son portrait répandus avec profusion, éclairèrent M. Guilbart sur la véritable profession de son mystérieux visiteur.

George se voyant suivi dans la rue, avait voulu se soustraire aux regards des agents de police. Pour cela, il s'était introduit chez M. Guilbart; et, afin de colorer d'un prétexte plausible une visite faite à pareille heure et de gagner du temps, il s'était fait arracher une dent excellente. Le coup de sifflet n'était qu'un signal convenu avec un affidé qui l'accompagnait pour l'avertir qu'il n'y avait plus pour lui aucun danger à se mettre en route. M. Guilbart conserva longtemps la dent de George, non eomme une relique de parti, mais, disait-il, en véritable dentiste, comme un souvenir de l'héroïsme de ce chef des conjurés bretons. ÉMILE MARCO DE SAINT-HILAIRE.

Avis.

Le succès obtenu par LA MACÉDOINE LITTÉRAIRE dès la publication du premier numéro, il y a deux ans, est une preuve patente que ce recueil est venu combler une lacune dans la presse périodique de Belgique; et ce succès constamment soutenu, malgré la publication d'une foule de romans jetés hebdomadairement dans le public par les journaux politiques, est une preuve non moins évidente du mérite de cette publication.

Ceux de messieurs les abonnés qui auraient égaré des livraisons de la Macédoine et qui désireraient les

Monsieur! il me semble qu'il m'est bien permis de remplacer sont invités à en faire la demande sans délai. me faire ôter une dent qui me gêne...

Et George avait prononcé ces mots avec une énergie qui ne permettait plus de réplique, et dans le geste d'impatience qui lui était échappé, M. Guilbart avait entrevu deux pommeaux de pistolets qui sortaient de la ceinture du visiteur et le manche d'un riche poignard. Désormais toute considération devenant inutile, l'honnête chirurgien se décida à extraire la dent. Après avoir subi la douloureuse opération avec une froide impassibilité, George prit des mains du docteur, un verre d'eau, se rinça la bouche et lui dit en donnant cette fois à sa physionomic une douce et reconnaissante expression :

-

Je vous suis très-obligé, monsieur, du service que vous venez de me rendre, Croyez bien que je ne l'oublie

rai jamais.

On doit désigner l'année, si c'est aux Romans ou aux prix de chaque livraison est 35 centimes. Toute demande Mélanges que la lacune existe, et les folios manquants. Le doit être faite franco.

Comme il arrive fréquemment que par le changement de couverture, il y a confusion dans les livraisons, le directeur de la Macédoine prévient MM. les abonnés que dorénavant, au lieu de mettre les livraisons dans une couverture imprimée, chaque feuille portera au bas de la appartient, ainsi qu'un numéro d'ordre. De cette mapremière page, l'indication de la partie à laquelle elle

nière la classification en sera extrêmement facile.

N. B. Il reste encore quelques exemplaires des deux premières années de la Macédoine littéraire. Les personnes qui souscriront pendant la premier trimestre 1844, pourront se les procurer au prix ordinaire de l'abonnement. Passé ce délai, le prix de la première année, sera irrévocablement

Puis la conversation s'engagea, unc conversation d'une porté à 25 francs, et celui de la deuxième année à 20 francs.

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