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Demain, porte Maillot, à six heures du matin, à l'épée ou au pistolet, à votre choix?

Mais... monsieur..., puis-je vous demander?... Chut!... pas de bruit, je vous en prie. A demain, s'il vous plaît.

Et, me saluant avec une froide politesse, il disparut dans la foule des danseurs.

Je regardai la carte, Louis de Senneville!... Pourquoi ce cartel? je m'y perdais!... Je ne connaissais personne de ce nom, je n'avais offensé personne...... qu'est-ce que cela signifiait?

Je pensai bien que ce devait être la suite d'une crreur... Mon billet me revint à l'esprit; mais la contredanse recommençait, et la belle marquise Jane m'avait retenu par bonté d'âme. A peine eus-je achevé que je me mis à ouvrir de nouveau le billet.

-Monsieur, me dit une voix douce et tendre, je vous en conjure, soyez magnanime.

Je me retournai.... c'était une dame qui avait causé longtemps avec la marquise.

Que voulez-vous dire, madame?

La dame s'avança tremblante vers moi.

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Au nom de ce que vous compromettez, soyez généreux, cachez ce papier; je vous le demande au nom du repos des familles.

Pour le coup, j'étais stupéfait.... Je serrai machinalement le billet daus mon gant.... Il me semblait évident que j'étais sous le poids d'un capricieux hasard.... d'une inexplicable situation... N'y pouvant rien concevoir, je m'abandonnai à ma destinée.

Je dansai comme un perdu et sans gants toute la nuit... nouveau genre de suicide que je recommande à ceux qui ont le spleen.

Le bal dura jusqu'à sept heures du matin. Je le quittai à six heures. Comme je descendais, un monsieur couvert d'un manteau galonné, portant sous ce vêtement une livrée éclatante, m'arrêta.

Êtes-vous le danseur qui lisicz à minuit un billet dans la salle d'attente?

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Monsieur, dit M. de Senneville, me regardant avec fureur, vous êtes un lâche c'est vous qui avez appelé ici la force armée.

Au mot de lâche je m'élançai sur l'insolent, mais les gendarmes m'arrêtèrent et me retinrent jusqu'à ce que les trois messieurs curent disparu.

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Je restai immobile après la lecture de cette lettre; la vérité se faisait jour... Ces gants que Rosée m'avait procurés, ils avaient appartenu à la marquise, à la belle marquise, et sa femme de chambre les avait vendus sans se douter que le précieux billet était caché dans l'un d'eux. Je me rendis chez elle; ô surprise! j'y trouvai M. de Senneville. J'étais fort, j'avais des gants à moi appartenant sans compter les siens.

Madame, lui dis-je, je vous rapporte un billet.
Un billet? dit-elle.

Oh! mon billet au curé qui devait se trouver chez la duchesse lundi dernier, et qui n'est pas venu... Je ne savais ce qu'il était devenu... Mais comment se fait-il? Oui, comment se fait-il? dit M. de Senneville.

Je contai alors, aussi gaiement que possible, mon embarras, et l'entretien et les gants que ma voisine m'avait procurés.

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Et ces gants, dit Jane en riant, ces gants que vous ne pouviez mettre, tant ils étaient petits?

J'ai été bien maladroit, madame, de n'avoir pas deviné qu'ils ne pouvaient appartenir qu'à vous.

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Vers la fin de février 1795, trois personnes se présentèrent à la fois au Temple: - c'étaient MM. Harmand, Mathieu et Reverchon.

Les progrès de la maladie du fils de Louis XVI étaient devenus si effrayants, que la municipalité de Paris avait cru devoir en prévenir le comité de sûreté générale : c'était en son nom, et pour en constater les faits, que ces trois messieurs se firent ouvrir les portes du donjon où était renfermé le prisonnier.

En entrant dans la seconde pièce de ce donjon, ils virent le jeune prince assis devant une petite table carrée, sur laquelle étaient éparses beaucoup de cartes à jouer ; quelques-unes pliées en forme de boîte ou de caisse, d'autres élevées en château.

La vue de cet enfant faisait mal: on devinait, sous son habit neuf à la matelot, d'un drap couleur ardoise, des membres grèles et rachitiques; son buste était trèscourt; il avait la poitrine élevée, les épaules hautes et resserrées; sa tête, très-belle dans tous ses détails, était couverte de beaux cheveux longs, bouclés, bien ténus et châtain clair; son visage était blanc, décoloré, et portait déjà l'empreinte d'une décomposition mortelle.

Bien que ces messieurs fissent du bruit en marchant, il ne leva pas la tête, et continua à jouer avec ses cartes, mais machinalement, et sans la moindre expression de plaisir ou d'étonnement.

vous faites de prendre de l'exercice et de répondre aux questions qu'on vous adresse à cet égard, ainsi qu'aux propositions qu'on vous fait d'employer quelques remèdes et de recevoir la visite d'un médecin, nous a envoyés près de vous pour nous assurer de tous ces faits; c'est au nom du gouvernement que nous vous renouvelons ces propositions; nous désirons qu'elles vous soient agréables, et sommes autorisés à vous procurer les moyens d'étendre vos promenades; à vous offrir les objets de distraction ou de délassement que vous pourrez désirer; je vous prie donc de vouloir bien me répondre, si cela vous convient.

Aux premiers mots de ce discours, l'infortuné avait levé les yeux sur celui qui lui parlait, et avait eu l'air de l'écouter avec une grande attention; mais ce fut tout, M. Harmand n'obtint aucune réponse. Étonné de ce silence, il reprit :

Je me suis peut-être mal expliqué, ou peut-être ne m'avez-vous pas entendu, monsieur; j'ai l'honneur de vous demander si vous désirez un cheval, un chien, des oiseaux, des jouets de quelque espèce que ce soit, un ou plusieurs compagnons de votre âge, que nous vous présenterons avant de les installer près de vous. Voulezvous, dans ce moment, descendre dans le jardin ou monter sur les tours? Désirez-vous des bonbons, des gâteaux?....... Voulez-vous un habit neuf en soie, ou en velours, n'importe?... Voulez-vous une montre avec une belle chaîne d'or et des breloques qui feront du bruit en marchant ? A la nomenclature de toutes ces choses, qu'on peut désirer à cet âge, le prince ne témoignait aucune émotion; son regard, fixé sur celui qui lui parlait, avait une expression d'indifférence pour ce qu'on lui offrait, et en même temps de souffrance et de résignation douloureuse; il semblait dire à ceux qui l'entouraient :

Que m'importe! achevez votre victime!

Je crois, monsieur Harmand, dit un des gardiens de la victime, que vous vous épuiserez en vain à parler à cet enfant; il y a bientôt treize mois que je suis auprès de lui, et je ne lui ai pas encore entendu prononcer une parole. Simon le cordonnier, que j'ai remplacé, m'a dit que depuis le jour où il lui avait fait signer un écrit contre sa mère, il ne parlait plus.

Ce détail, si simple et si grave en même temps, fit venir les larmes aux yeux des délégués de la commune ; toutefois, voulant à toute force obtenir une réponse, M. Har. mand maîtrisa son émotion et dit d'un ton plus ferme:

Monsieur, tant d'opiniâtreté à votre âge est un défaut que rien ne peut excuser; elle est d'autant plus étonnante que notre visite, comme vous le voyez, a pour objet d'apporter quelque adoucissement à votre situation, des soins et des secours à votre santé. Comment voulezvous qu'on y parvienne si vous refusez toujours de répondre et de dire ce qui vous convient? Est-il un autre moyen de vous le proposer? ayez la bonté de le dire, nous nous y conformerons.

L'émotion força définitivement M. Harmand à se taire ; Laissant ses compagnons à distance, M. Harmand s'ap- le silence de ce royal enfant prenait sa source dans une procha seul du prisonnier.

- Monsieur, lui dit-il en se découvrant devant cette innocente et pure victime, le gouvernement, instruit trop tard du mauvais état de votre santé, du refus que

cause si belle, si noble! A huit ans et demi, pour avoir dit une parole fatale à sa mère, se promettre de rester sa vie sans parler, et il y avait quinze mois que cela durait, et ni menaces, ni prières, ni mauvais traitements n'avaient

pu le forcer à rompre le silence; c'était presque un sentiment de religieuse admiration qui forçait ces trois hommes, debout près de cet enfant, à s'incliner devant lui. Se plaçant à la droite du prince, M. Harmand reprit un moment après :

-Ayez la complaisance de me donner votre main, monsieur, je vous prie.

Le prince la présenta, et M. Harmand allongeant son bras jusqu'à l'aisselle de l'enfant, sentit une tumeur au poignet et une au coude.

L'autre bras n'avait rien; mais M. Harmand ayant poursuivi son examen aux jambes et aux genoux, trouva les mêmes grosseurs aux deux genoux.

-Maintenant, monsieur, ayez la complaisance de marcher, lui dit M. Harmand.

Alors, l'enfant obéit : il essaya d'aller vers la porte qui séparait les deux lits; mais, soit que cet examen l'ennuyât, soit que la marche lui causât quelques douleurs, dont d'après son système silencieux il ne voulait pas se plaindre, il revint aussitôt se rasseoir.

Pensez-vous, monsieur, que ce soit là de l'exercice? ajouta M. Harmand, le cœur navré. - Et ne voyez-vous pas, au contraire, que cette apathie seule est la cause de votre mal et des accidents dont vous êtes menacé? ayez la bonté d'en croire notre expérience et notre zèle; vous ne pouvez espérer de rétablir votre santé qu'en répondant à nos demandes et en suivant nos conseils ; nous vous enverrons un médecin, et nous espérons que vous voudrez bien lui répondre; faites-nous un signe au moins que cela ne vous déplaira pas.

Le prince appuya ses coudes sur la table, posa son menton sur ses deux mains, et continua ce même regard si douloureusement résigné. Tout, dans son attitude, dans son air, tout semblait confirmer ces lugubres et désolantes paroles :

- Que m'importe ! prenez votre victime!

Dans ce moment on apporta le dîner du jeune prince, et à la vue de ce qu'on posa sur les tables, les trois délégués du gouvernement passèrent dans la première pièce, leurs larmes ne pouvant plus se contenir.

Au fils délicat de Louis XVI et de Marie-Antoinette, à ce royal enfant, dont le trône de France était l'apanage on servait à dîner :

« Une écuelle de terre rouge contenant un potage »> noir couvert de quelques lentilles, un petit morceau » de bouilli noir aussi et racorni, dans une assiette aussi » de terre rouge, puis une seconde assiette dont le fond » était rempli de lentilles, et une troisième dans laquelle » il y avait six châtaignes presque brûlées; un couvert » d'étain et point de couteau. »><

De l'antichambre, où ces trois messieurs attendaient la fin du repas de cette innocente victime, ils ordonnèrent que cet exécrable ordre de choses serait changé à l'avenir, que désormais on ajouterait toujours à ce dîner quelques friandises, et surtout du fruit. Puis, bien que le raisin fût très-cher et très-rare, M. Harmand ordonna d'aller en acheter.

Alors ces messieurs rentrèrent; le diner était fini, le prince avait tout mangé.

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Le raisin arriva, on le plaça sur la table; sans témoigner ni peine, ni plaisir, le prince le prit et le mangea.

- En désirez-vous encore? poursuivit M. Harmand, qui ne pouvait se décider à quitter cet enfant sans en avoir obtenu au moins une parole; mais tout fut inutile. - le regard du prince était trop expressif pour qu'on pût s'abuser seulement sur le motif de son silence: il ne parlait plus parce qu'une parole de lui avait tué sa mère, et il se laissait mourir sans se plaindre, parce qu'il n'espérait rien de ceux qui avaient tué sa mère.

Hélas! il avait bien raison; trois mois après la visite des délégués du gouvernement, on n'avait encore rien changé ni à la nourriture ni au genre de vie de l'infortuné captif.

Le 5 juin 1795, Louis XVII étant au plus mal, M. Pelletan, chirurgien en chef du Grand-Hospice, et M. Dumangin, premier médecin de l'hôpital de Santé, furent nommés pour le saigner.

A la vue du pauvre héritier de tant de rois, couché sur un misérable grabat, de ces énormes barreaux qui obstruaient l'air venant des fenêtres, et de ces lourds verroux dont le bruit lugubre rappelait sans cesse à l'innocente victime de fatals souvenirs, M. Pelletan ne put retenir son indignation.

Comme il parlait très-haut et sans aucune mesure, le prince lui fit signe d'approcher de son lit.

-Parlez bas, monsieur, lui dit-il en enfreignant pour la première fois un silence obstiné de dix-huit mois,-je craindrais que ma sœur ne vous entendit, et je serais bien fâché qu'elle apprit que je suis malade, parce que cela lui ferait beaucoup de peine.

MM. Pelletan et Dumangin firent aussitôt transporter l'enfant dans le salon du concierge, dont les fenêtres donnaient sur le jardin.

La vuc du soleil et de la verdure parut adoucir les souffrances du jeune malade: il sourit au printemps qui réchauffait l'air et embellissait la nature.

Bientôt, vous aussi, monsieur, vous pourrez aller vous promener au jardin, jouer... lui dit M. Pelletan. Moi? dit-il, et, secouant sa tête décolorée, il montra du regard le ciel.-C'est là où est ma mère... ajoutat-il... c'est là... où j'irai.

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--Etes-vous content de votre diner? lui demanda quelqu'un, il prononça doucement «Ma mère ! » et

M. Harmand.

mourut.

Madame EUGENIE FOA.

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TABLETTES.

(JEUDI 1er JUIN.)

Theatre. Mercredi 24 mai, M. Zelger, première basse taille, a fait son troisième début dans le Chalet et le deuxième acte de Guillaume Tell. Ayant sorti de cette double épreuve d'une manière satisfaisante il a été définitivement admis sans conteste. Il faut espérer que, débarrassé de la crainte qu'inspirent les débuts, M. Zelger, jouera dorénavant avec plus de verve et d'abandon. La retenue, dans de certaines limites, est une très-bonne qualité, mais poussée trop loin, elle dégénère en défaut et jette une certaine froideur qui nuit à l'effet scénique.

Vendredi 26, dans la Juive, Mile Jacoby, seconde chanteuse, est sortic victorieusement de son second début. L'épreuve était d'autant plus difficile que Mlle Villiomi avait depuis peu chanté le rôle de la princesse Eudoxie d'une manière remarquable. Mlle Jacoby, quoique grasseyant un peu, chante néanmoins sans prétention et avec naïveté, qualités naturelles précieuses, qui provoque la sympathie des spectateurs.

Dimanche, la reprise de la Muette de Portici; ce n'a point été une reprise perdue, car il y avait chambrée complète. Les honneurs de la soirée ont été pour Mile Villiomi. Cette charmante cantatrice a tellement saisi les intentions du compositeur, que l'on aurait dit un rôle écrit pour elle. O moment enchanteur! etc., a été particulièrement dit avec un goût exquis, aussi le public a témoigné sa satisfaction par deux salves d'applaudissements frénétiques. Après le troisième acte, M. Laborde a fait réclamer l'indulgence des spectateurs, à cause d'une indisposition dont le public avait eu occasion de s'apercevoir déjà. Depuis quelque temps cet artiste semble vouloir faire assaut avec Alizard; qu'il y prenne garde. Il s'expose à fausser sa voix ; à perdre en qualité ce qu'il pourrait gagner en volume, et certes l'un ne compense pas l'autre.

Fanny Elssler, précédée d'une réputation universelle, Fanny Elssler qui a provoqué des actes de démence en Amérique, a fait hier sa première apparition dans la Sylphide. Après l'avoir vue on n'est plus étonné des folies faites par les froids habitants des États-Unis. Le temps nous manque pour rendre un compte détaillé de cette représentation qui fera époque dans les annales théâtrales de Bruxelles. Après nous avoir montré une ravissante sylphide, Fanny Elssler a provoqué dans la cachucha un 'enthousiasme difficile à décrire. On a erié bis à la chute du rideau et la ravissante danseuse s'est rendue au désir du public avec une grâce toute charmante. Tout Bruxelles, toute la province doit aller voir cette merveille.

Voici les prix des places pour les représentations de Mile Elssler.

Premières, stalles et balcons, fr. 6.75; galeries, secondes de face et avant-scène de rez-de-chaussée, fr. 5.50; secondes, parquet, loges de rez-de-chaussée, fr. 4.75; troisièmes, fr. 3; parquet militaire, fr. 5; parterre et quatrièmes loges, fr. 2; paradis bourgeois, 80 c.; paradis militaire, 60 c.; premières d'enfant, fr. 3.30; secondes de côté, etc. d'enfant, fr. 2.25; secondes de face d'enfant, fr. 2.75; troisièmes d'enfant, fr. 1.50; parterre d'enfant, fr. 1.

On parle d'attacher au théâtre de Bruxelles, comme ténor léger, M. Couderc, de l'Opéra-Comique. On assurait aussi hier qu'un second ténor de grand opéra serait adjoint à M. Laborde.

S'il en est ainsi, voilà une réponse au reproche de lésinerie administrative qui vaut plusieurs pages de la meilleure réfutation.

Les cuisines parisiennes. Vaudeville en 3 actes et 6 tableaux, de MM. Dupeuty et Cormon (Théâtre des Variétés à Paris).

La mère Michel a perdu son chat.
Mme Barigoul a perdu son homme.

La mère Michel court après son chat; Mme Barigoul court après son homme.

Ce chat est le nœud de la pièce; cet homme en est le dénoûment.

Mais commençons par l'exposition.

Briochard et Camille, l'un peintre, l'autre fille d'invalide, se disposent à déjeuner ensemble avec une omelette.

Camille fait l'omelette; Briochard ne la mange pas ; de sorte que le voilà, pendant toute la pièce, courant après un déjeuner qu'il trouve encore moins que la mère Michel ne trouve son chat, et Mme Barigoul son homme. Pauvre Briochard! c'est vraiment jouer de malheur. Ne pouvoir déjeuner dans une pièce où tout est pot au feu, carottes, navets, rôtis, salade et dessert! un vaudeville à six services! sans parler des pommes de terre frites et des harengs saurs, qu'on y prend en guise de café.

Les auteurs, dans une série de tableaux plaisants, ont fait passer sous les yeux tous les genres d'alimentation en usage chez les Parisiens.

fer TABLEAU: L'amant et son amante se font une omelette, ainsi que je l'ai déjà dit.

20 TABLEAU: La portière et son chat se font un pot au feu.

5 TABLEAU: Les invalides se substantent avec leur immense marmite où plusieurs hommes se noient. 4 TABLEAU: L'intérieur d'un gargottier: on y mange du chat, et aucune espèce de filet de chevreuil.

5 TABLEAU: La friture en plein vent; les cabarets à dos d'homme et les restaurants en omnibus.

6o TABLEAU: La vue d'une cuisine de grand seigneur. Le gros Lepeintre jeune fait un vol-au-vent.

Au simple énoncé de ces six tableaux, il semblerait que c'est là tout et que ce n'est rien; erreur au premier chef! Cette pièce abonde en événements; mais elle abonde surtout en mots spirituels et en observations de mœurs tout à fait plaisantes. Le succès en a été vif et franc. Maris trompés. Combien y a-t-il de maris trompés dans cette rue-ci, sans te compter? disait un artisan à un de ses amis. Comment, sans me compter? Eh! bien ne te fâche pas, voyons, en te comptant, combien y en a-t-il ?

Naïveté. Un Provençal venant à Paris annonçait à son voisin qu'il s'y ferait peindre. De quelle manière ? demanda le voisin. A l'huile, répondit l'autre. Ah bien ! je te conseille d'en porter d'ici, reprit le voisin, car dans ce diable de pays, ils font tout au beurre.

LE TRÉSOR DE L'ÉMIGRÉ.

(SUITE ET FIN. VOIR PAGES 193, 201, 209 et 217.) Cette fière provocation qui s'adressait à l'auditoire, loin de le toucher, n'eut d'autre effet que d'exciter sa fureur. L'ingratitude n'aime pas à être démasquée ; il n'est pas de vice plus hypocrite.

Tu t'es présenté au château de l'ex-marquis, tu as demandé à y passer la nuit... Que venais-tu y chercher ? Une cassette pleine d'or et de joyaux précieux laissée par M. de Livry dans une armoire secrète.

- Ah! tu cherchais à commettre un vol?

- Un vol!.... moi? — Mais j'ai tort de m'indigner. Ceux qui ont confisqué à leur profit le château et les terres du marquis, ceux-là seuls ont commis un acte infâme... Ils ont dépouillé un vieillard, un absent, un proscrit.... J'étais chargé par M. de Livry de ressaisir, au péril de ma vie, le trésor qu'il enfouit la veille de son départ..... D'autres m'ont devancé, car je n'ai rien trouvé.

Ta cupidité a reçu son juste châtiment, dit le président avec amertume..... Ah! tu voulais faire tort à la patrie! Eh bien, tu reconnaîtras à tes dépens qu'on ne peut pas impunément braver la loi et se jouer de la

vertu.

-

qu'il attendait avec tant d'impassibilité. Comme il l'avait prévu, la sentence des juges le condamna à la peine capitale. C'était le lendemain à midi que l'arrêt devait être exécuté. Quand on emmena le chevalier, les assistants se précipitèrent en avant afin de lire quelque émotion sur ses traits. Il les devina, et tournant la tête, leur montra son visage empreint de sérénité. Des hurlements le poursuivirent; mais aussi, parmi les spectateurs, bon nombre se sentirent pénétrés d'une admiration involontaire pour cette grandeur d'âme, et formèrent tout bas des vœux en faveur du chevalier.

Celui-ci avait été ramené en prison. Dès qu'il se vit seul,fil s'abandonna aux pénibles réflexions qui surgissaient dans son esprit. Maintenant la foule n'était plus là, ardente à observer ses gestes, à étudier sa physionomie ; il était seul... face à face avec la mort, cette mort impitoyable qui s'empare des êtres les plus beaux, les plus illustres, infatigable chasseresse qui poursuit sans cesse une proie nouvelle et manque rarement de l'atteindre. Si Alexis eût été conduit du tribunal à la place publique, du banc d'accusé à l'échafaud, son exaltation l'eût soutenu et élevé au-dessus de l'humanité. Mais retomber au sein d'un noir et humide cachot, dans ce carré de pierres et sur cette couche de paille; songer aux objets de ses affections, et savoir qu'on ne les verra plus; jeter un regard dans l'avenir, et se dire que tout cet avenir se compose de vingtquatre heures, et que tant de doux liens, rêves, projets,

- Condamne-moi, valet infidèle, mais du moins épar- amour, vont être tranchés d'un seul coup de hache! gne-moi tes maximes de morale.

N'as-tu rien à ajouter pour ta défense?

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-Jérôme, dit solennellement Laurent Bernard, tu as bien mérité de la patrie; elle te félicite par ma voix. - Merci, président. Vive la république !

Le chevalier contemplait, en souriant, les oscillations fougueuses de cet océan d'hommes. On eût cru qu'il était étranger à la scène qui se passait sous ses yeux. C'est que, par son courage à toute épreuve et son sang-froid, Alexis était de la race de çes braves gentilshommes qui à Fontenoy saluèrent l'ennemi en l'invitant à tirer le premier. Plus il était calme, plus il excitait d'indignation; la foule cût voulu le déchirer, lui donner mille morts pour celle 26 ANNÉE 1843.

Alexis se sentit atteint d'un accès de paroxysme fébrile. Se levant tout à coup il tourna dans son cachot, et appliqua ses mains aux froides murailles. L'inébranlable pierre repoussa le faible effort de ses mains... L'infortuné jeta un cri de désespoir; le cachot étouffa sa voix.

Alors le chevalier se prit à réfléchir; il eut honte de sa faiblesse et reporta son souvenir sur tant d'héroïques victimes qui avaient si noblement marché au supplice, sur ce roi martyr qui, en livrant sa tête découronnée, avait pardonné à ses bourreaux comme à des enfants égarés; une vision fit passer devant les yeux d'Alexis cette foule de vieillards, de jeunes hommes et de jeunes filles saisis tout à coup par la révolution, et dont les uns avaient vécu trop tard et les autres trop tôt.... tous étaient calmes, résignés, tous avaient le front ceint d'une auréole; et tendant vers Alexis des palmes verdoyantes, ils semblaient lui dire : « Courage, ami, courage! Imite notre exemple; rappelle-toi que si la noblesse fut accusée de s'être amollie dans le bonheur, elle sut dignement supporter l'épreuve de l'infortune, et que, surprise au sein des splendeurs et des fêtes, elle se trouva prête pour la misère et la mort! Séparés ici-has par l'orage, nous nous sommes donné rendez-vous dans le ciel !

Cette vision releva l'énergie du chevalier. Dès ce moment il ne s'occupa plus que de se remettre, de repasser toutes ses actions dans sa mémoire, et d'offrir humblement à Dieu le sacrifice de sa vie.

La nuit vint et procura un peu de repos à Alexis. Vers onze heures il s'éveilla, et s'agenouillant, se mit à prier avec ferveur. Tandis qu'il était absorbé dans sa pieuse méditation, la porte de son cachot s'ouvrit doucement. Un homme parut sur le seuil. Le chevalier leva les yeux et reconnut Laurent Bernard.

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