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temps de là, il fut remplacé par Grégoire de Nazianze 1, et celui-ci ayant démissionné, ce fut Nectaire, successeur de Grégoire sur le siège de Constantinople, qui prit la présidence 2. Sozomène prétend, en désaccord avec ces données, que les fonctions de président ont été exercées par Timothée d'Alexandrie conjointement avec Mélèce et Cyrille de Jérusalem; c'est en effet ce qui aurait dû avoir lieu pour Timothée, car le patriarche d'Alexandrie avait le pas sur celui d'Antioche, mais Timothée n'étant pas arrivé pour le commencement du concile, Mélèce présida sans contestation. Si, après son arrivée, le patriarche d'Alexandrie ne prit pas la pré[6] sidence, et si l'évêque de Constantinople l'exerça à sa place, cela vint de ce que dans son 3° canon le concile avait décrété que l'évêque de la nouvelle Rome devait avoir le premier rang immédiatement après l'évêque de l'ancienne Rome 3.

L'empereur assista à l'ouverture du concile 4, et, dans cette cir

1. S. Grégoire, Carmen de vita sua, vers 1514, P. G., t. xxxvii, col. 1134. Si le concile fit avancer les affaires de l'orthodoxie, il montra moins de sollicitude pour les défenses extérieures de l'unité religieuse. Sans doute l'épiscopat oriental revenait à la vraie foi, mais il n'avait pas encore tout à fait désarmé et il ne pouvait en un instant changer ses sentiments hostiles depuis tant d'années à l'égard des Églises de Rome et d'Alexandrie. « Des questions de personnes maintenaient, sinon un schisme proprement dit, au moins une tension de rapports qui avait perdu tout prétexte doctrinal. Le meilleur esprit de l'assemblée, l'illustre Grégoire de Nazianze, avait au plus haut degré le sentiment de cette situation et de ses dangers. Il ne se faisait aucune illusion sur l'esprit de la plupart de ses collègues, leur platitude à l'égard du pouvoir, leur peu de valeur morale, la mobilité de leur foi. Avec quelle verve il décrit l'insolence des jeunes et la sottise des vieux, ceux-ci très fiers d'avoir découvert le célèbre argument des climats : « Ce n'est pas en Occident, c'est en Orient que le Sauveur est né. » « C'est aussi en Orient qu'on l'a tué » répondait le spirituel évêque. Tout ce monde finit par lui inspirer un tel dégoût qu'il s'en alla, laissant à d'autres la présidence du concile et l'évêché de Constantinople. Duchesne, Les Églises séparées, p. 178. (H. L.)

2. Mansi, Concil. ampliss. coll., t. 1, col. 568; Hardouin, Coll. concil., t. 1,

col. 813.

3. Van Espen, différant en cela des autres historiens (Commentar. in canones, Colon. 1755, p. 181), prétend que Mélèce a simplement présidé le synode préliminaire ayant pour objet de nommer un évêque sur le siège de Constantinople; il supposé que le concile général ne commença qu'à l'arrivée des Égyptiens; ce fut alors Timothée, évêque d'Alexandrie, qui exerça les fonctions de président. Nectaire n'aurait présidé que les dernières sessions du synode (à partir de 382). [Il semble qu'au moment dont parle ici Hefele, le 3e canon n'avait pas encore été voté, mais c'était la tendance qui commençait à se faire jour.(H.L.)] 4. L'ouverture du concile eut lieu au mois de mai. (H. L.)

constance, il honora particulièrement Mélèce. Lorsque Théodose
n'était encore que général de Gratien, il rêva que Mélèce le revê-
tait du manteau impérial et lui posait la couronne sur la tête 1; peu
de temps après il fut, en effet, élevé à l'empire. Aussi lorsque les
évêques du concile vinrent le visiter, il se fit présenter Mélèce, qu-
rieux de savoir s'il reconnaîtrait le personnage vu en songe.
Il le
reconnut aussitôt, et, l'abordant avec respect, il lui baisa les yeux,
la poitrine, la tête et les mains, et il lui raconta le songe merveilleux.
Il accorda toutes sortes d'honneurs aux autres évêques, et leur
recommanda de traiter les affaires dont le concile s'occuperait 2 en
esprit de conciliation.

96. Premiers travaux du concile.

Avant tout il fallait donner un évêque à l'Église de Constantinople. L'ordination conférée à Maxime le Cynique fut reconnue contraire aux règles canoniques, elle fut annulée et toutes les ordinations faites par Maxime proclamées nulles de plein droit. Le concile qui rendit ce décret dans son 4o canon ne trouva ni opportun ni [7] convenable de rendre une seconde sentence contre Pierre, le défunt patriarche d'Alexandrie, qui avait institué Maxime 3. L'empereur et plusieurs membres du concile insistèrent alors près de Grégoire de Nazianze pour le décider à accepter le siège de Constantinople; après bien des refus, Grégoire se résigna. On lui avait persuadé que sa qualité d'évêque de la capitale lui permettrait de mettre fin au schisme mélétien et à la division que ce schisme avait introduite entre l'Orient et l'Occident; cette pensée s'harmonisait si bien avec son désir d'union qu'elle entraina son assentiment 4. Grégoire fut

1. Théodoret, Hist. eccles., 1. V, e. vi, P. G., t. Lxxxii, col. 1208. 2. Id., 1. V, c. vii, P. G., t. LxxxII, col. 1208.

3. Ce n'est pas Timothée d'Alexandrie, qui, ainsi que Théodoret le croit, a cherché à faire élever Maxime sur le siège de Constantinople. Ces tentatives ont été faites par Pierre, prédécesseur de Timothée. Voyez les notes de Valois sur Théodoret, Hist. eccles., 1. V; c. vii, P. G., t. LXXXII, col. 1208.

4. G. Rauschen, Jahrbücher der christlichen Kirche unter dem Kaiser Theodosius, in-8, Freiburg, 1897; Loofs, Meletius von Antiochien, dans Real-Encyklopädie für protest. Theol. und Kirche, t. xII, p. 552-558; Grégoire de Nazianze, Carmen de vita sua, vs 1535, P. G., t. xxxvII, col. 1134. Les Orientaux tenaient Mélèce pour évêque légitime d'Antioche, les latins donnaient ce titre à Paulin, (H. L.)

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intronisé avec grande pompe par Mélèce et les autres membres du concile. A cause de l'avantage qui en reviendrait à l'Église catholique, on avait cru pouvoir faire exception à la règle qui interdit aux évêques de passer d'un siège à un autre car Grégoire avait été antérieurement évêque de Sasime 1.

Peu après la réunion du concile, Mélèce mourut; on lui rendit des honneurs extraordinaires. Saint Grégoire de Nysse, dans son oraison funèbre, le salua comme un saint. Du vivant de Mélèce on avait décidé qu'à la mort de l'un des deux évêques orthodoxes d'Antioche, Mélèce ou Paulin, on ne lui donnerait pas de successeur, mais que le survivant serait reconnu par tous en qualité d'évêque légitime. Mélèce étant mort, une partie du concile méprisant cet accord demanda, malgré l'intervention de Grégoire de Nazianze en faveur du traité conclu, que l'on choisit un successeur à Mélèce. Les efforts de Grégoire furent paralysés par l'énergique opposition des plus jeunes évêques qui voyaient, un acte de faiblesse vis-à-vis des Latins, dans la reconnaissance de Paulin comme évêque d'Antioche. Ils attirèrent peu à peu dans leur parti les membres du concile plus âgés, et c'est ainsi que, par l'entremise des évêques des diocèses d'Antioche et d'Asic, le prêtre Flavien fut nommé pour succéder à Mélèce. Ce choix approuvé par le concile contribua à prolonger le schisme mélétien 2. Cet incident affecta tellement Grégoire, qu'il s'abstint d'assister aux sessions, quitta la maison épiscopale, et donna cours plus que jamais à ses idées d'abdication. Les hommes les plus distingués le supplièrent de demeurer; mais les évêques égyptiens, arrivés sur ces entrefaites, ayant paru mécontents de l'intronisation de Grégoire, sous prétexte qu'elle était contraire aux canons 3, Grégoire se présenta un jour devant le concile et se démit de son évêché : il con

1. Voir la table du t. 1, du présent ouvrage au mot: Translations épiscopales; Théodoret, Hist. eccles., 1. V, c. víïï, P. G., t. LXXXII, col, 1209; S. Grégoire de Nysse, Oratio funebris in magnum Meletium, P. G., t. XLVI, col. 851 sq. Mélèce fut l'objet de plusieurs oraisons funèbres. (H. L.)

2. Si l'on en croit Théodoret (1. V, c. vín, P. G., t. LXXXII, col. 1209), le parti égyptien se serait même tout à fait abstenu d'être en communion avec Grégoire. La liste des signatures d'evêques ne contient, il est vrai, que deux noms d'évêques égyptiens, ceux de Timothée d'Alexandrie et de Dorothée d'Oxyrinque ; mais nous ferons remarquer, d'abord, que cette liste n'est pas complète, en second lieu, ces quelques évêques égyptiens pouvaient avoir des partisans parmi les autres membres du synode.

3. Peut-être ne lui avait-on pas pardonné le zèle qu'il avait montré dans l'affaire de l'Église d'Antioche,

sentait, pour le bien de la paix, disait-il, à être sacrifié comme Jonas l'avait été. La majorité accepta cette démission; quelques-uns avec plaisir 1. L'empereur, au contraire, ne l'accepta qu'avec la plus grande répugnance. Sur la proposition des évêques et avec l'assentiment du peuple, il donna pour successeur à Grégoire, Nectairc, préteur de Constantinople, homme très digne et très recommandable, mais encore catéchumène 2.

Dès avant cette élection, les négociations étaient entamées avec [9] les macédoniens, et l'empereur fit tous ses efforts pour arriver à une entente. Il rappela aux évêques orientaux leur demande spontanée aux Occidentaux de s'entendre sur ce qui regardait la foi (en 366); l'envoi à Rome d'Eustathe de Sébaste et d'autres députés ; l'acceptation de la profession de foi de l'opostos, et la communion consentie avec le pape Libère et avec les évêques de la Sicile. Mais l'empereur prêchait dans le désert: car, suivant le mot de Socrate, les macédoniens « auraient préféré l'arianisme à l'épooócios. >> Socrate oublie de dire que les macédoniens n'agitaient pas la question de l'époucos au sujet du Fils, mais au sujet du Saint-Esprit.

97. Le tomos et le symbole.

Socrate raconte que les évêques macédoniens quittèrent Constantinople et écrivirent à leurs partisans de ne pas accepter le symbole de Nicée; les cent cinquante évêques orthodoxes demeurés à Constantinople avaient, au contraire, confirmé ce symbole. Sozomène et Théodoret ne donnent guère plus de détails sur le concile ; mais celui qui se tint à Constantinople l'année suivante (382) 3,

1. Voir la lettre synodale de 382, dans Théodoret, Hist. eccles., 1. V, c. 1x, P. G., t. Lxxxii, col. 1212.

2. Cette nomination était, comme celle de saint Ambroise vers la même époque, en opposition avec la règle canonique. Théodoret, Hist. eccles., 1. V, c. viii, P. G., t. LXXXII, col. 1209; Socrate, Hist. eccles., 1. V, c. vin, P. G., t. LXVII, col. 575; Sozomène, Hist. eccles., 1. VII, c. vii, viii, P. G., t. LXVII, col. 1430. Saint Grégoire de Nazianze s'exprime avec amertume à l'égard du synode. Le discours d'adieu renferme d'utiles passages pour l'histoire des difficultés de cette époque; c'est l'Oratio XLII, dans Mansi, Concil. ampliss, coll., t. i, col,

582 sq.

3. Théodoret, op. cit., coi. 1216.

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attribue au concile de 381 la rédaction d'un répos, c'est-à-dire une dissertation détaillée sur la doctrine orthodoxe relative à la Trinité. Ce renseignement ferait croire que le symbole de ce concile que nous possédons encore n'est qu'une partie, et comme la quintessence du cópog; ainsi donc le premier canon actuel, qui contient des anathèmes à l'endroit des hérétiques, a dû originairement faire partie du tópos 1. Tillemont a pensé que ce tóμog traitait des erreurs d'Apollinaire et avait été adressé (du moins en copie) aux évêques de l'Église latine ; il appuie son sentiment sur une [10] phrase d'un discours que le IV concile œcuménique, tenu à Chalcédoine, adressa à l'empereur Marcien : « Les évêques, disait-on, qui (à Constantinople) avaient découvert les souillures d'Apollinaire, communiquaient aux Occidentaux la sentence qu'ils rendirent sur ce point 2. >>

Nicéphore Calliste attribue la composition du symbole du II° concile général à Grégoire de Nysse 3. Au concile de Florence (1439), Marcus Eugenicus a réclamé la paternité du symbole pour Grégoire de Nazianze 4. Ces données sont également fragiles et invraisemblables; Tillemont n'en a pas tenu compte, et a présenté une hypothèse qui paraît fondée. Saint Épiphane a inséré dans son Ancoratus (c. cxx1), un symbole semblable, au sujet duquel il remarque que ce symbole est d'un usage général et doit être appris de mémoire par tous les catéchumènes. Or l'Ancoratus était composé dès 374, ainsi que cela est explicitement attesté dans divers endroits de cet ouvrage 5. On en peut conclure que ce symbole existait dix ans au

1. Tillemont, Mémoires, t. 1x, þ. 221, art. 78; dans la dissertation sur saint Grégoire de Nazianze; Dom Ceillier, Hist. des auteurs ecclés., t. v, p. 646.

2. Hardouin, op. cit., t. 11, p. 647; Mansi, op. cit., t. vII, p. 463. Dans cette hypothèse, le premier canon doginatique et le symbole seraient des fragments du tomos. Ce qu'on en peut dire à l'heure actuelle, c'est que Sożomène l'a eu sous les yeux, au moment où il transcrivait le premier canon dogmatique et les canons disciplinaires qui suivent. Quant au contenu intégral du tomos et à son rapport avec le symbole, la question reste indécise. (H. L.)

3. Nicéphore Calliste, Hist. eccl., lib. XII, c. xiii, P. G., t. cxEVI, col. 784. 4. Concil. Florent.; sess. xx11; Hardouin, op. cit., t. 1x, cól. 294.

5. S. Épiphane, Ancoratus, c. ix et cxxi, et la note du P. Petau súr lẽ c. ÈX, p. 372, des Animadversiones au t. it, de S. Épiph., Opera, Colon., 1682. Sur ce symbole et sur son origine nous rencontrons trois hypotlièses principales, L'hypothèse traditionnelle en fait un remianiement du symbole de Nicée exécuté par les soins des Pères du II concile œcuménique, en vue d'arriver à une affirmation plus expresse de la divinité du Saint-Esprit. Lebedef, Useleuskie sobory. Sergier Posad, 1898; part. i, p. 111, note 1, cite à l'appui de cette opinion le

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