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QUELQUES SOURCES A CONSULTER RELATIVEMENT A L'ORIGINE DES

LANGUES EUROPÉENNES

Consulter: Bopp. De la permutation des lettres; etc.

Schlegel. Du samskrit, etc.

Kaltschmidt. Worterbuch, etc.

Eichhoff. Comparaison des idiomes, etc.
Pictet. De l'affinité des langues celtique et sanskrite.
Ihre, Glossaire, Anglo-Saxon.

Thorpe. passim.

Adelung. Mitlaidates, etc.

N. B. On reconnaîtra sans peine que cet essai, très-incomplet, mais qui contient les bases de toute ma théorie littéraire, a été composé dans une langue étrangère et dans une langue morte. En le traduisant sans y rien changer, j'ai placé ici cette esquisse comme la suite et la conséquence naturelle des deux chapitres précédents, relatifs l'un au développement des influences intellectuelles, l'autre à la marche historique de ces influences. Sans la philologie proprement dite, c'est-à-dire, sans l'étude analytique des mots, de leurs variations et de leurs affinités, tous les aperçus littéraires manquent de la précision nécessaire.

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Si quelqu'un voulait réunir toutes les opinions et toutes les subtilités des érudits sur l'origine des langues, tous les rêves des amateurs d'étymologie, « grands prêtres d'un frivole babillage (2), » si l'on voulait en faire un corps d'ouvrage (immense travail) on ne s'étonnerait plus du discrédit dans lequel est tombée, même auprès des esprits les plus distingués, cette science de l'étymologie: elle paraît vague, trompeuse et fausse. Il semble en effet qu'il n'y ait en elle rien de sûr, rien de certain: tout s'y combat, oracles contre oracles, erreurs contre erreurs.

(1) J'ai dû rejeter en note le texte latin de cet essai, qui, sous cette dernière forme, a été présenté comme thèse de Sorbonne, le 28 juin 1841. V. le Supplément à la fin de ce volume.

(2) Aristoph. Neb, ♥, 359.

Je suis tenté de dire en passant deux mots de quelques erreurs philologiques, de quelques opinions extrêmes et divergentes je citerai par exemple cet ardent partisan du latin, l'Anglais Gilchrist, qui voulait prouver que tous les dialectes teutoniques ont une origine romaine, et qui déclara hardiment que les races germaines doivent être comptées parmi les races latines. En revanche, voici l'Écossais Pinkerton qui adjuge le Latium aux barbares et n'hésite pas à affirmer que la langue latine elle-même a découlé jadis de sources gothiques; puis un autre écrivain plus moderne (1) fait du celte l'origine, la langue mère de toutes les langues européennes. S'il faut adopter l'opinion soutenue à travers une polémique si vive par un homme célèbre de nos jours, l'orientaliste M. Hammer-Purgstall, les Allemands auraient pris des Perses leurs mots, leurs vieilles coutumes, et, ce n'est pas tout, leur race de chevaux. Je ne dois pas non plus oublier un philologue de ces derniers temps (2) qui, après Funccius et d'autres, a soutenu fort savamment que toutes les langues de l'Europe et particulièrement le latin ancien, doivent se rapporter à la langue teutonique, comme à la mère commune, à la source nourricière.

Voilà la parfaite mésintelligence des chefs eux-mêmes : comment s'étonner si l'on accorde peu de créance aux mystères de la religion des étymologies, quand il y a entre les desservants si peu d'harmonie? Inventions et folies étymologiques se sont accumulées dans les bibliothèques des savants d'une manière effroyable. Comment ne pas rire en

(1) Boucher. Archaïc Glossary. London. 1840.

(2) Ernest Jakel. Der Germanische ursprung des Lateinischen sprache und des rœmischen Volkes. Breslau. 1830.

lisant dans l'érudit Minsheu (1) que le mot anglais tallow (suif) vient du mot latin « tollo » soulever : généalogie mémorable et qui mérite les honneurs de la citation :

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Minsheu ajoute que le mot grec « stear » dérive de sto, je me tiens, parce que, dit-il, «le suif, en quelque façon, se tient. » De pareilles extravagances se retrouvent même dans des écrivains plus modernes et plus distingués. Hennig (2) attribue au mot « kaffeespiel » (vieil allemand), une étymologie fort ridicule : il viendrait, suivant lui, de

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kaffee» (café), et de « spiel » (jeu); ce serait le jeu de la taverne publique. Hennig oublie que les chevaliers de l'ordre teutonique, dont il écrit les annales et qui vivaient au quatorzième siècle, ne connaissaient pas encore le café, et que le mot teuton « kaffee », parent du mot allemand kaffen, gaffen», en anglais « gape » (bayer), désigne tout simplement l'admiration béante du peuple assemblé. Un autre écrivain, souvent comblé d'éloges par ses compatriotes, Webster (3), cet anglo-américain, qui nous a donné le meilleur et le plus nouveau des dictionnaires anglais, a commis lui-même des erreurs très-graves et fort

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(1) Misheu. Guide to the tongues. 1617. in-fol.

(2) Statuten des Deutschen ordens, Konigsberg. 1806.

(3) Noah Webster. Dictionary of the English language. NewYork, 1828.

bizarres : par exemple, le mot français prêcher « to preach», ne fait pour lui qu'un seul et même mot avec l'hébreu « barak » et il ne reconnaît aucune différence entre la langue des Basques aborigènes et l'idiome celtique de nos ancêtres.

Je ne voudrais point cependant que l'on conclût témérairement que tous les travaux des philologues n'ont jamais été que nuage et vaine fumée. Je ne méprise pas comme inutiles les travaux des alchimistes et des astrologues du moyen-âge; ce n'est pas moi qui leur jetterai la pierre, parce qu'ils ont voulu lire

... Sur le front des étoiles

Ce que la nuit des temps enferme dans ses voiles;

parce qu'ils ont cru pouvoir trouver un jour, dans leurs fourneaux le secret de l'or. En cherchant à travers un labyrinthe d'erreur, je ne sais quoi de merveilleux et de divin, ils n'ont pas atteint ce trésor qu'ils convoitaient vainement, ils n'ont point dérobé le secret des miracles aux mains du Tout-Puissant, mais le hasard leur a fait rencontrer quelques mystères de la nature; et ils se sont trouvés servir les intérêts de la science et les nôtres, sans le vouloir, peut-être, certes sans le savoir.

Si c'est un fait reconnu que l'astronomie et la chimie ont dû à l'astrologie et à l'alchimie beaucoup de leur utilité et de leur progrès, cette science étymologique dont 'ai signalé les travers et les crédules hypothèses, cette science si féconde en stériles folies ne laisse pas de porter des fruits au milieu de son inutile luxe. Laissons de côté la théorie et le système; oublions ces écrivains dont l'étroit

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