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CRITIQUE PHILOSOPHIQUE

POLITIQUE, SCIENTIFIQUE, LITTÉRAIRE

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LA CRITIQUE PHILOSOPHIQUE

POLITIQUE, SCIENTIFIQUE, LITTÉRAIRE

L'ALLIANCE DES DEUX SOEURS IMMORTELLES.

On ne doit pas s'étonner beaucoup de la facilité avec laquelle les philosophes sortis de l'Université et devenus des hommes politiques sacrifient, dans nos assemblées, la liberté intellectuelle des professeurs. L'école philosophique où s'est formé leur esprit ne les avait pas préparés à un autre rôle. Ce n'est pas de cette école que sortent les hommes à caractère ferme et intraitable, tenaces propositi. Il n'est pas dans la nature de l'éclectisme d'armer les consciences d'une solide foi rationnelle et morale. Pour défendre l'âme de la France contre les prétentions et les entreprises des ennemis de la raison et de la science, il y aurait illusion à compter sur les élèves de Victor Cousin. La vérité est que, depuis 1849, l'Université meurt de l'impuissante et stérile philosophie qu'elle a mise au monde.

Il faut se rappeler l'idée qu'on s'est toujours faite dans l'école éclec tique des rapports de la religion et de la philosophie. Selon Cousin, la religion et la philosophie ont le même fond et ne diffèrent que par la forme. Ce fond, ce sont les hautes vérités sur les rapports de Dieu, du monde et de l'homme, les vérités métaphysiques et morales. Il y a deux moments dans la pensée, deux moments distincts l'un de l'autre et qui se succèdent dans un ordre nécessaire: celui de l'inspiration, de l'intuition spontanée, et celui de la réflexion. L'intuition spontanée précède toujours et nécessairement la réflexion, mais elle n'en est pas toujours suivie. Du reste la réflexion n'ajoute rien aux données de l'inspiration; il n'y a rien dans la réflexion qui n'ait été d'abord dans l'inspiration. Ces deux moments, l'inspiration et la réflexion, se retrouvent dans l'histoire sous les noms de religion et de philosophie. La religion a pour base l'intuition spontanée, la philosophie a pour base la réflexion. Il est naturel que la religion, manifestation primitive et spontanée de la raison impersonnelle, gouverne la masse des esprits, parce que la masse des esprits est incapable de saisir la vérité dégagée du symbole. La philosophie, produit de la réflexion, qui est personnelle, n'a droit qu'à la liberté, parce qu'elle ne peut être que le privilége d'un petit nombre. La religion et la philosophie peuvent et doivent se donner la main.

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