Obrazy na stronie
PDF
ePub

que dans l'Exode Dieu ordonne à Moyse de rassembler les anciens d'Israël, ou selon la version des Septante, le sénat des enfans d'Isarël (135); mais cette opinion paroît difficile à admettre. Il est contre toute vraisemblance que les égyptiens, qui tenoient les hébreux dans la pauvreté et l'humiliation, qui s'étoient même fait un système de les opprimer pour empêcher qu'ils ne devinssent trop puissans (136), leur ayent laissé la liberté de former un corps d'état parmi eux, et d'avoir des chefs qui les gouvernassent. Le texte que l'on cite n'annonce point que ces anciens, dont Moyse devoit faire le rassemblement, eussent de l'autorité sur leurs compatriotes. Il étoit impossible que Moyse rassemblât tout ce peuple si nombreux, et il est tout simple que Dieu le chargeât de parler à ceux qui avoient le plus de considération parmi la nation.

«Mais, objectent quelques-uns de nos adversaires, si le sceptre n'a pas été dans Juda dès le premier moment, la prophétie s'est donc trouvée fausse im» médiatement après qu'elle a été faite,

[ocr errors]

>>

» Le mot non deficiet annonce que le >> sceptre sera en tout temps dans la tribu, qu'il ne manquera jamais ». Cette interprétation n'est pas exacte. Le mot non deficiet signifie seulement que lorsque le sceptre sera entré dans Juda, il n'en sortira plus. Mais le temps où il doit y entrer n'est pas fixé. Dans un discours prophétique on ne doit pas regarder la chose comme présente. Jacob promet une puissance à son fils: il ne la lui donne pas actuellement.

Après la sortie d'Egypte, et lorsque les israëlites étoient encore dans le désert, on trouve des marques plus positives de l'autorité des chefs dans les tribus. Non-seulement on voit en plusieurs endroits des hommes appelés princes de la multitude; mais au commencement du livre des Nombres, ils sont désignés par leurs noms et par leurs tribus; ils sont appelés princes des tribus et des maisons, chacun dans sa parenté; princes de la multitude dans leurs tribus et chefs de l'armée d'Israël : ils sont associés à Moyse pour faire le recensement de tous hommes en état de porter les armes (137).

On les voit ensuite, dans l'ordre du campement, placés chacun à la tête de sa tribu, et la commandant (138). Enfin on les retrouve dans beaucoup d'occasions associés à Moyse et à Aaron, et toujours avec ce même titre de princes des tribus.

Si cependant on veut que cet ordre de choses n'ait pas existé dans le désert, et que les tribus n'y ayent pas eu un gouvernement particulier, nous n'avons pas d'intérêt à soutenir le contraire. Il s'ensuivra seulement que cette forme de gouvernement par tribus a commencé plus tard, et lorsque les israëlites, ayant passé le désert, se furent établis dans la terre de Chanaan. Il n'en sera pas moins vrai que du moment où elle a commencé elle s'est perpétuée jusqu'au temps de JésusChrist dans la tribu de Juda, malgré les diverses révolutions par lesquelles elle a passé.

Immédiatement après l'établissement du peuple hébreu dans la terre qui lui avoit été promise, les douze tribus formèrent douze cantons séparés, ayant chacun son gouvernement; et, sous les lois com

munes que Moyse leur avoit données, composèrent une sorte de république fédérative. Au premier chapitre du livre des Juges, on voit ces diverses tribus avoir chacune de son côté des guerres contre les nations qui leur étoient voisines, ou qui occupoient leur territoire. On les voit ensuite avoir entre elles des guerres civiles: ce qui suppose dans toutes un gouvernement et des chefs particuliers. Il est vrai que dans cet intervalle la nation a eu de temps en temps des chefs communs sous le nom de juges. C'étoit principalement dans le temps où, en punition de ses fautes, elle avoit été asservie à des puissances étrangères, que Dieu, en considération de son repentir, lui envoyoit des libérateurs, qui jouissoient sur elle d'une autorité générale. Mais, outre ces juges communs, qui n'existoient que de temps en temps, les tribus avoient leurs chefs particuliers qui régissoient et jugeoient chacune d'elles. Moyse le leur avoit ainsi ordonné (139); et nous trouvons dans plusieurs endroits une mention expresse de ces chefs. Deux tribus, qui étoient restées en-deçà du

Jourdain, ayant donné de l'inquiétude aux autres, il fut député vers elles dix princes ou chefs, un de chaque tribu, avec Phinéès fils du grand-prêtre (140). Débora parle dans son cantique de ces princes qui siégeoient sur les tribunaux (141). Il seroit facile de produire bien d'autres exemples. Ainsi dans ce premier intervalle de quatre cents ans la prophétie Jacob a été accomplie.

Il ne peut pas y avoir de difficulté sur l'état politique de la tribu de Juda pendant le temps de ses rois, surtout depuis Da vid. Il est bon cependant d'observer que, quelle que fût l'autorité suprême des rois, les tribus formoient des corps séparés et avoient des chefs. A la mort de Saül, la tribu de Juda vint trouver David et l'oignit pour régner sur elle (142). Abner général des armées de Saül, engagea toutes les autres tribus à reconnoître pour leur roi Isboseth fils de Saül, et ce ne fut qu'à la mort de ce prince que ces tribus vinrent trouver David, et firent avec lui un pacte d'après lequel elles l'oignirent roi sur tout Israël (143). Roboam ayant irrité les israëlites par sa

« PoprzedniaDalej »