Obrazy na stronie
PDF
ePub

sance certaine des événemens profondément cachés dans l'obscurité de l'avenir, qui est le maître de les déterminer, et qui, étant la cause première de tout ce qui existera, peut donner à ses prédictions l'accomplissement, sans déroger aux causes secondes qu'il dispose à son gré; sans faire violence aux causes libres, et sans rien retrancher aux causes nécessaires. Il est évident d'ailleurs qu'il est au-dessus de tout pouvoir humain, non-seulement de diriger les événemens lointains, mais même de prévoir les causes soit nécessaires, soit accidentelles, qui, dans le cours des siècles, pourront influer en différens sens sur les futurs contingens; sur ceux spécialement qui dépendront de la volonté d'hommes qui n'existent pas encore (19).

Des deux principes que nous venons d'établir, que la prophétie est en soi possible, mais qu'elle n'est possible qu'à Dieu, résultent deux conséquences évidentes.

V. La première que la prophétie (nous ne parlons que de celle qui est véritable et conforme à la notion que nous en

avons donnée), est la parole de Dieu (20), comme le miracle est son œuvre, La seconde, quelle doit captiver notre assentiment, et qu'il seroit déraisonnable autant qu'injuste de n'y pas ajouter une foi entière. Si, par sa prescience, Dieu connoît toutes les choses auxquelles il donnera l'être par sa véracité, il rend certaines celles qu'il daigne manifester, Lors donc que nous voyons une religion prédite de cette manière, longtemps avant son établissement, nous sommes obligés de la regarder comme véritable, et de nous y soumettre. C'est ainsi qu'ont raisonné tous les anciens apologistes du christianisme. Ils ont constamment opposé aux juifs et aux payens qui l'attaquoient, l'autorité suprême des prophéties. Ils faisoient valoir cette preuve victorieuse : les Justin (21), les Théophile (22), les Athénagore (23), les Clément d'Alexandrie (24), les Origène (25), les Lactance (26), les Jérome (27), les Augustin (28). Saint Irénée déclare que les instructions des prophètes, ont du rendre facile la foi en Jésus-Christ (29). Origène dit que Celse a omis, à dessein, la preuve la

plus forte au sujet de Jésus-Christ: celle des prophéties; parce qu'il sentoit l'impossibilité d'y répondre (30). Ne croyez pas seulement à mes raisonnemens, dit saint Cyrille de Jérusalem. Vous pourriez croire qu'on vous fait illusion par des sophismes. Ne croyez qu'aux choses qui avoient été prédites par les prophètes. Vous pouvez soupçonner celui qui est présent; mais quel soupçon peut - on concevoir sur celui qui a prophétisé plus de mille ans avant l'événement (31)? Avant ces grands docteurs, l'Apôtre Pierre, après avoir rapporté qu'étant sur la montagne sainte, il a entendu la voix céleste qui proclamoit Jésus-Christ fils de Dieu avoit ajouté mais nous avons le discours prophétique qui est encore plus certain (32). Saint Augustin commentant ce téxte, dit qu'en effet la voix prophétique a, pour convaincre les incrédules, quelque chose de plus fort que la voix même descendue du ciel. On attribuoit à la magie les miracles opéré par Jésus-Christ. On auroit pu attribuer à la même cause la voix céleste. Mais dira-t-on qu'un homme étoit magicien avant de naître (33).

moyen.

VI. La prophétie étant, par sa nature, une chose surnaturelle, fait partie de l'ordre surnaturel de la Providence. Or, tout cet ordre, et parconséquent la prophétie se rapporte au salut de l'homme, et à la vraie religion qui en est le La prophétie ne peut donc pas avoir un autre but, soit direct, soit indirect (34). Nous voyons, en effet, dans nos livres saints, toutes les prophéties se rapporter comme à leur fin, soit immédiate, soit médiate, à l'objet spirituel. Le plus grand nombre, à partir de la prédiction faite à Adam, annoncent la venue du Messie, la conversion des gentils, le jugement général et d'autres objets également spirituels. Mais nous en lisons d'autres qui se rapportent à des événemens temporels, que la succession des empires et les révolutions des états. Mais outre cette fin prochaine, immédiate et directe, elles en ont une autre plus éloignée, médiate et indirecte. C'est de prouver, par leur accomplissement plus prochain, la vérité des autres prophéties relatives à la religion, et de confirmer la foi qu'on doit y avoir. Elles rentrent, par-là, dans l'ordre

tels

surnaturel de la Providence, et concourent, de même que les autres, à établir la vérité de la religion (35). Nous aurons incessamment occasion de revenir sur cette réflexion et de la développer.

VII. Ce n'est point par le cours des astres, par les entrailles des animaux, par des augures, par les autres moyens dont se vantoit le paganisme, que Dieu publie ses prophéties (36). Nous voyons que les personnes sensées, parmi les payens, n'y croyoient pas. Les augures eux-mêmes connoissoient la vanité de leur fausse science, et en convenoient dans le particulier, quoiqu'ils crussent avantageux de maintenir l'opinion de leur utilité, pour contenir le peuple dans la religion nationale (37). Dieu annonce quelquefois par lui-même les choses futures, et nous aurons occasion d'en voir quelques exemples. Mais plus ordinairement il emploie pour ce miracle comme pour les autres, le ministère d'hommes d'une sainteté éminente qu'il inspire, et dans la bouche desquels il place sa parole (38). Mais des imposteurs peuvent prétendre que Dieu les a revêtus de

« PoprzedniaDalej »