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papier, dis-je, on lit ces paroles: Non scitur certò annus quo natus est P. Franciscus Xaverius; vulgò tamen invaluit à quibusdam natum eum dici anno millesimo quadringentesimo nonagesimo sexto; c'est à-dire On ne sait pas certainement l'année que naquit le P. François Xavier; on tient néanmoins communément que quelques-uns ont dit qu'il était né l'an mil quatre cent quatre-vingt seize. Mais ces mots non scitur certò annus quo natus est P. Franciscus Xaverius, sont rayés d'un trait de plume : il y a aussi une ligne tirée sur ces autres mots natum eum dici anno millesimo quadringentesimo nonagesimo sexto, et on a mis au-dessus natus est P. Franciscus Xaverius anno millesimo quingentesimo sexto: le P. François Xavier est né l'an mil cinq cent six. On a encore écrit à la marge natus est die 7 aprilis anni 1506 : il est né le 7 d'avril de l'année 1506.

Ce qui rend au reste ce témoignage plus solide, c'est qu'au bas de la lettre ces paroles castillanes sont écrites de la main qui a corrigé les deux endroits dont nous venons de parler: Hallo se la razon del tiempo que et S. P. Francisco Xavier naciò, en un libro manual de su Hermano el Capitan Juan de Azpilcueta; la qual sacò de un libro de su Padre don Juan Jasso: c'est-à dire on a trouvé le temps que naquit le S. P. François Xavier, dans le journal de son frère le capitaine Jean d'Azpilcuete, qui l'avait tiré du journal de son père don Jean Jasse. C'est sur ce fondement qu'avant d'avoir lu la vie composée par le P. Maffei, je m'étais attaché au sentiment du P. Poussines.

Pour ce qui regarde le jour de la mort du saint, j'ai suivi l'opinion commune, qui m'a paru la plus vraisemblable et qui est conforme à la bulle de canonisation; car les historiens qui parlent de lui ne s'accordent pas sur le jour qu'il mourut. Il est dit, dans la relation du voyage de Perse et des Indes orientales, traduit de l'anglais de Thomas Herbert Saint François Xavier, jésuite de Navarre, mourut le 4 décembre 1552. Fernand Mandez Pinto, portugais, dit qu'il mourut sur le minuit du samedi, le 2 décembre de la même année. Une lettre manuscrite, qu'on prétend être du chinois Antoine de Sainte-Foi, compagnon de saint Xavier pour

le voyage de la Chine, et laquelle m'est un peu suspecte, porte que le saint mourut la nuit du dimanche, sur les deux heures après minuit, le 2 décembre 1552. Il est certain qu'en l'année 1552, le 2 décembre était un vendredi : ainsi, c'est manifestement se méprendre que de dire que saint Xavier mourut cette année là un samedi ou un dimanche, le 2 décembre.

Jecraindrais qu'une vie aussi extraordinaire que celleci ne choquât un peu les esprits profanes, si la réputation de saint François Xavier n'était bien établie dans le monde, et que ses miracles n'eussent toutes les marques des véritables miracles, comme a très bien remarqué l'auteur qui en a fait le recueil. La mission du saint les autorise d'abord; car étant envoyé de Dieu pour convertir les infidèles, il était nécessaire que la foi fût plantée dans l'Orient par les mêmes voies qu'elle l'avait été dans toute la terre au commencement de l'église.

D'ailleurs, jamais miracles n'ont été examinés avec plus de soin ni plus juridiquement que ceux-là. Ce ne sont point des miracles faits en secret et qu'on doive croire sur la parole de deux ou trois personnes intéressées, ou qui peuvent être surprises: ce sont d'ordinaire des faits publics, reconnus de toute une ville, de tout un royaume, et qui ont pour témoins des peuples en tiers, la plupart idolâtres ou mahométans. Plusieurs de ces miracles ont duré longtemps, et il a été aisé aux personnes incrédules de s'en éclaircir. Tous ont eu des suites qui en rendent la vérité incontestable, telles que sont les conversions des royaumes et des rois les plus ennemis du christianisme, la ferveur admirable des nouveaux chrétiens et la constance héroïque des mar tyrs mais rien peut-être ne confirme davantage les miracles de saint Xavier, que sa sainte vie, qui a eu quelque chose de plus merveilleux que ses miracles mêines. Il fallait, ce semble, qu'un homme qui vivait comme lui, fît ce que les autres hommes ne faisaient point; et que, s'abandonnant tout à Dieu par une entière confiance, dans les occasions les plus périlleuses, Dieu lui abandonnât, en quelque façon, sa toute puissance pour le bien des âmes.

VIE

DE

SAINT FRANÇOIS XAVIER.

LIVRE PREMIER.

J'entreprends d'écrire la vie d'un Saint qui a renouvelé, dans le dernier siècle, ce qui s'est fait de plus merveilleux à la naissance de l'Eglise, et qui a été luimême une preuve vivante de la vérité du christianisme. On verra, dans les actions d'un seul homme, le Nouveau-Monde converti par la vertu de la prédication et par celle des miracles; les rois idolâtres de l'Orient réduits, avec leurs royaumes, sous l'obéissance de l'Evangile; la foi florissante au milieu de la barbarie; et l'autorité de l'Eglise romaine reconnue des nations les plus éloignées, qui ne savaient guère ce que c'était que l'ancienne Rome.

L'homme apostolique dont je parle est François Xavier, religieux de la Compagnie de Jésus, et l'un des premiers disciples de saint Ignace de Loyola. II était Navarrois; et, suivant le témoignage du cardinal Antoine Zapata, qui a examiné sa noblesse sur des titres fort assurés, il tirait son origine du sang des rois de Navarre.

Il eut pour père don Jean Jasse, seigneur de mérite, très entendu dans le maniement des affaires, et qui tenait une des premières places du conseil d'état sous le règne de Jean III.

Sa mère se nommait Marie Azpilcuète Xavier, et était héritière de ces deux familles, les plus illustres

du royaume; car don Martin Azpilcuète, chef de sa maison, et moins renommé par les belles actions de ses ancêtres que par sa propre vertu, épousa Jeanne Xavier, fille unique et toute l'espérance de sa race. II n'eut d'elle que Marie dont nous venons de parler, une des plus accomplies personnes de son temps.

Cette fille, également belle et sage, étant mariée à don Jasse, devint mère de plusieurs enfants : le cadet de tous fut François, dont j'écris la vie. Il naquit au château de Xavier, l'an 1506, le 7 d'avril. Ce château, qui est au pied des Pyrénées, à sept ou huit lieues de Pampelune, appartenait, depuis environ deux cent cinquante ans, à la maison de sa mère; ses ayeux maternels l'avaient obtenu du roi Thibaud, premier du nom, en récompense des services signalés qu'ils avaient rendus à la couronne de Navarre; et c'est de là qu'ils prirent le nom de Xavier, au lieu de celui d'Asuarez, qui était le nom de leur famille.

On fit porter à François le même nom de Xavier, aussi bien qu'à quelques uns de ses frères, de peur qu'un nom si glorieux, qui se terminait en une seule femme, ne s'éteignît avec elle.

La Providence, qui avait choisi François Xavier pour la conversion d'une infinité de peuples, lui donna toutes les qualités naturelles que demande l'emploi d'un apôtre. Il avait le corps robuste, la complexion vive et ardente, un génie sublime et capable des plus grands desseins, un cœur intrépide, beaucoup d'agrément en son extérieur, surtout l'humeur gaie, complaisante et propre à se faire aimer; avec cela néanmoins une extrême horreur de tout ce qui peut blesser la pureté, et une forte inclination pour l'étude.

Son père et sa mère, qui menaient une vie chrétienne, lui inspirèrent la crainte de Dieu dès son enfance, et eurent un soin particulier de son éducation. Il ne fut pas plutôt en âge d'apprendre quelque chose, qu'au lieu d'embrasser la profession des armes, à l'exemple de ses frères, il se tourna de lui-même du côté des lettres. Comme il avait la conception aisée, la mémoire heureuse, l'esprit pénétrant, il avança extrêmement en peu d'années.

Quand il sut bien la langue latine, et qu'on reconnut que la science était toute sa passion, on l'envoya à l'université de Paris, qui était la plus célèbre de l'Europe, et où toute la noblesse d'Espagne, d'Allemagne et d'Italie venait étudier.

Il vint à Paris dans sa dix-huitième année, et il étudia d'abord en philosophie. On ne saurait croire avec quelle ardeur il dévora les premières difficultés de la logique. Quelque disposition qu'il eût pour des connaissances si subtiles et si épineuses, il travaillait sans relâche, afin de surpasser tous ses compagnons ; et jamais écolier peut-être ne joignit ensemble tant de facilité et tant de travail.

Xavier ne pensait qu'à devenir un excellent philo sophe, lorsque son père, qui avait une famille nombreuse, et qui était de ces gens de qualité dont le bien n'égale pas toujours la naissance, songea à le retirer des études, après l'y avoir entretenu honnêtement un an ou deux. Il communiqua sa pensée à Madeleine · Jasse, sa fille, abbesse du couvent de sainte Claire de Gandie, fameux pour l'austérité de sa Règle, et établi par de saintes religieuses françaises, que le malheur des guerres avait obligées d'abandonner leur pays et de chercher un asile au royaume de Valence.

Madeleine avait été, dans sa jeunesse, fille d'honneur et favorite de la reine catholique Isabelle. L'amour de la solitude et de la croix lui fit quitter la cour d'Aragon et renoncer tout-à-fait aux plaisirs du monde. Ayant choisi pour le lieu de sa retraite le monastère d'Espagne le plus réformé, elle s'appliqua, avec beaucoup de ferveur, aux exercices de la pénitence et de l'oraison, et devint, dès son noviciat, un modèle de la perfection religieuse.

Durant le cours de sa vie, elle eut de grandes communications avec Dieu; et un jour il lui fit connaître qu'elle devait mourir d'une mort très douce; qu'au contraire, une de ses religieuses était destinée un genre de mort très affreux. Ce que Dieu prétendait par là n'était pas tant de révéler à l'abbesse ce qui arriverait, que de lui donner lieu d'exercer un acte héroïque de charité. Elle comprit ce que le

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