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en ont cependant distrait plus d'une fois des parties plus ou moins considérables, et les ont unies aux Empires voisins. L'Helvétie ainsi démembrée a perdu long-tems jusques à son nom, et n'a plus offert que le spectacle de peuplades devenues étrangères les unes aux autres, et le plus souvent condamnées à languir dans l'obscurité sous le joug de quelques maîtres présens ou éloignés.

Mais ce que la nature a voulu, les hommes sont tôt ou tard ramenés à le vouloir aussi. L'Helvétie reprit ensuite par degrés ses limites naturelles, et son indépendance; et ses peuples réunis formèrent de nouveau une nation particulière et distincte de toutes celles qui l'environnent.

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Ce n'est à proprement parler que de cette dernière époque que date l'Histoire des Suisses. Tout ce qui appartient aux siècles précédens se confond dans l'histoire des Romains

des

Bourguignons, des Francs, des Lombards des Allemands, qui ont fait de l'Helvétie une province tributaire, et lui ont ôté jusques à son nom. Elle ne sort de cette obscurité, de cette nullité, si l'on ose ainsi parler, qu'au moment où quelques-uns de ses Citoyens enflammés de l'amour de la patrie et de la liberté

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se réunissent pour la rétablir dans ses anciens droits, jettent les premiers fondemens de la Confédération Helvétique qui s'étend par degrés, s'affermit par ses victoires et se consolide par la sagesse, la justice et la valeur, vertus qui lui assurent près de cinq siècles de gloire et de bonheur.

L'origine, les progrès de cette illustre confédération, les événemens qui ont influé sur son sort, et qui peuvent servir à faire connoître. sa constitution, ses loix, son caractère, ses principes moraux et politiques, tel est le sujet de cet ouvrage. Nous écarterons tout ce qui n'aura qu'un intérêt plus restreint, tout ce qui n'a de rapport qu'à quelque événement isolé et sans suite, qu'à quelque ville, quelque famille. On trouve assez dans d'autres ouvrages tout ce qui peut servir à faire connoître ces objets particuliers qu'un plan limité ne sauroit admettre et qui rebuteroient les lecteurs pour lesquels nous écrivons principalement. D'ailleurs les circonstances actuelles nous prescrivent impérieusement de nous borner à ces traits principaux.

Les événemens extraordinaires qui se succèdent aujourd'hui si rapidement sous nos yeux, n'affoiblissent que trop l'intérêt qu'on pouvoit prendre aux annales des siècles précédens,

Leur briéveté seule peut inviter à les lire. Que pourroient opposer ces annales des tems passés de comparable à l'histoire de notre siècle, de ce siècle de lumières, de barbarie, de révolutions, de bouleversement, de théories sublimes, d'entreprises gigantesques et désastreuses?

On ne peut cependant faire bien connoître l'origine et l'esprit de la confédération Helvétique sans avoir exposé l'état de la Nation à cette époque, et cette connoissance suppose à son tour celle de ses états précédens, en remontant jusques au siècle où d'épaisses ténèbres ne permettent plus de rien distinguer.

Il faut donc d'abord jeter un coup-d'œil sur ces premiers siècles et sur les principales vicissitudes qui s'y font remarquer: cette introduction succinte, mais nécessaire se divise naturellement en cinq périodes dont la durée inégale est marquée par des événemens qui changèrent en tout ou en partie le sort de la Nation, et les limites du pays occupé primitivement par les Helvétiens.

Il ne nous reste de ces peuples comme de tous les peuples Germains et Gaulois aucun monument écrit, et tout ce que nous en savons est dû aux historiens Grecs et Romains qui en out

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parlé occasionnellement en écrivant leur propre histoire. Il résulte de leurs rapports très - succints et très imparfaits que long-tems avant l'époque où le nom d'Helvétie se trouve pour la première fois dans leur histoire, ce pays étoit habité par un peuple qui prit part aux expéditions des Gaulois en Italie. On sait encore avec plus de certitude qu'une partie des habitans de l'Helvétie se joignit à ces Cimbres qui, environ 110 ans avant J. C., au nombre de plus de trois cent mille combattans de diverses nations, étoient sortis des pays du Nord leurs premières demeures, pour en chercher de nouvelles dans les contrées du Midi.

Ce peuple, ou plutôt cette formidable ligue de divers peuples, après avoir ravagé une partie de l'Europe, arriva chargée de ses dépouilles sur les frontières orientales de l'Helvétie. Dans ce moment les Helvétiens étoient en paix (1); mais ils saisissoient toujours avec empressement l'occasion de faire la guerre. Tout les y invitoit, cux et les autres Nations. Gauloises et Germaniques, leur pauvreté, leur vie sauvage et errante, leur ignorance de tous.

(1) Pofidonius cité par Strabon Geogr. L. 7.

les arts qui embellissent la vie, et font aimer le repos, leurs divisions leurs divisions, leurs jalousies qui les entretenoient dans l'habitude d'être toujours armés, enfin les préjugés religieux que leurs Druïdes leur inspiroient dès l'enfance , et qui leur persuadoient qu'à la valeur seule était attachée l'éternelle félicité.

Dans ces dispositions la vue de l'immense butin que la guerre avoit valu aux Cimbres. réveilla facilement l'ardeur guerrière des Helvétiens. La crainte des progrès de la puissance Romaine qui venoit de soumettre les peuples du Midi de la Gaule et leurs propres voisins les Allobroges, y joignit sans doute un autre puissant aiguillon. L'occasion se présentoit d'arrêter ces progrès alarmans de la plus ambitieuse des Nations. Les Tigurins, un des Cantons. qui composoient la Nation Helvétique, se joignirent donc aux Cimbres, et avec eux, ou séparés ils se distinguèrent par leurs exploits (1).

(1) On croit que les Ambrons habitèrent dans le voisinage du Rhône, comme leur nom semble l'indi quer; les Figuriens dans le pays de Zurich jusques au Rhin, et les Tugeni dans un pays dont Zug étoit le chef-lieu, et qui s'étendoit jusqu'aux Alpes. Peut

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