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qu'Indra, qui n'est qu'un simple Vaçou; en Perse, Ormuzd, Brahman, Mithra, Hom; dans l'Asie Antérieure, Baal (d'où l'idée de Jupiter Bélus); en Égypte, Pi-Zéou (émanation subalterne de Knef); en Italie, Janus (les Étrusques donnaient à Jupiter le nom de Tina); en Scandinavie, Odin; en Irlande, Bath. Une foule de personnages subalternes de la mythologie ne sont que des Jupiters, nous ne dirons pas incarnés, mais humanisés et localisés à plaisir dans l'histoire par les peuples. En général, ce qui domine dans les agencemens de ce genre, c'est la physionomie à la fois majestueuse et bienfaisante, quelquefois même patriarcale, du dieu. Monarque, père, législateur et nourricier des masses humaines, il les jette dans la voie de la gloire, des arts, du triomphe et du bonheur; il se donne à elles comme fruit délicieux, comme eau purifiante et rafraîchissante; il leur laisse des lois, fil ariadnéen dans le labyrinthe de la vie.

Passons maintenant de l'examen des noms d'un dieu à l'examen des noms des simples mortels, et de l'Olympe descendons sur la terre. Les noms des Romains appellent surtout notre attention. Les Romains avaient plusieurs noms, ordinairement trois, et quelquefois quatre le premier était le prénom, qui servait à distinguer chaque personne; le deuxième était le nom propre, qui désignait la race d'où l'on sortait; le troisième était le surnom, qui marquait la famille d'où l'on était; enfin, le quatrième était un autre surnom, qui se donnait, ou à cause de l'adoption, ou pour quelque grande action, ou même pour quelque défaut.

La coutume de prendre deux noms n'a pas été tellement propre aux Romains, qu'ils en aient introduit l'usage, quoique Appien Alexandrin dise le contraire dans sa préface. Il est constant qu'avant la fondation de Rome, les Albains portaient deux noms. La mère de Romulus s'appelait Rhea Sylvia; son aïeul, Numitor Sylvius; son oncle, Amulius Sylvius. Les chefs des Sabins, qui vivaient à peu près dans le même temps, en avaient deux aussi : Titus Tatius, Metius Suffetius. Romulus et Rémus, qui semblent n'en avoir qu'un, en avaient deux en effet Romulus et Rémus étaient des prénoms, et leur nom propre était Sylvius.

La multiplicité des noms, dit Varron, fut établie pour distinguer les familles qui tiraient leur origine d'une même souche, et

pour ne point confondre les personnes d'une même famille. Les Cornelius, par exemple, étaient une race illustre d'où plusieurs familles étaient sorties, comme autant de branches d'une même tige; savoir les Scipions, les Lentulus, les Cethegus, les Dolabella, les Cinna, les Sylla. La ressemblance des noms dans les frères, comme dans les deux Scipions, qui eût empêché de les distinguer l'un de l'autre, fit admettre un troisième nom : l'un s'appela Publius Cornelius Scipio; l'autre, Lucius Cornelius Scipio. Ainsi le nom de Scipio les distinguait des autres familles qui portaient le nom de Cornelius, et les noms de Publius et de Lucius mettaient la différence entre les deux frères.

Mais, bien qu'on se contentật du nom de sa famille particulière, sans y joindre celui de sa race, ou parce qu'on était le premier qui fit souche, ou parce qu'on n'était point d'une origine qui fit honneur, les Romains ne laissèrent point, dans la suite, de porter trois noms, et quelquefois quatre: 1o le nom de famille s'appelait proprement le nom, nomen; 2o le nom qui distinguait les personnes d'une même famille, prænomen, le prénom; 3o le troisième, qui était pour quelques-uns un titre honorable, ou un terme significatif des vices ou des perfections propres de ceux qui le portaient, était le cognomen, le surnom; 4o le quatrième, quand il y en avait, s'appelait agnomen, autre espèce de surnom.

Le prænomen tenait le premier lieu; le nomen, le deuxième; le cognomen, le troisième; l'agnomen, le quatrième. Les prénoms, qui distinguaient les personnes d'une même famille, tiraient leur signification de quelques circonstances particulières. Varron fait un long catalogue des prénoms qui étaient en usage parmi les Romains, et il en rapporte l'étymologie: il suffira d'en citer ici quelques-uns qui feront juger des autres : Lucius, c'est-à-dire qui tirait son origine des Lucumons d'Étrurie; Quintus, qui était né le cinquième de plusieurs enfans; Sextus, le sixième; Decimus, dixième; Martius, qui était venu au monde dans le mois de mars; Manius, qui était né le matin; Posthumius, après la mort de son père.

Le cognomen, surnom, était fondé, 1o sur les qualités de l'âme, dans lesquelles étaient renfermées les vertus, les mœurs les sciences, les belles actions. Ainsi, Sophus marquait la sagesse;

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Pius, la piété; Frugi, les bonnes mœurs; Nepos, Gurges, les mauvaises; Publicola, l'amour du peuple; Lepidus, Atticus, les agrémens de la parole; Coriolanus, la prise de Corioles, etc. 2o Sur les différentes parties du corps, dont les imperfections étaient désignées par les surnoms, Crassus signifiait l'embonpoint; Macer, la maigreur; Cicero, Piso, le signe en forme de pois chiche qui se trouvait sur le visage. L'usage des surnoms ne fut pas ordinaire dans les premiers temps de Rome; aucun des rois n'en eut de son vivant. Le nom de Superbus, que porta le dernier Tarquin, ne lui fut donné que par le peuple, mécontent de son gouvernement. Le surnom de Coriolan fut donné à Caïus Marcius comme une marque de reconnaissance du service qu'il avait rendu à l'état, marque d'autant plus distinguée, que ce fut le premier Romain qui en fut honoré; et l'on ne trouve point qu'on l'ait accordée depuis à d'autres qu'à Scipion, surnommé l'Africain, à cause des conquêtes qu'il avait faites en Afrique. Ce fut à son imitation que l'usage en devint commun par la suite, et que cette distinction fut fort ambitionnée. Rien, en effet, ne pouvait être plus glorieux pour un homme qui avait commandé les armées, que d'être surnommé du nom de la province 'qu'il avait conquise: mais on ne pouvait pas le prendre de son chef; il fallait l'aveu du sénat ou du peuple. Les empereurs mêmes ne furent pas moins sensibles à cet honneur, que le sénat leur a souvent prodigué par flatterie, sans qu'ils l'eussent mérité.

Les frères étaient ordinairement distingués par le prénom, comme Publius Scipion et Lucius Scipion, dont le premier fut appelé l'Africain, et le second l'Asiatique. Le fils de l'Africain ayant une santé fort délicate, et étant sans enfans, adopta son cousin germain, le fils de L. Émilius Paullus, celui qui vainquit Persée, roi de Macédoine. Celui-ci fut appelé dans la suite P. Cornelius Scipio Africanus, Émilianus et Africanus Minor, par la plupart des historiens. Cependant ce nom ne lui fut point donné de son vivant, mais après sa mort, pour le distinguer de l'ancien Scipion l'Africain. Nous en avons encore un autre exemple dans Q. Fabius Maximus, qui est désigné par trois surnoms. Lorsqu'il était enfant, on l'appela, à cause de sa douceur, Ovicula, petite brebis; ensuite Verrucosus, par rapport à une verrue

qui lui était survenue à la lèvre; puis Cunctator, temporiseur, à cause de sa conduite prudente à l'égard d'Annibal.

Pendant quelque temps, les femmes portèrent aussi un nom propre particulier, qui se mettait par des lettres renversées; par exemple, C. et M. renversés signifiaient Caia et Marcia: c'était une manière de désigner le genre féminin; mais cette coutume se perdit dans la suite. Si les filles étaient uniques, on se contentait de leur donner simplement le nom de leur maison; quelquefois on l'adoucissait par un diminutif: au lieu de Tullia, on disait Tulliola. Si elles étaient deux, on les distinguait par les noms d'aînée et de cadette; si elles étaient en plus grand nombre, on disait la première, la deuxième, la troisième : par exemple, l'aînée des sœurs de Brutus s'appelait Junia major; la deuxième, Junia minor; et la troisième, Junia tertia. On faisait aussi de ces noms un diminutif : par exemple, Secundilla, deuxième; Quartilla, quatrième.

On donnait le nom aux enfans, le jour de leur purification, qui était le huitième après leur naissance, pour les filles; et le neuvième, pour les garçons. On donnait le prénom aux garçons, lorsqu'ils prenaient la robe virile; et aux filles, quand elles se mariaient.

A l'égard des esclaves, ils n'eurent d'abord d'autre nom que le prénom de leur maître, un peu changé, comme Lucipores, Marcipores, pour Lucii, Marci pueri, esclaves de Lucius ou de Marcus; car puer se disait pour servus, sans avoir égard à l'âge. Dans la suite, on leur donna des noms grecs ou latins, suivant la volonté de leur maître, ou bien on leur donna un nom tiré de leur nation ou de leur pays, enfin un nom tiré de quelque évènement. Dans les comédies de Térence, on les nomme Syrus, Geta, etc.; et dans Cicéron, Tiro, Laurea, Dardanus. Lorsqu'on les affranchissait, ils prenaient le nom propre de leur maître, mais non pas son surnom, et ils y ajoutaient pour surnom celui qu'ils portaient avant leur liberté. Ainsi lorsque Tiro, esclave de Cicéron, fut affranchi, il s'appela Marcus Tullius Tiro.

Les noms propres des Latins avaient une signification appellative et générale : Lucius voulait dire cum luce natus, au point du jour; Tiberius, né près du Tibre; Servius, né esclave; Quin

tus, Sextus, Octavius, Nonnius, Decimus, sont évidemment, et comme l'a prouvé Varron, des adjectifs ordinaux, employés à caractériser les individus d'une même famille, par l'ordre de leur naissance.

Tous les noms propres de l'Ancien Testament sont dans ce cas : on peut en voir la preuve dans une table qui se trouve à la fin de toutes les éditions de la Bible vulgate, dans laquelle, entre autres exemples, on trouve que Jacob signifie supplantator: mais il faut prendre garde de s'imaginer que ce patriarche fut ainsi nommé, parce qu'il surprit à son frère son droit d'aînesse : la manière dont il vint au monde, est l'unique cause de son nom; il tenait son frère par le talon, il avait la main sub planta, et le nom de Jacob ne signifie rien autre chose. Oter à quelqu'un par finesse la possession d'une chose, ou l'empêcher de l'obtenir, c'est agir comme celui qui naquit ayant la main sous la plante du pied de son frère; de là le verbe supplanter, en dérivant ce mot de deux racines latines sub planta, qui répondent aux racines hébraïques du nom de Jacob, parce que Jacob trompa ainsi son frère. Il pouvait arriver que nous allassions puiser jusque là; et, dans ce cas, nous aurions dit jacober, ou jacobiser, au lien de supplanter; ce qui aurait de même signifié tromper, comme Jacob trompa Ésaü.

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Nous retrouvons dans les noms propres grecs la même signification appellative et générale Alexandre, Åžavdpos, fortis auxiliator; Aristote, Åpiorotéing, ad optimum finem, d'äpioτos, optimus, et de réños, finis; Nicolas, Nixóλaos, victor populi, de vɩxáw, vinco, et de λaóc, populus; Philippe, λíñños, amator equorum, de qihew, amo, et de îñños, equus; Achéron, fleuve d'enfer, fluvius doloris, de ayos, dolor, et de poos, fluvius; Afrique, sine frigore, de a privatif, et de pixn, frigus; Éthiopie, région trèschaude en Afrique, de aïow, uro, et de 4, vultus; Naples, Neárókıç, nova urbs, de vέoç, novus, et de ñókıç, urbs. Cette généralité de la signification primitive des noms propres pouvait quelquefois faire obstacle à la distinction individuelle qui était l'objet principal de cette espèce de nomenclature, et l'on a cherché partout à y remédier. Les Grecs individualisaient le nom propre par le génitif de celui du père : Αλέξανδρος ὁ Φιλίππου, en

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