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composé que les deux premières : elles suffisent pour montrer que les ministres protestants, en attaquant avec beaucoup de subtilité et de savantes recherches le traité de la communion sous les deux espèces, n'ont servi qu'à l'affermir davantage, ce sont des expressions de Bossuet. Il y a beaucoup d'érudition et de méthode dans cette reponse; le prélat tâche de n'omettre aucune difficulté sans l'approfondir, et il avertit ses lecteurs de lire avec patience et avec ordre.

La Tradition défendue sur la communion sous une seule espèce remplit la plus grande partie de notre xxive tome 1: il est terminé PAR L'EXPLICATION DE QUELQUES DIFFICULTÉS SUR LES PRIÈRES DE LA MESSE; explication adressée à un nouveau cathoJique qui avoit consulté l'évêque de Meaux, et imprimée deux fois pendant la vie de l'auteur, en 1689 et en 1691. Bossuet indiqua lui-même deux corrections importantes à faire à la première édition de cet ouvrage; nous n'avons eu garde de les oublier. (Voy. l'Hist. de Bossuet, t. 11, liv. vii, no 5.)

Le xxve volume commence par la LETTRE PASTORALE que Bossuet adressa au mois de mars 1686, AUX NOUVEAUX CATHOLIQUES de son diocèse, POUR LES EXHORTER A FAIRE LEURS PAQUES, et leur donner des avertissements nécessaires contre les fausses lettres pastorales des ministres 2. (Voyez l'Histoire de Bossuet, tome 1, liv, vi, no 17.) Cette lettre sur la communion pascale est suivie d'une LETTRE SUR L'ADORATION DE LA CROIX, écrite au mois de mars 1691, et imprimée in-4° en 1692; elle fut adressée à un nouveau catholique, qui avoit pris l'habit religieux dans l'abbaye de la Trappe, sous le nom de frère Armand, et qui eut le malheur de retomber dans les erreurs qu'il avoit abjurées. ( Voyez l'Histoire de Bossuet, tome II, liv. VII, no 4.)

Le RÈGLEMENT que Bossuet rédigea en 1658, au nom et par l'autorité de l'évêque de Metz, POUR LE SÉMINAIRE DES FILLES DE LA PROPAGATION DE LA FOI, nous a paru convenablement placé à la suite des ouvrages de controverse; puisque ces pieuses filles étoient appelées par la Providence à ramener à l'unité de l'Eglise celles que l'erreur en avoit séparées. Ce règlement fut imprimé à Paris en 1672. (Voyez l'Histoire de Bossuet, tome 1, liv. 1, no 36.)

Des théologiens zélés et pacifiques ont formé plusieurs fois des projets pour réunir les protestants à l'Eglise catholique. Bossuet, avant que d'être évêque, et pendant son épiscopat, entretint à ce sujet diverses correspondances avec des ministres protestants et d'autres personnages célèbres; les mémoires qu'il rédigea, les lettres qu'il écrivit sur ce projet de réunion sont dignes d'être transmis à la postérité. Quoique les efforts d'un prélat si habile n'aient pas été couronnés par le succès, il est permis d'espérer que les pièces de toutes ces négociations pourront être utiles lorsque la Providence aura fait naître des circonstances plus favorables à la réunion.

Nous donnons d'abord les pièces relatives à un projet de réunion des protestants de France à l'Eglise catholique, conçu en 1666 et 1667, et à un autre projet envoyé au due de Noailles en 1684, par un ministre de Montpellier, nommé du Bourdieu. Ces pièces ont été imprimées en 1788, à la fin du tome xv de l'édition de dom Déforis. Vers le milieu de notre xxve vol. commence le grand RECUEIL DE Dissertations et DE LETTRES écrites dans la vue de réunir à l'Eglise les Protestants d'Allemagne de la confession d'Ausbourg 3. On ne verra pas sans un vif intérêt les propositions de Molanus, abbé de Lokkum, les lettres du fameux Leibniz, conseiller intime et historiographe de Jean-Frédéric, duc de Brunswick-Hanover, et les réponses lumineuses de Bossuet. L'avertissement particulier qu'on trouvera à la tête de ce recueil contient tous les éclaircissements nécessaires pour le lire avec fruit; nous nous contenterons de dire ici que nous n'avons pas cru devoir suivre l'exemple de dom Déforis, en réservant la correspondance avec Leibniz, pour la mettre dans la classe qui contiendra les lettres de Bossuet. Il nous a paru que les dissertations et les lettres ayant le même but, et étant relatives les unes aux autres, ne devoient point être séparées. D'ailleurs la plupart de ces lettres sont de véritables traités sur des matières de controverse : nous les présentons dans l'ordre adopté par l'abbé Le Roi, lorsqu'il les publia pour la 2 Ibid., XIII. 3 Ibid.

1 Tome XII.

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première fois en 1753, dans le premier volume des OEuvres posthumes, in-4°. Dom Déforis fit imprimer en 1788, dans le tome x des OEuvres de Bossuet, quelques lettres de plus, que l'abbé Le Roi n'avoit pas connues, ou qu'il avoit négligées comme peu importantes; nous les avons aussi fait entrer dans notre édition. Les ouvrages de controverse contre les protestants finissent avec le xxv volume 1. (Voyez l'Histoire de Bossuet, tome iv, liv. XII.)

HISTOIRE

DES VARIATIONS

DES

ÉGLISES PROTESTANTES.

PRÉFACE.

DESSEIN DE L'OUVRAGE.

Idée générale de la religion protestante et de ses variations: que la découverte en est utile à la connoissance de la véritable doctrine, et à la réconciliation des esprits : les auteurs dont on se sert dans cette histoire.

Si les protestants savoient à fond comment s'est formée leur religion, avec combien de variations et avec quelle inconstance leurs Confessions de foi ont été dressées; comment ils se sont séparés premièrement de nous, et puis entre eux; par combien de subtilités, de détours et d'équivoques ils ont tâché de réparer leurs divisions, et de rassembler les membres épars de leur réforme désunie : cette réforme, dont ils se vantent, ne les contenteroit guère; et, pour dire franchement ce que je pense, elle ne leur inspireroit que du mépris. C'est donc ces variations, ces subtilités, ces équivoques, et ces artifices, dont j'entreprends de faire l'histoire. Mais afin que ce récit leur soit plus utile, il faut poser quelques principes dont ils ne puissent disconvenir, et que la suite d'un récit, quand on y sera engagé, ne permettroit pas de déduire. Lorsque, parmi les chrétiens, on a vu des variations dans l'exposition de la foi, on les a toujours regardées comme une marque de fausseté et d'inconséquence (qu'on me permette ce mot) dans la doctrine exposée. La foi parle simplement le Saint-Esprit répand des lumières pures, et la vérité qu'il enseigne a un langage toujours uniforme. Pour peu qu'on sache l'histoire de l'Eglise, on saura qu'elle a opposé à chaque hérésie des explications propres et précises, qu'elle n'a aussi jamais changées ; et si l'on prend garde aux expressions par lesquelles elle a condamné les hérétiques, on verra qu'elles vont toujours à attaquer l'erreur dans sa source par la voie la plus courte et la plus droite. C'est pourquoi tout ce qui varie, tout ce qui se

1 Tome XIII.

charge de termes douteux et enveloppés a toujours paru suspect, et non-seulement frauduleux, mais encore absolument faux, parce qu'il marque un embarras que la vérité ne connoît point. C'a été un des fondements sur lesquels les anciens docteurs ont tant condamné les ariens, qui faisoient tous les jours paroître des confessions de foi de nouvelle date, sans pouvoir jamais se fixer. Depuis leur première Confession de foi, qui fut faite par Arius, et présentée par cet hérésiarque à son évêque Alexandre, ils n'ont jamais cessé de varier. C'est ce què saint Hilaire reproche à Constance, protecteur de ces hérétiques; et pendant que cet empereur assembloit tous les jours de nouveaux conciles pour réformer les symboles, et dresser de nouvelles Confessions de foi, ce saint évêque lui adresse ces fortes paroles: « La même > chose vous est arrivée qu'aux ignorants architectes, à qui leurs propres > ouvrages déplaisent toujours : vous ne faites que bâtir et détruire au lieu que l'Eglise catholique, dès la première fois qu'elle s'assembla, fit un édifice > immortel, et donna dans le symbole de Nicée une si pleine déclaration » de la vérité, que, pour condamner éternellement l'arianisme, il n'a jamais > fallu que la répéter. »

Ce n'a pas seulement été les ariens qui ont varié de cette sorte: toutes les hérésies, dès l'origine du christianisme, ont eu le même caractère ; et longtemps avant Arius, Tertullien avoit déjà dit : « Les hérétiques varient dans » leurs règles, c'est-à-dire, dans leurs confessions de foi: chacun parmi eux » se croit en droit de changer et de modifier par son propre esprit ce qu'il a > reçu, comme c'est par son propre esprit que l'auteur de la secte l'a com> posé : l'hérésie retient toujours sa propre nature, en ne cessant d'innover; » et le progrès de la chose est semblable à son origine. Ce qui a été permis à » Valentin l'est aussi aux valentiniens; les marcionites ont le même pouvoir » que Marcion : et les auteurs d'une hérésie n'ont pas plus de droit d'innover, » que leurs sectateurs : tout change dans les hérésies, et quand on les pé» nètre à fond, on les trouve dans leurs suites différentes en beaucoup de > points de ce qu'elles ont été dans leur naissance. »

Ce caractère de l'hérésie a toujours été remarqué par les catholiques; et deux saints auteurs du huitième siècle 3 ont écrit que « l'hérésie en elle-même > est toujours une nouveauté, quelque vieille qu'elle soit; mais que pour se » conserver encore mieux le titre de nouvelle, elle innove tous les jours ; et tous les jours elle change sa doctrine. »

Mais, pendant que les hérésies toujours variables ne s'accordent pas avec elles-mêmes, et introduisent continuellement de nouvelles règles, c'est-àdire, de nouveaux symboles; dans l'Eglise, dit Tertullien, la règle de la foi est immuable, et ne se réforme point. C'est que l'Eglise, qui fait profession de ne dire et de n'enseigner que ce qu'elle a reçu, ne varie jamais ; et au contraire l'hérésie, qui a commencé par innover, innove toujours, et ne change point de nature.

De là vient que saint Chrysostome traitant ce précepte de l'apôtre : Evitez les nouveautés profanes dans vos discours, a fait cette réflexion * : « Evitez » les nouveautés dans vos discours; car les choses n'en demeurent pas là : > une nouveauté en produit une autre; et on s'égare sans fin quand on a une > fois commencé à s'égarer. »

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1 Lib. contr. Const., n. 23. col. 1254. - 2 De Præscr., cap. 42.-3 Eth, et Beat, lib. 1. cont. Elip.-4 De Virg. vel., n. 1. — 5 Hom. v. in 2 ad Tim.

Deux choses causent ce désordre dans les hérésies : l'une est tirée du génie de l'esprit humain, qui depuis qu'il a goûté une fois l'appât de la nouveauté, ne cesse de rechercher avec un appétit déréglé cette trompeuse douceur : l'autre est tirée de la différence de ce que Dieu fait, d'avec ce que font les hommes. La vérité catholique, venue de Dieu, a d'abord sa perfection : l'hérésie, foible production de l'esprit humain, ne se peut faire que par pièces mal assorties. Pendant qu'on veut renverser, contre le précepte du Sage1, les anciennes bornes posées par nos pères, et réformer la doctrine une fois reçue parmi les fidèles, on s'engage sans bien pénétrer toutes les suites de ce qu'on avance. Ce qu'une fausse lueur avoit fait hasarder au commencement, se trouve avoir des inconvénients qui obligent les réformateurs à se réformer tous les jours de sorte qu'ils ne peuvent dire quand finiront les innovations, ni jamais se contenter eux-mêmes.

Voilà les principes solides et inébranlables par lesquels je prétends démontrer aux protestants la fausseté de leur doctrine dans leurs continuelles variations, et dans la manière changeante dont ils ont expliqué leurs dogmes; je ne dis pas seulement en particulier, mais en corps d'Eglise, dans les livres qu'ils appellent symboliques, c'est-à-dire, dans ceux qu'on a faits pour exprimer le consentement des églises; en un mot, dans leurs propres Confessions de foi, arrêtées, signées, publiées, dont on a donné la doctrine comme une doctrine qui ne contenoit que la pure parole de Dieu, et qu'on a changées néanmoins en tant de manières dans les articles principaux.

Au reste, quand je parlerai de ceux qui se sont dits réformés en ces derniers siècles, mon dessein n'est point de parler des sociniens, ni des diffé– rentes sociétés d'anabaptistes, ni de tant de diverses sectes qui s'élèvent, en Angleterre et ailleurs, dans le sein de la nouvelle réforme; mais seulement de ces deux corps, dont l'un comprend les luthériens, c'est-à-dire ceux qui ont pour règle la confession d'Augsbourg; et l'autre suit les sentiments de Zuingle et de Calvin. Les premiers, dans l'institution de l'eucharistie, sont défenseurs du sens littéral, et les autres du sens figuré. C'est aussi par ce caractère que nous les distinguerons principalement les uns des autres, quoiqu'il y ait entre eux beaucoup d'autres démêlés très-graves et très-importants, comme la suite le fera paroître.

Les luthériens nous diront ici qu'ils prennent fort peu de part aux variations et à la conduite des zuingliens et des calvinistes; et quelques-uns de ceux-ci pourront penser à leur tour que l'inconstance des luthériens ne les touche pas; mais ils se trompent les uns les autres, puisque les luthériens peuvent voir dans les calvinistes les suites du mouvement qu'ils ont excité; et au contraire, les calvinistes doivent remarquer dans les luthériens le désordre et l'incertitude du commencement qu'ils ont suivi mais surtout les calvinistes ne peuvent nier qu'ils n'aient toujours regardé Luther et les luthériens comme leurs auteurs; et sans parler de Calvin, qui a souvent nommé Luther avec respect, comme le chef de la réforme, on verra dans la suite de cette histoire, tous les calvinistes (j'appelle ici de ce nom le second parti des protestants) allemands, anglois, hongrois, polonois, hollandois, et tous les autres généralement assemblés à Francfort 3, par les soins de la reine Elisabeth, après avoir reconnu ceux de la confession d'Augsbourg, c'est-à

1 Prov., XXII. 28. - 2 Lib. XII. - 3 Act, Auth. Blond., pag. 65.

dire, les luthériens, comme les premiers qui ont fait renaître l'Eglise, reconnoître encore la confession d'Augsbourg, comme une pièce commune de tout le parti, qu'ils ne veulent pas contredire, mais seulement la bien entendre; et encore dans un seul article, qui est celui de la cène, nommant aussi pour cette raison parmi leurs pères, non-seulement Zuingle, Bucer et Calvin; mais encore Luther et Mélanchthon; et mettant Luther à la tête de tous les réformateurs.

Qu'ils disent après cela que les variations de Luther et des luthériens ne les touchent pas nous leur dirons au contraire, que, selon leurs propres principes et leurs propres déclarations, montrer les variations et les inconstances de Luther et des luthériens, c'est montrer l'esprit de vertige dans la source de la réforme, et dans la tête où elle a été premièrement conçue.

On a imprimé à Genève, il y a longtemps, un recueil de Confessions de foi, où avec celle des defenseurs du sens figuré, comme celle de France et des Suisses, sont aussi celles des défenseurs du sens hittéral, comme celle d'Augsbourg, et quelques autres; et ce qu'il y a de plus remarquable, c'est qu'encore que les Confessions qu'on y a ramassées soient si différentes, et se condamnent les unes les autres en plusieurs articles de foi, on ne laisse pas néanmoins de les proposer, dans la préface de ce recueil, « comme un corps entier de la saine théologie, et comme des registres authentiques, » où il falloit avoir recours pour connoître la foi ancienne et primitive. » Elles sont dédiées aux rois d'Angleterre, d'Ecosse, de Danemark et de Suède, et aux princes et républiques par qui elles sont suivies. N'importe que ces rois et ces états soient séparés entre eux de communion aussi bien que de croyance. Ceux de Genève ne laissent pas de leur parler comme à des fidèles éclairés dans ces derniers temps par une grâce singulière de Dieu, de la véritable lumière de son Evangile, et ensuite de leur présenter à tous ces Confessions de foi, comme un monument éternel de la piété extraordinaire de leurs ancêtres.

C'est qu'en effet ces doctrines sont également adoptées par les calvinistes, ou absolument comme véritables, ou du moins comme n'ayant rien de contraire au fondement de la foi et ainsi, quand on verra dans cette histoire la doctrine des Confessions de foi, je ne dis pas de France ou des Suisses, et des autres défenseurs du sens figuré, mais encore d'Augsbourg, et des autres qui ont été faites par les luthériens, on ne la doit pas prendre pour une doctrine étrangère au calvinisme; mais pour une doctrine que les calvinistes ont expressément approuvée comme véritable, ou en tout cas épargnée comme innocente, dans les actes les plus authentiques qui se soient faits parmi eux. Je n'en dirai pas autant des luthériens, qui, au lieu d'être touchés de l'autorité des défenseurs du sens figuré, n'ont que du mépris et de l'aversion pour leurs sentiments. Leurs propres changements les doivent confondre. Quand on ne feroit seulement que lire les titres de leurs Confessions de foi dans ce recueil de Genève, et dans les autres livres de cette nature, où nous les voyons ramassées, on seroit étonné de leur multitude. La première qu'on voit paroître est celle d'Augsbourg, d'où les luthériens prennent leur nom. On la verra présenter à Charles V, en 1550; et on verra depuis qu'on y a touché et retouché plusieurs fois. Mélanchthon, qui l'avoit dressée, en tourna

1 Syntagma Conf. fidei. Gen. 1654.

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