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» et des saints qui connoissent Dieu, et le servent par la parole et le >> Saint-Esprit 1. » Il n'y a donc pas seulement le lien intérieur, qui est le Saint-Esprit ; mais encore l'extérieur, qui est la parole et la prédication : c'est pourquoi on dit ensuite que la légitime et véritable prédication en est la marque principale, à laquelle il faut ajouter les sacrements comme il les a institués 2. D'où l'on conclut que les Eglises qui sont privées de ces marques, « quoiqu'elles vantent la succes>>sion de leurs évêques, leur unité et leur ancienneté, sont éloignées » de la vraie Eglise de Jésus-Christ; et qu'il n'y a point de salut hors » de l'Eglise, non plus que hors de l'arche si l'on veut avoir la vie, >> il ne se faut point séparer de la vraie Eglise de Jésus-Christ 3. » Je demande qu'on remarque ces paroles, qui seront d'une grande conséquence, quand il faudra venir aux dernières réponses des ministres : mais en attendant, remarquons qu'on ne peut pas enseigner plus clairement que l'Eglise est toujours visible, et qu'elle est nécessairement composée de pasteurs et de peuple, que le fait ici la Confession helvétique.

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Mais comme on étoit contraint, selon ces idées, à trouver toujours une Eglise et un ministère où la vérité du christianisme se fût con-servée, l'embarras n'étoit pas petit; parce que, quoi qu'on pût dire, on sentoit bien qu'il n'y avoit ni grande ni petite Eglise composée de pasteurs et de peuple, où l'on pût montrer la foi qu'on vouloit faire passer pour la seule vraiment chrétienne. On est donc contraint d'ajouter que « Dieu a eu des amis hors du peuple d'Israël; que du>> rant la captivité de Babylone, le peuple a été privé de sacrifice >> soixante ans; que par un juste jugement de Dieu la vérité de sa >> parole et de son culte et la foi catholique sont quelquefois tellement >> obscurcies qu'il semble presque qu'ils soient éteints, et qu'il ne >> reste plus d'Eglise comme il est arrivé du temps d'Hélie, et en >> d'autres temps de sorte qu'on peut appeler l'Eglise invisible; non » que les hommes dont elle est composée le soient, mais parce » qu'elle est souvent cachée à nos yeux, et que connue de Dieu seul » elle échappe à la vue des hommes. » Voilà le dogme de l'Eglise invisible aussi clairement établi que le dogme de l'Eglise visible l'avoit été : c'est-à-dire que la réforme, frappée d'abord de la vraie idée de l'Eglise, la définit de manière que sa visibilité est de son essence; mais qu'elle est jetée dans d'autres idées par l'impossibilité de trouver une Eglise toujours visible de sa croyance.

Que ce soit cet inévitable embarras qui ait jeté les Eglises calviniennes dans cette chimère d'Eglise invisible, on n'en pourra douter après avoir entendu M. Jurieu. « Ce qui a porté, dit-il, quelques

Cap. XVII. ibid., p. 31.—2 Ibid., p. 33. -3 Ibid., p. 34, — 4 Syst., p. 226.

>> docteurs réformés » (il devoit dire, ce qui a porté des Eglises entières de la réforme dans leurs propres Confessions de foi) « à se » jeter dans l'EMBARRAS où ils se sont engagés en niant que la visi» bilité de l'Eglise fût perpétuelle; c'est qu'ils ont cru qu'en avouant » que l'Eglise est toujours visible, ils auroient eu peine à répondre à >> la question que l'Eglise romaine nous fait si souvent: où étoit >> notre Eglise il y a cent cinquante ans. Si l'Eglise est toujours vi>>sible, votre Eglise calvinienne et luthérienne n'est pas la véritable >> Eglise ; car elle n'étoit pas visible. » C'est avouer nettement la cause de l'embarras où ces Eglises se sont engagées : lui qui prétend avoir raffiné n'en sortira pas mieux, comme on verra: mais continuons à voir l'embarras des Eglises mêmes.

La Confession belgique imite manifestement l'helvétique, puisqu'elle dit «< que l'Eglise catholique ou universelle est l'assemblée de > tous les fidèles; qu'elle a été, qu'elle est, et qu'elle sera éternellement, à cause que Jésus-Christ son roi éternel ne peut pas être sans › sujets; encore que pour quelque temps elle paroisse petite, ET › COMME ÉTEINTE à la vue des hommes, comme du temps d'Achab et de ces sept mille qui n'avoient point fléchi le genou devant Baal'. >>

On ne laisse pas d'ajouter après 2, « que l'Eglise est l'assemblée des élus, hors de laquelle nul ne peut être sauvé; qu'il n'est pas permis de s'en retirer, ni de demeurer seul à part; mais qu'il faut s'unir à l'Eglise, et se soumettre à sa discipline; » qu'on la peut oir et connoître « par la pure prédication, la droite administration des sacrements 3, » et une bonne discipline ; « et c'est, dit-on, par là qu'on peut discerner certainement cette vraie Eglise dont il n'est pas permis de se séparer. >>

Il semble donc d'un côté qu'ils veulent dire qu'on la peut toujours ien connoître, puisqu'elle a de si claires marques; et qu'il n'est jaais permis de s'en séparer. Et d'autre part, si nous les pressons de ous montrer une Eglise de leur croyance, pour petite qu'elle soit, ujours visible, ils se préparent une échappatoire, en recourant à tte Eglise qui ne paroît pas, encore qu'ils n'osent pas trancher le ot, ni assurer absolument qu'elle est éteinte, mais seulement l'elle paroit comme éteinte.

L'Eglise anglicane parle ambigument. « L'Eglise visible, dit-elle. est l'assemblée des fidèles, où la pure parole de Dieu est prêchée, et où les sacrements sont administrés selon l'institution de JésusChrist, » c'est-à-dire qu'elle est ainsi quand elle est visible; mais n'est pas dire qu'elle soit toujours visible. Ce qu'on ajoute n'est 1 Art. 27. Ibid., p. 140. -2 Ibid., art. 28. -3 Ibid., art. 29. - 4 Ibid., art. 19. p. 103.

pas plus clair: « Comme l'Eglise de Jérusalem, celle d'Alexandrie et » d'Antioche ont erré, l'Eglise romaine a aussi erré dans la doc>>trine. » Savoir si en infectant ces grandes Eglises, qui étoient comme les mères de toutes les autres, l'erreur a pu gagner partout, en sorte que la profession de la vérité fût éteinte par toute la terre: on a mieux aimé n'en dire mot que de s'exposer d'un côté à un horrible inconvénient, en disant qu'il ne restât plus aucune Eglise où la vérité fût confessée; ou de l'autre, en reconnoissant que cela ne se peut, être obligé de chercher ce qu'on sait ne point trouver, c'est-à-dire une Eglise de sa croyance toujours subsistante.

Dans la Confession d'Ecosse, l'Eglise catholique est définie la société de tous les élus: on dit qu'elle est invisible et connue de Dieu seulement, qui seul connoit ses élus 1. On ajoute que la vraie Eglise a pour marque la prédication et les sacrements2; que partout où sont ces marques, quand il n'y auroit que deux ou trois hommes, là est l'Eglise de Jésus-Christ, au milieu de laquelle il est selon sa promesse : «< ce qu'on >> entend, poursuit-on, non de l'Eglise universelle dont on vient de » parler, mais de l'Eglise particulière d'Ephèse, de Corinthe, et ainsi » des autres, où le ministère avoit été planté par saint Paul; » chose étrange, de faire dire à Jésus-Christ que le ministère puisse être où il n'y a que deux ou trois hommes ! Mais il falloit bien en venir là; car de trouver une seule Eglise de sa croyance, où il y eût un ministère réglé, comme à Ephèse ou à Corinthe, toujours subsistant, on en perdoit l'espérance.

J'ai réservé la Confession des prétendus réformés de France pour la dernière, non-seulement à cause de l'intérêt particulier que je dois prendre à ma patrie, mais encore à cause que c'est en France que les prétendus réformés ont cherché depuis très-longtemps avec le plus de soin le dénouement de cette difficulté.

Commençons par le Catéchisme, où dans le dimanche xv, sur cet article du Symbole : Je crois l'Eglise catholique, on enseigne que ce nom lui est donné « pour signifier que comme il n'y a qu'un chef » des fidèles, ainsi tous doivent être unis en un corps; tellement » qu'il n'y a pas plusieurs Eglises, mais une seule, laquelle est épan» due par tout le monde. » Comment l'Eglise luthérienne ou calvinienne étoit épandue par tout le monde, lorsqu'à peine on la connoissoit en quelque coin; et comment on peut trouver en tout temps et dans tout le monde des Eglises de cette croyance : c'est où étoit la difficulté. On l'a vue, et on la prévient dans le dimanche suivant, où, après avoir demandé si cette Eglise se peut connoître autrement qu'en la croyant, on répond ainsi : « Il y a bien l'Eglise de Dieu via Ibid., art. 16. de Ecc., p. 118.-2 Art, 18. p. 119.

sible, selon qu'il nous a donné des enseignes pour la connoître ; mais ici (c'est dans le Symbole) il est parlé proprement de la com>pagnie de ceux que Dieu a élus pour les sauver, laquelle ne se peut >> pas pleinement voir à l'œil. »

On semble dire deux choses: la première, qu'il n'est point parlé d'Eglise visible dans le Symbole des apôtres la seconde, qu'au défaut d'une telle Eglise qu'on puisse montrer visiblement dans sa croyance, il suffira d'avoir son refuge à cette Eglise invisible qu'on ne peut pas pleinement voir à l'œil. Mais la suite met un obstacle aux deux points de cette doctrine, puisqu'on y enseigne « que nul n'ob>> tient pardon de ses péchés, que premièrement il ne soit incorporé >> au temple de Dieu, et persévère en unité et communion avec le >> corps de Christ, et ainsi qu'il soit membre de l'Eglise : » d'où l'on conclut que « hors de l'Eglise il n'y a que damnation et mort; et que >> tous ceux qui se séparent de la communion des fidèles, pour faire >>secte à part, ne doivent espérer salut, cependant qu'ils sont en >> division. » Assurément faire secte à part, c'est rompre les liens extérieurs de l'unité de l'Eglise : on suppose donc que l'Eglise, avec laquelle il faut être en communion pour avoir la rémission de ses péchés, a une double liaison, l'interne et l'externe, et toutes les deux sont nécessaires premièrement au salut, et ensuite à l'intelligence de l'article du Symbole touchant l'Eglise catholique; de sorte que cette Eglise, confessée dans le Symbole, est visible et reconnoissable dans son extérieur : c'est pourquoi aussi on n'a osé dire qu'on ne pouvoit pas la voir; mais qu'on ne pouvoit pas la voir pleinement, c'est-à-dire dans ce qu'elle a d'intérieur : chose dont personne ne dispute.

Toutes ces idées du Catéchisme étoient prises de Calvin, qui l'a composé car en expliquant l'article, Je crois l'Eglise catholique, il distingue l'Eglise visible d'avec l'invisible connue de Dieu seul, qui est la société de tous les élus1; et il semble vouloir dire que c'est de celle-là qu'il est parlé dans le Symbole : Encore, dit-il, que cet article regarde en quelque façon l'Eglise externe, comme si c'étoient deux Eglises, et qu'au contraire ce ne fût pas un fait constant que la même Eglise, qui est invisible dans ses dons intérieurs, se déclare par les sacrements et par la profession de sa foi. Mais c'est qu'on tremble toujours dans la réforme, lorsqu'il s'agit de reconnoitre la visibilité de l'Eglise.

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On agit plus naturellement dans la Confession de foi; et il a été démontré ailleurs qu'on n'y connoît d'autre Eglise que celle qui est visible. Le fait est demeuré pour constant, comme on verra dans la A Instit., lib. IV. c. 1. n. 2. -2 Ibid., n. 3. -3 Conf. avec M. Claude, n. 1, init.

suite. Aussi n'y avoit-il rien qui pût être moins disputé : car depuis l'article xxv, où cette matière commence, jusqu'à l'article xxxII, où elle finit, on suppose toujours constamment l'Eglise visible; et dès l'article xxv, on pose pour fondement que l'Eglise ne peut consister, sinon qu'il y ait des pasteurs qui aient la charge d'enseigner. C'est donc une chose absolument nécessaire; et ceux qui s'opposent à cette doctrine sont détestés comme fantastiques. D'où ou conclut, dans l'article XXVI, que nul ne se doit retirer à part, et se contenter de sa personne; de sorte qu'il est nécessaire d'être lié extérieurement avec quelque église vérité inculquée partout sans qu'il y paroisse un seul mot de l'Eglise invisible.

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Il faut pourtant remarquer que dans l'article XXVI, où il est dit qu'il n'est pas permis de se retirer à part, ni de se contenter de sa personne, mais qu'il faut se ranger à quelque Eglise; on ajoute, et ce en quelque lieu où Dieu aura établi un vrai ordre d'Eglise : par où on laisse indécis, si l'on entend qu'un tel ordre subsiste toujours.

Dans l'article XXVII, on avertit qu'il faut discerner avec soin quelle est la vraie Eglise : paroles qui font bien voir qu'on la suppose visible; et après avoir décidé que c'est la compagnie des vrais fidèles, on ajoute que parmi les fidèles il y a des hypocrites et des réprouvés, dont la malice ne peut effacer le titre d'Eglise où la visibilité de l'Eglise est de nouveau clairement supposée.

Par les principes qu'on établit en l'article xxvIII, l'Eglise romaine est excluse du titre de vraie Eglise; puisqu'après avoir posé ce fondement, « que là où la parole de Dieu n'est pas, et qu'on ne fait >> nulle profession de s'assujettir à elle, où il n'y a nul usage des sa>> crements, à parler proprement, on ne peut juger qu'il y ait aucune >> Eglise : >> on déclare que l'on «< condamne les assemblées de la pa» pauté, vu que la pure vérité de Dieu en est bannie, esquelles les » sacrements sont corrompus, abâtardis, falsifiés ou anéantis du tout, >> et esquelles toutes superstitions et idolâtries ont vogue: » d'où l'on tire cette conséquence : « Nous tenons donc que tous ceux qui se >> mêlent en tels actes, et y communiquent, se séparent et se re>> tranchent du corps de Jésus-Christ. >>

On ne peut pas décider plus clairement qu'il n'y a point de salut dans la communion romaine. Et ce qu'on ajoute, qu'il y a encore parmi nous quelque trace d'Eglise, loin d'adoucir les expressions précédentes, les fortifie; puisque ce terme emporte plutôt un reste et un vestige d'une Eglise qui ait autrefois passé par là, qu'une marque qu'elle y soit. Calvin l'entendoit ainsi, puisqu'il assuroit que la doctrine essentielle au christianisme y étoit entièrement oubliée 1. Mais l'em

1 Inst., liv, Iv. c. 2. n. 2.

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