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vivoit dans le crime, la grâce justifiante et la vraie foi, quoiqu'il ne fût exprimé en aucune Confession de foi, est semblablement décidé selon la doctrine de Calvin et l'esprit de la nouvelle réforme.

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On peut encore connoître le sentiment de tout le synode par celui du célèbre Pierre Dumoulin, ministre de Paris: c'étoit assurément de l'aveu de tout le monde, le plus rigoureux calviniste qui fût alors, et le plus attaché à la doctrine que Gomar soutenoit contre Arminius. Il envoya à Dordrect son jugement sur cette matière, qui fut lu et approuvé de tout le synode, et inséré dans les actes. Il déclare qu'il n'avoit pas eu le loisir de traiter toutes les questions; mais il établit tout le fond de la doctrine du synode, lorsqu'il décide que nul n'est justifié que celui qui est glorifié par où il condamne les arminiens en ce qu'ils enseignent qu'il y a des justifiés qui perdent la foi et sont damnés ; et encore plus clairement dans ces paroles : « Quoique >> le doute du salut entre quelquefois dans l'esprit des vrais fidèles, >> Dieu commande néanmoins dans sa parole que nous en soyons >> assurés ; et il faut tendre de toutes ses forces à cette certitude, où >> il ne faut pas douter que plusieurs n'arrivent; et quiconque est » assuré de son salut, l'est en même temps que Dieu ne l'abandon» nera jamais, et ainsi qu'il persévévera jusqu'à la fin. » On ne peut pas plus clairement regarder le doute comme une tentation et une foiblesse, et la certitude comme un sentiment commandé de Dieu. Ainsi le fidèle n'est pas assuré qu'il ne tombera pas dans les plus grands crimes, et qu'il n'y demeurera pas Ing temps comme David : mais il ne laisse pas d'être assuré que Dieu ne l'abandonnera jamais, et qu'il persévérera jusqu'à la fin. C'est un abrégé du synode: aussi résolut-on dans cette assemblée de rendre grâces à Dumoulin pour le jugement très-exact qu'il avoit porté sur cette matière, et pour son consentement avec la doctrine du synode.

Quelques-uns ont voulu douter si la certitude que le synode établit dans chaque fidèle pour son salut particulier est une certitude de foi mais on cessera de douter, si on remarque que la certitude dont il est parlé est toujours exprimée par le mot de croire, qui dans le synode ne se prend que pour la vraie foi; joint que cette certitude, selon le même synode, n'est que la foi des promesses appliquées par chaque particulier à soi-même et à son salut éternel, avec le sentiment certain qu'on a dans le cœur de la sincérité de sa foi de sorte qu'afin qu'il ne manque aucun genre de certitude, on a celle de la foi jointe à celle de l'expérience et du sentiment.

Ceux de tous les opinants qui expliquent le mieux le sentiment du

1 Ci-dessus, liv. Ix; Conf. Belg., art. 24; Syn. Gen., i part. pag. 139. - Sess. 103, 104. pag. 289, 300.-3 Ubi supr., p. 291. - 4 Ibid., p. 300.

synode, sont des théologiens de la Grande-Bretagne; car après avoir avoué avec tous les autres dans le fidèle une espèce de doute de son salut, mais un doute qui vient toujours de la tentation, ils expliquent très-clairement : « qu'après la tentation l'acte par lequel on >> croit qu'on est regardé de Dieu en miséricorde, et qu'on aura >> infailliblement la vie éternelle, n'est pas un acte d'une opinion » douteuse, ni d'une espérance conjecturale où l'on pourroit se tromper, cui falsum subesse potest; mais un acte d'une vraie et vive foi » excitée et scellée dans les cœurs par l'esprit d'adoption 1 : » en quoi ces théologiens semblent aller plus avant que la Confession anglicane 2, qui paroît avoir voulu éviter de parler si clairement sur la certitude du salut, comme on a vu 3.

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Quelques-uns ont voulu penser que ces théologiens anglois n'étoient pas de l'avis commun sur la justice qu'on attribuoit aux fidèles tombés dans les grands crimes pendant qu'ils y persévèrent, comme fit David; et ce qui peut faire douter, c'est que ces docteurs décident formellement que ces fidèles sont en état de damnation, et seroient damnés s'ils mouroient: d'où il s'ensuit qu'ils sont déchus de la grâce de la justification, du moins pour ce temps. Mais c'est ici de ces endroits où il faut que tous ceux qui sont dans l'erreur tombent nécessairement en contradiction: car ces théologiens se voient contraints par leurs principes erronés à reconnoître d'un côté que les fidèles ainsi plongés dans le crime seroient damnés s'ils mouroient alors; et de l'autre, qu'ils ne déchéent pas de l'état de la justification 3.

Et il ne faut pas se persuader qu'ils confondent ici la justification avec la prédestination; car, au contraire, c'est ce qu'ils distinguent très-expressément : et ils disent que ces fidèles plongés dans le crime non-seulement ne sont pas déchus de leur prédestination, ce qui est vrai de tous les élus, « mais qu'ils ne sont pas déchus de la foi, ni » de ce germe céleste de la régénération et des dons fondamentaux » sans lesquels la vie spirituelle ne peut subsister; de sorte qu'il est >> impossible que les dons de la charité et de la foi s'éteignent tout à >> fait dans leurs cœurs ils ne perdent point tout à fait la foi, la » sainteté, l'adoption ; ils demeurent dans la justification univer» selle, qui est la justification très-proprement dite, dont nul crime >> particulier ne les peut exclure: » ils demeurent dans la justification, «< dont le renouvellement intérieur et la sanctification est insé>> parable 1o; » en un mot, ce sont des saints qui seroient damnés s'ils mouroient.

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▲ Sent. Theol. Mag. Brit. C. de persev. certit. quoad nos. Th. 111. p. 218; Ibid., Th. 19. p. 219.—2 Conf. Ang., art. 17; Synt. Gen., 1. p. 102. — 3 Ci-dessus, liv. x. n. 23. — 4 Sent. Theol. Mag. Brit. C. de persev. certit. quoad nos. Th. 111, 1v, — 5 Ibid., Th. u. pag. 212. — Ib., Th. v. p. 213; 1v. p. 214.—7 Ib., 215. — 8 lb., Th. vii.—9 Ib., Th. vI.— 10 Įb., p. 214, 215.

On étoit bien embarrassé, selon ces principes, à bien expliquer ce qui restoit dans ces saints plongés dans le crime. Ceux d'Embden demeurent d'accord que la foi actuelle n'y pouvoit rester, et qu'elle étoit incompatible avec le consentement aux péchés griefs. Ce qui ne se perdoit pas, c'étoit la foi habituelle, celle, disoient-ils, qui subsiste en l'homme lorsqu'il dort, ou qu'il n'agit pas1: mais aussi cette foi habituelle répandue dans l'homme par la prédication et l'usage des sacrements, est la vraie foi vive et justifiante ; d'où ils concluoient que le fidèle parmi ces crimes énormes ne perdoit ni la justice, ni le Saint-Esprit et lorsqu'on leur demandoit s'il n'étoit pas aussi bon de dire qu'on perdoit la foi et le Saint-Esprit pour les recouvrer après, que de dire qu'on en perdoit seulement le sentiment et l'énergie, sans perdre la chose; ils répondoient qu'il ne falloit pas ôter au fidèle la consolation de ne pouvoir jamais perdre « la foi ni le >> Saint-Esprit en quelque crime qu'il tombât contre sa conscience. »Car ce seroit, disoient-ils, une froide consolation de lui dire : »Vous avez tout à fait perdu la foi et le Saint-Esprit; mais peut-être » que Dieu vous adoptera et vous régénérera de nouveau, afin que >> vous lui soyez réconcilié. » Ainsi à quelque péché que le fidèle s'abandonne contre sa propre conscience, on lui est si favorable, qu'on ne se contente pas, pour le consoler, de lui laisser l'espérance du retour futur à l'état de grâce; mais il faut qu'il ait encore la consolation d'y être actuellement parmi ses crimes.

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Il restoit encore la question, savoir ce que faisoient dans les fidèles ainsi livrés au péché la foi et le Saint-Esprit, et s'ils y étoient tout à fait sans action. On répondoit qu'ils n'étoient pas sans action; et l'effet qu'ils produisoient, par exemple dans David, étoit qu'il ne péchoit pas tout entier : Peccavit David, at non totus ; et qu'il y avoit un certain péché qu'il ne commettoit pas. Que si enfin l'on poussoit la chose jusqu'à demander quel étoit donc ce péché où l'homme pèche tout entier, et dans lequel le fidèle ne tombe jamais, on répondoit que « ce n'étoit pas une chute particulière du chrétien » en tel et tel crime contre la première ou la seconde Table; mais une » totale et universelle défection et apostasie de la vérité de l'Evan» gile, par laquelle l'homme n'offense pas Dieu en partie et à demi, » mais par un mépris obstiné il en méprise la majesté toute entière, >> et s'exclut absolument de la grâce . » Ainsi jusqu'à ce qu'on en soit venu à ce mépris obstiné de Dieu et à cette apostasie universelle, on a toujours la consolation d'être saint, d'être justifié et régénéré, et d'avoir le Saint-Esprit habitant en soi.

↑ Jud. Theol. Embd, de v. art. ch. 1. n. 44, 52. p. 266, 267. — 2 Ibid., n. 45, 270. — 3 Ibid., , 50, 51. — 4 Ibid., n. 30. p. 265. — 5 Ibid., n. 54. p. 267.—6 Ibid., n. 60, p. 268.

Ceux de Brême ne s'expliquent pas moins durement, lorsqu'ils disent que ceux « qui sont une fois vraiment régénérés ne s'égarent >> jamais assez pour s'écarter tout à fait de Dieu par une apostasie uni» verselle, en sorte qu'ils le haïssent comme un ennemi, qu'ils pé» chent comme le diable par une malice affectée, et se privent des » biens célestes : c'est pourquoi ils ne perdent jamais absolument la >> grâce et la faveur de Dieu 1; » de sorte qu'on demeure dans cette grâce, bien régénéré, bien justifié, pourvu seulement qu'on ne soit pas un ennemi déclaré de Dieu, et aussi méchant qu'un démon. Ces excès sont si grands que les protestants en ont honte, et qu'il y a eu même quelques catholiques qui n'ont pu se persuader que le synode de Dordrect y fût tombé. Mais enfin voilà historiquement, avec les décrets du synode, les avis des principaux opinants. Et afin qu'on ne doutât point de tous les autres, outre ce qui est inséré dans les actes du synode, que tout y fut décidé avec un consentement unanime de tous les opinants sans en excepter un seul 2; j'ai expressément rapporté les opinions où ceux qui veulent excuser le synode de Dordrect trouvent le plus d'adoucissement.

Outre ces points importants, nous en voyons un quatrième expressément décidé dans ce synode; et c'est celui de la sainteté de tous les enfants des fidèles. On s'étoit expliqué différemment sur cet article dans les actes de la nouvelle réforme 3. Nous avons vu cette sainteté des enfants formellement établie dans le Catéchisme des calvinistes de France, et il y est dit expressément que tous les enfants des fidèles sont sanctifiés et naissent dans l'alliance: mais nous avons vu le contraire dans l'accord de ceux de Genève avec les Suisses; et la sanctification des petits enfants même baptisés y est restreinte aux seuls prédestinés. Bèze semble avoir suivi cette restriction dans l'Exposition déjà citée ; mais le synode de Dordrect prononce en faveur de la sainteté de tous les enfants des fidèles, et ne permet pas aux parents de douter de leur salut : article dont nous avons vu qu'il suit plus clair que le jour, selon les principes du synode, que tous les enfants des fidèles, et tous les descendants de ces enfants jusqu'à la consommation des siècles, si leur race dure autant, sont du nombre des prédestinés.

Si toutes ces décisions, qui paroissent si authentiques, font un fondement si certain dans la nouvelle réforme, qu'on soit privé du salut et retranché de l'Eglise en les rejetant, c'est ce que nous avons à examiner en expliquant la procédure du concile.

↑ Jud. Brem. de v. art. n. 12, 13. p. 254, 255. — 2 Sess. 125, 130. et præf. ad Ecc. - Cidessus, liv. ix. n. 10, 11, 12, 19. — Ibid., n. 20, 21.5 Expos, de la foi, ch. Iv; Conc. 13. p. 80.6 Sess. 36. cap. de Prædest., art. 17; Ci-dessus, n. 37.

La première chose que j'y remarque, c'est une requête des remontrants, où ils exposent au synode qu'ils ont été condamnés, traités d'hérétiques et excommuniés par les contre-remontrants, leurs collègues et leurs parties; qu'ils sont pasteurs comme les autres, et qu'ainsi naturellement ils devroient avoir séance dans le synode avec eux; que si on les en exclut comme parties dans le procès, leurs parties doivent être excluses aussi bien qu'eux autrement qu'ils seroient ensemble juges et parties, qui est la chose du monde la plus inique 1.

C'étoit visiblement les mêmes raisons pour lesquelles tous les protestants avoient récusé le concile des catholiques, pour lesquelles les zuingliens en particulier s'étoient élevés contre le synode des ubiquitaires, qui les avoit condamnés à lène, comme on a vu 2. Les remontrants ne manquoient pas de se servir de ces exemples. Ils produisoient principalement les griefs contre le concile de Trente, où les protestants avoient dit : « Nous voulons un concile libre; un con>>cile où nous soyons avec les autres ; un concile qui n'ait pas pris >> parti; un concile qui ne nous tienne pas pour hérétiques : autre»ment nous serions jugés par nos parties 3. » Nous avons vu que Calvin et les calvinistes avoient allégué les mêmes raisons contre le synode de lène. Les remontrants se trouvoient dans le même état, quand ils voyoient François Gomar et ses adhérents assis dans le synode au rang de leurs juges et se voyoient cependant exclus, et traités comme coupables : c'étoit préjuger contre eux avant l'examen de la cause; et ces raisons leur paroissoient d'autant plus convaincantes, que c'étoit visiblement celles de leurs pères contre le concile de Trente, comme ils le faisoient voir par leur requête *.

Après qu'on eut lu cette requête, on leur déclara «< que le synode >> trouvoit fort étrange que les accusés voulussent faire la loi à leurs >> juges, et leur prescrire des règles; et que c'étoit faire injure non» seulement au synode, mais encore aux états-généraux qui les >> avoient convoqués, et qui leur avoient commis le jugement : » qu'ainsi ils n'avoient qu'à obéir ".

C'étoit leur fermer la bouche par l'autorité du souverain; mais ce n'étoit pas satisfaire à leurs raisons, ni aux exemples de leurs pères, lorsqu'ils avoient décliné le jugement du concile de Trente. Aussi n'entra-t-on guère dans cet examen. Les délégués des états, qui assistoient au synode avec toute l'autorité de leurs supérieurs, jugèrent que les remontrants n'étoient pas recevables dans leurs demandes",

1 Sess. 25. pag. 65 et seq.-2 Ci-dessus, liv. vIII. num. 42. — 3 Ibid., num. 70, 81.— 4 Syn., Dordr., ibid., p. 70, 71, 72, etc.; 81, etc. - 5 Ibid., p. 80.—6 Sess. 26. p. 82, 83.—7 Sess. 26. pag. 81.

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