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puis deux pièces servant d'introduction et extraites, l'une de la préface déjà exploitée du recueil espagnol, l'autre de l'ancien recueil gaulois du cinquième siècle, enfin les conciles grecs, africains, gaulois et espagnols, exactement d'après le recueil espagnol augmenté, tel qu'il était vers 683. La troisième partie, après une préface copiée encore du recueil espagnol, contient, dans l'ordre chronologique, les décrets des papes depuis Sylvestre († 335) jusqu'à Grégoire II († 731), parmi lesquels aussi trente-cinq faux décrets et plusieurs conciles controuvés. Les pièces authentiques sont prises du recueil espagnol, de l'ancien recueil gaulois et de celui de Denys; quelques-unes sont falsifiées par des interpolations. Après le décret de Grégoire II, qui terminait originairement le manuscrit, viennent, écrites de la même main, quelques pièces sous le nom de Symmaque (514), notamment deux faux conciles romains; ce supplément est lui-même suivi d'un second de la même main. L'ouvrage est au fond, comme le prouvent les préfaces et la seconde partie, le recueil espagnol attribué à l'évêque Isidore de Séville, avec intercalation des nouvelles pièces aux places auxquelles elles se rapportent. Les sujets dont s'occupent les fausses décrétales sont très-divers; elles traitent de questions de dogme, de la dignité et prééminence de l'Église de Rome, de la hiérarchie supérieure, des accusations et poursuites des évêques et clercs, de l'appel au saint-siége, des usurpateurs de biens d'Eglise, de l'ordination, des chorévêques, curés et diacres, du baptême, de la con

4. Le plus ancien manuscrit susmentionné porte même en tête de la préface: Incipit præfatio S. Isidori episcopi libri hujus. Isidorus Mercator servus Christi lectori conservo suo et parenti in Domino fidei salutem. Le surnom Mercator manque entièrement dans d'autres manuscrits ou bien est corrigé dans quelques-uns en celui de Peccator que se donnaient fréquemment les évêques. D'après Blasco il y aurait aussi des manuscrits portant originairement

Peccator.

firmation et du mariage, de la messe et du jeûne, de la fête de Pâques, de l'invention de la Croix, de la translation des corps des apôtres, du saint chrême, de l'eau bénite, de la consécration des églises, de la bénédiction des fruits de la terre, des vases sacrés et habits sacerdotaux; plusieurs concernent des affaires personnelles ; enfin, dans la majeure partie du texte, les fausses décrétales ne présentent que des exhortations générales de morale et de religion, La collection passait pour le vrai recueil d'Isidore de Séville', dont Riculfe, évêque de Mayence (787-814), avait reçu, disait-on, un exemplaire d'Espagne. Les fausses décrétales furent donc invoquées comme les autres par les évêques et les conciles francs lorsqu'elles paraissaient propres au soutien de la discipline dominante, et jusqu'au douzième siècle le recueil se répandit par copies ou extraits dans l'Em

1. Hincmar. Rhem. († 882) opusc. XLVIII. c. xxII-xxv. Scriptum namque est in quodam sermone sine exceptoris nomine de gestis S. Silvestri excepto, quem Isidorus episcopus Hispalensis collegit cum epistolis romanæ Sedis Pontificum a S. Clemente usque ad B. Gregorium, eumdem S. Silvestrum decrevisse, ut nullus laicus crimen clerico audeat inferre, etc. Il est ici parlé de l'extrait fait par le pseudo-Isidore du canon faux, mais plus ancien de Silvestre. Hincmar le combattait comme contraire à la discipline ecclésiastique; du reste il cite lui-même plusieurs fois dans ses épîtres les autres décrétales.

2. Hincmar. Rhem, opusc. contra Hincmar. Laudun, c. xxiv. Si vero ideo talia quæ tibi visa sunt, de præfatis sententiis (Angilramni) ac sæpe memoratis epistolis detruncando, et præposterando, atque disordinando conlegisti, quia forte putasti neminem alium easdem sententias, vel ipsas epistolas præter te habere, et idcirco talia libere te existimasti posse conligere : res mira est, cum de ipsis sententiis plena sit ista terra, sicut et de libro conlectarum epistolarum ab Isidoro, quem de Hispania adlatum Riculfus Magontinus episcopus, in hujusmodi sicut et in capitulis regiis studiosus, obtinuit, et istas regiones ex illo repleri fecit. Les fausses décrétales n'ayant pas été fabriquées en Espagne, ainsi qu'il est démontré plus bas, l'ouvrage que la fin du texte fait apporter par Riculfe est nécessairement le recueil espagnol pur. Eichorn. I. 157. a aussi accepté cette opinion.

pire, même en Italie et en Angleterre. Il ne circula pas ainsi sans subir des modifications, notamment dans la troisième partie; le supplément de pièces de Symmaque fut incorporé dans le recueil, l'ordre changé, de nouvelles pièces authentiques et fausses ajoutées. Ainsi répandues, les fausses décrétales passèrent en plus ou moins grand nombre dans les collections systématiques qui parurent du dixième au douzième siècle.

S2 (le 90 de Walter). Découverte du faux.

Comme les pièces fausses insérées dans les recueils ultérieurs ne contenaient rien d'opposé aux textes qu'elles accompagnaient, la fausseté n'en fut pas remarquée à une époque où l'on n'envisageait que l'application des sources et non leur origine. Mais dès le quinzième siècle quelques savants déclarèrent fausses les décrétales attribuées aux premiers Papes', et dans le seizième, surtout après l'impression du recueil entier, ce point fut bientôt évident pour les critiques d'Allemagne et de France". Exploitant cette trouvaille

1. Les Ballerini Part. III. Cap. VI. S VI. Cap. vII. vII. décrivent de ces manuscrits. C'est d'après un exemplaire ainsi modifié et augmenté qu'est imprimé le texte qui forme toute la première partie du recueil de Conciles de Merlin, Paris 1524. Cologne 1530. Cette première partie est la seule édition existante du recueil comme tel. 2. Nicolaus Cusanus de concordia catholica, Lib. III. Cap. п., Joan, a Turrecremata Summ. eccles. Lib. II. Cap. CI.

3. C'est ce qu'atteste Georges Cassandre dans la Defensio insontis libelli de pii viri officio publiée sous l'anonyme vers 1564: De reliquis, quæ Clementis, Anacleti, Evaristi, Alexandri, Telesphori, etc., nomine circumferuntur, qui credi possit, ut ea homo veritatis et sinceritatis amantissimus tantopere probet, cum pleraque eorum et olim ab ipsis Pontificibus inter apocrypha sint rejecta, et postremis hisce sæculis nostraque etiam ætate a viris prudentissimis et doctissimis, adjectis gravissimis et firmissimis rationibus, in dubium sint vocata, in quibus est Nicolaus Cusanus, vir rerum ecclesiasticarum peritissimus acerrimique judicii. Erasmi vero nostri

de his scriptis judicium omnibus notum est.

4. Déjà Dumoulin s'était exprimé très-nettement sur ce point à

dans l'intérêt de leur polémique, les savants protestants, associés pour la composition d'une histoire de l'Eglise, poussèrent plus avant la démonstration du faux1. En vain le jésuite Torres tenta de défendre contre eux l'autorité des épîtres; dans une ample dissertation entachée de fiel, mais remarquable la sapar gacité et l'érudition, le prédicateur réformé Blondel mit la chose hors de doute'. Plus tard, la critique incisive des frères Ballerini a encore démontré la fausseté de plusieurs pièces importantes que Blondel lui-même avait tenues pour authentiques. C'est dans Blondel et les Ballerini que les auteurs postérieurs ont directement ou indirectement puisé leur matériel historiqne et critique; seulement chacun a cherché à y mêler quelques-unes des idées qui le préoccupaient.

l'occasion du c. 11. D. XXII. Lecomte exposa de la manière la plus formelle les preuves générales du faux dans l'épître dédicatoire de son édition livrée à l'impression avant 1556, mais mise au jour seulement en 1570. Le passage en question qui paraît avoir motivé la suppression de l'épître par la censure se trouve en tête du quatrième volume de C. Molinai Opera omnia ed. Franc. Pinson.

1. Ecclesiastica historia congesta per aliquot studiosos et pios viros in urbe Magdeburgica. Tom. II. (Basil. 1560) Cap. vi. Tom. III. (Basil. a. 1561) Cap. VII.

2. Franc. Turrianus adversus Magdeburgenses Centuriatores pro canonibus Apostolorum et epistolis decretalibus pontificum Apostolicorum libri V. Florent. 1572. Colon, 1573. 4.

3. Dav. Blondelli Pseudo-Isidorus et Turrianus vapulantes. (Genev.) 1628. 4.

4. Ballerini Part. III. Cap. VI. (Galland. T. I. p. 528-58.) 5. Z. B. Van-Espen de collectione Isidori Mercatoris (Oper. omn. T. III. Lavan. 1753), C. Blascus de collectione canonum Isidori Mercatoris. Neap. 1760. 4. (Galland. T. II. p. 1-150), Spittler Geschichte des canonischen Rechts (Halle 1778) § 59 60., J. Ant. Theiner de Pseudo-Isidoriana canonum collectione. Vratisl. 1827. 8., Eichorn Kirchenrecht I. 147-68., F. H. Knust de fontibus et consilio Ps.-Isidorianæ collectionis. Götting. 1832. 4. Quant à la partie dogmatique des fausses décrétales, Möhler en traite avec sa sagacité accoutumée dans Tübinger theolog. Quartalschrift Jahrg. 1829. Heft. III. Jahrgang 1832. Heft I.

$ 3.

· Origine probable des fausses décrétales.

Ne pouvant nier le faux, les écrivains ultramontains se sont appliqués à en atténuer l'importance, en soutenant: 1° que ce recueil fut fabriqué, non en Italie, mais dans les Gaules; 2o que d'ailleurs les fausses décrétales n'exercèrent aucune influence sérieuse sur la discipline de l'Église. De ces deux propositions, la première est au moins fort contestable; la seconde nous semble absolument fausse (voir ci-après, § 4).

Sur l'origine des fausses décrétales, il faut peser les raisons données, pour et contre, par M. Walter, d'une part (Manuel, § 91), et M. Eichorn, d'autre part, dans son bel ouvrage Staats und Rechts Geschichte, tome I, p. 588 et suiv., et dans son Histoire du droit ecclésiastique, tome I, p. 147-168.

M. Eichorn établit, par des raisons auxquelles il semble difficile de répondre, que c'est à Rome que les fausses décrétales prirent naissance, et que c'est de là qu'elles se répandirent en France et en Allemagne. Fabronius et Theuler sont du même avis.

Contrairement à l'opinion de M. Walter, qui fixe la composition du recueil entre les années 836 et 857, M. Eichorn estime que cette composition est bien plus ancienne et qu'il convient de la placer entre Grégoire III (731) et Adrien Ier (772), époque où elle était déjà connue sous le titre de Decreta priscorum pontificum. A l'appui de cette opinion, il rappelle qu'en 785, le Pape Adrien I envoya quelques-uns de ces décrets à l'évêque Angelram de Metz. Riculfe, archevêque de Mayence, mort en 814, en reçut de Rome quelques autres. Un capitulaire de 806 contient un passage des faux actes synodaux du Pape Sylvestre. En 829, un synode de Paris emprunte un canon à une lettre fabriquée d'Urbain I. En 833, les évêques français, ennemis de Louis le Débonnaire, démontrent au Pape Grégoire IV, par de faux décrets de ses prédécesseurs, qu'il a le droit de pro

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