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Elle s'avance d'un pas tremblant, puis après un long et humide regard d'amour, jeté sur celui qui l'a conduite à l'autel, elle lui tend franchement et de tout son cœur sa gentille petite main. Elle est à vous! Loin de nous, désirs effrénés, séduisantes images, voluptueuses pensées! loin de nous! N'allez pas de votre contact impur souiller cette fleur virginale dont la corolle brille encore de toute sa splendeur! Enveloppez-la une dernière fois, de vos regards de respectueux amour; pressez-la sur votre sein baletant d'espoir et d'ivresse; laissez sur ses lèvres humides d'innocence et de eandeur, le premier, le seul baiser pur et suave, le baiser de l'époux! Elle est à vous! Protégez-la donc, aimez-la donc, supportez-la done! et puisqu'elle doit être votre compagne de tous les jours, puisqu'elle est là, près de vous, jusqu'à la mort, terme fatal où vont inévitablement aboutir toutes les jouissances de ce monde; puisqu'elle doit être la mère de vos enfants, puisqu'elle doit être l'amie fidèle, invariable, "aux heureux jours amie, aux mauvais jours amante,' puisque c'est dans son sein que s'épancheront désormais ces tristes et funestes intrus de toutes les situations sociales, les chagrins et les peines; puisque c'est à elle que vous confiez votre bonheur, la tranquillité de votre vie, la douceur de votre existence, honorez-la, respectez-la surtout !

Mais voilà qu'à vos yeux enchantés apparaît un charme de plus. La jeune fille n'est plus, mais la plus noble des créatures vous appartient; elle est digne de vous; elle a rempli le but de la providence, elle vous donne un nouveau gage de sa tendresse, de son abnégation; douloureux sacrifice qui ne s'accomplit que dans les larmes, sacrifice pourtant dont elle cherche encore à vous celer l'héroïsme, en s'efforçant d'entr'ouvrir par un sourire ses lèvres bleuies par la souffrance... elle est mère !...

Ah! du moins maintenant, vous la connaissez ; vous allez, empressé et content, lui ôter une partie de la rude tâche qui lui est imposée; vous allez vous faire petit, tout petit, pour l'élever ce gage qu'elle vient de vous donner, pour guider ses pas tremblants, pour jeter dans son cœur, si jeune et si

sensible déjà, les germes de tous les sentiments nobles et bons qui ornent le cœur de sa mère; vous allez lui apprendre à lever là-hant ces grands yeux si pleins de grâce; vous allez lui montrer du doigt où est l'auteur de tout bien, celui que prie sa mère, le bon Dieu de maman! Mais non, c'est encore elle, la courageuse femme, qui se chargera de tous ces soins, si pénibles pour l'homme, mais qu'elle appelle, dans son doux langage, les faciles devoirs d'une mère.

Ne me citez pas toutes ces femmes célèbres, héroïnes échevelées qui ont usurpé le sceptre de l'homme, abandonné la route que leur avait tracé la nature, recherché dans les camps et jusque sur le trône, le bonheur qu'elles n'auraient trouvé qu'au foyer domestique. Jeanne-d'Arc, Christine, Agnès-Sorel, Elizabeth, seront pour nous des femmes célèbres, mais jamais des femmes ! A nous la femme modeste et simple, l'épouse affectionnée, la mère tendre, la compagne aimable, l'amie de tous les instants: à nous la femme sans prétention, la femme de piété, de religion! à nous la femme telle que Dieu la créa, faible de corps, mais forte de l'ame, fesant tendre toutes ses facultés au bien-être et au contentement de l'homme de son choix. A nous Josephte! Nous la trouverons, messieurs; mon cœur me le dit, et le cœur, vous savez, trompe rarement !

PETER L. McDonnell (1).

1847.

BIENFAITS.

Moi je chéris l'enfance
Encore à son berceau,
Couvre son innocence
Du voile le plus beau ;
Je console la femme
Au jour de sa douleur,
Et porte dans son âme
La paix et le bonheur.

(') M. McDonnell est avocat au barreau de Montréal.

Je donne du courage
A l'homme industrieux,
Qui désire en partage
Un domicile heureux.

Je réjouis la vierge
Confiante, sans détour,
Et fais luire le cierge
Qu'allume son amour.

J'éloigne la misère
Du plus obscur réduit ;
Veille sur le vieux père
Pour qu'il ne soit maudit.

A pleines mains je donne
Les grâces, les bienfaits,
Des vertus la couronne
Qui ne périt jamais.

Devinez ma science,
Elle brille sans fard;
Je suis la tempérance
Avec un doux regard.

Nous nous soumettons tous à ta voix angélique
Parmi nous descendue, auguste vérité ;

Et des hommes unis, la jeune république,

Si pleine de ferveur, bénit ta sainteté.

CHS. LEVESQUE.

1847.

ESSAI LU DEVANT L'INSTITUT CANADIEN DE MONTRÉAL.

DE LA POSITION ET DES BESOINS DE LA JEUNESSE
CANADIENNE-française.

M. LE PRÉSIDENT ET MESSIEURS,-Ayant, comme chacun de vous, une tâche à remplir dans l'Institut, j'ai choisi, pour m'en acquitter ce soir, un sujet qui mérite toute votre attention. Je voudrais pouvoir le traiter de manière à

vous faire sentir vivement la pénible position dans laquelle se trouve placée la jeunesse canadienne-française, par suite des événements politiques qui se sont succédés depuis 1759. Je voudrais, si j'en avais la capacité, vous faire un tableau fidèle des besoins sociaux qu'elle ressent, et des moyens qu'il faudrait adopter pour y satisfaire.

Mais une question d'un intérêt aussi vitale pour le maintien de la nationalité française, en Canada, demanderait à être traitée par une plume plus habile, plus exercée, plus expérimentée que la mienne. Elle devrait occuper l'attention des premiers hommes du pays, puisqu'elle renferme le principe de toutes les choses qui peuvent et doivent exercer quelque influence sur son avenir, sa prospérité, sa grandeur future. A défaut cependant de l'œuvre d'un homme mûr, savant, pratique et réfléchi, j'ose espérer que l'Institut voudra bien recevoir, avec son indulgence ordinaire, le faible travail d'un de ses membres.

Cet essai n'aura le mérite d'instruire personne. Vous n'y rencontrerez rien de neuf, rien qui ne soit parfaitement connu et surtout parfaitement senti de tous les jeunes canadiens. Je veux seulement que du sein de notre société une plainte s'élève vers les hommes qui président à nos destinées. Je veux troubler pendant quelques minutes le sommeil léthargique dans lequel ils sont plongés; leur faire ouvrir les yeux, s'il est possible; les engager à nous favoriser d'un simple regard, à s'apercevoir que nous ressentons le mal qui nous étreint. Puis ils seront libres de retomber, et ils retomberont sans aucun doute dans leur nonchalance criminelle, jusqu'à ce qu'un autre cri de douleur les en tire de nouveau.

L'entreprise est téméraire. Elle exigera parfois l'emploi d'un langage qui n'aura rien de flatteur; elle me conduira à dire des vérités qui pourront blesser l'orgueil national des Mais, tout en s'éloi

uns et la susceptibilité des autres.

gnant de l'injure et des personnalités, il faut encore avoir le courage de dire sa pensée. C'est à quoi je m'appliquerai dans ce qui va suivre.

Avant de parler du Canada, jetons un coup-d'œil rapide à l'étranger, et voyons ce qui s'y passe. On voit chez toutes les populations, chez tous les peuples ayant la légitime ambition de se perpétuer en conservant le rang qu'ils occupent au milieu des populations et des peuples du monde, ou qui aspirent à l'occupation d'un poste plus élevé dans la hiérarchie des nations, on voit, dis-je, le gouvernement, de concert avec les hommes les plus éclairés de la nation, s'occuper avec une sollicitude toute paternelle de l'avenir des jeunes générations. L'expérience des siècles leur a enseigné que tout l'édifice social d'un peuple repose sur sa jeunesse; qu'il faut la préparer à maintenir, à défendre et à propager dans un temps très rapproché, les mœurs, les institutions, les intérêts et la prospérité du pays; que la jeunesse est enfin, comme on l'a dit très véridiquement et très poétiquement, l'espoir de la patrie. C'est de l'argile placée entre leurs mains par le Créateur de toutes choses: selon qu'ils sont habiles ou non, il en sort une œuvre plus ou moins belle, plus ou moins forte, plus ou moins durable.

Aux Etats-Unis, en Angleterre, en Prusse, en Suisse, mais surtout en France, de nombreuses institutions sont établies pour préparer la jeunesse qui sort des écoles élémentaires et des colléges à remplacer les citoyens utiles que les infirmités, les maladies et la mort enlèvent incessamment au service de la société. Les différentes voies que les jeunes gens ont à parcourir, pour parvenir à la destination que leur ont assignée leurs aînés, sont débarrassées de tous les obstacles qui peuvent arrêter le progrès des études ou jeter du dégoût dans l'âme si ardente de la jeunesse; elles sont aplanies, embellies pour ainsi dire autant qu'elles sont susceptibles de l'être. Lorsqu'ils entrent dans le monde pratique, les hommes d'expérience, les vieillards veillent sur leurs pas chancelants, les encouragent dans leurs travaux, ne dédaignent pas même de s'associer à leurs amusements, et s'emparent ainsi sans effort des jeunes imaginations qu'ils dirigent vers le vrai, le nécessaire, le

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