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Espagne, inséré

par

M. Masson de Morvilliers

dans le Dictionnaire encyclopédique, qui est un des ouvrages les plus nationaux de France. Son auteur non-seulement dépeignait la nation espagnole comme la plus ignorante dans son état actuel, mais encore il étendait sa censure et sa médisance aux siècles antérieurs, ne trouvant dans cette nation ni des savans, ni des militaires, ni des marins, ni rien qui vaille. Que devons-nous à l'Espagne? Qu'a-t-elle fait pour l'Europe depuis deux siècles? Qu'at-elle fait depuis mille ans?..... Les arts sont éteints chez elle; le fier Espagnol rougit de s'instruire, de voyager, de rien tenir des autres peuples......

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Il se trouva heureusement à Paris un savant espagnol qui démontra avec la plus grande évidence l'ignorance et la malignité de l'auteur de cet article. M. Cavanilles publia en 1784 ses observations sur l'article Espagne de la nouvelle Encyclopédie; et les Français judi

cieux rendirent la justice qui était due à ce

savant et à sa nation.

Mais les erreurs et les préjugés communs ne se corrigent pas facilement. A la fin de l'année dernière, on a imprimé dans cette même ville une autre invective contre la nation espagnole, beaucoup plus ignominieuse que celle de l'encyclopédiste Masson de Morvilliers.

Voyez ce qu'on lit dans un article de la Revue encyclopédique du mois de novembre de 1825. (1) « Quant au système colonial des Espagnols, une seule réflexion suffit pour le faire apprécier avec impartialité. Ce n'est point par inadvertance ou par incapacité que le gouvernement de la métropole a ruiné et dépeuplé l'Amérique. C'est à dessein et par calcul qu'il a fait consister sa sagesse dans l'accomplissement de cette iniquité; c'est assuré

(1) Page 409.

a.

ment un des plus grand crimes de la politique moderne. Ce gouvernement comprit de bonne heure qu'il fallait que l'Amérique fût pauvre et opprimée pour qu'elle fût toujours colonie; il se fit oppresseur afin de rester maître, et il ruina l'Amérique afin de la posséder plus long-temps. Si dans l'origine, l'Espagne à porté la civilisation aux Indiens, elle la leur a vendu cher : si elle leur a fait quelque bien, elle l'a fait pour elle et dans son seul intérêt; elle n'a jamais reculé devant la crainte de leur nuire, quand elle a cru que le mal qu'elle leur ferait lui tournerait à profit. Sans doute elle sentit le danger de l'asservissement des Indiens, quand elle vit que les conquérans devenaient en Amérique plus maîtres qu'ellemême; et elle protégea les Indigènes pour protéger sa propre cause, et non pour réprimer la tyrannie coloniale, car elle n'a pas manqué de se mettre à la place de tous ces petits tyrans, dès qu'elle a cessé de les craindre. »

Que ces pensées sont fausses, et que ce discours est frivole et inconséquent! D'un côté l'on veut persuader que le gouvernement espagnol ruina le Nouveau-Monde, non par ignorance, mais bien par le détestable et horrible machiavélisme de l'appauvrir pour le dominer plus despotiquement, et le posséder plus long-temps; et d'un autre côté, on dit qu'il a civilisé les Indiens, et les a protégés contre les violences des conquérans. La civilisation et la protection de la liberté des peuples conquis contre les violences des conquérans, est-elle conforme au système machiavélique de les appauvrir, à dessein et var calcul pour les dominer plus despotiquement? Mais le susdit anonyme M. A. ne pouvant pas nier le mérite de la civilisation et protection accordée aux Indiens par les monarqués espagnols, veut le diminuer en disant que de tels bienfaits furent dispensés par le gouvernement espagnol moins pour

fa

voriser les Indiens, que pour éviter que ses sujets espagnols ne se rendissent les maîtres de cet immense continent, au préjudice de la

métropole.

C'est ainsi

que la rivalité et la médisance ont coutume de méconnaître et même de noircir les mérites les plus brillans, en accusant les intentions, quand elles ne peuvent nier ou confondre et obscurcir les faits les plus avérés. Et c'est encore ainsi d'auque tres étrangers, soit par des motifs semblables ou soit par la négligence des Espagnols euxmêmes à publier une histoire philosophique de leur nation (1), se sont obstinés à la dé

(1) Aucune nation n'abonde en autant de livres de sa propre histoire que la nation espagnole. Depuis le règne de St.-Ferdinand, jusqu'à celui de Charles II, il n'est pas un de ses rois qui n'ait son histoire particulière; et Morales, Mariana, Zurita, Blancas, Moret, Ferreras sont très appréciés dans cette branche de la littérature espagnole. Cependant, voici ce que disait le savant Jo

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