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rend raifon de la maladie de COLIN, il en découvre la caufe: ce qui fait voir qu'elle étoit différente de celle qui rendit malade un autre du même nom, dont il est parlé dans le Cabinet des Vers Satiriques, imprimé à Paris pour la feconde fois en 1620. avec Privilége du Roi; lequel Privilége eft datté du huitiéme jour de Juin 1618. on lit à la page 139. de ce Livre,

Le bon COLIN étoit au lit couché,
Atteint au vif de Fiévre continuë,
pour avoir aux Dames trop touché,

Et

Au bon COLIN la Fiévre étoit venuë.

Notre COLIN étoit malade du contraire.

XI. Songer.] L'Efprit de l'homme fans doute eft fait pour quelque chofe de plus folide que la bagatelle. Dans les Ouvrages même qui font purement de bel Efprit, ce qui attache, ce qui plaît, c'est une certaine réflexion, un certain fentiment moral caché fous les chofes les plus badines.

Qu'est-ce qu'Efprit? Raifon affaifonnée.

Or un feul mot fait quelquefois cet effet qui charme, qui attache.

* La Confidente.

Un Galant dans un Conte de la Fontaine, furpris du ftratagême dont une Dame s'étoit fervie pour lui faire connoître fa paffion, demande à cette Dame,

Qui vous a fait aviser de ce tour ?
Car jamais tel ne fe fit en Amour.
Sur les plus fins je prétens qu'il excelle;
Et vous devez vous-même l'avouer.
Elle rougit, & n'en fut que plus belle.
Sur fon efprit, fur fes traits, fur fon zéle
Il la loua, ne fit-il que loïser ?

Quelles belles réflexions ne fait pas faire cet elle rougit? Ne dit-il pas que quelque violente que foit une paffion, on a tort de chercher les moyens de la fatisfaire, puifqu'ils nous caufent de la honte, devant ceux même qui deviennent nos complices? Et cette expreffion, Ne fit-il que loüer? Que ne donne-t-elle pas à penser ?

Le charme des Ouvrages de M. de Fontenelle, qui ne feront jamais attaquez que par l'envie, vient de ce que ces Ouvrages font pleins de fentimens; ceux qui fe plaignent qu'il y a trop d'efprit & de délicateffe,font eux-mêmes à plaindre de ce qu'ils trouvent du trop, lorfque ce font des chofes dont on ne peut

avoir affez, Delie, voulant ceffer d'aimer un Amant qu'elle croit volage, dit,

Venez remplir ces jours dont je crains le danger, Poëfies soins de ma Bergerie, amusemens utiles,

Vous n'êtes pas touchans, mais vous êtes tranquiles.

Ah! ne me laiffez pas le loifir de fonger

Que l'on puiffe avoir un Berger.

Ce remplir, pour ne faire ici attention qu'à ce mot, marque bien que lorfque le cœur fe trouve faifi d'une grande paffion, quelque chofe qu'on faffe, elle a bien-tôt repris le deffus fi on lui donne le moindre moment pour fe faire entendre. On peut ici remarquer en paffant, la grande différence qui fe trouve entre la façon de penser de Delie, & la façon de penfer de Madame Durand. Celle-ci croit que le plus grand des malheurs c'eft de ne point aimer; elle apelle la tranquilité d'un cœur qui n'aime plus, un vuide affreux que rien ne fauroit remplir.

Rien ne fauroit remplir le vuide affreux que laiffe

L'oifiveté d'un cœur qu'occupa la tendresse.

Paftorales

Elogue 3.

Elle ajoute :

D'un

D'un rigoureux pouvoir mon ame est affranchie, Mais que ferai-je, ô Ciel! du refte de ma vie ? De l'Amour tous les jours je regrete les maux, Moins à craindre cent fois qu'un fi cruel repos.

Et en finiffant cette belle Elégie qui fe trouve fous le nom de cette Dame dans le 2. Tome d'un nouveau Recueil de Vers, imprimé à Paris chez de Witte, elle s'écrie:

Trop fortunez Amans, vous qui malgré les peines

Du Dieu qui fait aimer portez encor les chaînes,
Laiffez à la mort feule à finir vos amours,
Il faut n'aimer jamais, ou bien aimer toujours.

Quoiqu'on apperçoive, quand on y réfléchit bien, que le fonds du fentiment eft le même dans Délie & dans Madame Durand; il eft cependant vrai de dire que ce fentiment eft fi différemment modifié chez l'une, & fi différemment chez l'autre, qu'on a peine à reconnoître qu'il foit le même. Cela doit être auffi; car entre une Bergere & une Dame de Paris la différence eft du tout au tout.

Je ne cite point ici d'exemples tirez des Poëtes Grecs, ni des Poëtes Latins; tout le monde fait que leurs Langues

Langues font beaucoup plus expressives que la Françoife. Le droit qu'on a dans les Langues Grecque & Latine de joindre une, ou même plufieurs épithétes à un fubftantif, leur donne le moyen d'exprimer en peu de mots un très-grand fens. Traduifez, par exemple, en François l'Aurea Libertas d'Horace, & le v nasoio d'Homere, & vous fentirez dans quelle difette eft cette Langue par la fuppreffion des épithétes. Ronfard, qu'Adrien Turnebe reconnoît pour un Poëte qui chantoit des Vers dignes des Mufes & d'Apollon même, qui répandoit dans fes Ecrits les graces des Mufes Grecques & Latines;

Ronfardus Carmen Mufis & Appoline dignum

Qui pangit, qui Grajugena Latiaque Ca

mæna

Ornamenta fuis afpergit plurima chartis. Ronfard, dis-je, furnommé le Prince des Poëtes François, a bien connu Pimportance des Epithétes : il a voulu en rétablir l'ufage dans fa Langue; mais les François privez de ce bon goût › que Madame Dacier nous affure être originaire d'Egypte, ont d'abord

aban

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