des plus Grands-Hommes que la France ait produit. En effet, le nom feul d'un Grand-Homme en fait l'Eloge. Auffi voyons-nous que dans l'Epître que Boileau adreffe à Mr. Arnauld, ce Poëte n'ajoûte aucune Epithete au nom de ce Docteur. Oui, fans peine, au-travers des Sophifmes de Claude. Arnauld, des Novateurs tu découvres la fraude. En un autre endroit : N'en doutons point, Arnauld, c'est la honte du bien. Plus bas encore: Moi-même, Arnauld, ici qui te prêche en ces Rimes. XLIX. Qui.] C'eft un de ces pronoms que les Grammairiens appellent relatifs. Qui, se met fort bien pour lequel, laquelle, lefquels & lesquelles ; ainfi l'on voit qu'il eft auffi-bien en ufage pour le masculin & le neutre, pour le nombre fingulier, que pour le nombre plurier. Je te laiffe à penfer fi fur cette matiere, MOLIERE. Le voilà au mafculin & au fingulier. Je la voi (la Satyre ) qui pleine d'audace, Chassant mille Auteurs du Parnasse................ LA MOTTE Voilà qui au feminin & au fingulier. Que verrois-je, & que pourrois-je appren dre. Qui m'abaifle & fort au-deffous d'Alexandre... RACINF. Le voilà au neutre, & encore au fingulier, au-lieu que dans les exemples fuivans il eft toujours au plurier dans tous les trois genres. J'aimerois mieux encor ces Prêcheurs furieux, Qui portent vers le Ciel leurs regards effroya bles. Pour le mafculin. SANLIG Il voit fuir à grands pas fes Naïades craintives, Qui toures accourant vers leur humide Roi.. BOILEAU. Pour le mafculuin. Pour ce qui regarde le neutre plurier il ne s'en préfente point maintenant d'exemple à mon efprit; mais je fuis perfuadé perfuadé qu'on en peut trouver un très-grand nombre. L. Fut.] Il eft là mis pour étoir. C'est ainfi, felon la Remarque de Mr. Dacier, qu'Horace dit dans l'Ode 8. du Liv. 4. obftaret pour obtiftiffet. Quid foret ILIE MAVORTIsque puer, fi taciturnitas Obftaret meritis invida RoMULI? Il eft vrai qu'on peut avec affez de raifon douter de la vérité de cette Remarque; mais, quoiqu'il en foit, ces changemens de tems font ordinaires aux Poëtes. En voici un exemple inconteftable. Il est tiré d'un très-beau Poëme, qu'un Savant de ma connoiffance prépare fur la Superftition & fur les malheureux effets qu'elle produit. Après avoir parlé des grandes Croifades, & dit: Rois, Sujets acharnez aux Projets d'outre-Mer, Il ajoûte fur les cruautez qu'on a exercées contre les Vaudois. 、 Il faudroit un Homere & plufieurs Iliades, Pour tracer les exploits des nouvelles Croifades D'un Virgile allarmé réunir les cent voix, Pour peindre un Monftre horrible égorgeant les Vaudois. D'affreux Moines pouffez de fureurs infernales, On eût chaque jour les Villes faccagées, chées ; Et l'innocent Agneau qui fuyoit fon Boucher, reaux, Exposez dans la nuit pour fervir de fanaux. D'autres encor vivans à la broche tourneż. l'habit rouge eft pour lui l'habit de tous les jours, Mais Tigre en négligé, qu'est-il en fes atours? Il est aifé de remarquer que ces on eût vú, font mis pour on voyoir, nous `ne rapporterons point d'autre exemple de ces changemens de tems. LI. Honnête.] C'est un adjectif qui vient du Latin honeftus. Honnête en François fignifie un homme complaifant, poli, qui fait vivre, qui fait ce qu'il fait avec décence, avec politeffe. Lorfque cet adjectif eft joint avec le fubftantif homme, comme dans cette expreffion, honnête-homme, il marque quelquefois, quoique très-rarement, un homme de probité; mais il faut obferver, que dans le tems même qu'il a cette fignification, il conferve encore celle d'homme affable, d'homme qui fait vivre. Honnête joint à femme ne veut pas dire la même chofe; une honnête-femmu, c'est seulement une femme qu'on croit n'avoir aucun Amant favorifé. Je dis, qu'on croit; car Ch' altro al fin l'honeftate Non è, che un' arte di parere honefta. "Qu'eft |