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nissant. J'ai suivi en cette remarque le génie de la langue française; et on en peut faire de semblables en chaque langue.

Le Catéchiste doit prendre sur lui toute la peine, se faire petit avec les enfants et avec les simples, étudier leur langage et entrer dans leurs idées, pour s'y accommoder autant qu'il sera possible; mais il ne faut pas donner dans la bassesse pour se faire entendre des enfants, il n'est pas nécessaire de parler comme leurs nourrices, ni de bégayer avec eux pour s'ac commoder au petit peuple, il n'est pas besoin de faire des solecismes, d'user de ses quolibets et de ses proverbes. Il faut toujours conserver la majesté de la religion, et attirer du respect à la parole de Dieu. 11 n'y a qu'à bien étudier l'Ecriture sainte, on y trouvera les moyens d'être simple, non seulement sans bassesse, mais avec grande dignité., 3

On s'étonnera peut-être du discours suivi que j'ai mis à chacune des leçons du petit Catéchisme, avant les questions et les réponses. La méthode historique m'y a engage, car une histoire s'entend bien mieux contée de suite, que coupée par des interrogations. Outre qu'il pourroit sembler étrange d'interroger un enfant, avant que de lui avoir rien appris, et de lui faire dire foute la doctrine comme s'il instruisait le maitre qui l'interroge, il sembleroit plus naturel que l'enfant qui ne sait rien, fit des questions pour s'instruire. Je sais bien que l'ignorance des enfants va jusqu'à ne savoir pas qu'il y ait quelque chose à apprendre, et que bren qu'ils fassent souvent des questions, ils les font sans ordre et sans choix. C'est pourquoi le plus raisonnable, à mon avis, est qu'un père ou un maître premne un enfant, quand il le trouve en état d'entendre, et qu'il

lui raconte une histoire ou lui explique un mystère, et qu'ensuite il l'interroge, pour voir ce qu'il a retenu et pour le redresser, s'il a mal entendu quelque chose ou s'il ne s'est pas attaché au plus essentiel.

J'ai fait les réponses les plus courtes que j'ai pu, pour fatiguer moins les enfants et pour imiter mieux la nature car ils ne parlent pas long-temps de suite, J'ai mieux aimé les interroger à plusieurs fois et je désire que l'on en use ainsi, autant que l'on pourra; quoique quelquefois pour écrire moins j'aie fait des réponses un peu longues. J'ai aussi évité de les faire trop souvent répondre par oui et par non, de peur qu'ils ne soient pas attentifs à ce qu'ils affirment ou nient. Enfin je me suis efforcé de les interroger de telle sorte, qu'ils ne puissent répondre autre chose que ce que j'ai mis ou qu'ils n'y changeassent que les paroles, et j'en ai fait quelques expériences sur des enfants de bon esprit. J'aurois souhaité que l'on eût pu enseigner ce Catéchisme sans le faire apprendre par cœur ou que l'on n'eût fait apprendre au plus que les questions et les réponses, après avoir plusieurs fois récité ou fait lire le discours et l'avoir bien expliqué, Mais il en coû teroit trop au maître, et les enfants ont la mémoire si facile, que c'est plus tôt fait de leur laisser apprendre tout, même le discours suivi. Je voudrois du moins ne les point assujettir à redire les mêmes mots qu'ils auroient appris. J'aimerois mieux qu'ils les changeassent, sans changer le sens, puisque ce seroit une preuve assurée qu'ils auroient compris la chose, au lieu qu'il y a sujet d'en douter, quand ils disent les mêmes paroles, Au reste, je prétends que le Catéchiste se donne toute la liberté nécessaire pour augmenter ou retrancher, dans les questions, aussi bien dans le disque

cours, pourvu qu'il observe les règles que j'ai marquécs et qu'il ne dise rien que de conforme à cette doctrine qui a été soigneusement examinée,

Quant au grand Catéchisme, j'en ai retranché les questions et les réponses, parce que les personnes plus raisonnables et plus âgées ne s'y assujettiraient pas volontiers et n'en ont pas tant de besoin. Ils sont d'ordinaire plus attentifs que les enfants; ils ont l'esprit plus suivi et voient mieux l'utilité de ce qu'ils apprennent. Il suffira de le leur faire lire, ou le lire en leur présence et leur expliquer ce qui ne sera pas assez clair pour eux. S'ils peuvent lire la sainte Ecriture, il sera bon de leur indiquer les lieux d'où la leçon est tirée et ceux qui y ont le plus de rapport. On pourra leur choisir quelques endroits des Pères les plus propres à leur édification; leur faire lire quelques actes des martyrs, ét quelques vies des Saints, les plus certaines et les mieux écrites. Dans l'explication des sacrements, la lecture du rituel et du pontifical sera fort utile. Enfin, il faut, autant qu'il est possible, faire voir au disciple la doctrine dans les sources où nous l'avons prise, afin de le rendre capable d'enseigner à son tour les autres,

Car les meilleurs Catéchistes seroient les pères de famille, si chacun étoit bien instruit et soigneux d'instruire ses enfants et ses domestiques: ils feroient beaucoup plus de bien que ne peuvent faire les prêtres et . les pasteurs. Nous ne parlons aux enfants qu'à l'église, à certains jours pendant peu de temps. Les enfants y sont plusieurs ensemble, extrêmement dissipés par la compagnie, par les divers objets qui les frappent de tous côtés, et qui ne leur sont pas familiers. De là vient la peine que l'on a à les rendre attentifs, les interruptions et les réprimandes qui emportent la

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moitié du temps destiné au Catéchisme. Pendant que vous êtes tourné d'un côté, l'autre se dérange : si vous vous appliquez à un enfant, dix autres badinent; c'est toujours à recommencer, Au contraire dans la maison, les enfants sont plus recueillis, parce qu'ils sont plus libres. S'ils n'ont pas cette crainte, qui les rend quelquefois immobiles à l'Eglise, leurs pensées sont plus tranquilles; ils ne voient rien qui leur soit nouveau. Un père qui n'en a que deux ou trois accoutumés à le respecter, n'a pas de peine à les contenir dans le devoir; il les a tous les jours auprès de lui, il peut prendre le temps où ils sont plus dociles; il connoît la portée de leur esprit, leur génie, leurs inclinations. Il peut les instruire tout à loisir et y donner tout le temps nécessaire, et ce tempsdoit être long; car comme les enfants ne peuvent s'appliquer beaucoup de suite, il faut y revenir souvent et continuer l'instruction pendant plusieurs années, avançant à mesure que leur esprit etleurs mœurs se forment. Ce que je dis des pères doit s'entendre des mères à proportion, principalement à l'égard des filles; et je ne dis rien ici que je n'aie vu et que je ne sache par expérience.

Je connois un homme entr'autres, qui est passablement instruit de sa religion, sans avoir jamais appris par cœur les Catéchismes ordinaires, sans avoir eu pendant l'enfance d'autre maître que son père. Dès l'âge de trois ans, ce bon homme le prenoit sur ses genoux, le soir après s'être retiré; lui contoit familièrement, tantôt le sacrifice d'Abraham, tantôt l'histoire de Joseph, ou quelqu'autre semblable; il les lui faisoit voir en même temps dans un livre de figures, et c'étoit un divertissement dans la famille de répéter ces histoires. A six ou sept ans, quand cet enfant commença

à savoir un peu de latin, son père lui faisoit lire l'Evangile et les livres les plus faciles de l'ancien testament, ayant soin de lui expliquer les difficultés. Il lui est resté toute sa vie un grand respect et une grande affection pour l'Ecriture sainte, et pour tout ce qui regarde la religion.

Je sais bien qu'il y a peu de pères et de mères qui veuillent prendre cette peine. On trouve plus commode de mettre les filles en pension chez des Religieuses et les garçons au Collège, ou de payer des maîtres et des maîtresses; mais il est difficile que des étrangers fassent, par charité ou par intérêt, ce que des pères et des mères feroient par l'amour que Dieu leur donne naturellement pour leurs enfants, s'ils savoient le bien appliquer. Quelqu'occupé que soit un père, il a peu d'affaires aussi pressantes que celle-ci ; et ses enfants gagneroient beaucoup, si pour leur laisser une meilleure éducation, il leur laissoit moins d'argent. On ne voit que trop de pères qui ne savent à quoi s'occuper, après avoir mis leurs enfants hors de chez eux, et qui ne les éloignent que pour n'en avoir point l'embarras, et se donner plus librement à leurs plaisirs. Il ne faut pas s'étonner si ces enfants ont peu d'amitié et même peu de respect pour leurs parents, et c'est un grand bonheur quand ils deviennent honnêtes gens et bons Chrétiens. Au contraire, on voit ordinairement réussir ceux dont les pères sont vertueux, capables et soigneux de les bien instruire.

Tout le catéchisme se rapporte à l'amour de Dieu, Racontez, dit saint Augustin (a), de telle sorte que l'auditeur croye en écoutant, qu'il espère en croyant, et qu'il aime en espérant. Or, l'amour de Dieu, l'espé(a) De Catech. rud. cap. 4. in sine.

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