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disgrâce. On bannit Wala son frère (d) et Gundrade sa sœur (e), qui tous deux profitèrent de cette épreuve pour leur sanctification. Quant à notre Saint, il adora avec soumission les décrets de Dieu, qui se servait des hommes pour perfectionner sa vertu. Avec de tels sentimens, il ne pouvait manquer de goûter dans sa nouvelle demeure une joie et une tranquillité d'ame inaltérable. Cependant l'Empereur revint de ses préjugés : il reconnut l'innocence d'Adélard, et le rappela à la cour vers la fin de l'année 821; il lui fit même une espèce de réparation de l'injustice qu'il avait commise à son égard, en accumulant sur sa tête de nouvelles grâces et de nouveaux honneurs. Le serviteur de Dieu ne fut point ébloui du vain éclat des grandeurs humaines; il en connaissait trop le vide : aussi fut-il toujours le même homme à la cour et dans le cloitre, dans l'adversité et dans la prospérité. Le mépris des biens terrestres, l'amour de la prière, une tendre charité envers tous les hommes, un zèle ardent à servir les malheureux, furent les traits qui le caractérisèrent dans les diverses positions où il se trouva.

Adélard, qui se croyait déplacé à la cour, et qui n'y restait que malgré lui, demanda avec instance la permission de retourner à Corbie. Elle lui fut enfin accordée en 823. Il ne fut pas plus tôt rentré dans son monastère, qu'il en reprit les exercices avec une nouvelle ferveur. Souvent on le voyait, malgré sa dignité d'abbé, s'assujettir aux plus humiliantes fonctions de la communauté. Quoique avancé en

(d) Wala était un des plus grands hommes de son siècle, comme nous l'apprenons de sa vie, publiée par le père Mabillon. Il se fit moine à Lérins, et y vécut saintement.

(e) Gundrade fut reléguée à Poitiers, dans le monastère de SainteCroix, où elle mena une vie très-édifiante. Adélard avait une autre sœur nommée Théodrade, qu'on laissa dans le monastère de Soissons, où elle s'était faite religieuse.

âge, il écoutait avec docilité les avis du dernier de ses moines. Lorsque quelqu'un d'entr'eux l'exhortait à modérer ses austérités : « J'aurai soin de votre serviteur, répondait» il en parlant de lui-même, afin qu'il puisse vous servir plus long-temps. » Il ne négligeait rien pour porter ses frères à la perfection : chaque jour il leur faisait des discours tendres et pathétiques, et il ne se passait aucune semaine qu'il ne leur parlât à chacun en particulier. Mais comme l'instruction sert peu si elle n'est soutenue par l'exemple, il pratiquait le premier ce qu'il enseignait aux autres. Sa sollicitude s'étendait encore à tous ceux qui habitaient dans le voisinage du monastère. Les pauvres étaient sûrs de trouver en lui un père compatissant: il leur distribuait des aumônes si abondantes, que les revenus de l'abbaye ne pouvaient y suffire; aussi quelques personnes qui ne comptaient pas autant que lui sur les bontés de la Providence, l'accusèrent-elles de prodigalité. Sa charité lui inspira encore le dessein de bâtir plusieurs hôpitaux. Il avait conçu le projet de fonder en Saxe un monastère, où l'on formerait des ouvriers évangéliques pour travailler à la conversion et à l'instruction des peuples du nord. Il communiqua son plan à un de ses disciples, nommé aussi Adélard, qu'il avait choisi pour le remplacer durant son absence. Celui-ci jeta les fondemens du nouveau monastère (ƒ), qui ne fut entièrement achevé qu'en 823. Notre Saint y alla

(ƒ) La nouvelle Corbie, connue sous le nom de Corvey. Elle est située sur le Weser, au cercle de Westphalie, et dans le diocèse de Paderborn. Le territoire de cette abbaye a environ trois milles en lorgueur et deux en largeur. L'abbé de Corvey, qui dépend immédiatement du Saint-Siége, est Prince de l'empire. Il a à la diète la dernière voix parmi les abbés princiers. Ses revenus annuels sont de 30 à 40,000 florins. L'abbaye de Corvey, outre saint Anschaire, si connu par sa science et par son zèle, a produit un grand nombre de personnages illustres, qui ont porté le flambeau de la foi dans plusieurs contrées barbares.

deux fois, et y demeura assez long-temps pour y donner une consistance solide à un ouvrage que l'amour de la religion avait fait entreprendre.

Rien n'était plus exemplaire que la ferveur avec laquelle on vivait dans les deux monastères. Tous les points de la règle s'y observaient avec autant d'exactitude que de piété. Adélard, qui craignait que le relâchement ne s'introduisit après sa mort, tâcha de le prévenir; il composa dans cette vue son livre des Statuts (g) pour l'usage de ses frères.

Enfin arriva le moment que Dieu avait marqué pour le retirer de cette vallée de larmes. Il tomba malade à l'ancienne Corbie, trois jours avant Noël. Hildeman, son disciple, alors évêque de Beauvais, lui administra l'extrêmeonction; et il mourut le 2 Janvier 827, quelques heures après avoir reçu le saint viatique. Il était âgé de 73 ans. On le surnomma l'Augustin, l'Antoine (h), le Jérémie de son siècle, pour exprimer les divers traits de ressemblance qu'il avait avec ces grands hommes. Comme il avait une vaste étendue de connaissances, il était plus en état que personne de ranimer l'amour des bonnes études dans ses monastères. Il s'intéressa vivement aux progrès des saintes lettres; et l'on compte parmi ses disciples saint Paschase Radbert (i), saint Anschaire, sans parler de beaucoup d'autres.

(g) Il nous en reste encore des fragmens considérables dans le Spicilége de dom Luc d'Achéri, t. IV, depuis la page 1 jusqu'à la page 20. Saint Adélard avait encore composé un ouvrage intitulé, de l'Ordre du Palais, dont le but était d'apprendre aux ministres de la cour, comment ils devaient se comporter. Nous n'en avons plus qu'un extrait inséré dans l'Instruction du Roi Carloman, par Hincmar; et ce prélat doit au Saint ce qu'il y a de plus estimable dans tout son livre. Le traité de la Lune pascale et les autres ouvrages de saint Adélard sont perdus. (h) Alcuin lui a adressé une lettre sous ce titre, ép. 107. Il l'y appelle son fils, ce qui a donné à plusieurs lieu de croire que saint Adélard avait été disciple de ce maître célèbre.

(i) Il nous représente Adélard comme un homme fort habile. Il dit

Dieu ayant fait connaître la sainteté de son serviteur par plusieurs miracles, le Pape Jean XIX, ou Jean XX, selon d'autres, permit qu'on levât de terre le corps de saint Adélard, pour le mettre dans une châsse. On en fit la translation avec une grande solennité en 1040. S. Gérard de Sauve-Majeure (k) nous a laissé l'histoire de cette translation (). Il composa encore un office particulier en l'honneur du Saint, à l'intercession duquel il se croyait redevable de la guérison d'un violent mal de tête. Les reliques de saint Adélard, à l'exception d'une petite partie, se conservent dans l'abbaye de Corbie, en Picardie. Son nom n'a jamais été inséré dans le martyrologe romain, quoiqu'il soit le principal patron d'un grand nombre d'églises paroissiales,

qu'il savait également instruire en latin, en tudesque et en, français vulgaire ; d'où l'on doit conclure que la langue française faisait dès-lors une langue à part. La même chose se prouve par l'autorité de Nitard, qui servait dans les armeés de Louis le Débonnaire, et qui a écrit l'histoire des divisions qui s'élevèrent entre les enfans de ce Prince. Dans cette histoire on trouve en langue romance le serment original de l'accord que les deux frères Charles le Chauve, Roi de France, et Louis, Roi de Germanie, firent entr'eux à Strasbourg, le 14 Février 842, pour s'opposer aux entreprises de l'Empereur Lothaire. M. l'abbé Grandidier, Hist. de l'égl. de Strasb., t. II, pièc. justific. n. 116, p. ccxvj et suiv., en a donné une édition correctę, avec la traduction du même serment en français, en allemand, en latin, en dialecte languedocien, en gascon, en patois artésien, en patois alsacien et en patois lorrain. Voyez le recueil des Historiens de France, par Duchesne, t. II, p. 351, et l'hist litt. de la Fr. t. V, p. 206.

(k) Saint Gérard, moine de Corbie, fut le premier abbé du monastère de Sauve-Majeure, en latin, Salva major, situé en Guienne, au diocèse de Bordeaux, à six lieues de cette ville, et fondé en 1080 par Guillaume VIII, duc d'Aquitaine et comte de Poitiers. Il mourut le 5 Avril 1095, et fut canonisé par le Pape Célestin III en 1197. Voyez sa vie et l'histoire de la fondation du monastère de Sauve-Majeure dans le P. Mabillon, Acta Sanctorum Ord. S. Ben. t. IX, p. 841.

(2) On la trouve dans Bollandus, avec la relation de huit miracles opérés par l'intercession du Saint.

et qu'il soit honoré dans la France, les Pays-bas, et plusieurs villes bâties sur le bord du Rhin.

Voyez la vie de saint Adélard, par saint Paschase Radbert son disciple, laquelle est écrite avec beaucoup de fidélité, quoique le style en soit fleuri et orné de figures qui lui prêtent un air de panégyrique. Il faut préférer l'édition publiée par le père Mabillon, Acta SS. Bened. t. V, p. 30, à celle que Bollandus a donnée. La vie de saint Adélard, écrite par saint Gérard de Sauve-Majeure, n'est qu'un abrégé de la première, mais le style en est plus historique.

3 Janvier.

S. PIERRE BALSAME, MARTYR.

Tiré de ses actes sincères, apud Ruinard, p. 501, et Bolland, p. 128. Voyez Tillemont, t. V, et Assemani, Act. Mart. Occident. t. II, p. 206.

L'AN 311.

PIERRE BALSAME, originaire du territoire d'Eleutherophe en Palestine, fut arrêté à Aulane durant la persécution de Maximin. On le conduisit à Sévère, gouverneur de la province, qui commença l'interrogatoire par lui demander son nom. PIERRE répondit : « Je m'appelle Belsame, du » nom de mon père, et j'ai reçu au baptême celui de » Pierre, SÉVÈRE. De quel pays, de quelle famille êtes» vous? PIERRE. Je suis Chrétien. SÉVÈRE. Quel est votre emploi ? PIERRE. En puis-je avoir un plus honorable, » ou que peut-on faire de mieux dans le monde que d'être » Chrétien? SEVERE. Connaissez-vous l'ordonnance des Em» pereurs ? PIERRE. Je connais les ordonnances de mon » Dieu, le souverain Monarque du monde. SÉVÈRE. Vous »saurez bientôt qu'il y a un édit des très-clémens Empe>> reurs, qui porte que tous les Chrétiens sacrifieront aux dieux, ou seront punis de mort. PIERRE. Vous saurez

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