Obrazy na stronie
PDF
ePub
[ocr errors]

Alcfrid, fils du Roi Oswy, eut envie de visiter les tombeaux des apôtres saint Pierre et saint Paul; il pria le Saint de l'accompagner: mais son pélerinage n'ayant pu avoir lieu à cause des oppositions de son père, Benoît partit seul pour Rome. Son dessein était de s'y perfectionner de plus en plus dans la science du salut.

En revenant d'Italie, il passa par le célèbre monastère de Lérins (*), où il prit l'habit religieux. Il y vécut deux ans dans l'observation la plus exacte de la discipline régulière ensuite il retourna à Rome, d'où le Pape Vitalien l'envoya en Angleterre avec saint Théodore, élu archevêque de Cantorbéry. Il fut chargé du gouvernement du monastère de Saint-Pierre et Saint-Paul, qui n'était pas éloigné de cette ville; il s'en démit bientôt après en faveur de saint Adrien, qui avait accompagné aussi saint Théodore. Son séjour dans le royaume de Kent fut d'environ deux ans. Sa vénération pour saint Théodore et saint Adrien était singulière, il les regardait comme ses maîtres; il étudia sous leur conduite l'Écriture sainte et les différens devoirs de la vie monastique.

Benoît crut devoir faire un quatrième voyage à Rome, afin d'acquérir de nouvelles lumières sur la discipline de l'Église, et sur les diverses constitutions monastiques : ce fut ce qui l'engagea à rester un temps assez considérable en plusieurs endroits de l'Italie. Avant de repasser en Angleterre, il se procura un certain nombre de livres bien choisis, avec des reliques et des tableaux de Notre-Seigneur, de la Sainte-Vierge et de différens Saints. Lorsqu'il fut revenu dans le Northumberland, il fonda le monas

(*) Deux îles de la Méditerranée, près des côtes de la Provence, dans l'une desquelles se trouvait un couvent fondé par saint Honoré, qui fut fait depuis archevêque d'Arles, fertile pépinière de religieux instruits et vertueux.

Note de la présente édition.

tère de Weremouth (b) par un effet des libéralités du pieux Roi Egfrid, fils et successeur d'Oswy (c). Les bâtimens destinés aux usages des religieux ayant été achevés, il alla chercher en France des ouvriers capables de construire une église de pierres, dans le goût de celles qu'il avait vues à Rome (d). Il emmena aussi des vitriers, parce que l'usage des vitres était encore inconnu en Angleterre. Un cinquième voyage qu'il fit à Rome, le mit en état de former une nouvelle collection de bons livres, et sur-tout des écrits des saints Pères. Il apporta aussi de nouvelles reliques et plusieurs tableaux de piété.

Cependant les moines de Saint-Pierre de Weremouth édifiaient le royaume par l'éclat de leurs vertus, et répandaient de toutes parts la bonne odeur de Jésus-Christ. Egfrid, qui n'avait d'autre désir que de multiplier le nombre des vrais serviteurs de Dieu, donna de nouveaux fonds de terre au Saint, qui bâtit le monastère de Jarrow sous l'invocation de saint Paul (e). Ces deux monastères n'en faisaient, pour ainsi dire, qu'un seul, et S. Benoit avait le gouvernement de l'un et de l'autre. Chaque communauté ne laissait pas d'avoir son abbé particulier qui veillait à l'observation de la règle. L'établissement de ces supérieurs subalternes était devenu nécessaire, parce que

[ocr errors]

(b) Ainsi nommé, parce qu'il était sur le bord de la Were. Il fut bâti l'an 674, sous le nom de S. Pierre.

(c) Egfrid donna au Saint 70 hydes ou familles de terre. Le mot

saxon hyde signifiait la quantité de terre qu'une charrue pouvait labou

rer par an, ou qui suffisait à l'entretien d'une famille.

:

(d) Les bâtimens de pierres avaient été jusque-là fort rares en Angleterre l'église même de Lindisfarne était de bois, et couverte de chaume; elle resta dans cet état jusqu'à l'évêque Eadbert, qui en revêtit le toit et les murailles de plaques de plomb. Voyez Bède, Hist. 1. 3, c. 25.

(e) A six milles de Weremouth. Il fut bâti vers l'an 677. Il était anciennement appelé Girwy.

les voyages et les diverses occupations du Saint ne lui permettaient pas de tout faire par lui-même (ƒ).

Benoît avait un grand zèle pour la décoration du lieu saint; il en donna des preuves en ornant de tableaux les églises de ses deux monastères. Ceux qu'il mit à Weremouth représentaient la Sainte-Vierge, les douze apôtres, l'histoire évangélique, et les visions mystérieuses de l'apocalypse. On voyait dans ceux de Jarrow plusieurs sujets tirés de l'Écriture sainte; et ils étaient disposés de manière qu'ils montraient les rapports des deux testamens, et que les figures étaient expliquées par la réalité. Par exemple, Jésus-Christ chargé de la croix sur laquelle il allait consommer son sacrifie, contrastait avec Isaac portant le bois qui devait servir à son immolation. Nous avons dit que notre Saint avait apporté ces tableaux de Rome : mais qui lui eût servi de se procurer de quoi embellir des temples matériels, s'il eût négligé la décence du culte extérieur? Il pria donc le Pape Agathon de lui permettre d'emmener avec lui Jean, abbé de Saint-Martin, et archichantre (g) de l'église de Saint-Pierre. Il le plaça dans l'abbaye de Weremouth, afin qu'il enseignât parfaitement à ses moines le chant grégorien, et qu'il les instruisit à fond des cérémonies dont l'Église romaine se servait dans la célébration de l'office divin.

Le Saint comptait parmi ses religieux un de ses parens,

(ƒ) Les abbayes de Weremouth et de Jarrow furent détruites par les Danois. On les rétablit en partie. Elles existaient encore sous le titre de prieurés, lorsque les monastères d'Angleterre furent détruits l'an 37° du règne de Henri VIII. Ces deux prieurés étaient soumis à l'abbaye de Durham depuis l'an 1083. Voyez Mathieu de Westminster, ad. an. 703; le Monasticon Anglic. t. I, p. 41, 96 et 384; Leland, Collections, vol. 11, p. 348, et vol. 1, p. 42; Wilkins, con. Britan. t. I, p. 63; Bède, Vit. Abbatum; Tanner, Notitia Monastica. (g) Præcentor.

nommé Easterwin, qui, comme lui, avait autrefois vécu à la cour de Northumberland. Il le fit abbé avant d'entreprendre son dernier voyage de Rome : son choix ne pouvait mieux tomber. Easterwin était un homme qui possédait toutes les qualités nécessaires à un supérieur, et entre autres, une piété tendre, une humilité profonde, une douceur inaltérable. Comme il mourut (h) pendant l'absence de saint Benoît, les moines choisirent, pour le remplacer, le diacre saint Sigfrid, qui ne survécut pas de beaucoup à son élection; car au bout de quelque temps il fut enlevé de ce monde par une maladie de langueur qui lui fit souffrir les douleurs les plus aiguës. Ce fut par son conseil que saint Benoît, deux mois avant sa mort, élut saint Céolfrid, abbé des deux monastères.

Les trois dernières années de la vie de notre Saint ne furent plus qu'un tissu d'infirmités. Une cruelle paralysie, qui l'avait privé de l'usage de ses membres, le contraignit enfin à garder le lit. Lorsqu'il fut dans l'impossibilité d'assister à l'office canonial, quelques moines, partagés en deux chœurs, venaient chanter à côté de lui les psaumes de chaque heure du jour ou de la nuit ; il s'unissait à eux autant qu'il lui était possible, mêlant même sa faible voix avec les leurs. Son esprit ne s'occupait que de Dieu, et de la perfection de ses disciples, qu'il exhortait fréquemment à observer leur règle avec exactitude. «Mes enfans, leur disait-il, n'allez pas regarder comme une invention de mon esprit les constitutions que je vous ai données. Après » avoir visité dix-sept monastères bien disciplinés, dont j'ai » tâché de connaître parfaitement les lois et les usages, j'ai » formé un recueil de toutes les règles qui m'ont paru les » meilleures; c'est ce recueil que je vous ai donné. » Benoît qui sentait augmenter sa faiblesse, demanda le saint

[ocr errors]
[ocr errors]

(h) Le 6 Mars, à l'âge de 36 ans. Il n'avait été que quatre ans abbé.

Viatique, et mourut peu de temps après l'avoir reçu, le 12 Janvier 690. On transféra ses reliques à l'abbaye de Thorney en 970 (1). Les moines de Glastenbury prétendaient en avoir une partie (2). Le martyrologe romain nomme saint Benoît Biscop en ce jour. Les Bénédictins anglais l'honorent comme un de leurs patrons.

Voyez la vie du Saint dans l'histoire des premiers abbés de Weremouth, écrite par Bède, et publiée à Dublin, par Jacq. Ware, en 1664.

[ocr errors][ocr errors]

S. AELRED, ABBÉ DE RIEVAL OU RIDAL DANS LA PROVINCE

D'YORK.

AELRED naquit l'an 1109, dans la partie septentrionale de l'Angleterre. Ceux dont il reçut le jour étaient distingués dans le monde par la noblesse de leur extraction. Ils prirent un soin extrême de l'éducation de leur fils, qui répondit parfaitement à leurs vues. Sa réputation l'ayant fait connaître à David, Roi d'Écosse, ce prince religieux voulut se l'attacher, en lui confiant le gouvernement de son palais. Aelred remplit cette charge avec une supériorité qui lui attira l'estime du prince et de tous les courtisans. La corruption du monde ne put gagner jusqu'à son ame : incapable d'être ébloui par l'éclat des grandeurs passagères, il conserva toujours l'humilité, cette vertu favorite de Jésus-Christ, sans laquelle il n'y a point de vrai chrétien. Il possédait encore dans un degré éminent cette douceur qui selon l'esprit de l'évangile, est inséparable de l'humilité : un ou deux traits fourniront la preuve de ce que nous

avançons.

,

Un jour qu'une personne de qualité lui faisait des reproches injurieux en présence du Roi, il l'écouta avec patience, plus la remercia de la charité qu'elle avait de l'avertir de

(1) Malmesb. de Pontif. Angl. 1. 4.

(2) Monast. Anglic. t. I. p. 4. Jean de Glastenbury, Hist. Glast.

« PoprzedniaDalej »