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turel, une ame est en danger de se perdre lorsqu'elle n'avance point dans le sentier de la vertu.

Redoublons donc de zèle à mesure que nous approchons de la fin de notre course, et de ce grand jour où chacun sera traité selon ses œuvres. Le moment de notre mort est peut-être moins éloigné que nous ne pensons. Il est incertain si nous verrons la fin de cette année. Une infinité d'hommes, qui actuellement ne s'occupent pas plus que nous de cette vérité, en feront une triste expérience. Craignons une surprise dont les conséquences sont terribles et irréparables. Préparons-nous au compte exact et rigoureux que le Seigneur nous demandera; veillons, pour n'être pas trouvés endormis lorsqu'il viendra frapper à la porte, et sur-tout implorons le secours de la grâce, sans laquelle nous ne pouvons rien faire. Veillez, dit Jésus-Christ à chacun de nous, veillez et priez en tout temps, afin que vous méritiez de comparaître avec confiance devant le Fils de l'Homme.

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S. FULGENCE, ÉVÊQUE DE RUSPE, EN AFRIQUE, DOCTEUR

DE L'ÉGLISE.

Tiré des ouvrages du Saint, et de sa vie écrite par un homme fort habile, qui fut son disciple et son compagnon inséparable, et qui dédia son ouvrage à Félicien, successeur immédiat de Fulgence sur le siége de Ruspe. Les critiques modernes qui prennent cet auteur pour Ferrand le diacre, se trompent visiblement, puisqu'il est clair, par son ouvrage même, qu'il était moine. Voyez Ceillier, tome XVI.

L'AN 533.

FULGENCE (a) sortait d'une illustre famille qui avait oc

(a) Fabius-Claudius-Gordianus Fulgentius.

cupé une place distinguée dans le sénat de Carthage, mais qui, depuis l'invasion des Vandales, était beaucoup déchue de son ancienne splendeur. Claude, son père, qu'on avait injustement dépouillé de sa maison de Carthage, pour la donner aux prêtres ariens, alla s'établir à Télepte, ville considérable de la Byzacène. Ce fut là que notre Saint naquit en 468, environ trente ans après que les Vandales eurent démembré l'Afrique de l'empire romain. Mariane sa mère, qui devint veuve de bonne heure, se chargea du soin de lui former le cœur sur les grandes maximes de la piété chrétienne; pour la culture de son esprit, elle la confia à des maîtres habiles, qui lui enseignèrent le grec, le latin, et les différentes parties de la littérature. La rapidité de ses progrès fut étonnante; il acquit sur-tout une connaissance parfaite de la langue grecque, et il la parlait avec autant de facilité que de pureté.

Malgré l'application que Fulgence donnait à l'étude, il ne laissa pas d'entrer dans le maniement de ses affaires domestiques, pour soulager sa mère qui était excessivement surchargée. Ce fut alors que ses heureuses dispositions se développèrent. Une prudence consommée dont il donnait des preuves en toute occasion, une conduite vertueuse, une douceur admirable envers tous ceux qui avaient à traiter avec lui, et sur-tout une tendre déférence pour sa mère, sans l'ordre ou l'avis de laquelle il n'entreprenait jamais rien, le firent aimer et admirer de tous ceux qui le connaissaient. Un mérite aussi distingué ne pouvait rester longtemps caché. On jeta les yeux sur lui pour la place de procurateur ou receveur général des impôts de la Byzacène; mais à peine fut-il revêtu de cet emploi, qu'il se dégoûta du monde. Justement alarmé des dangers qu'il y courait, il fortifiait son ame par de pieuses lectures, par une prière continuelle, par des jeûnes rigoureux, et par la visite fréquente des monastères. La lecture d'un sermon de saint

Augustin (b) sur la vanité du monde et sur la brièveté de la vie, acheva de briser les liens qui l'attachaient au siècle, et lui inspira le désir d'embrasser la vie monastique.

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Huneric, Roi des Vendales, infecté de l'hérésie arienne, avait chassé de leurs siéges la plupart des évêques catholiques. Fauste, l'un d'entr'eux, avait bâti un monastère dans la Byzacène : ce fut à lui que s'adressa Fulgence pour l'exécution de son dessein. Il le pria donc de le recevoir au nombre de ses disciples. Mais Fauste prit occasion de la délicatesse de son tempérament, pour le refuser; il lui répondit même par des paroles qui avaient quelque chose de dur et de rebutant. « Allez, lui dit-il, allez première»ment apprendre à mener dans le monde une vie détachée des plaisirs. Est-il croyable qu'ayant été élevé dans la mollesse et dans les délices, vous puissiez tout-à-coup vous faire à la pauvreté de notre genre de vie, à la » grossièreté de nos habits, à nos veilles et à nos jeûnes? » Fulgence, les yeux baissés, répliqua modestement : « Ce» lui qui m'a inspiré la volonté de le servir, peut bien » aussi me donner le courage nécessaire pour triompher » de ma faiblesse.» Fauste, frappé de cette réponse ferme et humble tout à la fois, consentit à l'admettre pour l'éprouver. Fulgence avait alors vingt-deux ans. Le bruit de sa retraite surprit et édifia en même temps toute la province, où il se trouva bientôt plusieurs imitateurs de sa conduite.

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Aussitôt que Mariane en fut informée, elle courut au monastère toute en pleurs, et se mit à crier à la porte: «Fauste, > rendez-moi mon fils; rendez à la province son procurateur. L'Église fut toujours la protectrice des veuves : comment donc avez-vous la cruauté de m'arracher mon fils? » Elle continua ses cris et ses larmes plusieurs jours

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(b) C'est le sermon sur le xxxvie Psaume.

de suite, sans que les pressantes raisons alléguées par Fauste pussent calmer sa douleur. La résolution de Fulgence fut mise sans doute à une rude épreuve; mais l'ascendant que l'amour divin avait pris dans son cœur, le rendit supérieur aux mouvemens de la nature, qui ne doivent jamais contrebalancer l'obéissance due à la voix du Ciel.

Fauste, assuré de la vocation du jeune novice, le reçut dans sa communauté, et le recommanda aux frères. Fulgen ce, désormais au comble de ses vœux, ne s'occupa plus que des choses du ciel; il laissa son bien à sa mère, afin qu'elle en prit l'administration, jusqu'à ce que son jeune frère, à qui il devait revenir, fût en âge de le régir lui-même. Les pratiques de la pénitence la plus austère faisaient toutes ses délices. Il s'interdit absolument l'usage du vin, de l'huile, et de tout ce qui peut piquer le sens du goût. Enfin ses mortifications allèrent si loin, qu'elles lui causèrent une maladie dangereuse; il n'en diminua cependant rien après le rétablissement de sa santé.

La persécution s'étant rallumée, Fauste fut obligé de prendre la fuite, et Fulgence, par son avis, se retira dans un monastère voisin. Félix, qui en était abbé, sentit tout le prix de l'acquisition qu'il venait de faire; aussi voulutil céder à Fulgence le gouvernement de sa communauté. Le Saint, effrayé par les dangers d'une place si importante, refusa de s'en charger, mais à la longue on vint à bout de le déterminer à en partager les fonctions avec Félix. Rien de plus admirable que le concert avec lequel ces deux Saints gouvernèrent le monastère pendant six ans. Jamais il n'y eut de division parmi eux; chacun étudiait la volonté de son collégue pour s'y conformer. Félix était chargé du temporel, et Fulgence de l'instruction.

La paix dont les deux abbés jouissaient fut troublée quelque temps après, par une incursion des Numides, qui ra

vagèrent tout le pays. Forcés de sortir de leur monastère, ils se refugièrent à Sicca-Vénéria, ville de la province proconsulaire d'Afrique. Un prêtre arien du voisinage, informé qu'ils enseignaient la consubstantialité du Verbe, les fit arrêter, et les condamna à être frappés rudement. Les bourreaux s'étant saisis de Fulgence, Félix leur cria:

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Epargnez mon frère que la faiblesse de sa complexion » met hors d'état de souffrir ce supplice. Tournez votre co» lère contre moi qui suis fort et robuste. » Le prêtre leur ordonne de commencer par Félix, qui reçoit les coups dont on le charge avec autant de joie que de patience. On tombe ensuite sur Fulgence avec une cruauté inouïe. Epuisé de forces, et près de succomber sous la violence du mal, il s'écrie qu'il a quelque chose à dire au prêtre. Son dessein était de se ménager par-là quelques momens de relâche. Le prêtre ne doutant point qu'il ne voulût abjurer sa foi, ordonne aux bourreaux de cesser; mais il ne tarde pas à être détrompé. Honteux d'avoir paru oublier sa cruauté, il entre dans de nouveaux transports de rage, et commande de redoubler les tourmens. Non content de cette barbarie, il fait raser les cheveux et la barbe aux deux confesseurs meurtris de coups, puis les dépouille ignominieusement, et les renvoie dans un état affreux. Les Ariens eux-mêmes en furent indignés, et leur évêque offrit à Fulgence de punir le prêtre, s'il l'exigeait. Le Saint répondit que la vengeance était interdite au Chrétien, et que pour eux, ils ne perdraient ni le fruit de leur patience, ni la gloire d'avoir souffert des opprobres pour Jésus-Christ. Les deux abbés, pour se soustraire désormais à la fureur des hérétiques, se retirèrent à Ididi, sur les frontières de la Mauritanie.

Fulgence, animé du désir d'une plus haute perfection, s'embarqua à Alexandrie pour aller visiter les déserts de l'Egypte, renommés par la sainteté des anciens solitaires

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