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Il ne peut y avoir en Dieu aucune composition, son essence étant parfaitement simple; et s'il nous était donné de le contempler tel qu'il est, notre entendement ne serait pas dans la nécessité de distinguer en lui différentes perfections. Ce que nous allons dire de ses attributs divins ne peut donc porter à croire qu'il existe entre eux une distinction réelle ; elle n'est que mentale et virtuelle, comme l'appellent les Théologiens. Parmi ces attributs, il en est qui montrent Dieu en lui-même, et auxquels on donne le non d'intrinsèques ou immanents. Ce sont l'aséité ou nécessité d'être par soi-même, l'éternité, la simplicité, l'immensité, l'immutabilité, la félicité, l'infinité, etc. Je me borne à vous indiquer ces perfections divines, sans les définir ni les expliquer ; les termes disent assez ce qu'elles sont.

LE D. Parmi ces attributs, il en est un sur lequel je vous prierai de me donner quelques explications: c'est l'immensité.

LE TH. Vous retombez, comme par la force de l'habitude, dans votre idée fixe d'immensité : or, vous allez voir qu'on l'admet en Dieu, sans s'associer aux panthéistes, n'importe à quelle école ils appartiennent. Que Dieu soit partout par sa science et l'action de sa puissance, cela se conçoit facilement, mais ne peut être l'idée exacte de son immensité. Il la possède en ce sens qu'il est véritablement présent en tout lieu par sa substance même, toutefois sans circonscription qui le ferait correspondre aux différentes parties des êtres cor

porels. Cette présence ne doit pas non plus s'entendre, comme celle des anges, d'une définition locale; mais Dieu est tout entier en tout lieu, sans être renfermé en aucun lieu ; tout entier en lui-même et partout. Cette immensité de présence ne suffit pas aux panthéistes, qui veulent que Dieu soit tout, et que tout soit Dieu. Les plus modérés prétendent que tout esprit est une émanation réelle, nécessaire de l'essence divine, et par conséquent Dieu.

Est-il vrai que le panthéisme fasse au milieu de nous des progrès rapides? qu'il soit de nos jours le plus puissant, le plus redoutable ennemi du christianisme ? qu'on doive tourner contre lui toutes les armes du combat, en préparer de nouvelles, pour résister à ses attaques habiles incessantes? Est-il vrai que nous devions avoir à les soutenir pendant trois longues générations encore? Je ne sais si je me fais illusion, si j'ai trop de confiance dans le bon sens français : il m'est impossible de reconnaître un fondement réel à ces assertions alarmantes, et de partager ces craintes, qui me paraissent exagérées. Cette fièvre panthéistique, vraie ou affectée, qu'on remarque aujourd'hui dans certains anteurs, probablement atteint son paroxisme, pour rentrer bientôt dans son cours régulier. Car qu'elle se maintienne en quelque organisation maladive ce ne peut être chose étonnante; la pauvre humanité aura toujours ici-bas le triste spectacle et de la misère et de la folie. Au reste, cette énor

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mité philosophique doit être un avertissement salutaire pour des hommes honnêtes, qui reculeront de dégoût, lorsqu'il faudra aboutir à ce Dieu-monstre auquel ils auraient honte de se voir associés. Ainsi, le panthéisme et le symbolisme qui est aussi en travail parmi nous, pourront servir à montrer le précipice ouvert par l'indépendance, la licence de la pensée, et deviendront une arme puissante dans les mains du catholique et de l'homme de bon sens. Voyez, dirons-nous aux protestants, l'abîme de toute vérité histo rique et morale creusé par vos docteurs, selon la rigueur logique de vos principes. Et vous, qui vous engagez dans la philosophie allemande, il faut que vous commenciez par accepter les absurdités panthéistiques, et puis, si vous le pouvez, que vous vous croyiez, que vous vous déclariez Dieu.

LE D. Je pense comme vous sur le panthéisme et ses destinées; passons, si vous voulez bien, à la classification des autres attributs divins.

LE TH. Nous venons d'indiquer les perfections immanentes en Dieu; il nous reste à parler de celles qui nous le font considérer dans des rapports avec la créature on les nomme attributs d'action ou d'opération. Ce sont : l'entendement ou la science sans bornes, sans mesure, par laquelle Dieu connaît tout ce qui peut être connu ; la volonté, tantôt absolue, irrésistible, qu'aucun obstacle ne saurait arrêter, tantôt conditionnelle et

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dépendante du libre arbitre de ses créatures; la liberté d'agir ou de ne pas agir, soit pour le temps, soit pour le mode, sans être assujéti dans ses ouvrages à aucun degré de bien, à aucune perfection; la toute-puissance ou la faculté de produire tout ce qui est possible; la sagesse, cet ordre admirable par lequel Dieu tend à ses fins d'une manière parfaite ; la sainteté ou l'amour de ce qui est bien; la véracité, cette volonté constante de la vérité et de la fidélité à ses promesses; la bonté, c'est-à-dire l'inclination à accorder, à faire du bien; la providence, cette 'action de Dieu qui dirige les créatures, chacune vers sa fin particulière, et toutes vers la fin universelle; enfin la justice par laquelle le Seigneur accomplit la sanction de ses lois, et en accordant les récompenses promises, et en infligeant les châtiments mérités.

que

l'homme.

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LE D. Je voudrais savoir si Dieu est libre dans ses actes internes, et si, pour les opérations qui s'accomplissent en dehors de son essence, il a la même liberté ***LE TH. Non; Dieu n'a point cette liberté d'agir ou de ne pas agir dans ce qui est intrinsèque à sa nature. Ainsi, il s'aime nécessairement, et le père engendre le fils par cette même nécessité. Quant aux actes externes, Dieu est entièrement libre et pour l'action et pour le mode', à l'exception de cette liberté qui produirait le mal moral, dont il ne peut être l'auteur; tandis que l'homme peut abuser de son libre arbitre ét violer ses devoirs. Je préviens certaines difficultés dont il me semble

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vous voir préoccupé : n'allez pas me demander de concilier la simplicité de Dieu avec son immensité, sa liberté avec son immutabilité, etc. ; il nous suffit de savoir que chacune de ces perfec1 tions est essentiellement en Dieu; la difficulté d'en percevoir l'accord ne provient que de la faiblesse de notre entendement.

LE D. Plus que vous, je dois avouer l'insuffisance de l'esprit humain pour scruter et approfondir les questions dont vous parlez. Eh! qu'est l'homme, en présence des perfections infinies de Dieu! Ce que vous venez de dire de son nom et de ses attributs m'a fait le plus grand plaisir ; maintenant veuillez entrer dans quelques explications sur ses ouvrages.

LE TH. Nous aurions pu traiter ici ce que nous avons à dire de la trinité en Dieu, comme complément des questions qui se rattachent à sa nature. Cependant la place que nous réservons dans nos entretiens à ce sujet important, nous facilitera l'exposition immédiate des principaux mystères du christianisme. Tenons-nous-en donc à l'ordre que vous avez tracé vous-même, et examinons les ouvrages du Créateur. Dans ces recherches, nous établirons nos croyances sur les traditions bibliques que vous admettez comme moi: l'occasion de les apprécier se présentera plus tard...

En distinguant les attributs divins, nous les ́avons divisés en deux classes: les uns nous montrant Dieu en lui-même, et les autres dans des re

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