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croient en lui, ne périssent point, mais qu'ils aient la vie éternelle. (Joan. 3.) Il est inutile de multiplier les textes, concernant cette vérité de la foi, si clairement exprimée dans nos symboles. Credo... vitam æternam; « Je crois et j'espère la vie éternelle. » La satisfaction de Jésus-Christ ne s'est pas bornée à éteindre la dette du péché ; elle a été pleine et surabondante; car si par le péché d'un seul plusieurs sont morts, la miséricorde et le don de Dieu se sont répandus beaucoup plus abondamment sur plusieurs, par la grâce d'un seul homme, qui est Jésus-Christ. Car où il y a eu une abon-· dance de péchés,il y a eu ensuite une surabondance de grâces. (Rom.5.) « Oui, dit saint Jean Chrysostôme, commentant ces paroles, Jésus-Christ a satisfait bien au delà de ce que nous devions; c'est dans la proportion de l'immensité de la mer à une goutte d'eau. » (1.)

Il ne faut pas cependant vous exagérer les effets de la rédemption, jusqu'à y comprendre le rétablissement de l'homme sur la terre dans les priviléges de l'état primitif. Des auteurs de Philosophie catholique , nous donnent aujourd'hui ces utopies de bonheur terrestre, comme un but de la médiation de Jésus-Christ; et à les entendre, le bien-être matériel doit progresser de génération en génération, jusqu'à cette heureuse époque, où l'homme régénéré par la grâce, retrouve ici bas un nouvel Eden: la réparation du médiateur ne leur parait complette qu'à cette condition. Sur quelle base établissent-ils ce système de félicité

universelle? dans quelle prophétie des Ecritures le voient-ils indiqué? Si vous lisez l'Evangile sans le commenter sous le prestige d'une imagination poétique, vous y verrez que l'homme aura toujours à subir dans son pélérinage, les infirmités, la douleur, et souvent la pauvreté; que le disciple de Jésus-Christ devra toujours marcher à la suite de son maître, sous le fardeau de la Croix; son partage sur la terre, c'est la tribulation et la tristesse de l'exil. Voilà le caractère du vrai chrétien; nos systêmes, nos utopies, ne parviendront jamais à le changer.

LE D. On conçoit que l'Evangile renferme des anathêmes contre la corruption du monde payen; on avoue aussi que la transformation de l'homme n'étant pas encore opérée, nous avons à lutter contre des séductions extérieures, et à regarder le monde comme un ennemi dangereux; mais n'allons-nous pas insensiblement vers une époque où les disciples du Christ, parvenus à la maturité de l'homme parfait, pourront jouir sans danger des délices de la terre, avant d'entrer dans la patrie céleste, qui demeure toujours le but principal de la médiation?

LE TH. Vous êtes dans le vrai, en confessant que nous ne possédons pas encore cette heureuse transformation; si des témoignages étaient nécessaires pour appuyer vos assertions, vous n'auriez d'embarras que dans le choix. Pour le monde de notre époque, il faut donc se résigner aux ana-thêmes de l'Evangile; ils lui sont justement ap

pliqués. Quant à cet avenir de perfectionnement, il est fort à craindre que vos prédictions ne puissent jamais s'accomplir. Oui, le monde se modifiera dans ses séductions, ses jouissances et ses plaisirs, suivant la marche de la civilisation. Ainsi, les combats des gladiateurs, qui étaient un passe-temps très agréable pour l'ancienne Rome, n'attireraient peut-être pas, de nos jours, un public disposé à y participer par ses applaudissements. En supposant donc un progrès analogue, il est probable que dans cinq ou six siècles, les représentations obscènes, si goûtées dans quelques uns de nos théâtres, révolteraient l'esprit, soulèveraient le cœur, à cette époque de moralité publique, et de civilisation présumée. Mais, croyez-le bien, il y aura dans ce temps lointain, comme aujourd'hui, un monde séducteur et corrompu à éviter, qui méritera, à sa manière, les anathêmes dont vous parlez; et il en sera de même des générations qui suivront, jusqu'à la fin des siècles.

LE D. Avant de terminer cet entretien, veuillez m'expliquer comment on peut dire que Dieu nous justifie et nous sauve gratuitement, puisque le médiateur a offert pour nous une satisfaction surabondante. Je ne puis comprendre non plus Ja mort de Jésus-Christ, attendu qu'une humiliation de sa part, une seule goutte de son sang auraient suffi pour notre rédemption.

LE TH. Dieu nous justifie et nous sauve gratuitement, en ce sens qu'il a bien voulu, dans sa

par

la

miséricorde, accepter de Jésus-Christ la réparation que nous ne pouvions lui offrir nous-mêmes. Car il n'en est pas d'une offense comme d'une dette pécuniaire ; celle-ci est éteinte en rigueur de justice, si le débiteur trouve un ami généreux qui veuille satisfaire pour lui; le créancier recouvre ce qui lui est dû, et n'a point à se plaindre. Mais pour la réparation d'une injure, l'offensé peut exiger que la satisfaction soit faite personne elle-même dont il a reçu l'outrage. Oui, un acte d'humiliation de la part du divin Rédempteur, une goutte de son sang répandu pour nous, étaient d'un prix infini, et ils auraient suffi, si Dieu les avait acceptés, et que JésusChrist les eût offerts pour notre rédemption. Nous voyons cependant que, dans la rigueur de sa justice, Dieu a prescrit le sacrifice sanglant de notre divin médiateur, qui a été obéissant jusqu'à la mort de la croix. Il ne nous appartient pas de blâmer la sévérité de cette réparation; le Seigneur offensé était le maître de l'accepter, et d'en régler les conditions selon sa volonté. Nous pouvons présumer qu'il a exigé l'effusion du sang de son Fils, pour faire comprendre à l'homme combien est grande et terrible la majesté divine! pour le pénétrer à jamais de gratitude et d'amour envers celui qui l'a aimé jusqu'à laver ses péchés dans son propre sang. Qui dilexit nos, et lavit nos à peccatis nostris in sanguine suo. (Apoc. 1.)

CINQUIÈME ENTRETIEN.

LA RÉVÉLATION.

LE TH. Aujourd'hui j'ouvre l'entretien pour vous proposer le sujet qui va nous occuper : c'est la révélation. Vous l'admettez, je le sais; aussi ai-je pu vous parler de nos mystères, sans vous exposer les moyens qui conduisent à les connaître et à les croire. Pensez-vous que cette question puisse vous être de quelque utilité ?

LE D. Je suis pleinement convaincu de l'existence de la révélation; mais n'ayant jamais cherché à faire un examen approfondi des motifs de cette conviction, il me serait difficile, je l'avoue, d'exprimer clairement mes idées sur ce sujet. Je dois donc attacher une grande importance aux explications que vous me proposez. Je vous prie de les commencer par le mot révélation.

LE TH. Considérée dans le sens le plus étendu, la révélation, est toute communication intellectuelle et morale faite par Dieu à une créature intelligente. Sous ce rapport, nous pourrions appeler révélation ces connaissances de la loi na

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