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miné, exclusif. Il en est de même pour les circonstances. Dès lors vous devez avouer que notre Seigneur avait très souvent le choix de ces motifs et celui des circonstances. N'est-il pas vrai aussi que ces préceptes qui commandent le bien, n'óbligent pas à en produire constamment les actes ? Car personne n'est tenu à pratiquer sans cesse les vertus d'obéissance, d'humilité, etc. Alors que le précepte n'était pas obligatoire, vous conviendrez que Jésus-Christ avait la liberté d'en produire les actes, ou de s'en abstenir, d'en régler les circonstances, et d'en choisir les motifs. Quant à la mort, nous voyons clairement que le Sauveur, au moment même de sa passion, était libre de la subir. Déjà il avait dit aux disciples: Je quitte ma vie pour la reprendre. Personne ne me la ravit; c'est de moi-même que je la quitte. J'ai le pouvoir de la quitter, et j'ai le pouvoir de la reprendre. C'est le commandement que j'ai reçu de mon Père. (Joan. 10.) Etait-ce donc en violant ce précepte? Non; mais en demandant la dispense, ainsi qu'il l'insinue par ces paroles, au moment même où ses ennemis venaient se saisir de sa personne : Pensez-vous que je ne puisse pas prier mon Père, et qu'il ne me donnerait pas aussitôt plus de douze légions d'anges? (Matth. 26.) Sans doute pour le délivrer, comme le contexte l'indique évidemment. Pour les motifs et les circonstances de sa mort, il avait la même liberté que dans l'accomplissement des préceptes naturels. Vous direz de ce précepte de la mort: Les

prophéties étaient là, il fallait bien qu'elles s'accomplissent. Oui, sans doute, les oracles prophétiques étaient là; mais comme l'expression anticipée de la détermination libre du Sauveur, de ne point recourir à cette dispense de la mort.

LE D. Je n'ai pas très bien saisi, il faut vous l'avouer, tout ce que vous venez d'expliquer relativement à la liberté de Jésus-Christ. Mais ne nous y arrêtons pas plus longtemps, j'espère que la réflexion m'aidera à le comprendre par la suite. Avant de terminer ce long entretien, veuillez bien me dire si l'incarnation du Verbe était nécessaire, et si elle est permanente? Je présume que l'union des deux natures a été dissoute après la rédemption.

LE TH. Pour répondre à votre première question, il faut s'entendre sur la nature de cette nécessité. Vous savez qu'il existe une nécessité absolue, à laquelle Dieu lui-même est essentiellement soumis. Telle est, par exemple, la nécessité en Dieu, de la génération du Verbe. Il y a une seconde nécessité hypothétique, d'après laquelle Dieu serait tenu à porter la perfection dans ses ouvrages, s'il se détermine librement à les produire. Wiclef, et peut-être Leibnitz, ont prétendu que l'incarnation devait s'accomplir selon cette première nécessité, et Mallebranche la rattache à la seconde. Il serait facile, je crois, de détruire ces assertions systématiques, en démontrant la liberté de Dieu, soit pour la création,

soit pour le degré de perfection de ses ouvrages, si la nature de nos entretiens nous permettait de traiter cette question philosophique. Il est encore une nécessité relative à la chûte et à la réparation de l'homme. Nous aurons bientôt l'occasion d'en parler. J'arrive à votre seconde question concernant la dissolution de l'union hypostatique de la nature divine et de la nature humaine dans le Verbe. Cette séparation n'a point été faite après la ré– demption, et elle ne se fera jamais. Dans votre hypothèse, que deviennent les mystères de la résurrection, de l'ascension de Jésus-Christ, de sa présence réelle dans l'eucharistie ? La foi catholique nous induirait donc en erreur sur tous ces points essentiels ? Voulez-vous des preuves directes de cette permanence de l'incarnation? écoutez quelques citations des livres saints. Il est dit de Jésus montant au ciel avec la nature humaine qu'il avait prise: Il se sépara d'eux, et il fut enlevé au ciel. (Luc. 24.) Et dans les Actes des apôtres: Ce Jésus qui s'est élevé dans le ciel, viendra de la même manière que vous l'avez vu y monter. (1.) Cette union doit être éternelle, suivant les expressions de saint Paul: Comme il demeure éternellement, il possède un sacerdoce qui est éternel. (Heb.7.) Sacerdoce qui ne peut exister, si vous supposé? la séparation des deux natures. Entendez encore ces paroles du grand Apôtre : Jésus-Christ était hier, il est aujourd'hui, et il sera le même dans les siècles. « Jesus Christus heri et hodiè; ipse et in secula. » (Heb. 13.)

QUATRIÈME ENTRETIEN.

LA REDEMPTION.

LE D. La rédemption de l'homme va nous occuper aujourd'hui, comme vous l'avez annoncé dans le dernier entretien. Veuillez donc me dire de prime-abord si cette rédemption était vraiment nécessaire?

LE TH. En examinant cette question, je tâcherai de résoudre la difficulté que vous me propo- . sicz hier, concernant la nécessité de l'incarnation, après la chûte de nos premiers parents. L'homme, en devenant prévaricateur, s'était dépouillé de la grâce sanctifiante et des espérances de la vision intuitive qui lui était destinée. Ennemi de son Dieu, par le péché, il devait subir sa malédiction, et les malheurs qui en étaient la suite, si le Seigneur, dans sa miséricorde, n'eût changé sa triste condition. Vous savez avec quelle sévérité avaient été punis les anges rebelles, dont le châtiment n'aura jamais de fin. Or, Dieu avait le droit d'exercer cette justice rigoureuse contre

T'homme coupable. Il pouvait aussi lui faire grâce par un pardon absolu, et ainsi la rédemption et l'incarnation ne devenaient pas nécessaires après te péché d'Adam. S'il n'avait exigé qu'une réparation imparfaite, divers moyens de l'obtenir étaient en sa disposition, sans que le Verbe se fit homme pour nous racheter. Mais puisque la justice de Dieu a voulu une satisfaction condigne, nous ne pouvons comprendre comment la faute de l'homme eût été réparée, sans la médiation d'une personne divine, seule capable d'offrir cette satisfaction complette, rigoureuse; et c'est ainsi que nous voyons la nécessité de la rédemption opérée par Jésus-Christ.

LE D. Cependant l'homme pouvait se repentir et prier, et les anges qui étaient dans l'amitié de Dieu auraient uni leur médiation à ses efforts, de manière à offrir cette réparation condigne, rigoureuse, dont vous parlez.

LE TH. On vous accordera que l'homme n'avait pas perdu toute faculté de prier et de se repentir; mais ces prières, ces regrets d'une créature rebelle, Dieu n'était pas obligé de les accepter comme une satisfaction à sa justice. Qu'étaient d'ailleurs ces actes? quelle valeur pouvaient-ils avoir, comparés à la grièveté de l'offense? Car, dans l'appréciation des hommes raisonnables, une offense se mesure sur la dignité de la personne qui l'a reçue, et la satisfaction sur l'excellence de celui qui la présente. L'offense faite à Dieu étant d'une malice infinie, l'homme, si pauvre, si dé

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