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bonne partie de mon temps; le reste, je l'ai éparpillé dans les dissipations de la jeunesse, sans consacrer un seul quart-d'heure aux souvenirs de ces vérités saintes, qui furent une protection et un charme si doux pour mon enfance..... Un grand nombre de jeunes gens, vous le savez, ont à déplorer, comme moi, cet oubli coupable et si difficile à réparer aujourd'hui ! Car ce ne sont point des compositions d'éloquence, ni des dissertations philosophiques qui peuvent nous apprendre la doctrine simple et surnaturelle du Christ; et d'un autre côté, les prédications utiles, qui se font dans nos églises, s'adressent pour l'ordinaire à des esprits déjà avancés dans la connaissance de la morale et des dogmes catholiques. Nous avons, il est vrai, tous les ans, à la Métropole, des conférences remarquables; elles attirent, autour de la chaire sacrée, un concours immense d'hommes, avides d'entendre cette parole grave, éloquente, qui expose et défend nos dogmes avec tant de science et d'autorité. Toutefois ces dissertations trop rares paraissent insuffisantes, pour ceux-là surtout qui ont besoin de former leurs convictions, et d'acquérir l'ensemble des vérités chrétiennes. Car pendant le long intervalle d'une année, la lumière répandue dans les esprits, et les bonnes dispositions imprimées aux cœurs, s'affaiblissent insensiblement, et ne laissent presque plus de traces. Si les leçons de ce grand cours chrétien pouvaient devenir plus fréquentes, elles auraient sans nul doute, le s

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résultats dignes du zèle apostolique et du talent si élevé de M. de Ravignan.

LE THÉOLOGIEN. Je déplore avec vous la position d'un si grand nombre de jeunes hommes qui restent étrangers à la religion, dont ils n'ont que des idées superficielles ou fausses; et comme vous, je désire aussi bien vivement que les célèbres conférences de la Métropole puissent devenir plus fréquentes. Vos aveux personnels, je sais comment les apprécier : n'ayez aucune inquiétude, nos entretiens seront, j'ose l'espérer, adaptés à votre position. Mais par où les com

mencer?

LE D.. Ce serait à moi de vous faire cette question; cependant, puisque vous voulez bien me l'adresser, je vous prierai de traiter comme base de nos conversations, ce qui concerne le nom de Dieu, ses attributs et ses ou

vrages.

LE TH. C'est là, en effet, la marche rationnelle qui nous est tracée. Sans autre préambule, commençons nos recherches par l'étymologie du mot Dieu, en latin Deus. C'est le òs des Grecs qui peut indiquer ou l'immutabilité de Dieu, ou cette science, cette vision infinie qui lui rend tout présent et manifeste. En hébreu, Dieu est appelé tantôt souvent

Elóïm, tantôt 178 Adônaï; on trouve Hélion, Schadaï, etc. Ces termes servent à exprimer sa majesté souveraine, sa grandeur, son élévation et sa puissance; mais le nom par excellence consacré dans la langue hé

braïque est Jéhôvà, l'Eternel (1). Chez tous les peuples connus, Dieu est désigné par des expressions propres à marquer ou son existence ou quelqu'un de ses attributs infinis. De ces diverses significations, nous pouvons donc recueillir cette notion de Dieu, qu'il est l'ÊTRE INFINIMENT PARFAIT. Vous n'avez aucun doute, je le présume, sur son existence, que nous démontrent à la fois notre sens intime, la création de l'univers, l'ordre admirable qui y règne, et la croyance unanime des peuples; tout en l'homme, et hors de lui, proclame comme nécessaire l'existence de l'Etre créateur. Aussi, est-ce dans le cœur des impies, et non dans leur esprit, que le roi-prophète nous signale la négation de Dieu et de sa providence : L'insensé a dit dans son cœur : Il n'y a point de Dieu. Le pécheur a dit dans son cœur : Dieu a ou – blié ce qui se passe en ce monde, il a détourné son visage, il n'en verra jamais rien (13, 10).

LE D. Dans mes aberrations, je ne suis pas allé jusqu'à l'athéisme; mais des systêmes tout aussi absurdes m'ont préoccupé pendant quelques années. D'abord, je m'arrêtai au dualisme de Manès, que je rejetai bientôt comme faux et impóssible; car l'unité de Dieu est, pour moi, aussi essentielle que son existence-même. Sous l'empire de cette idée d'un Dieu unique, immense, remplissant l'univers de son être infini, je fus conduit au

(1) C'est ainsi que Dieu se nomme lui-même dans l'Exode 77777, moi Jéhôvâ.

panthéisme des anciens, à ce grand tout organisé, immédiatement animé par l'Esprit-Dieu, ne formant qu'un être dont les éléments matériels étaient les membres essentiels. La réflexion ne tarda pas à détruire dans mon esprit ce systême monstrueux; et je lui substituai l'harmonisation des Saint-Simoniens, que je ne comprenais pas, que je ne cherchais pas trop à approfondir, crainte d'y retrouver l'âme du monde des Stoïciens avec ses membres matériels.

J'étais attiré, séduit, par cette harmonie des êtres qui devait tout coordonner, embellir et perfectionner; mais le charme ne dura pas longtemps, et le Saint-Simonisme fut à mes yeux un désordre, un crime, dès que je connus les théories établies sur ses principes, les conséquencespratiques, immorales, anti-sociales qui en découlaient et que l'on tâchait d'expérimenter. Alors vint le tour du panthéisme spiritualiste, que je recueillis de quelques études philosophiques. Je rentrai donc avec bonheur dans mon principe favori de l'unité de Dieu, de son immensité, son identité réelle avec tout esprit, sans rencontrer les erreurs grossières du panthéisme des anciens; l'Être spirituel, intelligent, restait seul éternel, libre, créateur de la matière qu'il gou verne, enfin, parfait. Quant à l'homme, il m'ap paraissait comme une émanation essentielle de l'Être divin, et me devenait plus respectable et plus cher. Moi aussi, je devais participer à cette essence incréée, et de là coulaient nécessaire

de

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ment à pleins bords la grande idée du moi, son autorité, son importance, son infaillibilité ; c'était le moi diyin, le moi Dieu.

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Vous le voyez, le Tout-Puissant a permis que j'aie touché à toutes ces extravagances pour humilier l'orgueil de mon esprit, et me faire comprendre jusqu'où peut aller le délire de l'homme, alors qu'il se complaît en ses prétendues lumières, et qu'il ne veut accepter d'autre guide, d'autre autorité que sa raison. Enfin, Dieu a eu pitié de ma faiblesse, il a daigné faire entrer dans mon âme un rayon de sa vérité, et me conduire à la sublime simplicité de la croyance chrétienne, sur sa nature et ses divins attributs. Cependant ils ne s'offrent pas à R mon esprit d'une manière claire distincte ayez donc la bonté de me les rappeler en quelques mots.

de

LE TH. Le récit de ce que vous appelez vos aberrations, justifie ce que je disais de la source d l'athéisme; en vous, c'est le cœur qui a préservé l'esprit ; et, comme vous l'exprimez très bien, Vous n'avez que touché à ces systêmes erronnés et absurdes. Mais figurez-vous un malheureux jeune homme dominé par des passions violentes, perverti dans le cœcur; il se serait jeté dans tous ces déréglements de l'esprit, pour aboutir au plus abject matérialisme. Puisque vous le désirez, examinons rapidement les attributs de Dieu traités par les Théologiens vous verrez qu'ils les 'envisagent comme les philosophes vraiment dignes de ce

nom.

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