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que

cependant observer les mots esprit et amour se disent aussi de la nature divine, pour marquer la spiritualité de Dieu et son amour envers les créatures: Dieu est esprit et charité. Pour le mot saint qui accompagne celui d'esprit, on l'explique de la sainteté, de la pureté de l'amour du Père et du Fils, d'où procède l'Esprit ainsi appelé Saint.

Voici les noms appropriés à chacune des personnes divines. Au Père, comme principe sans principe on donne les noms de Créateur, de Tout-Puissant, de Notre Père. Le Fils est appelé Sagesse, Vertu de Dieu. Au Saint-Esprit, on approprie les noms de Sanctificateur, de Vivificateur, de Paraclet ou Consolateur, etc. Terminons par ces paroles si précises du symbole de saint Athanase, qui seront comme le résumé de ce long entretien : « La foi catholique veut que nous ado>> rions un seul Dieu dans la Trinité, et la Tri» nité dans l'unité, sans confondre les person»›nes, sans diviser la substance; car autre est la » personne du Père, autre celle du Fils, autre » celle du Saint-Esprit ; mais le Père et le Fils » et le Saint-Esprit ont une seule divinité, une » gloire égale, et une majesté co-éternelle. » (Symb. S. Ath.)

TROISIÈME ENTRETIEN.

L'INCARNATION DU VERBE.

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LE D. J'ai tâché de me recueillir le plus possipour méditer le sujet de notre dernier entretien. Mon esprit, initié par vos explications dans ces difficultés mystérieuses, n'y a plus trouvé les contradictions que je croyais y appercevoir autrefois; car tout se suit, se coordonne d'une manière admirable dans la Trinité, comprise selon la croyance catholique. Le mystère reste sans doute toujours à la faiblesse de notre entendement; mais si l'homme est dans l'impossibilité de s'expliquer de simples phénomènes terrestres, comment nous étonner s'il ne peut sonder les profondeurs de la nature divine elle-même. Pour compléter ces explications, je vous prie d'ajouter quelques développements à ce que vous avez dit sur la manière dont s'opèrent la génération du Fils, et la procession du Saint-Esprit. Enfin, je me permettrai de vous demander pourquoi vous n'avez pas pris

dans l'ordre naturel des preuves et des explications du mystère de la Trinité?

LE TH. Je me suis abstenu à dessein de vous parler directement du mode de la génération du Fils, et de la procession du Saint-Esprit. Le parti le plus sage serait peut-être de ne point chercher à le connaître, nous bornant à dire avec Isaïe : Qui pourra expliquer sa génération? (53.) Mais puisque vous le désirez, je vais vous rapporter en peu de mots ce qu'en disent les théologiens : « Le Père engendre le Fils par un acte d'enten» dement, ou par voie de connaissance; Dieu se >> connaissant lui-même nécessairement de toute » éternité, produit un terme de cette connais»sance, lequel lui est égal à lui-même, subsis>> tant et infini comme lui. Ce terme de la con» naissance du Père est appelé dans l'Ecriture >> sainte son Verbe, son Fils, sa Sagesse, l'image » de sa substance, etc.

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«Le Père voit son Fils, et le Fils regarde son >> Père comme son principe; ils s'aiment donc né>> cessairement: or, l'amour est un acte de la >> volonté, et il doit avoir un terme aussi réel

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» l'acte de l'entendement; ce terme est le SaintEsprit,qui procède ainsi de l'amour mutuel du » Père et du Fils. » Que penser de cette explication des théologiens? est-elle pleinement satisfaisante pour l'entendement? Je ne le crois pas; et toujours nous devrons dire avec saint Augustin:

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Que vous compreniez, que vous ne compre» niez point, il reste vrai que du Père est le Fils,

» du Père (et du Fils) le Saint-Esprit, celui-là » par génération, celui-ci par procession; mais >> qui pourra expliquer en une nature si élevée, » la différence qui existe entre être engendré et » procéder (De Trin.)? »

J'arrive à votre seconde observation, relative aux preuves, aux explications de ce mystère, par des comparaisons prises de la nature. Il est vrai que des pères et des théologiens en ont fait usage assez souvent dans des circonstances particulières, mais en avertissant que ces comparaisons ne pouvaient répondre à la sublimité de ce mystère, ni en donner une idée vraie; car, selon leurs propres expressions, il est à une distance infinie de tous ces objets naturels auxquels on prétend l'assimiler. Des écrivains, dont les intentions sont pures et droites, tâchent d'introduire aujourd'hui, dans l'enseignement religieux, cette manière d'expliquer les dogmes catholiques, comme un moyen très-propre à les faire accepter de tous. Qu'ils y prennent garde, cette voie offre bien des dangers, et les expose à altérer nos mystères en voulant les faire entrer dans l'ordre naturel. Qu'on établisse leur existence sur les fondements des Ecritures, de la tradition et de l'enseignement de l'Eglise, voilà le domaine et aussi les limites ordinaires de la saine théologie, comme de la vraie prédication. Les dépasser, en cherchant par des assimilations prises de l'homme, des astres, des fleurs, etc., à rendre ces mystères sensibles, c'est s'exposer à les rabaisser, à les dénaturer, aujourd'hui surtout que les esprits

ont une tendance prétentieuse à n'admettre que ce qu'ils croient comprendre, et de la manière dont ils se figurent le comprendre (4).

LE D. Me voilà satisfait sur ces observations, et tout disposé à écouter ce que vous voudrez bien me dire du mystère de l'Incarnation.

LE TH. Avant d'entrer dans les explications relatives à ce mystère de notre foi, examinons si, après la chute de nos premiers parents, Dieu leur fit connaître le libérateur destiné au genre humain, et si, dans les siècles postérieurs, cette croyance d'un rédempteur s'est toujours conservée parmi les hommes. Les pères de l'Eglise s'accordent à voir dans ces paroles que

Dieu adressa au démon : La femine écrasera ta tête, ipsa conteret caput tuum, la première manifestation de la rédemption des hommes (Gen, 3.). Adam et Eve durent comprendre le sens de ces expressions prophétiques, et concevoir pour eux et leurs descendants des espérances de salut.

Aussi Eve exprime-t-elle son bonheur en devenant mère: Je possède un homme par le Seigneur (Gen. 4.). Cain et Abel offrent des sacrifices à Dieu; le premier, alors même qu'il forme des projets homicides, reçoit l'assurance qu'il pourra

(1) Les rationalistes ne manquent pas d'observer cette manière d'expliquer la religion; elle est presque un triomphe pour eux. La religion et la philosophie, disent-ils, ne reconnaissent plus, comme autrefois, de domaines distincts. Les orateurs de la religion ont une tendance intime à philosopher, parce qu'ils obéissent, à leur insu, au rationalisme du siècle, etc. (Revue des Deux-Mondes, 1. 26. 6o 1.).

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