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SEIZIÈME ENTRETIEN.

MEMBRES DE L'ÉGLISE.

LE D. J'ai encore à vous proposer deux questions sur les matières de l'Eglise. Il s'agit d'abord de déterminer quelles personnes appartiennent à T'Eglise de Jésus-Christ, et ensuite, si l'on peut se sauver hors de la société catholique-romaine?

le

LE TH. Pour répondre à ces questions d'une manière lucide et précise, je dois commencer par yous fixer sur la nature de l'Eglise; ce qui sera d'autant plus facile que nous avons déjà exa¬ miné sa constitution. On distingue dans l'Eglise de Jésus-Christ une partie extérieure, une autre intérieure; ce que les théologiens appellent corps et l'âme de l'Eglise. En adoptant ces dénominations, nous dirons que le corps consiste dans des liens externes communs, comme le baptême, la profession de la foi, l'obéissance aux mêmes pasteurs, etc., tandis que l'âme se compose de qualités purement intérieures, telles que la foi, l'espérance, la charité et les dons de l'Esprit saint. Considérée sous le rapport de l'àmé, l'Eglise sera la société de ceux qui sont unis à

Jésus-Christ, et par conséquent entre eux par la foi, l'espérance, la charité. Envisagée dans sa partie extérieure ou son corps, l'Eglise est la société de toutes les personnes baptisées, unies par la profession de la même foi, la participation aux mêmes sacrements, la soumission aux pasteurs légitimes et surtout au pontife romain.

Avec ces notions, il vous sera facile de comprendre que, pour appartenir au corps et à l'âme de l'Eglise, il est essentiel de remplir toutes les conditions que nous venons de signaler. Vous verrez aussi que certains peuvent appartenir à l'âme seulement, des catéchumènes, par exemple, et ceux qui étant frappés d'une excommunication, possèdent la foi, l'espérance, la charité. Vous aurez une troisième classe de personnes qui ne seront membres que du corps, les pécheurs; et enfin vous trouverez une quatrième catégorie dont les membres n'appartiendront ni à l'âme ni au corps de l'Eglise de Jésus-Christ. D'après ces principes, tous ceux qui ont la foi, l'espérance et la charité, appartiennent à l'àme de l'Eglise.

Quant au corps de cette société, voici d'abord les personnes qui n'en font point partie : les catéchumènes, privés du baptême d'eau qui imprime le caractère de chrétien, et fait entrer dans l'Eglise extérieure des disciples du Christ. D'ailleurs, avant le baptême, on ne peut participer aux sacrements, ce qui est cependant indispensable pour appartenir au corps de la société

chrétienne; les excommuniés privés de la participation aux sacrements des fidèles, aux biens spirituels de l'Eglise et à ses assemblées, ne peuvent être comptés parmi les membres de son corps; les hérétiques publiquement déclarés tels par l'Eglise ou qui élèvent autel contre autel, obéissent extérieurement à d'autres pasteurs, ou qui se déclarent manifestement membres d'une secte déjà séparée, ne peuvent être membres du corps de l'Eglise dont ils ne professent plus la foi, dont ils méconnaissent les pasteurs. Nous devons dire la même chose des schismatiques déclarés, n'étant pas en communion avec le pape, centre de l'unité, et ne le regardant plus comme chef de l'Eglise universelle. Je vous ferai observer que s'il s'agit d'hérétiques ou de schismatiques cachés, ils restent néanmoins membres du corps de l'Eglise, n'ayant encore rompu à l'extérieur aucun des liens avec cette société; s'ils manifestent notoirement le schisme ou l'hérésie sans être encore séparés par une sentence de l'Eglise, et sans élever autel contre autel, beaucoup de théologiens pensent qu'ils ne sont pas encore retranchés de la société extérieure qui les tolère, et que souvent ils y exercent validement une juridiction spirituelle. Pour ceux qui, avec une parfaite bonne foi, se trouvent engagés dans le schisme et l'hérésie non tolérés, comme dans les sectes protestantes ou le schisme grec, s'ils ont la foi et la charité, ils appartiennent, nous l'avons déjà dit, à l'âme de l'Eglise, et ils sont

certainement dans les voies du salut. Nous n'avons aucune difficulté pour les pécheurs qui violent d'autres vertus que la foi ou la soumission aux pasteurs légitimes. Il est évident que leurs péchés ne les excluent pas du corps de l'Eglise,

dont ils conservent tous les liens extérieurs.

LE D. Je suis impatient de connaître comment vous allez traiter ma dernière question, savoir : Si l'on peut être sauvé hors de l'Eglise catholiqueromaine?

LE TH. Vous êtes persuadé que la société catholique-romaine est la véritable Eglise de JésusChrist. Nous pourrions donc traiter la question comme vous la posez; cependant examinons-la différemment, et cherchons si l'on peut faire son salut hors de la véritable Eglise du Christ; les conséquences viendront après. Préchez l'Evangile à toute créature, disait le Sauveur à ses disciples; celui qui croira et qui aura reçu le baptême, sera sauvé. Celui qui ne croira pas, sera condamné. (1) Si un homme ne renaît par le baptême de l'eau et par la grâce du Saint-Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. (2) Enseignez tout ce que je vous ai ordonné. (3) Selon saint Jean : Celui qui ne croit pas, est déjà juge, parce qu'il ne croît pas au nom du Fils unique de Dieu. (3.) Nous lisons dans les Actes qu'il n'y a point de salut par aucun autre; car aucun autre nom, sous le ciel, n'a été donné aux hommes par lequel nons devrons

(1) Marc. 46. (2) Joan. 3. (3) Matth. 28.

étre sauvés (4). Si quelqu'un n'écoute pas l'Eglise, nous dit aussi le divin Sauveur, regardez-le comme un payen et un publicain (Matth. 8). Quelle conséquence tirerons-nous de ces paroles de l'Ecriture? Celle-ci, qu'on n'est pas libre de choisir le moyen d'arriver au salut; il faut le chercher dans le nom de Jésus-Christ, la foi, le baptême, dans l'Eglise qu'il a établie, dont il est le chef et le Sauveur (Eph. 5). N'est-elle pas ailleurs appelée la maison de Dieu ? l'Eglise du Dieu vivant ? la colonne de la vérité (1. T. 3)? Celui donc qui s'en sépare avec connaissance, doit se regarder comme payen et publicain, en dehors de la cité, de la maison de Dieu, de la vérité, et par conséquent en dehors de la voie du salut. Désobéissant ainsi au fondateur de l'Eglise, qu'il n'écoute point, celui-là ne pourra être sauvé, s'il ne rentre dans la bergerie du divin Pasteur.

Ceux qui connaissent cette société de JésusChrist doivent donc en devenir membres ; c'est la conséquence nécessaire des principes précédents, et s'ils refusent d'entrer dans la salle du festin, ils seront traités avec sévérité pour n'avoir pas accompli la volonté de Dieu, qui leur a fait des invitations si réitérées.

Entendez ce que les docteurs chrétiens nous enseignent sur cette question, prise en ce sens général : Celui qui n'a pas l'Eglise pour mère, ne peut avoir Dieu pour père. « Il n'y a qu'une seule maison de Dieu, et personne ne trouvera le salut, si ce n'est en l'Eglise, nous disent saint Cy

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