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saint Paul aurait eu le droit de le traiter d'hérétique et de recommander aux fidèles de l'éviter. N'oublions donc jamais ces paroles des deux grands apôtres : Toute prophétie de l'Ecriture ne doit pas s'entendre selon sa propre interprétation..., Satan se transforme en ange de lumière.

Ce qui achèvera de nous persuader combien est fausse cette prétendue influence de l'inspiration, c'est la manière, je ne dirai pas différente, mais contradictoire dont les mêmes hommes se sont montrés inspirés sur les mêmes matières, en des circonstances diverses. Qui ne connaît les variations de Luther sur les sacrements ? Tantôt il en admet quatre, tantôt trois ; il finit par n'en maintenir que deux. Sur un grand nombre d'autres points, on voit dans cet hérésiarque la même incertitude et la même mobilité de doctrine. Les autres chefs de secte n'ont pas eu plus de fixité dans leurs opinions. Cependant, si l'esprit de Dieu les eût inspirés, concevrait-on ces évidentes contradictions? Demandez encore à Luther, à Calvin, aux autres réformateurs de quel esprit ils étaient animés avant de décrier ce qui existait depuis des siècles, ce qu'ils croyaient, ce qu'ils pratiquaient eux-mêmes de bonne foi, à moins qu'ils ne fasssent l'aveu d'une honteuse hypocrisie? Si c'était l'esprit divin qui les éclairait, comment ce même esprit a-t-il pu leur inspirer de renverser comme criminel ce qu'il approuvait auparavant comme utile et religieux? S'ils nous disent : Nous n'avions pas alors

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cette inspiration, elle nous est advenue depuis. Eh bien ! qu'ils montrent les preuves de ce changement en eux; qu'ils constatent ou la source ou l'expérience de cette influence divine. Si les chefs de la réforme ont agi sous l'inspiration sainte, comme ils en ont la prétention, d'où vient-il qu'ils ne se sont pas entendus tous pour établir la même doctrine, le même culte ? N'est-il pas absurde que l'Esprit saint ait dicté le pour et le contre à ces prétendus inspirés?

Nous finirons par demander à nos adversaires, si dans leur système tous auront ou non le secours de cet esprit; et si l'on peut en abuser? Si quel-· qu'un en est privé et qu'il prétende le posséder, quelle voie employer pour imposer silence à ses prédications quelqu'opposées qu'elles soient aux principes fondamentaux ? Il vous dira toujours que c'est l'inspiration de l'Esprit saint qui les lui dicte. Si on ne peut abuser de cet Esprit, le mal interpréter, comment y aura-t-il tant de diversité parmi les sectes, et en choses de la plus grande importance? Il faut donc qu'on avoue la possibilité de l'abus ; mais alors par quel moyen arrêter ce désordre ? Le nouveau prédicant sera toujours dans son droit, en disant qu'il agit sous l'influence de l'inspiration faites - le brûler si vous en avez la volonté et la puissance, il raisonnera toujours avec plus de justesse que vous, qui violez vos propres principes, en le condamnant. Chacun doit suivre l'inspiration qu'il croit éprouver, tel est son droit et son devoir.

Cette inspiration individuelle mène, comme vous le voyez, à l'indépendance la plus complète en matière de religion; et c'est là ce qui désole les sectes aujourd'hui. Il s'en détache des membres audacieux qui ébranlent tout ce qu'on a tenté d'établir, en déduisant les conséquences naturelles des principes fondamentaux de leur doc

trine.

LE D. Cette argumentation est vive et pressaute, on est forcé d'en convenir; mais ne portet-elle pas à faux? Qu'aurez-vous à reprocher aux protestants, si, pour justifier ces modifications de leur doctrine, de leur culte, ils vous disent que la religion chrétienne est indéfiniment perfectible, et que dès-lors il n'est pas étonnant d'y voir des changements progressifs, qui sont la suite nécessaire de sa constitution ?

LE TH. Supposons un instant que la religion de Jésus-Christ puisse être perfectionnée d'une manière progressive, les protestants se trouventils dans les conditions de cette perfectibilité ? Je ne le pense pas. Qu'est-ce en effet que le perfectionnement dans les arts, les sciences, et si vous voulez, dans la religion? Dans les arts, la sculpture, par exemple, ce sera de mieux harmoniser, de rendre plus naturelles, plus grâcieuses, les formes d'une statue. Perfectionner une science, comme la géométrie, c'est employer des méthodes plus claires, plus précises, plus propres à en faciliter les démonstrations. Il y a sans doute un autre perfectionnement plus large,

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appliqué aux arts et aux sciences; mais on devrait plutôt lui donner le nom de découverte ́d'invention ; car, à la rigueur, perfectionner ne signifie autre chose que rendre plus parfait dans la forme et le mode, ce qui est déjà pour le fond. La religion, si on veut, pourra aussi absolument être susceptible de perfectionnement en ce sens qu'à une époque il sera possible d'exposer sa doctrine avec plus de clarté, d'augmenter les solennités de son culte, de détruire les superstitions de l'ignorance au milieu des populations. La morale sera perfectionnée dans la pratique, si on est plus fidèle à l'observer, si on trouve les moyens d'en rendre l'application plus utile, plus profitable à l'humanité ; et sous ce rapport le mode d'exercer la bienfaisance chrétienne pourra vraiment être amélioré. Est-ce ainsi que les protestants ont réformé, perfectionné la religion et la morale? Se sont-ils bornés à quelque modification dans la forme ? Nous l'avons - déjà dit, leur prétendu perfectionnement, c'est la mutilation dans la foi, les sacrements et une foule d'autres points qu'ils rejettent, sous prétexte de réforme. C'est le perfectionnement du barbare qui, pour embellir une statue, lui briserait des membres, lui déformerait les autres, et lui déprimerait le front. Ils ont fait aussi des additions à la religion de Jésus-Christ, ce qui sort encore des limites d'un perfectionnement. D'où ont-ils tiré, par exemple, l'inamissibilité de la justice, la tolérance de la polygamie, la terrible réprobation

absolue, la rémission du péché par la croyance même qu'il est remis? Y a-t-il dans la doctrine de Jésus-Christ quelque chose qui conduise à ces principes? Non, le christianisme réformé, comme ils le prétendent, n'est plus celui du divin Sauveur, celui des apôtres ils l'ont altéré, défiguré par les retranchements arbitraires qu'ils lui ont fait subir, et par les additions monstrueuses qu'ils lui ont imposées. Il est donc manifeste qu'ils sont sortis des conditions d'un véritable perfectionnement. Au reste, examinons en peu de mots, si la religion chrétienne est susceptible de perfectibilité pour le dogme, la doctrine, les sacrements et le ministère sacré. Jésus-Christ disait à ses apôtres : Je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père, (Joan. 15.) c'est-àdire, tout ce que j'avais mission de vous manifester pour l'établissement de ma religion. Le Paraclet, , que mon Père vous enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses. (Ibid. 14.) Allez donc, instruisez les nations, et faites observer ce que je vous ai ordonné. (Matth. 28.) Selon le sens naturel de ces paroles, le Sauveur a instruit les apôtres de ce qu'ils devaient communiquer aux hommes ; son Esprit devait, le jour de la Pentecôte, confirmer, développer ces enseignements, et surtout opérer de merveilleux changements dans les dispositions des disciples. Dans la suite, ce même esprit n'a jamais fait défaut aux hommes apostoliques. Le divin fondateur ne s'est donc pas arrêté à une ébauche pour sa religion : il l'a

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