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Christ; or, il est impossible de n'y pas apercevoir des traditions divines qui, sans être contenues dans l'Ecriture sainte, sont cependant règle de foi. Nous savons que Jésus-Christ n'a point écrit sa doctrine; qu'il l'a oralement enseignée à ses disciples, en leur recommandant, non de l'écrire, mais de la prêcher : Préchez l'Evangile à toute créature. (Marc. 16.) Les apôtres obéirent à leur divin Maître, et allèrent répandre' partout la nouvelle du salut, sans la rédiger en traités écrits: Et étant partis, ils préchèrent partout. (16.) Quelque années après, saint Matthieu composa son Evangile; puis vinrent successivement les différentes parties de nos livres saints. Mais leurs auteurs, en les écrivant, n'ont pas voulu y consigner tout ce qui constitue la religion. Pour vous en convaincre, écoutez les paroles de saint Paul aux Thessaloniciens: Demeurez fermes, mes frères, et gardez les traditions que vous avez apprises, soit par mes discours, soit par ma lettre ; (2a. 2.) et celles-ci adressées aux Corinthiens: Je vous loue, mes frères, de ce que vous gardez mes préceptes comme je vous les ai donnés. « Sicut tradidi vobis præcepta mea tenetis. » (1a. 11.) Le texte grec, au lieu de préceptes, exprime le mot traditions : τὰς παραδόσεις κατέχετε. Le même apotre écrit à son disciple Timothée: Proposez-vous pour modèle les saines instructions que vous avez entendues de moi touchant la foi, et gardant ce que vous avez appris de moi devant plusieurs témoins donnez-le en dépôt à des hommes fidèles, capables d'en instruire d'autres.

(2. 1.) Les Pères de l'Eglise ont eu comme nous cette persuasion, que tout ce que nous devons croire ou pratiquer, n'est pas consigné dans nos livres saints. Tertullien, en parlant des cérémonies du baptême, du signe de la croix, etc., di ́sait aux hérétiques de son temps: « Si, pour ces sortes d'usages, vous cherchez un commandement des Ecritures, vous n'en trouverez point; c'est la tradition qui les transmet, la coutume qui les confirine, et la foi qui les observe. » (de C. M.) Suivant saint Irénée : « Il faut consulter soigneusement les Eglises, pour y trouver la véritable tradition. » (C. H. L. 3.) Saint Clément d'Alexandrie atteste que les maîtres qui l'ont instruit, gardaient fidèlement la doctrine reçue des apôtres par tradition (Strom. 7.) Et, selon Origène, on doit tenir pour vérité seulement, ce qui ne s'écarte en rien de la tradition de l'Eglise et des apôtres. (Præf. 1a.) Dans la fameuse question du baptême des hérétiques, saint Etienne et saint Cyprien alléguaient ensemble la tradition en faveur de leurs sentiments opposés, tant ils étaient convaincus qu'elle est règle de foi et de conduite. « Point d'innovation, disait saint Etienne, « seulement ce qui a été transmis. » Et, de son côté, saint Cyprien répliquait : « Si nous recourons aux traditions divines, toute erreur humaine cessera bientôt. » Après ces autorités, je vous citerai le sens de quelques paroles du concile de Trente, qui nous attestent l'existence des traditions divines. Il reconnaît et l'Ecriture et les traditions comme des ca

naux qui transmettent la vérité, parce que l'Esprit saint les a dictées, également. Il vénère du même respect affectueux et les livres et les traditions dont Dieu est l'auteur; et à la fin du décret se lit cet anathême : « Si quis... et traditiones prædictas sciens et prudens contempserit, anathema sit. » (S. 4.) Il est donc positif que la tradition est une autre source de la parole de Dieu, différente de l'Ecriture, et que nous devons la recevoir et la vénérer à l'égal des livres saints. Car l'autorité de la parole divine ne tient d'une manière exclusive, ni au langage, ni à l'écriture. N'importe le mode qui nous la transmet, nous devons la respecter et l'observer.

LE D. Quelles sont donc les raisons des protestants, pour ne pas admettre les traditions que vous venez de signaler?

LE TH. Il suffira de les indiquer, sans ajouter de longues discussions pour les réfuter. Ils prétendent d'abord que l'Ecriture est la seule règle de la foi et des mœurs; ce qui n'a jamais été adopté, ni chez les Juifs ni chez les chrétiens. Interrogez votre père, disait Moyse, et il vous enseignera; vos aïeux, et ils vous instruiront. (Deut. 32.) Et le prophète David s'écriait: Combien de choses n'avons-nous pas apprises de la bouche de nos pères!... Combien de vérités Dieu leur a ordonné d'enseigner à leurs enfants, afin de les faire connaître aux générations futures! (Ps. 77.) Dieu a établi le christianisme par la prédication orale, et il n'y a eu d'Ecriture que plusieurs années après la mort de

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notre Seigneur. Comment les sept apôtres, dont nous n'avons point d'écrit, qui n'en emportèrent aucun en allant prêcher la foi, attendu qu'il n'en existait pas encore; comment, dis-je, ont-ils pu fonder des églises, sans cette unique règle de la foi? Qu'on ne dise point: L'Ecriture est devenue par la suite seule règle de foi; cette assertion ne se trouve nulle part dans les livres saints; et les témoignages que nous venons de rapporter, en établissent une toute contraire.

Les protestants objectent, en second lieu, qu'on ne peut être assuré si ces traditions sont parvenues intactes jusqu'à nous. A cela, nous répondrons que, si Jésus-Christ les a laissées à son Eglise, il savait apparemment quelque moyen de les y conserver, et les Pères, en renvoyant les hérétiques et les fidèles aux différentes traditions, étaient par là même persuadés que ce dépôt a été fidèlement gardé. Si les protestants affirment qu'aucune tradition humaine ne peut, ni s'établir, ni se conserver pure dans le monde, à la bonne heure; cette négation universelle vient simplifier la question, sans offrir d'autres inconvénients que d'être en opposition manifeste avec le sens commun... Si donc on est forcé de convenir qu'il existe des traditions humaines dignes de foi, nous ne demandons ni plus ni moins pour les traditions chrétiennes ; bien qu'en insistant, il serait facile de trouver des raisons spéciales pour la conservation intacte de ces dernières. Je vais vous dire ce qui gêne nos adversaires dans la tradition; c'est qu'elle

ne se prête pas à leur sens arbitraire, comme un texte de l'Ecriture, souvent fort obscur. Une tradition est un fait qu'on doit admettre, par cela même qu'il est, et ne laisse rien à l'esprit privé, tandis que les livres, par leurs difficultés réelles, offrent un vaste champ à l'examen, à l'interprétation particulière, à la mauvaise foi.

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