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vraie avec nos semblables. Il faut s'agiter dans une défiance et un doute perpétuels. Avec cette hypothèse, que devient la sagesse, la prévoyance du Créateur; qui aura donné à l'homme l'idée, le désir, le besoin de la vérité, sans lui accorder le moyen de la posséder jamais ! En religion, dans le gouvernement public, dans la vie de famille, dans tout rapport possible d'homme à homme, il n'y aurait plus que doute, incertitude, erreur et illusion; un tel désordre dans les esprits n'existe point, notre sens intime et la sagesse de Dieu nous en démontrent à la fois l'impossibilité.

LE D. Il importera peu de pouvoir constater la réalité du miracle, si on n'est certain qu'il vient de Dieu. Et comment acquérir cette certitude, puisqu'on admet que le démon a aussi la faculté d'opérer des miracles? Telle est la difficulté que j'ai souvent entendu opposer à la preuve que vous voulez tirer des prodiges en faveur de la religion.

LE TH. On pourrait contester cette faculté d'opérer des miracles, que vous supposez aux démons. A la vérité, ils font parfois des prestiges surprenants pour l'homme, mais où l'on ne trouve

pas

les conditions de vrais miracles. Telle est l'opinion d'un grand nombre de théologiens. Pour examiner la question en elle-même, admettons que les démons puissent opérer des prodiges du second ordre; car, pour ces miracles éclatants, comme la résurrection d'un mort et autres, on

convient qu'ils sont au-dessus de leur pouvoir. Dieu se les est réservés, comme les signes positifs de sa puissance et de sa véracité. Il sera donc facile de distinguer les miracles du premier et du second ordres, s'ils se trouvent quelquefois en conflit; car il est bien évident que vous reconnaî– trez l'exercice d'une plus grande puissance dans la résurrection d'un mort que dans la guérison d'une fièvre tierce ou d'un mal de dents. Vous avez là un premier moyen de discerner le miracle qui vient de Dieu. En voici un second : il consiste dans l'évidence de la sainteté de la doctrine en faveur de laquelle un miracle est opéré, puisqu'on doit convenir que l'ennemi de tout bien ne fera jamais usage de ses facultés pour porter les hommes à la vertu ; mais en procédant ainsi, vous tombez, me direz-vous, dans une pétition de principe. Cela n'est pas exact, car je vous prie d'observer que la certitude du miracle m'est acquise indépendamment de la doctrine, et que, pour juger si la doctrine est vraie, je n'ai non plus aucun besoin du miracle dans le cas présent, où je vois évidemment qu'elle est sainte et bonne. Si donc, je suis conduit à affirmer, en cette circonstance, que le miracle est divin, ma certitude repose sur mon intime et profonde conviction, que les démons n'opèrent.point de prodiges, pour porter les hommes à la vertu.

LE D. Quel usage pourrez-vous faire du miracle, pour prouver qu'une doctrine est vraiment divine?

LE TH. Si le miracle est du premier ordre, comme la résurrection d'un mort, je dirai tout d'abord et sans examen: La doctrine appuyée sur un tel miracle est essentiellement divine, Dieu a donné mission de l'annoncer. Si le miracle dont je suis témoin est du second ordre, et que l'enseignement qui s'y rattache, s'offre à moi avec toute l'évidence de la sainteté, je dirai encore : Voilà une doctrine, non-seulement vraie en elle-même, mais encore divine, en ce sens qu'elle est annoncée ou confirmée par l'autorité même de Dieu. Lorsqu'un prodige sera joint à une doctrine confuse, obscure dans presque tous ses points, la prudence commande de nepoint l'accepter aussitôt, à moins que la sainteté du thaumaturge, ou d'autres circonstances ne fournissent des témoignages en faveur de sa mission divine. Il est certains cas où l'on doit prononcer aussitôt qu'un prodige ne peut venir de Dieu quand il provoque à l'immoralité, à l'impiété, ou qu'il est opéré pour un but de pure vanité, de curiosité puérile, etc.; le Seigneur ne pourrait approuver une semblable profanation de son autorité, puisqu'il en deviendrait lui-même le complice. Un catholique trouve dans l'infaillibilité de l'Eglise un moyen plus facile encore d'apprécier et un miracle, et une doctrine. Si celle-ci est clairement conforme à l'enseignement catholique, il prononce, sans crainte de se tromper, qu'elle est vraie. Il dira avec autant de certitude que le miracle vient de Dieu, lorsqu'il sera opéré évidem

ment en faveur de la morale ou de la foi catholique. Mais s'il entrevoit qu'une doctrine ou un prodige sont en opposition avec l'enseignement du catholicisme, il affirme sans hésiter qu'ils ne peuvent venir de Dieu.

LE D. Comme vous avez signalé dans les prophéties un second moyen de prouver une mission divine, je vais vous exposer toutes mes difficultés relatives à ce témoignage surnaturel. D'abord, je ne comprends pas qu'on puisse s'assurer de la réalité d'une prophétie, puisqu'il est nécessaire de savoir que la prédiction a été faite, que l'événement y est conforme, sans qu'il ait pu être connu dans des causes naturelles.

LE TH. La prophétie, vous le savez, est la prédiction certaine d'un événement futur qui ne peut être connu dans les causes naturelles, par une intelligence humaine. Lorsque l'événement se rattache à des causes connues des anges et des démons, mais au-dessus des connaissances de l'homme, il pourra devenir l'objet d'une prophétie du second ordre. Pour celle que nous appelons à la rigueur prophétie du premier ordre, l'événement doit tenir ou à des causes nécessaires dont Dieu seul ait la connaissance, ou mieux encore être placé parmi les futurs contingents. Je conviens avec vous qu'il sera difficile par fois de découvrir si la prédiction appartient à des causes secrètes et au-dessus de toute intelligence créée. On doit procéder alors, comme nous venons de l'indiquer pour les miracles, et on arrivera infaillible

ment à distinguer le caractère de la prophétie. Mais si l'événement annoncé est un fait purement contingent, on aura aussitôt la certitude que la prophétie vient de Dieu. Ces observations vous font comprendre qu'il faut de la prudence, du discernement dans l'examen des prophéties du second ordre, et qu'on peut être plus exposé à l'erreur que dans les recherches relatives au miracle. Je veux vous faire remarquer de nouveau que la prophétie, proprement dite, n'offre pas ces inconvénients, parce qu'il est certain que Dieu seul peut en être l'auteur. L'événement dépendant alors de la volonté libre de Dieu ou de l'homme, il n'est que dans la classe des choses possibles, et on ne comprend pas que le démon, malgré sa subtilité, puisse indiquer la réalisation certaine d'une simple possibilité. Ne tirez aucune induction des oracles, ni des prophéties sybilliennes ou autres. La plupart de ces prédictions étaient faites avec incertitude, en termes ambigus, et les autres ne portaient que sur des probabilités. D'ailleurs, on pourrait accorder, sans aucun inconvénient, que c'étaient des prophéties du second ordre, puisqu'on ne manquait pas de moyens pour juger qu'elles ne pouvaient venir de Dieu. La manière ridicule, indécente dont elles s'opéraient, les circonstances immorales qui les accompagnaient, étaient bien suffisantes pour en indiquer l'auteur.

LE D. Mais comment serai-je certain que la prédiction est positive et en accord avec l'événement?

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