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individuelle; car l'homme, tel que nous le voyons aujourd'hui avec son imagination, sa faiblesse, sa crédulité, son amour-propre et ses passions, eût été bien exposé à prendre pour des révélations divines les illusions de son esprit, et les désirs de son cœur.

Mais dans la révélation médiate, qui pourra affirmer que le prétendu ministre de Dieu n'est pas lui-même dans l'illusion, ou qu'il n'altère pas malicieusement ce qu'il était chargé de communiquer aux hommes ? Rassurez-vous, nous trouverons des moyens qui vous satisferont pleinement; votre crédibilité reposera sur des témoignages divins, sur les miracles et les prophéties.

SIXIÈME ENTRETIEN.

LES MIRACLES ET LES PROPHETIES.

Puisque vous invoquez l'autorité des miracles et des prophéties en faveur de la révélation, je vous prie d'observer que l'école du naturalisme la rend aujourd'hui fort suspecte. Vous savez aussi que des hommes instruits affirment l'impossibilité d'acquérir une vraie certitude sur de tels prodiges, d'où l'on doit inférer qu'il n'en existe point.

LE TH. Je vois sans regret que nous n'aurons pas à examiner la possibilité du miracle et des prophéties, puisque vous ne la signalez pas dans vos observations. Il serait en effet bien difficile de trouver quelque raison un peu spécieuse contre la possibilité de ces prodiges. Pour ne parler ici que du miracle, qu'est-il en lui-même ? Un fait sensible, étonnant, qui déroge aux lois de la Providence. Or, comme elles ont été librement établies par le Créateur, il a été le maître de vouloir et d'arrêter qu'à telle époque il serait fait une dérogation à quelqu'une ou à plusieurs de ces

lois. Je ne pense pas que les partisans du naturalisme contestent cette puissance au Créateur; aussi ne méritent-ils pas en cela le nomini le sort que Rousseau assigne, comme vous savez, à ceux qui refusent de reconnaître à Dieu le pouvoir d'opérer des miracles selon sa volonté. « Ce serait faire trop d'honneur à celui qui résoudrait {négativement cette question que de le punir; il suffirait de l'enferier. » (L. 3° de la Montagne.) On se borne donc à la question de fait, en niant qu'il soit parlé de vrais miracles dans nos livres saints. Avant d'examiner cette étrange assertion, consacrons quelques instants pour répondre à vos observations sur l'impossibilité d'acquérir une véritable certitude sur l'existence des miracles. D'où pensez-vous que viendrait cette impossibilité ?

LE D. D'abord de ce que nous ne connaissons pas assez les lois de la Providence, pour prononcer que dans tel fait il y a dérogation, tandis que. ce peut être un phénomène provenant de lois mystérieuses qui le produisent naturellement.

LE TH. On prononce avec certitude qu'un fait est miraculeux, sans avoir conuaissance de toutes ces lois; car il suffit de s'assurer qu'il déroge à celles qui nous sont connues. Quelle raison a-t-on de supposer des lois mystérieuses qui viendraient à telle époque en suspendre de bien régulières jusqu'alors? Pourquoi ne produisent-elles plus ces effets dans la suite, comme elles ne les produisaient pas non plus auparavant ? Pourquoi

donc n'est-ce qu'à cette époque précise? Et puis, si cette loi si secrète a été connue, annoncée d'avance par celui qui prédit le fait mystérieux, par exemple la résurrection d'un mort, qu'on nous explique d'où cette connaissance lui pouvait venir? Comme il est impossible de l'attribuer à la science, ni au génie transcendant de l'homme, il faudra recourir à Dieu, et avouer qu'il a communiqué la connaissance extraordinaire de cette loi inconnue, et alors, à la place du miracle, vous aurez la prophétie qui prouvera

tout autant.

LE D. On sera d'accord avec vous sur ce point, mais voici la principale difficulté si je suis témoin d'un miracle, je devrai me dire que mes sens me jettent peut-être, et par extraordinaire, dans l'illusion; quel parti prendre dans ce conflit d'extraordinaires ? Il est possible que vous choisiriez le miracle en cela vous useriez de votre droit; moi j'opte pour l'illusion des sens usant aussi de ma liberté. Prononcez, si vous le pouvez : qui aura été le plus fondé, le plus sage dans son choix?

en

LE TH. Puisque vous posez ainsi la question, et que vous exigez une réponse précise, vous m'obligez à dire que la sagesse ne pourrait être de votre côté. Car si vos sens vous induisent en erreur sur ce fait sensible, il ne vous reste plus de moyen de certitude physique, plus de rapport · véritable avec vos semblables; il faudra se jeter dans un doute complet pour tout le monde ma

tériel. Il est impossible, vous en conviendrez que Dieu ait créé le genre humain dans cette condition, ou qu'il la lui impose jamais; tandis que la suspension d'une loi naturelle, motivée sur une utilité morale n'amène aucune perturbation dans le monde physique, ni aucun dérangement dans la condition de l'homme sur la terre.

LE D. Je vous l'accorde pour les miracles dont on pourrait être soi-même témoin; pour les autres, je ne vois pas sur quel motif on serait fondé à les admettre. Ne pourrai-je pas dire de la résurrection d'un mort, par exemple, qui me serait rapportée par un million de témoins: Ce que vous racontez est un miracle, un fait très extraordinaire. D'un autre côté, il est possible que vous me trompiez dans cette circonstance, ce qui sera sans doute aussi un miracle. Y a-t-il des motifs déterminants en faveur de l'un de ces miracles, et pour l'exclusion de l'autre ?

LE TH. Vous ne pouvez admettre que le miracle de la résurrection, en regardant comme impossible que ce million d'hommes vous induisent dans l'erreur. Car en acceptant le miracle vous pourrez vous dire avec raison : Ceci est un fait très possible à Dieu, qui peut d'ailleurs être utile aux hommes, en devenant pour eux le témoignage et le sceau d'une communication divine. Supposez au contraire qu'un million d'hommes puissent vous tromper, en vous rapportant ce qu'ils disent avoir vu ; il n'y a plus de communication morale, sincère,

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