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Je fais que fans pitié vous n'avez pu l'entendre;
Moi-même, en la voyant, je n'ai pu m'en défendre.
Mais regardez plus loin. Songez, en ce malheur,
Quelle gloire va fuivre un moment de douleur,
Quels applaudiffemens l'univers vous prépare,
Quel rang dans l'avenir.

TITUS.

Non, je fuis un barbare!
Moi-même je me hais. Néron, tant détesté,
N'a point à cet excès pouffé fa cruauté.
Je ne fouffrirai point que Bérénice expire.
Allons, Rome en dira ce qu'elle en voudra dire.

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Je ne fais, Paulin, ce que je dis: L'excès de ma douleur accable mes efprits.

PAULIN.

Ne troublez point le cours de votre renommée,
Seigneur. De vos adieux lá nouvelle eft femée.
Rome, qui gémiffoit, triomphe avec raison.
Tous les temples ouverts fument en votre nom;
Et le Peuple, élevant vos vertus jufqu'aux nues,
Va par-tout de lauriers couronner vos ftatues.
TITUS.

Ah, Rome! Ah, Bérénice! Ah, Prince malheureux!
Pourquoi fuis-je Empereur? Pourquoi fuis-je amoureux ?

SCENE VII.

TITUS, ANTIOCHUS, PAULIN, ARSACE.

ANTIOCHU S.

QU'AVEz-vous fait, Seigneur ? L'aimable Bérénice
Va peut-être expirer dans les bras de Phénice.

Elle n'entend ni pleurs, ni confeil, ni raison;
Elle implore à grands cris le fer & le poison.
Vous feul vous lui pouvez arracher cette envie:
On vous nomme, & ce nom la rappelle à la vie.
Ses yeux, toujours tournés vers votre appartement,
Semblent vous demander de moment en moment.
Je n'y puis réfifter, ce fpectacle me tue.

Allez, Seigneur, allez vous montrer à sa vue.
Sauvez tant de vertus, de graces, de beauté,
Ou renoncez, Seigneur, à toute humanité.
Dites un mot.

TITUS.

Hélas! quel mot puis-je lui dire ? Moi-même en ce moment fais-je fi je refpire?

SCENE VIII.

TITUS, ANTIOCHUS, PAULIN, ARSACE;

RUTILE.

RUTILE.

SEIGNEUR, tous les Tribuns, les Confuls, le Sénat,
Viennent vous demander au nom de tout l'Etat :
Un grand peuple les fuit, qui, plein d'impatience,
Dans votre appartement attend votre préfence.

TITUS.

Je vous entends, grands Dieux! vous voulez raflurer Ce cœur que vous voyez tout prêt à s'égarer.

PAULIN.

Venez,
Seigneur, paffons dans la chambre prochaine ;
Allons voir le Sénat.

ANTIOCH US.

Ah! courez chez la Reine.

PAULIN.

Quoi! vous pourriez, Seigneur, par cette indignité, De l'Empire à vos pieds fouler la majesté ?

Rome.::

TITUS.

Il fuffit, Paulin, nous allons les entendre. (à Antiochus.)

Prince, de ce devoir je ne puis me défendre. Voyez la Reine. Allez. J'efpère, à mon retour, Qu'elle ne pourra plus douter de mon amour.

Fin du quatrième Alte.

CY

ACTE V.

SCENE PREMIERE.

ARSACE.

Ob pourrai-je trouver ce Prince trop fidèle?

Ciel, conduifez mes pas, & fecondez mon zèle.
Faites qu'en ce moment je lui puiffe annoncer
Un bonheur où peut-être il n'ofe plus penfer.

SCENE II.

ANTIOCH US, ARSACE.

ARSACE.

AH ! quel heureux deftin en ces lieux vous renvoie,

Seigneur ?

ANTIOCH US.

Si mon retour t'apporte quelque joie, Arface, rends en grace à mon feul désespoir.

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Ses ordres font donnés. Elle s'eft offenfée

Que Titus à fes pleurs l'ait fi long-tems laiffée.
Un généreux dépit succède à fa furcur.

Bérénice renonce à Rome, à l'Empereur,

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Et même veut partir, avant que Rome inftruite
Puiffe voir fon défordre & jouïr de fa fuite.

Elle écrit à Céfar.

Et Titus?

ANTIOCH US.

O Ciel! qui l'auroit cru?

ARSACE.

A fes yeux Titus n'a point paru.

Le Peuple avec transport l'arrête, l'environne,
Applaudiflant aux noms que le Sénat lui donne ;
Et ces noms, ces respects, ces applaudiffemens
Deviennent pour Titus autant d'engagemens,
Qui, le liant, Seigneur, d'une honorable chaîne,
Malgré tous fes foupirs, & les pleurs de la Reine,
Fixent dans fon devoir fes vœux irréfolus.
C'en eft fait; & peut-être il ne la verra plus.
ANTIOCH US.

Que de fujets d'efpoir, Arface', je l'avoue!
Mais d'un foin fi cruel la fortune me joue,
J'ai vu tous mes projets tant de fois démentis,
Que j'écoute en tremblant tout ce que tu me dis;
Et mon cœur, prévenu d'une crainte importune,
Croit, même en efpérant, irriter la fortune.
Mais que vois-je? Titus porte vers nous fes pas.
Que veut-il ?

SCENE III.

TITUS, ANTIOCHUS,

ARSACE.

TITUS à fa fuite.

DEMEUR

EMEUREZ, qu'on ne me fuive pas.

Enfin, Prince, je viens dégager ma promesse.

Bérénice m'occupe & m'afflige sans ceffe.

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